ÉTUDES SUR LE TEXTE dédiées À HALINA GRZMIL-TYLUTKI Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds) ÉTUDES SUR LE TEXTE dédiées À HALINA GRZMIL-TYLUTKI ÉTUDES SUR LE TEXTE dédiées À HALINA GRZMIL-TYLUTKI Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds) Kraków 2016 Ouvrage imprimé avec le concours de la Faculté des Lettres de l'Université Jagel- lonne de Cracovie CRITIQUES prof. dr hab. Zofia Berdychowska prof. dr hab. Regina Bochenek-Franczakowa prof. dr hab. Anna Bochnakowa prof. dr hab. Urszula Dąmbska-Prokop prof. dr hab. Anna Drzewicka dr hab. Halszka Górny dr hab. Iwona Janowska dr hab. Kazimierz Jurczak dr hab. Anna Klimkiewicz prof. dr hab. Janina Labocha prof. dr hab. Bronisława Ligara dr hab. Joanna Porawska prof. dr hab. Jan Prokop prof. dr hab. Wacław Rapak dr hab. Anna Sawicka prof. dr hab. Barbara Sosień dr hab. Ewa Stala prof. dr hab. Marcela Świątkowska COUVERTURE Emilia Dajnowicz CORRECTION Françoise Collinet, Jean-Pierre Darcel CC-BY-NC-SA 3.0 PL La publication en version électronique est disponible librement sur le site ruj.uj.edu.pl Les exemplaires du livre sont gratuits et ne peuvent pas être vendus ISBN (version papier): 978-83-946655-3-1 ISBN (version électronique): 978-83-946655-4-8 Biblioteka Jagiellońska Kraków 2016 al. Mickiewicza 22, 30-059 Kraków tel. 12 663 35 89, tel./fax 12 633 09 03 http://ruj.uj.edu.pl ruj@uj.edu.pl Table des matières À la mémoire du Professeur Halina Grzmil-Tylutki (1954-2015) Urszula DĄMBSKA-PROKOP........................................................... 7 Publications de Halina GRZMIL-TYLUTKI........................................... 11 Halina GRZMIL-TYLUTKI : Initiation à la linguistique textuelle.................. 15 LINGUISTIQUE Leszek Bednarczuk : Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe...................... 61 Waldemar Czachur : Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orę- dziach noworocznych. Przyczynek do lingwistyki kulturowej i międzykul- kulturowej................................................................... 73 Urszula DĄMBSKA-PROKOP : Kilka uwag o gatunku tekstów........................... 97 Joanna GÓRNIKIEWICZ : Quelle approche de l'apposition en classe de gram- maire descriptive à l'université ?.................................... 109 Agata KOMOROWSKA : Pragmática del discurso electoral y el uso de nosotros . 121 Renata KRUPA : Les marqueurs discursifs de contact en polonais et en français. Quelques observations....................................................... 135 Teresa MURYN, Małgorzata NIZIOŁEK : La métonymie avec le marqueur de totalité tout dans le discours : l'intensification inférée.................. 145 Marta PAWŁOWSKA : Una ojeada al sistema de los tiempos pasados en español y francés medieval reflejado en textos literarios........................... 154 Iwona PIECHNIK : Textes bibliques en langages argotiques....................... 170 Dorota PIEKARCZYK : Językowe wyobrażenia tekstu mówionego i pisanego.... 186 Dorota PUDO : Le texte littéraire en cours de FLE en entreprise................ 212 Dorota ŚLIWA : L'intensité comme facteur d'expression de l'émotion dans le discours de Jean-Paul II au corps diplomatique (2005). Étude du texte paral- lèle polonais et français................................................ 229 Maria WOJTAK : Litanie do Matki Bożej w analizie genologicznej................. 243 Andrzej ZIELIŃSKI : Sobre el origen discursivo de la perífrasis 259 LITTÉRATURE Magdalena Bartkowiak-Lerch : La Comedia delle ninfe fiorentine : nella selva dei sensi .................................................................. 273 Regina Bochenek-Franczakowa : Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia.............................. 281 6 Table des matières Katarzyna DYBEŁ : Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes............... 292 Gabriela Gavril-Antonesei : Ipostaze feminine în cultura română a secolu- lui al XIX-lea : „Marianne"-le româneşti................................... 306 Maria GUBIŃSKA : Démasquer la Russie selon Astolphe de Custine (Lettres de Russie) ou le jeu comme stratégie d'écriture............................... 315 Agnieszka Kukuryk : Poésie graphique du début du XXe siècle - le texte ico- nique en tant que signe(s)................................................. 323 Regina LUBAS-BARTOSZYŃSKA : Teksty autobiograficzne polskich arystokra- tek w XX wieku............................................................. 335 Barbara MARCZUK : Vers la parabole : lecture herméneutique de la nouvelle 32 de L'Heptaméron de Marguerite de Navarre................................ 355 Gabriela Meinardi : Antoine de Saint Exupéry - pisarz i pilot : dwie sfery egzystencji : tekst i przesłanie........................................... 366 Ewelina MITERA : La composition et la narration dans les œuvres de Jules Bar- bey d'Aurevilly............................................................ 385 Magdalena Patro-Kucab : „Felińska? Twych zaszczytów nie będę tu głosić". Józefa Omiecińska w świetle listów, wierszy i pamiętników dziewiętnasto- wiecznych .............................................................. 399 Rozalya Sasor : Les lletres de batalla i l'estil notarial al Tirant lo Blanc de Joa- not Martorell.............................................................. 412 Anna Walczuk : That Amazing Art of Words: the World, Time and Eternity in the Poetry of T.S. Eliot and Elizabeth Jennings......................... 428 ÉPILOGUE Kazanie podczas Mszy świętej pogrzebowej ś.p. prof. dr hab. Haliny Grzmil-Tylutki, Kraków, 7.07.2015 Zdzisław Józef KIJAS OFMConv.................................................. 443 À la mémoire du Professeur Halina Grzmil-Tylutki (1954-2015) Ce livre, hommage posthume à Halina Grzmil-Tylutki, s'ouvre sur son itiné- raire scientifique et rassemble ensuite, écrits par ses collègues et amis, les textes où sa pensée s'élargit, développée en multiples directions. Est ajouté à ce volume un inédit de Halina, Initiation à la linguistique tex- tuelle, qui allait être le début d'un manuel de grammaire textuelle qu'elle pré- parait pour ses étudiants en philologie romane et que la maladie ne lui avait pas permis de terminer. Cette amorce d'un grand ouvrage théorique témoigne du sérieux qu'elle mettait à préparer ses cours, d'abord à l'actuelle Université Pédagogique où, jeune assistante, elle co-fondait en 1977 le département de philologie romane, puis à l'Université Jagellonne (où elle avait fait ses études) et où, ensuite, s'est déroulée sa carrière universitaire ultérieure. L'Initiation à la linguistique textuelle, publiée ici avec quelques minimes corrections, peut déjà servir à une analytique d'un « savoir institué » qu'est aujourd'hui la science du texte. Non seulement elle renseigne sur l'état des lieux où se trouvent les recherches sur le texte, non seulement elle illustre, par de riches exemples, la complexité de la « grammaire du texte », mais aussi, ou avant tout, elle ouvre aux étudiants des perspectives sur cette discipline spécifique, encore peut-être ignorée par eux, qu'est l'analyse du discours. Car Halina se trouvait trop à l'étroit dans l'étude de la structure du fran- çais, matière qu'elle enseignait à ses étudiants, matière aussi à laquelle elle a contribué en publiant, en 1995 (en collaboration), une Gramatyka opisowa w ćwiczeniach (Exercices de grammaire descriptive) et où elle cherchait à dé- passer les cadres stricts de la morphologie et de la syntaxe du français. Dans sa thèse de doctorat, Métaphore : jeu de redondance sémantique dans le texte, elle met en relief l'importance de cette figure rhétorique servant à modifier, dans les énoncés, le sémantisme, tantôt en l'amplifiant et par conséquent l'enrichissant, tantôt en permettant de jouer avec le sens, de suggérer plus que celui-ci ne dit ouvertement. Car, souligne-t-elle dès le début, l'analyse du texte ne peut s'arrêter au niveau de la langue et du style. « L'enseignement de la linguistique - écrit-elle dans l'Initiation à la linguistique textuelle publiée ici - a longtemps eu pour fon- dement l'étude de la morphosyntaxe qui est très importante pour la maîtrise des règles de grammaire » (p. 15). Cependant, c'est « La linguistique de l'énon- ciation [qui] a rendu claire la différence majeure entre la phrase et l'énoncé et nous a montré que c'est avec ce dernier que l'homme communique ». C'est 8 Urszula Dąmbska-Prokop l'énoncé qui « est porteur de sens, il est une unité sémantique et pragmatique avec laquelle nous communiquons et agissons dans nos communautés discur- sives » (ibidem). Ainsi Halina a-t-elle fait, dans ses recherches et aussi dans ses cours pour doctorants, un grand pas vers l'analyse du discours, terrain qu'elle maîtrisait bien. Elle publie, en 2000, Francuski dyskurs ekologiczny w perspektywie aksjo- logicznej (Le discours écologique - français et polonais - du point de vue axio- logique). Ce livre accentue le rôle que la langue joue dans toute communi- cation, et surtout dans le discours choisi, illustré par des écrits à première vue tout-à-fait « objectifs ». Elle y étudie notamment aussi bien les textes traitant d'actuels grands problèmes de l'écologie que des articles de presse sur la vie des animaux, dans la presse spécialisée ou même dans celle qui s'adresse aux enfants. Elle montre que tous ces textes servent à modeler - disons tout de suite : à manipuler - la façon de percevoir la réalité, car ils persuadent, véhi- culent plus ou moins ouvertement l'opinion de leurs auteurs, ne sont jamais axiologiquement neutres. Mettant en relief ce façonnement idéologique, elle tente non pas tant d'accuser ces auteurs que de protéger les lecteurs contre « le mensonge » que toute comunication par la langue est susceptible de trans- mettre. Elle publie ensuite, en 2007, son Gatunek w świetle francuskiej teorii dyskursu (Le genre à la lumière de la théorie française du discours). Ce livre montre l'évo- lution de la réflexion sur le genre et les perspectives nouvellement ouvertes par les recherches génologiques. Le genre y est présenté comme « un outil » permettant, dans la communication par la langue, de construire et de com- prendre les énoncés. Le genre est un produit du discours, il résulte - dit Halina - de la forme qu'avaient choisie les protagonistes du discours, ses véritables « metteurs en scène ». Dans un livre de synthèse, Francuska lingwistyczna teoria analizy dyskursu. Historia, tendencje, perspektywy (La théorie du discours à la française. Histoire, tendances, perspectives), qu'elle publie ensuite (en 2010), elle expose, d'une manière plus large et à la fois très concise, ses vues sur le genre et le discours ; elle y accentue aussi les problèmes axiologiques impliqués dans les textes et y jouant un rôle particulièrement important. Ce livre présente le discours comme une institution sociale conditionnant le choix des faits de langue et imposant des normes d'emploi, de même que, souvent, le choix de la forme du texte. Le discours, fonctionnant dans une situation concrète, réalise un but que se propose d'atteindre le sujet communiquant, donc celui qui « laisse des traces » dans son énoncé, lisibles dans les faits de langue choisis. Ce livre montre l'apport considérable d'Halina dans la typologie des dis- cours. Il introduit en Pologne la pensée, auparavant peu connue, des chercheurs français et suisses sur l'histoire, les méthodes et perspectives offertes par l'ana- lyse du discours. Lu et cité, ce livre étonne par la largeur des vues et par la profondeur de sa pensée. Il découvre des horizons où différents domaines À la mémoire du Professeur Halina Grzmil-Tylutki (1954-2015) 9 s'unissent pour ouvrir l'accès à une intelligence approfondie du texte : socio- logie, herméneutique, rhétorique, théorie de l'argumentation et, bien sûr, lin- guistique. Il montre une réflexion claire, logique et novatrice sur les discours en communication, leur nature, leur importance et leur impact. Car ce que nous disons est conditionné, certes, par notre compétence linguistique et par notre culture générale, mais dépend aussi - et cet impact n'est pas minime - de la situation où se fait la communication. Ainsi agissons-nous dans les cadres que nous impose le discours : enseignement, politique, tribunaux, reli- gion, et aussi nos conversations de tous les jours. Chacun de ces domaines obéit à ses règles propres, et l'analyse du discours permet de le comprendre, comme elle permet également d'améliorer la communication. Halina est la pre- mière à rendre compte à ses lecteurs des différences entre la manière d'en- tendre le discours à l'anglosaxonne (où d'ailleurs elle se montre compétente) et celle que propage et développe l'« École Française de l'analyse du discours » (en citant de préférence Dominique Maingueneau). Son livre est un manuel qui, à la fois, rend compte, critiquement, de l'état où se trouvent actuellement des recherches, invite à les continuer et propose plusieurs analyses minu- tieuses de différents discours. C'est un ouvrage qu'il faut traduire, par exemple en français et en anglais, tant il marque une étape importante dans l'évolution de la linguistique. Après cette « somme » de ses recherches, Halina a eu encore plusieurs occa- sions, lors de différents colloques, de contribuer à la théorie qu'elle a adoptée et développée. L'un de ses derniers articles publiés, La prolifération des théories discursives : inconvénient ou avantage ? (2015), rappelle le besoin de prendre en considération, en analysant le texte, tout ce qui le détermine, ses aspects stylis- tiques, son fonctionnement pragmatique et surtout les perspectives qu'ouvrent différentes propositions de l'analyse du discours. Le profil de Halina Grzmil-Tylutki resterait incomplet si l'on ne rappelait pas ici son activité au sein la Société Internationale Scientifique Fides et Ratio, dont elle a été l'une des fondatrices et où elle a organisé des colloques et rédigé 2 volumes d'études : Postmodernizm i fundamentalizm a prawda - od idei do praxis (Postmodernisme et fondamentalisme face à la vérité - de l'idée à la praxis) en 2010 et Godność w perspektywie nauk (La dignité du point de vue des sciences) en 2012. Nous ne pouvons pas, non plus, oublier la passion et la bienveillance qui la caractérisaient lors de ses séminaires à l'Université et qui lui ont valu la sym- pathie, l'estime et la reconnaissance de ses étudiants. Halina nous a quittés le 1er juillet 2015, jour de la fête de sa sainte patronne, à l'âge de 61 ans. Urszula Dąmbska-Prokop Publications de Halina Grzmil-Tylutki Livres 1994 - Métaphore : jeu de redondances sémantiques dans le texte, Kraków : Wyższa Szkoła Pedagogiczna im. Komisji Edukacji Narodowej, 192 p. 1995 - Gramatyka francuska w ćwiczeniach, Częstochowa : Educator, 216 p. (avec Urszula Dąmbska-Prokop). 2000 - Francuski i polski dyskurs ekologiczny w perspektywie aksjologii, Kraków : Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, 130 p. 2007 - Gatunek w świetle francuskiej teorii dyskursu, Kraków : Universitas, 278 p. 2010 - Francuska lingwistyczna teoria dyskursu. Historia, tendencje, perspektywy, Kraków: Universitas, 366 p. Coédition de livres 2010a - Enseigner le FLE aux débutants à la philologie romane. Nouveaux défis, Kra- ków : Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego (avec Ewa Krakowska- Krzemińska). 2010b - En quête de sens. Études dédiées à Marcela Świątkowska. W poszukiwaniu znaczeń. Studia dedykowane Marceli Świątkowskiej, Kraków: Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego (avec Joanna Górnikiewicz, Iwona Piechnik). 2010c - Postmodernizm i fundamentalizm a prawda - od idei do praxis, Kraków: Polska Akademia Umiejętności (avec Agnieszka Hennel-Brzozowska). 2012 - Godność w perspektywie nauk, Kraków: Fides et Ratio (avec Zbigniew Mirek). Articles 1982 - Pewna próba semantycznej interpretaq'i tekstu literackiego, Rocznik Naukowo-Dydaktyczny WSP 84 : Prace Historyczno-Literackie 4 : 121-125. 1983 - Métaphore en tant que déviation sémantique, Rocznik Naukowo-Dydak- tyczny WSP 86 : Prace Romanistyczne 1 : 159-184. 1984 - Quelques réflexions sur la définiton sémantique du discours étrange par Sorin Alexandrescu, Neophilologica 4 : 20-27. 1985 - Les rapports syntagmatiques et le problème de la redonance sémantique, Zeszyty Naukowe UJ. Prace Językoznawcze 81 : 57-87. 1986 - Quelques conséquences de l'hypothèse concernant la redonance séman- tique dans les syntagmes, Neophilologica 5 : 25-41. 1988 - La connotation et les traits sémantiques supplémentaires, Neophilologica 7 : 23-34. 12 Publications de Halina Grzmil-Tylutki 1989 - La tautologie et la contradiction - et la structure sémantique, Romanica Wratislaviensia 30 : 123-127. 1992 - Métaphore et baisse de la redonance, (in :) Études de linguistique romane et slave, Wiesław Banyś, Leszek Bednarczuk, Krzysztof Bogacki (red.), Kra- ków : Universitas, 283-286. 1993 - La distribution lexicale et et le contenu sémantique, Studia Romanica Posnaniensia 17 : 129-133. 1994 - Métonymie ou métaphore ?, Studia Romanica Posnaniensia 19 : 21-24 (avec teresa Muryn). 1999a - Dyskurs : kompetenqa i wartościowanie, (in :) Wartościowanie w dys- kursie edukacyjnym, Jan Ożdżyński, Sławomir Śniatkowski (red.), Kraków : Edukacja, 105-114. 1999b - Dyskurs, wartościowanie, kompetenq'a, Sprawozdania z Posiedzeń Ko- misji Naukowych 42/1 : 21-23. 2000a - Discours et évaluation, Romanica Cracoviensia 1 : 95-100. 2000b - Le discours écologique dans la perspective axiologique, Linguistica Silesiana 21 : 25-33. 2001 - Le discours écologique est-il écologique ?, (in :) Ślady obecności. Księga pamiątkowa ofiarowana Urszuli Dąmbskiej-Prokop przez kolegów, uczniów i przy- jaciół. Traces d'une présence. Mélanges offerts à Urszula Dąmbska-Prokop par ses collègues, élèves et amis, Iwona Piechnik, Marcela Świątkowska (éds), Kra- ków : Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, 151-154. 2002 - Le sujet discursif, Romanica Cracoviensia 2 : 136-139. 2004a - Les ouvriers de la onzième heure, (in :) Amico e Maestro. Miscellanea in onore di Stanisław Widłak. Przyjaciel i Mistrz. Studia dedykowane Stanisławowi Widłakowi, Marcela Świątkowska, Roman Sosnowski, Iwona Piechnik (a cura di), Kraków : Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, 153-158. 200b - Prière - procédure ou dialogue ?, Romanica Cracoviensia 4 : 227-235. 2005a - Le discours religieux dans le monde contemporain. L'amour comme réponse à l'agression, Synergies Pologne 2/2 : 48-58. 2005b - Le genre auctorial et le sens du discours. Un exemple : méditation, (in :) Relations sémantiques dans le lexique et dans le discours, Krzysztof Bogacki, Anna Dutka-Mańkowska (dir.), Warszawa : Uniwersytet Warszawski. Wy- dział Neofilologii. Instytut Romanistyki, 119-131. 2005c - Qui est-ce qui l'a dit ? Le dialogisme montré et le dialogisme masqué dans l'énonciation discursive, Romanica Cracoviensia 5 : 25-35. 2006 - Le discours et la liberté d'expression, Romanica Cracoviensia 6 : 66-69. 2007 - La norme générique et ses transgressions, (in :) Norme, normativité, trans- gression, Anna Bochnakowa, Agnieszka Marduła, Teresa Tomaszkiewicz (dir.), Łask : Leksem, 177-183. 2008a - Gatunki dyskursywne a strategie manipulacyjne, Tekst i dyskurs - Text und Diskurs 1 : 87-98. Publications de Halina Grzmil-Tylutki 13 2008b - Typologia gatunków w świetle francuskiej szkoły dyskursu, (in :) Języko- znawstwo historyczne i typologiczne. W 100-lecie urodzin Profesora Tadeusza Mi- lewskiego, Leszek Bednarczuk, Wojciech Smoczyński, Maria WojtyłaŚwie- rzowska (red.), Kraków: PAU, 2008, 271-278. 2009a - Le « fait divers », un genre rédactionnel et méta-discursif, Synergies Pologne 6/2 (Linguistique : « Le sens et la complexité »), 45-58. 2009b - Gatunek - kategoria analizy dyskursu, Biuletyn Polskiego Towarzystwa Językoznawczego 65 : 89-100. 2010a - L'analyse du discours à la française - tendances majeures et proposi- tion d'une typologie de discours, (in :) Des mots et du texte aux conceptions de description linguistique, Anna Dutka-Mańkowska, Teresa Giermak-Zielińska (dir.), Warszawa : Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego, 173-181. 2010b - Discours politique, discours nationaliste, discours persuasif, discours manipulant : une même typologie ?, (in :) Discours du nationalisme en Europe, Greta Komur-Thilloy, Agnès Celle (éds), Paris : L'improviste, 153-164. 2010c - Jan Paweł II - Najlepszy Ojciec. Analiza dyskursywna, (in :) Karol Woj- tyła - Jan Paweł II. Słowa prawdy i życia. Szkice lingwistyczne, Kazimierz Ożóg, Bożena Taras (red.), Rzeszów : Wydawnictwo Uniwersytetu Rzeszow- skiego, 11-21. 2010d - Les Mélanges - un genre du discours scientifique, (in :) En quête de sens. W poszukiwaniu znaczeń. Études dédiées à Marcela Świątkowska. Studia dedyko- wane Marceli Świątkowskiej, Joanna Górnikiewicz, Halina Grzmil-Tylutki, Iwona Piechnik (éds.), Kraków : Wydawnictwo Uniwersyteu Jagiellońskiego, 218-223. 2010e - Rola gatunku w komunikacji międzykulturowej. Dziennikarski „fait divers", (in :) Słowo w dialogu międzykulturowym, Władysław Chłopicki, Maria Jodłowiec (red.), Kraków: Tertium, seria Język a komunikacja 25 : 55-65. 2011a - L'analyse du discours et la didactique des langues. Nouveaux défis, (in :) Discours, acquisition et didactique d'un dialogue. Les termes d'un dialogue, Pascale Trévisiol-Okamura, Greta Komur-Thilloy (éds), Paris : Orizons, 155-165. 2011b - L'axiologie discursive - entre l'implicite et l'explicite, Synergies Pologne 8 : 247-254. 2011c - L'évolution des genres politiques sous l'influence de la publicité : un pacte orienté vers un rêve et une offre, Romanica Cracoviensia 11 : 166-175 2011d - Gatunek jako kategoria społeczno-językowa, (in :) Gatunki mowy i ich ewolucja, t. IV : Gatunek a komunikacja społeczna, Danuta Ostaszewska (red.), Katowice : Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego, 33-43. 2011e - Kwestie gatunku i komunikacji społecznej z perspektywy polskiej, nie- mieckiej i francuskiej tekstologii, (in :) Gatunki mowy i ich ewolucja, t. IV : Ga- tunek a komunikacja społeczna, Danuta Ostaszewska, Joanna Przyklenk (red.), Katowice : Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego, 515-552 (avec Maria Wojtak, Zofia Bilut- Homplewicz, Waldemar Czachur). 14 Publications de Halina Grzmil-Tylutki 2011f - Terminologia a dyskurs. Na przykładzie orędzia, gatunku dyskursu religijnego, Roczniki Humanistyczne 59/8 : 53-63. 2012a - Axiologie des contes - entre la tradition et la modernité, (in :) Le Petit Prince et les amis au pays des traductions. Études dédiées à Urszula Dąmbska-Pro- kop, Joanna Górnikiewicz, Iwona Piechnik, Marcela Świątkowska (éds), Kra- ków : Księgarnia Akademicka, 466-474. 2012b - Dyskurs - pojęcie wieloznaczne, (in :) Termin w językoznawstwie, Do- rota Brzozowska, Władysław Chłopicki (red.), Kraków : Tertium, seria Język a komunikacja 31 : 225-235. 2012c - Francuska analiza dyskursu a badania kontrastywne, Tekst i dyskurs - Text und Diskurs 5 : 223-230. 2012d - Dyskurs w filologii, Stylistyka 21 : 398-411 (avec Janina Labocha, Anna Duszak, Ingo H. Warnke, Dorota Miller). 2014a - Francuska analiza dyskursu po zwrocie pragmatycznym, (in :) Pragma- tyka, retoryka, argumentacja : obrazy języka i dyskursu w naukach humanistycz- nych, Piotr Stalmaszczyk, Piotr Cap (red.), Kraków : Universitas, 245-264. 2014b - Langues spécialisées ou langues discursives : question terminologique ou choix épistémologique ?, Roczniki Humanistyczne 62/8 : 27-47. 2015a - Czy każda wypowiedź jest realizaq'ą gatunku ?, (in :) Gatunki mowy i ich ewolucja, t. V : Gatunek a granice, Danuta Ostaszewska, Joanna Przy- klenk (red.), Katowice : Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego, 52-63. 2015b - La prolifération des théories discursives : inconvénient ou avantage ?, (in :) Linguistique du discours : de l'intra- à l'interphrastique, Teresa Muryn, Salah Mejri (éds), Frankfurt am Main : Peter Lang, 179-189. 2016 - Initiation à la linguistique textuelle, (in :) Études sur le texte dédiées à Halina Grzmil-Tylutki, Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków : Biblioteka Jagiellońska, 15-59. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Halina Grzmil-Tylutki Université Jagellonne de Cracovie Initiation à la linguistique textuelle Introduction L'ouvrage que nous proposons est né d'une expérience personnelle, celle des cours d'initiation à la linguistique textuelle donnés aux étudiants de philologie romane à l'Université Jagellonne de Cracovie. L'ouvrage leur est adressé de prime abord et s'attache essentiellement à la notion de texte et à son analyse. L'enseignement de la linguistique a longtemps eu pour fondement l'étude de la morphosyntaxe qui est très importante pour la maîtrise des règles de gram- maire. La linguistique de l'énonciation a rendu claire la différence majeure entre la phrase et l'énoncé et nous a montré que c'est avec ce dernier que l'homme communique. L'énoncé, peu importe sa longueur et son degré de complexité, est porteur de sens, il est une unité sémantique et pragmatique avec laquelle nous communiquons et agissons dans nos communautés discursives. C'est aux linguistes francophones (Charles Bally, Émile Benveniste) que nous devons la linguistique de l'énonciation. Cette idée a donné, entre autres, l'im- pulsion à des recherches en matière des unités d'ordre supérieur à la phrase ; dans certains pays, comme la Pologne et l'Allemagne, c'est la textualité qui s'est développée et l'a emporté sur la discursivité, domaine privilégié dans les études françaises. Cependant, ce courant existe dans le monde francophone. Jean-Michel Adam, linguiste français de l'Université de Lausanne, est ainsi un représentant émi- nent de la linguistique textuelle et de son essor en langue française. Il avoue, lui-même, en être un des acteurs, avec notamment Michel Charolles, Bernard Combettes et Lita Lundquist (Adam 2010b : 13). Adam défend l'importance de * Ce dernier texte de Halina Grzmil-Tylutki, conçu comme la trame d'un futur livre, est resté inachevé. i6 Halina Grzmil-Tylutki la linguistique textuelle au sein des sciences du langage malgré des tendances post-textualistes dans les études littéraires au XXIe siècle. Le linguiste s'oppose à l'idée déconstructionniste préconisant la mort du texte, une mort du texte qui succéderait à la mort de l'auteur prônée par Roland Barthes (1968) et par Michel Foucault (1969). La linguistique textuelle est considérée comme une discipline récente, con- temporaine de l'Analyse du Discours, mentionnée au Congrès mondial de Lin- guistique Française tenu à Paris en 2008, en tant qu'un de ses sous-domaines, bien que couplée à la stylistique (Adam 2010b : 14). Mais le terme même de « linguistique textuelle » remonte au milieu des années 1950 : il a été introduit pour la première fois par Eugeniu Coseriu (1955, cf. aussi sa Lingüística del texto publiée en 2007) et repris une dizaine d'années plus tard, en 1969, par Harald Weinrich (Textlinguistik), un linguiste allemand qui donne les premiers cours de linguistique textuelle en France, au Collège de France (cf. Adam 2010a : 3, 2010b : 14). Les textes de Coseriu et de Weinrich ne sont pas les seuls textes de référence en matière. Sans parler d'analyses de textes littéraires qui ont une histoire plus longue, Adam (2010a) mentionne quelques théories en langue française qui ont contribué au développement de la linguistique textuelle. On y trouve l'analyse structurale dans la sémiotique de Roland Barthes (1964, 1970), la praxématique de Robert Lafont et Françoise Gardès-Madray (1976, 1983), la stylistique de Michael Riffaterre (1970) - dans les années 1970, les travaux de Lita Lundquist dans les années 1980, qui ont rendu accessible la Textanalyse allemande et, en outre, ont mis en avant l'aspect pragmatique, complémentaire des dimensions structurale et sémantique. Les années 1980 sont également marquées par l'analyse contextuelle de textes de Teun A. van Dijk (textes qui ont été traduits aussi en français) ; les années 1990 font appa- raître la linguistique textuelle considérée comme une sorte de grammaire tex- tuelle où prévalent les questions de textualité, l'étude de la structuration du texte (cohésion, cohérence, etc.). En adoptant une perspective plus large, l'on peut trouver trois grandes sources de l'intérêt porté à l'analyse de textes. Premièrement, c'est la rhéto- rique ancienne et l'apport incontournable des Grecs (Gorgias, Aristote) et des Romains (Quintilien, Cicéron), enrichi par la nouvelle rhétorique du XXe siècle (Perelman, Toulmin). Deuxièmement, la prolifération des courants structura- listes en Europe a fait voir le jour, entre autres, à l'étude de la structure narra- tive formelle des contes merveilleux (Propp), à la narratologie (Greimas, Bré- mond, Todorov), à l'étude anthropologique (Lévy-Strauss), au fonctionnalisme pragois (Mathesius, Jakobson) et systémique de Halliday & Hasan (1976) ; ces travaux ont été suivis par des tentatives d'élaborer des grammaires textuelles et analyses de structures (Hartmann, Harweg, Petöfi, Isenberg, de Beaugrande, Dressler, van Dijk). Troisièmement, enfin, les études américaines : le distribu- tionnalisme (Harris) et l'ethnométhodologie, discipline socio-linguistique basée sur des observations (Garfinkel, Hymes, Gumperz, Labov) et des interactions Initiation à la linguistique textuelle 17 (Sacks, Schegloff, Jefferson), ne sont pas à négliger. Pour terminer, on ne peut oublier l'apport considérable de la pragmatique (Austin, Searle, Grice), surtout au concept élargi du texte et à l'idée du discours, ni celui de l'anthropologie de Bakhtine et son dialogisme, bénéfique pour les analyses d'intertextualité et de polyphonie. Le terme de grammaire de texte mentionné ci-dessus peut induire en erreur. Il nous renvoie à un projet dès le début voué à l'échec. Le projet originel ten- tait de situer la grammaire de texte dans le prolongement de la grammaire de la phrase analysée selon le modèle explicatif de la grammaire générative et transformationnelle chomskyenne. On devait donc admettre un locuteur idéal, capable de produire et de comprendre un ensemble infini de structures tex- tuelles bien formées d'une langue donnée. Envisageant le texte comme une phrase étendue, on cherchait des règles de réécriture d'une base textuelle ab- straite. Ce terme a été proposé dans le projet d'une description structurale des phrases composant le texte de Bertolt Brecht « L'animal préféré de monsieur K. » (à la base de Geschichten vom Herrn Keuner, 19671), un projet réalisé à l'Univer- sité de Constance par Rieser, Hartmann, Petöfi, Ihwe, Köck et van Dijk. Les linguistes s'étaient réunis afin de créer une grammaire et un lexique abstraits permettant de générer le texte en question (voir Dijk, Ihwe, Petöfi & Rieser 1972). La tâche s'est avérée trop difficile et impossible ; entre la grammaire de la phrase et la supposée grammaire du texte, le fossé demeurait insurmontable. Bref, comme une phrase n'est pas un simple assemblage de mots, un texte n'est pas un simple et quelconque assemblage de phrases. Van Dijk dira plus tard à propos d'une structure transphrastique : « La différence avec les gram- maires de phrase est que les dérivations ne se terminent pas sur des phrases simples ou complexes, mais sur des n-tuples ordonnés de phrases, c'est-à-dire sur des séquences » (van Dijk 1973b : 19)2. Le modèle de la grammaire généra- tive-transformationnelle de N. Chomsky s'appuie sur l'hypothèse qu'il existe une grammaire universelle commune à toutes les langues, ce qui ne peut pas avoir d'une simple transposition dans un texte : il est impossible, du moins à l'étape actuelle de recherches, de construire un modèle formel de la compé- tence textuelle permettant de distinguer un texte d'un non-texte. Le texte est apparu comme trop complexe pour être soumis à une série de règles. La diffé- rence entre les deux grammaires se fonde sur une différence majeure qui se trace entre deux unités heuristiques relevant de deux ordres distincts : la phrase appartient à la structure, et le texte, en revanche, est une unité pragmatique et discursive. Le projet manqué s'est trouvé pourtant à l'origine de quelques thé- ories avançant des modèles formels d'analyse de structures transphrastiques : à côté de Teun A. van Dijk, il faut citer János S. Petöfi et Igor A. Mel'cuk avec Alexandre K. Zolkovski, chacun ayant pris sa propre voie d'investigations. 1 La traduction française: Histoires de monsieur Keuner, trad. fr. Maurice Regnaut, Paris: L'Arche. 2 Nous citons ce passage dans la traduction française de Jean-Michel Adam (2010a: 5). 18 Halina Grzmil-Tylutki L'éventail de problèmes propres à la linguistique textuelle est si imposant qu'il reste impossible de les traiter tous dans le cadre de cette étude. Nous met- tons de côté le modèle de composition issu de la rhétorique, dit dispositio - ré- servé plutôt à l'analyse stylistique. Nous ne nous occuperons pas non plus des signes de ponctuation qui sont sans doute des éléments de cohésion. Ils re- présentent quelques valeurs fondamentales : valeur prosodique (rendre compte graphiquement de l'intonation, du rythme et des pauses), valeur syntaxique (segmenter la phrase, le texte, et rendre compte de sa hiérarchisation), valeur communicative (montrer la modalité) et valeur sémantico-pragmatique (signa- ler le changement de sens, de thème, l'hétérogénéité énonciative, le type de discours, le commentaire, etc.). Nous n'entrerons pas dans les détails de struc- tures péri- ou paratextuelles. Ne trouveront pas de place non plus des ques- tions d'intertextualité ni celles des fonctions jakobsoniennes (Jakobson 1963) ou encore des études connexes qui s'interrogent sur le texte (poétique, hermé- neutique, stylistique, narratologie etc. Cette étude se limite à l'examen de quelques problèmes choisis. Deux visées sous-tendent cette étude et déterminent son organisation : la défi- nition des notions fondamentales pour la linguistique textuelle, définies comme telles dans les livres de référence et des propositions successives d'analyse de textes sous l'angle de la notion abordée. Chaque analyse est une application gui- dée, un exercice d'entraînement permettant de confronter la théorie à la pratique. La démarche adoptée recourt à plusieurs théories linguistiques adoptant les étiquettes de linguistique textuelle ou de textologie. L'étude comporte cinq par- ties, chacune centrée sur un aspect de la description du texte. Le tout s'achève par une bibliographie sélective. I. Le texte Étymologiquement, le mot texte vient du latin et est introduit par Quintilien (Ier siècle) dans son Institution oratoire (livre IX, ch. 4), donc assez tard. Textus qui signifie 'chose tissée, tissu, trame' dérive du verbe texere 'tisser, tramer'. L'accent est donc mis sur la texture, sur un assemblage non disparate, mais organisé d'unités linguistiques interdépendantes les unes des autres dans un enchaînement ; le tissage fait penser aux relations, à une structure où tout se tient, à une structure cohésive et cohérente. Déjà Weinrich, considéré comme un des noms de référence pour la linguis- tique textuelle, met en évidence le caractère unitaire et hiérarchisé du texte : C'est manifestement une totalité où chaque élément entretient avec les autres des relations d'interdépendance. Ces éléments ou groupes d'éléments se suivent en ordre cohérent et consistant, chaque segment textuel compris contribuant à l'intelligibilité de celui qui suit. Ce dernier, à son tour, une fois décodé, vient éclairer rétrospectivement le précédent (Weinrich 1973 : 174). Initiation à la linguistique textuelle 19 Une remarque analogue se trouve chez Halliday & Hasan (1976 : 293) : Un texte (...) n'est pas un simple enchaînement de phrases (...). Un texte ne doit pas du tout être vu comme une unité grammaticale, mais comme une unité d'une autre espèce : une unité sémantique. Son unité est une unité de sens en contexte, une texture qui exprime le fait que, formant un tout, il est lié à l'envi- ronnement dans lequel il se trouve placé.3 Comme nous l'avons souligné dans l'Introduction, la textologie ne se re- vendique pas du générativisme envisageant le texte comme une phrase éten- due. Le texte relève d'un autre ordre, il est souvent le synonyme de l'énoncé et mobilise une étude pluridisciplinaire, translinguistique. On ne saurait décomposer le texte en phrases, comme on peut décomposer une phrase en syntagmes (...) le rapport du tout à la partie ne relève pas du même degré de prévisibilité (Soutet 1995 : 325). La définition linguistique du texte pose des problèmes. Autant de théories, autant de définitions, avec, en plus, l'usage courant identifiant le texte à un énoncé écrit. Si l'on voulait extraire les différents traits de textualité, il faudrait mentionner : ■ nature hors-phrastique soulignant l'unité d'un autre ordre que la phrase, ■ structure sémantique et logique, donc cohérente, ■ énoncé linguistique fini, conforme à l'intention du locuteur et à l'attente du destinataire, construit selon les règles de grammaire d'une langue donnée (cf. Dressler 1972), ■ unité fondamentale de communication dans une situation concrète, un macro- acte, ■ forme langagière cohésive (sémiotique au sens large) d'une activité de com- munication, définie par des critères pragmatiques et linguistiques, ■ événement communicatif (occurrence) qui doit répondre aux 7 critères de Beaugrandes & Dressler (1981ab, voir ci-dessous) pour ne pas être traité de non-texte, ■ unité marquée par le genre et le style. Le texte peut être purement verbal, mais il peut aussi être accompagné de codes non-verbaux, plurisémiotiques, où différents types de signes sont mé- langés ; il peut aussi être non-verbal. De ce point de vue, nous pouvons distin- guer des textes : 1) verbaux, 2) non-verbaux (par exemple : les signes du code de la route ou les formules mathématiques), 3) mixtes (par exemple : les BD ou de nombreuses publicités). 3 Nous citons ce passage dans la traduction française de Jean-Michel Adam (2010a: 5). 20 Halina Grzmil-Tylutki Des exemples d'un texte verbal : 1. En avril, ne te découvre pas d'un fil, en mai, fais ce qu'il te plaît. 2. Il était une fois un gentilhomme qui épousa, en secondes noces, une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue. Elle avait deux filles de son humeur, et qui lui ressemblaient en toutes choses. Le mari avait, de son côté, une jeune fille, mais d'une douceur et d'une bonté sans exemple : elle tenait cela de sa mère, qui était la meilleure personne du monde. (Charles Perrault, Cendrillon ou la petite pantoufle de verre). Des exemples de textes non-verbaux : 1. (a + b)2 = a2 + 2ab + b2 2. Des exemples de textes mixtes : 1. Auteur : Benjamin Rabier (1864-1939) Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9011427x/ (Bibliothèque Nationale de France), domaine public Initiation à la linguistique textuelle 21 2. Les Prodigieuses Aventures de YoYo et Yé-yette (date d'édition : 1932) Texte et illustrations de Maurice Lemainque http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10501751j/f7.item.r=bande%20dessin% C3%A9e (Bibliothèque Nationale de France), domaine public 22 Halina Grzmil-Tylutki Parmi les premiers qui ont essayé d'énumérer des critères de textualité, pour pallier les difficultés de sa définition, se trouvaient deux linguistes allemands : Robert de Beaugrande et Wolfgang Dressler qui ont publié en 1981 leur Ein- führung in die Textlinguistik (Tübingen : Niemeyer), immédiatement traduit en anglais (Introduction to Text Linguistics, London & New York : Longman, 1981). Pour qu'une suite de phrases soit un texte, il faut qu'elle réalise simultanément 7 principes, considérés dès lors comme les critères de la textualité : cohésion, cohérence, intentionnalité, acceptabilité, informativité, situationnalité et inter- textualité. Ces principes ne concernent pas uniquement la structure du texte (cohésion, cohérence), mais aussi l'attitude du locuteur (intentionnalité) ou du récepteur (acceptabilité, informativité) face au texte, des relations entre le texte et son contexte (mise en situation, cohérence), de même que des relations entre le texte en question et d'autres textes (intertextualité). Il faut ajouter qu'à la lu- mière des recherches récentes en textualité, ces sept critères ne paraissent plus si importants ; néanmoins ils valent être mentionnés. I.1. La cohésion4 Elle concerne la surface du texte, son niveau syntaxique et sémantique : il y est question de l'ensemble des moyens linguistiques qui assurent les liens intra-phrastiques et inter-phrastiques du texte. ■ exemple 1 D'incolores idées vertes dorment furieusement. Cette fameuse phrase (énoncé) de Noam Chomsky (1957) a permis au père du générativisme de montrer une différence entre la grammaticalité et l'accepta- bilité. Or, la phrase est cohésive en tant que structure syntaxique mais elle viole certaines règles sémantiques : elle répond aux règles de grammaire (N+Adj ; N+V ; V+Adv ; place ; accords en genre, en nombre, etc.) sans pourtant respecter des liens sémantiques (contradiction entre vert et incolore, asémantisme, manque d'itérations isotopiques entre idée et dormir ou entre dormir et furieusement). Pour- tant, elle peut être acceptable comme exemple d'un rêve, d'hallucinations, d'une ivresse, d'un langage poétique imagé ou d'un ouvrage de science fiction. ■ exemple 2 La scène 2 de l'acte V de Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière (ce frag- ment est souvent cité par les textologues comme exemple de non-consistance) : Sachez, Monsieur, que tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle se brise ; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l'arbre ; qui s'attache à l'arbre, suit de bons pré- ceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent 4 Nous n'approfondirons pas ici les questions abordées ; la plupart de ces problèmes seront le véritable sujet de l'analyse ses pages qui suivent. Initiation à la linguistique textuelle 23 à la cour ; à la cour sont les courtisans ; les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l'âme ; l'âme est ce qui nous donne la vie; la vie finit par la mort ; la mort nous fait penser au Ciel ; le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n'est point la mer ; la mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux ; les vaisseaux ont besoin d'un bon pilote ; un bon pilote a de la prudence ; la prudence n'est point dans les jeunes gens ; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux ; les vieux aiment les richesses ; les richesses font les riches; les riches ne sont pas pauvres ; les pauvres ont de la nécessité ; nécessité n'a point de loi ; qui n'a point de loi vit en bête brute ; et, par conséquent, vous serez damné à tous les diables. Le texte de Molière cité applique le schéma de concaténation qui consiste à répéter plusieurs anadiploses, figures de style s'appuyant sur la reprise du dernier mot d'une proposition au début de la proposition qui suit (le schéma utilisé : _A /A_B /B_C / C_D /D_ etc.). Dans cette scène, le valet Sganarelle essaie de réfuter les arguments de don Juan, son maître, mais il s'y perd don- nant preuve d'une autoridiculisation. Le texte cité est parfaitement cohésif au niveau syntaxique, mais paraît illogique, donc non-acceptable sémantiquement. Autrement que dans le texte précédent où l'asémantisme concerne la structure intra-phrastique, ici nous avons affaire à une sorte de non-consistance au niveau inter-phrastique. Cette manière de s'exprimer peut se justifier dans une situa- tion où soit le locuteur veut mettre son interlocuteur en colère, soit il veut gagner du temps ; on pourrait encore imaginer d'autres interprétations de la fonction phatique ainsi réalisée. ■ exemple 3 Ci-dessous, dans l'incipit du conte de Charles Perrault, intitulé Cendrillon ou la petite pantoufle de verre, nous avons souligné (en gras) les mots ayant pour fonction d'assurer la cohésion au texte : Il était une fois un gentilhomme qui épousa, en secondes noces, une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue. Elle avait deux filles de son humeur, et qui lui ressemblaient en toutes choses. Le mari avait, de son côté, une jeune fille, mais d'une douceur et d'une bonté sans exemple : elle tenait cela de sa mère, qui était la meilleure personne du monde. Nous y trouvons la substitution des mots par d'autres noms ou pronoms, signes ayant par excellence une fonction de substituts. Les relations entre toutes ces formes observent les règles grammaticales de la langue française (genre, nombre, etc.). I.2. La cohérence Ce sont les relations conceptuelles qui assurent la cohérence : sa continuité et sa progression, son niveau sémantique et pragmatique, le sens qui naît d'un rapport entre le savoir textuel et le savoir sur le monde. Comme dans l'exemple : Pierre s'est cassé le genou. Il est tombé du vélo, où, apparemment, sont décrites 24 Halina Grzmil-Tylutki deux situations différentes, mais le lecteur est capable de leur donner sens et d'y voir une relation du type effet-cause. Le lecteur établit cette relation grâce à son savoir extra-linguistique, à son expérience du monde, à ses capacités cognitives et intellectuelles de présupposer, d'inférer, etc. En voici un exemple : La cohérence, ici plus riche, parce que concernant le niveau langagier asso- cié à l'aspect iconique, est assurée grâce à plusieurs savoirs dont dispose le ré- cepteur du message : la conscience des normes génériques de la publicité, l'unité thématique (relations homme-femme) et le savoir sur le monde alimenté par les stéréotypes, d'une part et par les débats publics actuels, d'autre part. I.3. L'intentionnalité Elle concerne l'intention chez l'émetteur de produire un message cohésif et cohérent et de transmettre un sens ou d'influer le récepteur. Si l'on parcourt les exemples précédents, on y cherche toujours les inten- tions qui étaient à l'origine de leur production. Quant à l'exemple de l'affiche citée plus haut, on peut constater, sans entrer dans les détails d'une analyse, qu'il est question d'une campagne pour l'égalité des sexes et, en outre, pour la parité. La contradiction entre l'image et le texte langagier n'est qu'illusoire : elle renforce le message, et son intention est de démasquer et briser les stéréo- types. En ce qui concerne les exemples asémantiques : les incolores idées vertes de Chomsky et la tirade de Sganarelle, il faut admettre qu'une intention a généré Initiation à la linguistique textuelle 25 ces textes, à condition qu'ils aient été « réellement » produits dans une situa- tion précise (y compris toute fiction). Par ailleurs, on voit ici comment plu- sieurs critères s'interpénètrent afin d'établir la textualité : cohésion, cohérence, intentionnalité, mise en situation et autres. 1.4. L'acceptabilité Elle concerne l'attente du destinataire. Le destinataire s'attend en principe à recevoir un message cohérent, acceptable, significatif. Pour en revenir aux exemples cités de la publicité, on admet qu'elle est acceptable : le récepteur, ayant reconnu chez l'émetteur l'intention de lui adresser un message cohérent, fait l'effort de compléter le message, de combler d'éventuelles lacunes, de dé- clencher un processus cognitif, de faire des inférences nécessaires pour inter- préter la publicité qui s'avère alors acceptable. Selon ce principe, le destina- taire reconnaît la rentabilité du message, se voit capable de coopérer et, le cas échéant, d'interagir. Un exemple : - Tu es fatigué ? - Pas trop. La réponse est acceptable, même si aucun des éléments de la question n'a été repris. Le sens est justement à récupérer en tant que réponse à une ques- tion. L'ellipse grammaticale fait partie de la coopération des interlocuteurs et de leur connaissance des règles conversationnelles. 1.5. L'informativité Elle concerne l'équilibre entre la transparence du message et son opacité, entre l'explicite et l'implicite ; tout texte doit harmoniser le prévisible et le non-prévisible, le connu et l'inconnu, l'attendu et l'inattendu et compenser un éventuel manque dans cet équilibre. Il faut reconnaître que les cas extrêmes ne sont pas bien vues : les textes totalement transparents, où le contenu est prévisible, connu et attendu ne sont pas intéressants et peu ou non-informatifs. À titre d'exemple, les énoncés En été il fait chaud et en hiver il fait froid (à propos de notre sphère climatique) ou Le triangle a trois angles sont dépourvus d'intérêt et ennuyeux. Par contre, les textes à cent pour cent informatifs, c'est-à-dire n'apportant que des informa- tions nouvelles, inattendues, imprévisibles posent de graves problèmes com- municatifs, donc ne sont pas informatifs non plus : ils sont dépourvus de sens dans des situations bien précises. L'on peut citer encore une fois l'extrait de la pièce de Molière (Dom Juan ou le Festin de pierre, acte V, scène II) où, à l'éloge de l'hypocrisie fait pas Dom Juan, son serviteur Sganarelle répond : 26 Halina Grzmil-Tylutki (...) tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle se brise ; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l'arbre ; qui s'attache à l'arbre, suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans ; les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l'âme ; l'âme est ce qui nous donne la vie; la vie finit par la mort ; la mort nous fait penser au Ciel ; le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n'est point la mer ; la mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux (... ) Le mieux est de garder le juste milieu aristotélicien (aurea mediocritas). Le principe de coopération des interlocuteurs, connu aussi sous le nom de ma- ximes conversationnelles de Grice, vont dans le même sens : ■ maxime de quantité : Donnez autant d'information qu'il est requis (mais pas plus), ■ maxime de qualité (véridicité) : Ne dites pas ce que vous croyez faux ou ce pour quoi vous manquez de preuves, ■ maxime de pertinence (relation) : Parlez à propos, ■ maxime de manière (clarté) : Soyez clair, ordonné, bref, non-ambigu, évi- tez les obscurités. Certains textes sont pourtant prédisposés à être plus opaques que d'autres, par exemple les publicités, pour susciter de l'intérêt et motiver le destinataire à s'engager à décrypter le message afin que celui-ci se grave plus profondé- ment dans les esprits. Un exemple : Dimanche, 13 octobre. Plus ensoleillé que nuageux. Chaud. 12 °C/23 °C, 0%. Lundi, 14 octobre. Ensoleillé. Doux. 11 °C/19 °C, 0%. Mardi, 15 octobre. Ensoleillé. Doux 6 °C/17 °C, 0%. Cette information sur les prévisions météo est brève, claire, pertinente ; il y est autant d'informations que nécessaire. La maxime de véridicité fait défaut parce que le texte concerne des prévisions. Le texte est pleinement informatif malgré la présence de signes non linguistiques, mais unanimement acceptés. I.6. La « situationnalité » Elle concerne des liens entre le texte et son contexte, la situation dans la- quelle il est créé ou fonctionne. Une pancarte avec l'avis : Ne pas marcher sur les pelouses est autorisée à proximité d'une pelouse (protégée) ou à côté de celle-ci, mais elle serait un échec si on la mettait au bord d'une piscine. La situation- nalité demande donc de respecter le principe de pertinence et d'adaptation. Initiation à la linguistique textuelle 27 ■ exemple 1 : Le signe routier signifiant « virage à droite » signale un virage dangereux et doit être placé à une distance approximative de 150 m avant l'endroit dange-reux. La pertinence et l'adaptation à la situation sont incontournables. ■ exemple 2 : Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Le texte cité est un proverbe et en tant que tel, il a un sens général : à s'ex- poser sans cesse à un danger, on finit par le subir. Mis dans un contexte parti- culier, il peut revêtir différentes significations, en fonction du contexte, d'un élément de cohérence. Imaginons-nous une situation où un petit enfant essaie à plusieurs reprises d'approcher ses doigts de la flamme d'une bougie. La mère l'avertit : - N'y touche pas ! À l'entendre pleurer après s'être brûlé, elle murmure : - Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. L'interprétation adaptée à la situation est simple : la cruche est l'image d'un enfant, l'eau est une figure de la flamme et enfin l'action de brûler est représen- tée par le verbe se casser. I.7. L'intertextualité Elle concerne une « interaction textuelle » (terme de Julia Kristeva 1969), des textes mis en relation à l'intérieur d'un texte donné, par le biais de cita- tions, de parodies, un pastiche, du plagiat, d'allusions, de références, etc. Il est à remarquer que cette relation peut être explicite, comme dans le cas d'une citation, ou implicite comme dans une allusion. C'est la tâche du lecteur ou du critique d'établir cette relation d'intertextualité. Parfois, cela revient tard, après s'être approprié ces autres ouvrages. ■ exemple 1 : Le prix Nobel de Médecine 2013 a été décerné lundi aux Américains James Rothman et Randy Schekman et à l'Allemand Thomas Südhof, a annoncé le jury. Le trio a été récompensé pour ses découvertes sur le système de transport à l'intérieur de la cellule, pour que « les molécules soient transportées à la bonne place dans la cellule au bon moment », selon le comité Nobel. Le Point, 8 oct. 2013. 28 Halina Grzmil-Tylutki Dans ce texte informatif, les journalistes commentent, dans un discours indirect, un événement à la fois social et langagier. Les paroles ne sont pas « entendues » ni rapportées directement, excepté un îlot textuel attribué aux juristes du comité Nobel. Il y a tout de même l'écho de la parole prise dans le commentaire qui manifeste une intertextualité explicite par le biais du verbe annoncer et du connecteur selon. ■ exemple 2 : L'Âne : - Que tu as de grandes dents. Je veux dire blanches. On doit te le dire tout le temps. T'as un sourire, je te le jure, éblouissant. (...). Fiona : - (...) je ne comprends pas. C'est étrange. Ce baiser devrait me rendre belle. Shrek : - Mais Vous êtes belle, princesse. Dans les deux extraits du film américain Shrek (2001) en français on fait des allusions aux contes merveilleux de Perrault : d'une part, au Petit Chaperon rouge et d'autre part, à La Belle au bois dormant. Les grandes dents font penser à la rencontre du Chaperon rouge avec le loup déguisé en grand-mère de la fillette. Le baiser du prince rend la vie à la princesse ensorcelée et évoque sa transformation. Le slogan mis en bas, à droite de la publicité : Liberté - Egalité - Parité est une sorte de pastiche ou citation détournée (Adam & Bonhomme 2000 & 2012, Bonhomme 2010) de la devise de la République Française. Ce qui n'est pas sans importance pour l'interprétation de la publicité. Les 7 critères mentionnés et analysés ci-dessus jouent, dans l'optique de R. Beaugrande et W. Dressler (1981ab), le rôle de principes régulateurs qui devraient faciliter la réception du texte. Ils devraient rendre cette perception rentable, efficace et appropriée, c'est dire : permettre de minimiser l'effort de ■ exemple 3 : Initiation à la linguistique textuelle 29 réception, donner l'impression que le texte remplit toutes les conditions pour être compris et ainsi permettre d'unir tous les critères de la textualité avec le contexte, la situation. L'analyse textuelle en langue française doit beaucoup à Jean-Michel Adam qui s'interroge, dans ses nombreux ouvrages, sur les catégories pertinentes pour l'analyse des textes : Les solidarités syntaxiques entre unités de la langue n'ont qu'une portée très limitée. Dès que l'on passe le seuil de la phrase pour entrer dans le domaine transphrastique, d'autres systèmes de connexion apparaissent, qui ne reposent pas sur des critères synta- xiques mais sur des marques et des instructions relationnelles de portée plus ou moins lointaine (...). La tâche de la linguistique textuelle est de définir les grandes catégories de marques qui permettent d'établir ces connexions qui ouvrent ou ferment des segments textuels plus ou moins longs. Ces marques ne recoupent que partiellement des catégories morpho-syntaxiques définies dans le cadre de la linguistique de la langue. (...) les do- maines textuel et morpho-syntaxique sont différents et assez largement indépendants. (Adam 2005 : 36-37) Dans cette étude nous essaierons de montrer ces catégories textuelles et leur apport dans l'unité solidaire : structurale, sémantique et fonctionnelle qu'est le texte. Le texte se présente à nos yeux dans sa linéarité qui n'est qu'illusoire. En effet, le texte repose sur une structure hiérarchique. Il est un macro-signe, une macro-proposition, ayant ses Signifiant (Sa), Signifié (Sé) et Référent (Ré). C'est un objet dynamique, orienté. Il est le signe qui réalise simultanément trois actes : il parle de quelque chose (acte de référence) pour en dire quelque chose d'autre (acte de prédication) afin de communiquer au récepteur une intention particulière de l'émetteur (acte illocutoire). Ce référent global régit tous les choix opérés à différents niveaux de cette structuration hiérarchique. Il faut souligner que le texte n'est pas seulement l'objet préféré de la lin- guistique. Il reste au centre du grand intérêt porté par les représentants de dif- férentes zones d'activité humaine et ceci depuis l'Antiquité. L'on peut dire que les premiers textologues étaient des exégètes de la Bible. Le lien des études lit- téraires avec le texte est incontournable. À l'époque moderne, le texte inté- resse, entre autres, le domaine de la traduction, de la culture, du théâtre, des médias, de la publicité ; les sociologues, les politologues, les psychologues tra- vaillent aussi avec des textes. II. Le genre discursif La linguistique contemporaine a introduit un nouveau terme, concurrent au texte : le discours. Ce terme a fait rapidement carrière, non seulement dans les sciences humaines, mais aussi dans le langage courant ; on peut dire que tout est discours. 30 Halina Grzmil-Tylutki L'usage courant oppose, en général, le texte au discours comme une pro- duction écrite versus une production orale (la conception du discours y est semblable au propos de Benveniste). La linguistique d'aujourd'hui ne partage pas cette optique : les deux notions recouvrent la totalité des productions lan- gagières, et sémiotiques au sens large. En outre, actuellement, on récuse cette distinction entre le texte et le discours en linguistique textuelle. L'étude de textes prend en compte les pratiques discursives, comme c'est le cas de la tex- tologie polonaise qui envisage le texte dans sa dimension pragmatique. Aussi Adam réintègre-t-il sa linguistique textuelle dans la théorie du discours. Dans la théorie française du discours le texte est considéré comme un pro- duit concret de l'activité discursive, comme un objet portant des traces de cette activité contextualisée. L'école française d'analyse du discours, rebaptisée, après 1983, « l'analyse française du discours », est un des courants fondamentaux de la linguistique contemporaine de l'Hexagone. Il est donc justifié d'en évoquer le cadre général dans cette étude. Le discours, en gros, est un texte en contexte, une unité domaniale. C'est la façon de traiter la langue et la société en tant qu'activité institutionnalisée des sujets interagissant dans des situations précises. Cette activité est présupposée par le contrat discursif établi entre les partenaires et réalisé par les protagonistes dans leur mise en scène du dire, par le biais de choix stratégiques. L'analyse du discours est une science interdisciplinaire : elle lie avant tout la linguistique avec la sociologie (le discours est aussi défini comme un rituel socio-langa- gier) ; elle s'attache avant tout à étudier : ■ le type du discours - lié à une zone d'activité humaine (discours : poli- tique, journalistique, juridique, éducatif, scientifique, religieux, administratif, médical, etc.), ■ le positionnement - une sorte de point de vue idéologique au sein d'un type de discours : une doctrine, une école, un courant, une tendance, un mouve- ment etc. (par exemple : le réalisme, le surréalisme, le classicisme, le roman- tisme en littérature ; le thomisme, le jansénisme dans la religion ; le nationa- lisme, l'anarchie dans la politique, etc.), ■ la catégorie du sujet (on peut envisager le discours comme une activité socio-langagière des infirmières, des étudiants, des policiers, des mères, des commerçants, etc.), ■ la stratégie (à titre d'exemple : polémique, didactique, persuasive, infor- mationnelle, etc.). D'autres facteurs liés au discours sont le temps, le lieu, le médium, le genre. Maingueneau (1998) complète la définition du discours en énumérant 8 aspects co-présents dans chaque activité discursive : le discours est une unité hors- phrastique, orientée, active, interactive, contextualisée, prise en charge, norma- tive et interdiscursive. Initiation à la linguistique textuelle 31 Le discours est une institution (il est institué) et définit ses propres dénota- tions. Cela veut dire qu'en dehors de lui, les objets sont dépourvus de sens. Cela veut dire aussi que les sujets d'une même communauté discursive ont des points de référence forts qui leur permettent de communiquer en pleine sécurité, de s'identifier avec cette communauté. Le discours, en tant qu'activité, événement vécu, motive le choix de formes, de structures, bref, d'une scénographie préférée ; à titre d'exemple, les nomi- nalisations sont omniprésentes dans un texte administratif et les passivations abondent dans les textes juridiques. La linguistique textuelle rencontre l'analyse du discours dans la question cen- trale des genres, étiquetés dans la théorie française comme genres discursifs. Le discours est une activité domaniale et toute activité est orientée, ayant une ou plusieurs visées précises. Le discours englobe un espace sémiotique, lié au domaine, où interagissent les partenaires mis en relations normées par le type du discours. Ces interactions sont téléologiques, orientées vers un but précisément défini, et ce processus est appelé genre. Toute activité discursive se répartit entre plusieurs genres, chaque discours a son répertoire de genres stable à un moment donné de l'histoire ; à titre d'exemple, le discours journa- listique se distribue en débat, reportage, feuilleton, journal télévisé, émission radiophonique, transmission, interview etc., le discours religieux - en prière, litanie, encyclique, messe, homélie, etc., le discours administratif - en règle- ment, circulaire, décision, contrat, etc., et ainsi de suite. D'autre part, les mêmes étiquettes émergent dans différents discours, par exemple : une lettre peut tout aussi bien exprimer des relations du discours privé que public, commercial, religieux, administratif, médiatique, littéraire, etc. ; un tract peut représenter le discours politique, écologique, médical, com- mercial, etc. Dans tous ces cas, nous avons affaire à un invariant de forme et de but discursif ; les différences visent les relations intersubjectives et contextuelles, donc le propre du discours en tant qu'activité interhumaine / interperson- nelle. À titre d'exemple, un tract a pour but de manifester certaines idées, de les mettre en valeur et, grâce aux stratégies persuasives, cherche à militer en faveur de ces idées et des milieux qui les répandent, à attirer l'attention d'un certain nombre de récepteurs et à capter le maximum d'adhérents pour le pro- gramme donné. Et ceci dans une forme brève, concise, engagée, évaluative, employant des énumérations, des exclamations, des épithètes, des hyperboles, etc. Le lien de cette forme avec le discours s'exhibe dans la dénomination qua- lifiante qui remplit la forme du contenu domanial (tract politique, tract publi- citaire / médiatique, tract écologique, etc.). Le genre est un modèle sur lequel les partenaires du discours moulent leur intention communicationnelle. L'intention et le but constituent un invariant qui se traduit par des régularités compositionnelles, autrement dit, des formes préférées. Les convergences structurelles attestent l'appartenance de ces textes à une même série générique (différents reportages, feuilletons, interviews, 32 Halina Grzmil-Tylutki prières, encycliques, règlements, décisions, etc.). Le produit final de cette acti- vité est donc le texte. Le texte, objet empirique, matérialise le discours (activité domaniale) dans le genre. Il porte des traces génériques (scénographie pré- férée, régularité compositionnelle) et discursives (relations interpersonnelles, contexte, sémantique). Limité par des contraintes discursives et génériques, le locuteur est tout de même libre dans le choix des formes d'expression, depuis les formes transpa- rentes jusqu'aux formes opaques en ce qui concerne le modèle générique. La liberté est plus ou moins grande en fonction du genre. Il est intéressant de mentionner ici la typologie la plus réussie des genres, celle de Maingueneau (2004) qui distingue quatre types de genres institués : les trois premiers sont routiniers, le quatrième est auctorial. Les genres routiniers constituent un con- tinuum de productions textuelles ; sont aussi à envisager des textes placés aux confins de types voisins, des textes annonçant une transformation et une hybri- dation possible. Mais, en général, les trois routines ont chacune leurs caractéris- tiques fondamentales. Les genres du 1er type sont les plus transparents quant à la norme, les plus formalisés, les plus schématisés ; la variation, si possible, est très limitée. Nous y avons, par exemple, la carte d'identité, le passeport, l'acte de naissance, l'échange des consentements lors d'un mariage catholique, la communication entre le cockpit et la tour de contrôle, l'annuaire télépho- nique, le catalogue de bibliothèque, etc. Les genres cités en exemple ont une visée entièrement utilitaire, la forme doit être immédiatement identifiable et indiquer le but poursuivi sans l'obscurcir. Il est difficile de parler de leurs auteurs qui sont réduits à une forme grammaticale sans possibilité de marquer personnellement les textes produits. Les genres du type 2 et 3 acceptent des scénographies plus variées, allant des plus ou moins transparentes jusqu'aux plus ou moins opaques. Les textes peuvent être marqués par un style individuel. La prière, le manuel, la lettre, la recette de cuisine sont sans doute moins variés dans leurs formes que la chan- son, la publicité, la blague, l'allocution, etc. De nos jours, les auteurs aiment choquer le public par le choix de formes à leurs productions langagières et sémiotiques, néanmoins, certains stéréotypes génériques sont toujours en jeu. Le type 4 représente le genre auctorial où la catégorie même du genre fait problème : le rôle dans l'identification du genre est attribué à l'auteur du texte (intentio auctoris) qui le fait dans l'acte dénominatif. La méditation, la préface, l'aphorisme sont institués comme genres grâce aux étiquettes qui les an- noncent. L'étiquetage est aussi nécessaire dans le cas de ré-catégorisation auc- toriale (trans-accentuation selon Bakhtine 1978) qui peut faire d'une anecdote un toast, d'un conte de fées une recette, d'un débat un cours universitaire ou d'un poème une prière. Pour résumer : le genre est un dispositif de communication déterminé par des situations socio-historico-culturelles données, relativement stables. Il se définit par deux traits fondamentaux : le but discursif, trait générique par ex- Initiation à la linguistique textuelle 33 cellence, et la scénographie préférée et il constitue un maillon intermédiaire entre le texte et le discours. Si l'on y ajoute la découverte des œuvres posthumes du philosophe russe Mikhaïl Bakhtine (1895-1975), on comprendra mieux l'importance de cette catégorie. Plus de deux mille ans après Aristote, Bakhtine souligne l'impor- tance des conditions externes au genre dans la caractérisation de celui-ci ; le genre est déterminé non seulement par des facteurs compositionnels et stylis- tiques, mais justement aussi par le type de destinataire, le statut socio-psycho- logique du locuteur, ses intentions et la situation de communication. L'anthro- pologue russe nous a rappelé que les genres du discours nous sont donnés au même titre que notre langue maternelle, qu'ils s'introduisent conjointement dans notre expérience et dans notre conscience. Il a souligné que les genres organisent notre parole de la même façon que le font les formes grammaticales (syntaxiques) et que nous apprenons donc ces deux types de normes simulta- nément, en étroite corrélation. Il est très intéressant de laisser parler Bakhtine lui-même : Lorsque nous choisissons un type donné de proposition, (...) nous [le] sélectionnons en fonction du tout de l'énoncé fini qui se présente à notre imagination verbale et qui détermine notre opinion. L'idée que nous avons de la forme de notre énoncé, c'est-à-dire d'un genre précis de la parole, nous guide dans notre processus discursif. (Bakhtine 1984 : 285) Les formes de langue et les formes types d'énoncés, c'est-à-dire les genres du discours, s'introduisent dans notre expérience et dans notre conscience conjointement et sans que leur corrélation étroite soit rompue. Apprendre à parler c'est apprendre à structurer des énoncés (...). Les genres du discours organisent notre parole de la même façon que l'or- ganisent les formes grammaticales (syntaxiques). Nous apprenons à mouler notre parole dans les formes du genre et, entendant la parole d'autrui, nous savons d'emblée, aux tout premiers mots, en pressentir le genre, en deviner le volume (...), la structure com- positionnelle donnée, en prévoir la fin, autrement dit, dès le début, nous sommes sen- sibles au tout discursif qui, ensuite, dans le processus de la parole, dévidera ses différen- ciations. Si les genres du discours n'existaient pas et si nous n'en avions pas la maîtrise (...) l'échange verbal serait quasiment impossible. (ibidem). Nombreux linguistes reprennent l'idée bakhtinienne en soulignant qu'il n'y a pas d'énoncés sans qualification générique, que tout énoncé représente et fait partie d'un genre donné. Le sémanticien François Rastier a souligné l'impor- tance de la notion de genre : Il n'existe pas de texte (ni même d'énoncé) qui puisse être produit par le seul système fonctionnel de la langue (au sens restreint de mise en linguistique). En d'autres termes, la langue n'est jamais le seul système sémiotique à l'œuvre dans une suite linguistique, car d'autres codifications sociales, le genre notamment, sont à l'œuvre dans toute com- munication verbale (Rastier 1989 : 37) 34 Halina Grzmil-Tylutki III. Qualification générique des textes S'il est vrai, comme le dit Bakhtine, que nous sommes capables d'identifier le genre discursif aux tout premiers mots, tentons d'illustrer cette hypothèse par quelques incipits textuels. 1. Il était une fois, voici bien longtemps, un pauvre meunier qui avait trois fils. Les deux aînés étaient très paresseux, mais le plus jeune travaillait dur. Voilà le conte merveilleux (Le chat botté de Charles Perrault), un genre du discours littéraire. Plusieurs facteurs en témoignent. D'abord, la formule d'in- troduction, typique pour ce genre, qui nous emmène dans un monde fictif, magique : Il était une fois - renforcé ici par voici bien longtemps - veut dire « par- tout » et « nulle part » ou encore « au lieu et temps peu précis, imaginé ». En- suite, la description d'un état, dit « situation initiale »5, dans lequel se dé- roulera une action narrée. Dans cette situation initiale nous sont présentés les héros et parfois aussi d'autres éléments du contexte. Le temps utilisé est bien l'imparfait de description. D'emblée est annoncée l'opposition, si chère aux contes, entre le bien et le mal (être paresseux vs travailler dur). Reconnaître le conte merveilleux dans cet incipit nous conduit à prévoir le tout composition- nel, la structure narrative avec le déclenchement de l'intrigue, une suite d'ac- tions, le dénouement, la morale, la transformation des héros et du contexte, et ainsi de suite. 2. An ti tussif opi a cé Dans quel cas le médicament VICKS TOUX SÈCHE pastille est-il prescrit ? Ce médicament contient un antitussif opiacé qui bloque le réflexe de la toux en agissant directement sur le cerveau. C'est une notice de médicament (Vicks Toux sèche pastille). Un texte procé- dural incrusté de parties explicatives et descriptives. La notice contient des informations clés pour le bon usage du médicament par le patient. À cette fin, elle se compose de quelques rubriques obligatoires, prévisibles à partir de l'in- cipit (composition ; indications ; contre-indications ; interactions ; mode d'em- ploi ; effets indésirables, etc.) souvent introduites par des questions, comme c'est le cas ici. Le couple question-réponse donne au texte un caractère expli- catif auquel les descriptions sont assujetties. Explication, description, instruc- tion sont typiques des notices. Dans le cas analysé, le lexique dévoile qu'il s'agit du discours médical et, en conséquence, la notice s'interprète comme une notice de médicament. 5 II en sera question dans la partie IV consacrée aux types de textes. Initiation à la linguistique textuelle 35 3. a. Nana. J'ai 35 ans brune aux yeux bleus aux formes généreuses, j'aime voyager et (...). b. JJ. Romantique oui, mais pas niaise non plus. Je suis quelqu'un de sociable, aimant rire (...). Les deux exemples appartiennent au genre de l'annonce matrimoniale, genre du discours des services. Le style bref, concis, concret est celui d'une annonce. Le nom (prénom, pseudonyme, initiale, etc.) posé au début du texte et délimité du reste par un point, devient l'objet / le thème de description. Celle-ci se focalise sur les traits physiques et le caractère de la personne-thème. Il faut bien remarquer que la personne se présente elle-même (la présence du pronom je) et étale ses « qualités » en vue de plaire à une autre personne ainsi visée. Cette auto-présentation persuasive est un exemple d'une annonce matrimo- niale / pour un site de rencontres. 4. 10,30. Jésus reprit la parole, et dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s'en allèrent, le laissant à demi mort. C'est une parabole évangélique (celle du bon Samaritain, selon St Luc), un genre du discours religieux, d'origine littéraire. Déjà la numérotation en cha- pitres et versets est typique du découpage du texte biblique. On a donc affaire à un texte faisant partie de la Bible. La phrase introductrice (Jésus reprit la parole, et dit) indique un texte de l'Évangile et le verbe dire annonce directement la parole de Jésus. Le signe des deux points donne accès direct à ces paroles (le discours direct). Le texte rapporté est un texte narré : une suite d'actions ex- primées au passé simple et situées sur le fond d'une situation décrite à l'im- parfait. Le héros de cette narration (toujours un être humain) exprimé comme indéfini peut redonner au tout un caractère universel. Le plan de l'image se confond avec le plan du réel (l'ancrage dans la réalité géographique, histo- rique, culturelle). De cette constatation, il n'y a qu'un pas à y chercher une figure d'exemple (paradeigma, exemplum), un des arguments aristotéliciens. L'exemple a un caractère didactique, éducatif et est un élément de la démon- stration. Ce dispositif est, a priori, compatible avec une allégorie et avec une parabole. Le contexte religieux fait choisir le deuxième genre. Le dramatisme de l'histoire annonce, en outre, la possibilité d'un choix moral. 5. Le FIGARO. - Quand on travaille autant que vous, comment résiste-t-on à l'épar- pillement ? Éric-Emmanuel SCHMITT. - Je vis vraiment avec le sentiment que c'est chaque fois la première fois. 36 Halina Grzmil-Tylutki Une interview. Le schéma : question - réponse suggère un genre dialogal. Les acteurs du dialogue sont réels, connus et, en plus, l'un d'eux représente le journal : nous avons donc affaire au discours journalistique (médial / média- tique). Si l'on efface les noms, le dialogue reste toujours basé sur l'échange des tours de parole (dits interventions) qui sont en stricte corrélation avec des règles d'alternance qui organisent la circulation de la parole. Ici, nous avons affaire à une paire adjacente, unité minimale de l'échange : interaction initia- tive et interaction réactive ; le premier énoncé (orienté) terminé, le deuxième est attendu comme une réaction pertinente. L'échange Q-R ici montré implique une question ouverte (et en plus infor- mative commençant par qui, quoi, quand, comment, etc.) qui permet à l'interviewé d'agir à son gré et de s'engager personnellement. Cet échange concerne la vie professionnelle, du moins c'est ce qu'on peut espérer, vu le début. Si l'on revient au contexte des noms des acteurs, il est clair qu'il s'agit d'une interview cultu- relle (la typologie de Charaudeau 2005 : 175) et d'une interview de presse : non seulement le nom du journal en est le témoin, mais aussi l'absence d'interven- tion d'ouverture et le passage direct au corps de l'interaction. La confrontation de paroles n'est pas spontanée, elle est reprise et adaptée aux critères rédactionnels. 6. 1. Le port du bonnet de bain et la douche sont obligatoires avant chaque activité. 2. Plonger seulement dans la partie profonde de la piscine. 3. Il est seulement permis d'accéder à la promenade pieds nus ou munis de... Le règlement - genre du discours administratif. C'est un document par le- quel une autorité administrative compétente soumet à une règle, à une disci- pline les membres d'un groupe, d'une assemblée, etc. C'est l'ensemble des prescriptions (lois et devoirs) qui doivent être suivies par eux. En général, on a affaire à des règlements intérieurs d'une entreprise, d'une institution, etc. ; il s'agit donc d'une situation bien précise. Quels sont les indices permettant de reconnaître dans le texte cité un règle- ment ? L'énumération introduit de l'ordre et une sorte de hiérarchie des pres- criptions rédigées dans un style directif, impersonnel, sec, précis et standardisé. Les tours impersonnels et les infinitifs ont deux fonctions majeures : d'une part, ils manifestent un style officiel, formel ; d'autre part, ils traitent le récepteur du message de façon catégorielle, en tant qu'utilisateur des biens communs mis à disposition. L'acte directif se traduit par la présence de termes de la modalité déontique (sont obligatoires ; il est permis), renforcés par des déterminants ou adverbes totalisants/ d'exclusion (chaque ; seulement) : à côté de leur caractère impératif, ces modalisateurs rendent compte d'une asymétrie des rôles, propre à l'administration, entre l'autorité et les citoyens. Le ton sec, formel, précis est indispensable à ce que les prescriptions soient bien interprétées, de façon uni- voque, sans aucune ambiguïté. Dans notre exemple, le champ lexical indique qu'il s'agit d'un règlement intérieur de la piscine. Initiation à la linguistique textuelle 37 7. Gâteau au chocolat Ingrédients /pour 8 personnes 200 g de chocolat 100 g de sucre 100 g de beurre On reconnaît aisément la recette de cuisine, cet autre discours de services. C'est un texte procédural qui permet de réaliser les actions prédiquées. Ce texte est facilement reconnaissable en raison de sa structure stéréotypée, d'une disposition fixée des éléments faisant partie d'un contenu constant. La struc- ture tripartite du texte : nom du plat, ingrédients et préparation est obligatoire et fixe. Nous avons, le cas échéant, les deux composants de cette structure. Le deuxième, la liste des ingrédients porte des unités de mesure et est disposée en forme d'une colonne ce qui est le plus fréquent de nos jours. Une indication facultative du nombre de personnes s'y ajoute comme un facteur facilitant. Les étiquettes (gâteau, ingrédients) et, en outre, le lexique culinaire donnent la touche finale à l'identification du genre. 8. Cet après-midi : le temps restera perturbé aujourd'hui avec l'arrivée de nouvelles pluies par l'ouest. Près des Pyrénées, après une accalmie la nuit dernière et ce matin, des précipitations faibles reprendront. Les prévisions météo appartiennent au discours médiatique. C'est un texte informatif, au style sec, non-émotionnel. Il s'agit de présenter des événements futurs (exprimés avec le temps « futur simple ») comme des faits qui devraient s'accomplir. La forte probabilité de cette prévision se justifie par l'expérience, les observations, les analyses et le savoir des météorologues. Le contenu est ancré dans le monde réel (des noms géographiques apparaissent) et dans l'ac- tualité temporelle (cet après-midi ; aujourd'hui ; la nuit dernière ; ce matin) et spa- tiale (l'ouest). Il est donc adressé aux lecteurs, spectateurs, auditeurs des jour- naux nationaux ou régionaux. Parfois, cette probabilité est exprimée à l'aide de la modalité épistémique (par exemple le conditionnel), mais ce n'est pas le cas ici. Le lexique professionnel renforce l'identification du genre. 9. Si tous les jours vous faites la tête, comment voulez-vous que les autres vous abordent. Sortez, voyez du monde et vous verrez la vie sous un autre angle. L'horoscope est un exemple du discours de loisirs (ou divertissement). Le texte de l'horoscope concerne également l'avenir, mais, au contraire des prévi- sions météo, il prend pour base l'astrologie, joue sur les émotions et essaie d'établir une relation quasi-personnelle avec le lecteur. A cette fin, il emploie le pronom vous vacant auquel peut s'identifier toute personne lisant le texte. 38 Halina Grzmil-Tylutki Le temps présent met en avant le caractère ou l'état actuel de la personne ; le futur, par contre, est ici un temps pour les conseils. Le texte est donc tout aussi bien indirectement que directement persuasif : il porte sur le comportement espéré du destinataire. Il prévoit l'avenir des personnes nées sous un signe concret du zodiaque - c'est donc un horoscope. 10. Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : (...) La fable (Le Corbeau et le Renard de La Fontaine), genre littéraire, le plus sou- vent versifié, fictif, représente le monde humain de façon satirique. C'est un récit, texte narré dont les héros sont, en général, des animaux personnifiés. Dans notre exemple, les deux acteurs sont introduits et présentés, avant que l'action ne commence, ce qui est typique de la narration. Ce sont des animaux incarnant des caractéristiques humaines : le Renard, écrit avec une majuscule (tout comme le Corbeau), se met à parler. Ces quelques observations consti- tuent des traces de ce genre, qui est une histoire allégorique, à visée didac- tique : son but est d'illustrer une morale et de dénoncer les vices des hommes et de la société. 11. Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et de la meil- leure photographie, Birdman est le grand triomphateur de la cérémonie du 22 février. C'est le début d'un article de presse dans la catégorie « information » (Le Monde, le 23 fév. 2015, « Birdman : un film brillant mais trop bodybuildé ») - le discours médiatique / journalistique. Le texte a le caractère d'une relation, d'un compte-rendu des faits, des événements réels, situés dans l'actualité (ici, il s'agit d'événements de la veille de la publication). Le savoir du lecteur sur la cérémonie des Oscars 2015, sur les catégories du prix et sur les titres des films nominés est ici actualisé et enrichi de détails référentiels. Le style objectif, neutre, non engagé, distancé, professionnel est typique d'un article d'informa- tion, qui répond aux questions classiques (ici réalisées seulement partiellement vu la dimension de l'extrait) : qui ?, quoi ? quand ?, où ?, comment ? (et éven- tuellement : pourquoi ?). 12. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 29 juin 2006) qu'au sein des magasins Champion, plusieurs catégories de salariés sont tenues de porter une tenue de travail, pour des raisons d'hygiène, de sécurité, de contact avec la clientèle ou (...) Initiation à la linguistique textuelle 39 Le texte appartient au discours juridique et représente un de ses genres : l'arrêt (L'arrêt de la Cour de cassation, Chambre sociale, 1 Audience publique du mercredi 21 mai 2008). Sur le moyen unique est une formule introductrice aux arrêts de cassation rendus en France. Le connecteur attendu que fait partie des rares connecteurs permettant aux juristes de bien reconnaître le type textuel des décisions. Il ouvre des paragraphes et assure l'efficacité du style juridique. Qualifié de causal (Lundquist 1983), d'argumentatif ou d'organisateur textuel (Adam 1990, 2005) et, plus récemment, d'annonceur (N0lke 2014), parce qu'il annonce des stratégies discursives particulières, des stratégies argumentatives. Les arrêts de la Cour de cassation suivent toujours la même construction et les attendu que, placés en outre en tête des alinéas, organisent un enchaînement argumentatif prévisible. Ce sont des annonceurs forts car ils anticipent des enchaînements stratégiques obligatoires, pragmatiquement prévisibles. L'expression : selon l'arrêt attaqué est aussi une variante d'une formule pla- cée à cet endroit du texte de l'arrêt. L'on peut aussi citer comme caractéristique de la structure du texte juridique la forme passive (sont tenues) couramment employée afin de mettre en relief les bénéficiaires de la loi (mis en position du sujet) au détriment de l'agent de l'action, effacé en tant qu'identifié au législa- teur institutionnalisé. 13. BUT : Être le dernier joueur à rester en jeu, c'est-à-dire le dernier joueur n'ayant pas fait faillite. Materiel 1 plateau de jeu 1 casier pour le Banquier (...) Le texte ressemble par sa structure à certains textes déjà présentés (notice de médicament, règlement, recette) : c'est un type procédural, instructionnel, composé de trois parties obligatoires : but du jeu, matériel et règles (possi- bilités et contraintes). Les principes qui régissent cette instruction coïncident avec ceux exposés précédemment. Le lexique indique le jeu. Ce sont les règles du jeu, elles relèvent du discours des loisirs. 14. Par « tenue du dimanche », j'entends un look confortable des orteils jusqu'au som- met du crâne. Aujourd'hui, ça tombe bien, on est dimanche, mais je porterais tout aussi bien cette tenue un autre jour (...) Le blog (mot anglais, francisé en blogue, appelé aussi : cybercarnet ou bloc- notes) est un genre du discours médiatique (ici : le blog de mode de Chloé, du 1er février 2015, publié sur le site : www.lapenderiedecloe.com) ; c'est un genre d'origine littéraire (littérature documentaire ; journal intime), une publication périodique, régulière, chronologique de billets centrés autour d'un sujet donné. 40 Halina Grzmil-Tylutki Une sorte de journal, de mémoire publié sur Internet, un aveu rendu public, un exhibitionnisme émotionnel visant une autoprésentation, une autocréation, l'appartenance à un groupe des célébrités, le besoin d'avoir une audience. La variété stylistique, le mélange multimédias, la couleur de fonds (arrière-plan), les émoticônes, les renvois à d'autres sites, les interactions, les commentaires des visiteurs, etc. sont des indices du blogue. L'incipit présenté, extrait de son milieu naturel, porte tout de même quelques traits qui favorisent son identifi- cation : le style lâche (un look ; ça tombe bien), personnel (je), émotionnel, intime (la blogueuse crée son image, se concentre sur elle-même), actualisé (aujour- d'hui ; on est dimanche) - propre au journal. 15. Paris, le mercredi 09 octobre 2013 Madame, Monsieur, Titulaire d'un Bac Pro Commerce, je suis actuellement à la recherche d'un premier emploi dans la vente de prêt-à-porter. (...) Le premier coup d'œil sur la composition du texte ne laisse aucun doute : on a affaire à une lettre. Le petit fragment du corps de cette lettre écrite dans un style formel, professionnel, standardisé le place dans le discours adminis- tratif : c'est une lettre de motivation (au poste de vendeur/ vendeuse). Cet incipit dévoile ainsi le reste effacé : la composition tripartite (1. identification de l'auteur, du destinataire et du sujet ; 2. autoprésentation pointant sur des données biographiques, qualifications professionnelles, possibilités, plans, etc. hiérarchisés de façon pertinente ; 3. déclaration d'être prêt à entreprendre cer- taines activités proposées) annonce les formules finales de politesse, la signa- ture. Il nous laisse aussi prévoir des stratégies discursives qui font de l'auteur- demandeur d'emploi un « offreur » / un « vendeur » qui vante ses qualités et se présente sous son meilleur jour. On peut prévoir également la disposition des trois parties et d'autres éléments sur la page, ainsi que des renvois inter- textuels à l'annonce pour un poste de vendeur, à titre d'exemple. 16. Seigneur, prends pitié, Ô Christ, prends pitié, (...) Sainte Rita, avocate puissante auprès de Dieu, prie pour nous, Sainte Rita, joie de tes parents âgés, prie pour nous, (...) La litanie (de Sainte Rita), du discours religieux, est une prière de supplica- tion (du grec : litaneía). Dans le cas présent, elle se compose de trois parties structurées de la même façon. La structure est fondée sur des parallélismes sémantiques et syntaxiques : des invocations suivies de supplications ; des apostrophes renforcées par des anaphores et suivies des prédications. Initiation à la linguistique textuelle 41 Dans la première partie, se succèdent les invocations à un Dieu unique en trois personnes (Seigneur, Christ, Père Céleste, Seigneur Jésus, Esprit Saint, Trinité Sainte) et la supplication : prends pitié (de nous). Ensuite, le corps de la litanie est constitué d'invocations à Sainte Rita (une apostrophe, une anaphore), accompagnées de descriptions coréférentielles apposées au sujet (thème) et suivies des supplications (prie pour nous). Enfin, la troisième partie repose sur le parallélisme des invocations à l'Agneau de Dieu et des supplications (par- donne-nous, exauce-nous, prends pitié de nous). La première et la troisième parties sont communes à toutes les litanies et forment un cadre de la prière : l'incipit et l'excipit sont schématiques. Le corps de la litanie est intéressant en tant que texte et ses premiers mots témoignent aussi des caractéristques génériques propres à ce genre. Tout énoncé a une forme d'une apostrophe à l'objet ; il faut admettre que l'objet du texte est iden- tique avec son destinataire : la litanie parle en même temps à et de la même personne. Les invocations à la Sainte forment un paradigme de prédicats poé- tiques (avocate puissante auprès de Dieu, joie de tes parents âgés, amie de la solitude dès ton enfance, généreuse et bienveillante envers tous, etc.), un paradigme de syno- nymes poétiques valables uniquement pour Sainte Rita et qui ont une valeur axiologique très forte, honorifique et symbolique. Leur accumulation revêt jus- tement cette fonction d'hyperbole afin de renforcer l'apothéose de la personne glorifiée. Le style noble, le pathos lyrique appartiennent à la caractéristique de ce genre. 17. Grande voix de l'émancipation des femmes musulmanes et du dialogue des cultures, l'écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française, est décédée vendredi à Paris à l'âge de 78 ans. La romancière, décédée dans un hôpital parisien, sera enterrée, selon ses vœux (...) La nécrologie est un genre journalistique / médiatique dans la catégorie « opinion » (l'article à la une du journal Le Parisien du 7 février 2015 : « Décès de la romancière algérienne Assia Djebar, grande voix de l'émancipation des femmes »). Il est facile d'y reconnaître la nécrologie grâce à la présence d'un mot-clé faisant partie du champ sémantique de la mort : décès (c'est notre cas), disparition, deuil... Le but de l'article est d'informer du décès et de rendre hommage au défunt. L'article se compose de trois parties : ouverture (le premier paragraphe), corps et chute (le dernier paragraphe). L'ouverture de l'exemple cité apporte surtout l'information relative au décès et à l'enterrement ; information précédée, en général et de façon canonique, d'une présentation valorisante de la personne. À ces premiers mots, on prévoit la suite du genre. La chute qui résume son œuvre, est aussi axiologique. Dans le corps sont cumulés les faits importants de la vie professionnelle du défunt, incrustés d'évaluations et, parfois, des cita- tions (au discours direct) des personnes connues (dans notre texte, on cite, par 42 Halina Grzmil-Tylutki exemple, François Hollande). La description donnée est un portrait dynamique dessiné avec des attributs, des appositions, des épithètes, des anaphores lexi- cales, des comparaisons qui prolifèrent. Le portrait est fait au présent atem- porel avec lequel on essaie de rapprocher la silhouette et de l'immortaliser. La chute comporte le passé simple qui résume un parcours de vie. Par analogie, l'on pourrait essayer d'attribuer aux excipits la même qualité de propriété générique, même si ce n'est pas aussi évident dans tous les cas ; certains excipits peuvent néanmoins être traités comme des indices formant, avec les incipits, des cadres génériques. Citons comme exemple : ■ Amen - pour la prière, ■ Agneau de Dieu, prends pitié de nous - pour la litanie, ■ Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués - pour une lettre ■ Vous remerciant par avance de l'intérêt que vous porterez à ma candidature, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'assurance de mes sentiments respectueux. Marie Dupont - pour une lettre de motivation, ■ Le mariage du prince et de la Belle au bois dormant fut célébré avec un faste excep- tionnel. Et ils vécurent heureux jusqu'à leur mort - pour un conte merveilleux (La belle au bois dormant de Perrault). ■ 16 Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. - pour la parabole (Les ouvriers de la onzième heure, Matthieu, 20, 1-16). ■ Faire cuire le gâteau environ 20 minutes sur thermostat 5. - pour une recette de cuisine (le gâteau au chocolat). ■ Et notre vieux Coq en soi-même / Se mit à rire de sa peur :/ Car c'est double plaisir de tromper le trompeur. - pour une fable (La Fontaine : Le Coq et le Renard). ■ Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le pré- sident en son audience publique du vingt et un mai deux mille huit. - pour un arrêt de la Cour de cassation (le même que cité déjà). Non seulement les incipits témoignent de la généricité textuelle. Toute l'organisation du texte est contrôlée par la catégorie du genre. Cette catégorie prime sur l'usage de la langue, comme le dit F. Rastier : « Aucun texte n'est écrit seulement 'dans une langue' : il est écrit dans un genre en tenant compte des contraintes d'une langue » (Rastier 2004 : 125). IV. Les 4 types des genres Conformément aux définitions et caractéristiques présentées, le genre est un attribut obligatoire de tout énoncé, il transforme un faisceau de signes en un communiqué intentionnel, en un dispositif de communication dans une situation socio-historico-culturelle déterminée. Le genre n'existe qu'intersub- jectivement, comme une des compétences indispensables pour fonctionner dans Initiation à la linguistique textuelle 43 une communauté, la compétence générique étant, en un sens, plus importante que la compétence linguistique, car c'est par les genres qu'on communique. Les fautes langagières rendent l'énoncé acceptable, les erreurs au niveau du genre, par contre, perturbent sa compréhension. Le texte n'a donc d'interpré- tation qu'en fonction du genre (et du discours). Le genre unit la forme linguis- tique avec une intention communicationnelle et le fonctionnement social. Dans la définition du genre élargie, celle qui inclut des propriétés discur- sives, comme c'est le cas de la linguistique polonaise, nous trouvons 4 types d'aspects : 1. l'aspect structural (le modèle compositionnel), 2. l'aspect pragmatique (le contexte de communication : émetteur, récep- teur, but, force illocutoire), 3. l'aspect cognitif (façon de représenter le monde, points de vue, axiologie), 4. l'aspect stylistique (les indices du style). Les genres s'identifient, en général, avec des événements socio-langagiers, comme la prière, le cours, la leçon, l'interview, le débat, la consultation, l'exa- men, et ainsi de suite. Parfois, ils s'unissent pour créer des collections de genres (le terme de Wojtak 2004) comme dans le cas de la messe (composée de prières, homélie, chants, etc.). Vu l'importance du genre dans une communauté pour les liens et la com- munication de ses membres, il faut apprécier toutes les tentatives de classe- ment de cette catégorie. Nous avons déjà mentionné la typologie de Maingueneau (p.ex. 1999, 2004) comme la plus adéquate et la plus réussie. Elle se réfère à la conception de l'énoncé comparé à la scène théâtrale (suite à la métaphore de Goffman (2009) où les acteurs incarnent différents rôles sociaux et mettent en scène leur parole. Maingueneau a discerné trois plans scéniques qui s'imposent en même temps, avec évidence : 1. la scène englobante (elle correspond au type du discours, au contrat en- gageant les partenaires, aux relations intersubjectives et situationnelles), 2. la scène générique (elle correspond au genre et par conséquent, elle con- cerne le but de l'activité domaniale qu'est le discours, ainsi que la forme pré- férée adéquate), 3. la scénographie (elle correspond au texte et à sa forme réelle). On voit bien que ce qui est réellement vécu et réalisé dans cet événement, c'est le texte, qui, cependant, laisse percevoir des traces d'un type du discours et de son genre. Les deux premières scènes « définissent conjointement ce qu'on pourrait appeler le cadre scénique du texte. C'est lui qui définit l'espace stable à l'intérieur duquel l'énoncé prend sens, celui du type et du genre de discours » (Maingueneau 1998 : 70). La scénographie, quant à elle : implique ainsi un processus en boucle paradoxale. Dès son émergence, la parole suppose une certaine situation d'énonciation, laquelle, en fait, se valide progres- sivement à travers cette énonciation-même. La scénographie est ainsi à la fois ce 44 Halina Grzmil-Tylutki dont vient le discours et ce qu'engendre ce discours ; elle légitime un énoncé qui, en retour, doit la légitimer, doit établir que cette scénographie dont vient la parole est précisément la scénographie requise pour énoncer comme il convient, selon le cas, la politique, la philosophie, la science, ou pour promouvoir telle mar- chandise... (ibidem : 71). La relation qui s'établit entre la scénographie et son cadre scénique a permis à Maingueneau (2004) de proposer une typologie distribuant tous les genres entre 4 modes de généricité instituée. Les genres institués de mode (1) « ne sont pas ou peu sujets à variation. Les participants se conforment strictement à leurs contraintes » (Maingueneau 2004 : 112). Un exemple : L'échange des consentements au mariage catholique. Lui : Moi je te reçois comme épouse et je te promets de rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour t'aimer tous les jours de ma vie. Elle : Moi je te reçois comme époux et je te promets de rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour t'aimer tous les jours de ma vie. Le discours religieux (catholique) est singulier parmi d'autres : il transcende la réalité vécue pour allier le profane au sacré. Le contrat discursif engage les fidèles, d'une part, et Dieu avec les évêques, successeurs des apôtres, d'autre part. Ce contrat se réalise dans l'Église catholique qui est l'ensemble des chré- tiens (des baptisés) en communion avec le pape et les évêques, une institution à la fois humaine et divine, visible et à la fois invisible, spirituelle, une com- munauté de foi, d'espoir et d'amour. L'Église est en ce monde un sacrement de salut. Elle se considère comme dépositaire de la foi universelle et garant de la sainte doctrine (en la personne du pape). L'Église prêche la vérité révélée, celle de Dieu qui est éternel et immuable. L'Église est donc une institution à évo- lution lente, mais certaines choses ne changeront jamais, par exemple les dogmes, immuables et, par définition, non négociables. De même, les sacre- ments demeureront inchangés, parce qu'ils ont été institués par le Christ et confiés à l'Église. Les sacrements sont des signes visibles du don gratuit de Dieu (la grâce) qui permettent aux hommes de participer à la vie divine (voir : Catéchisme de l'Église Catholique, n° 11316). L'un des 7 sacrements est le sacrement de mariage. Le Catéchisme de l'Église Catholique définit le mariage comme « l'alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu'à la génération et à l'éducation des enfants », laquelle alliance 6 Voir : www.vatican.va/archive/FRA0013/ P30.HTM (consulté au printemps 2015). Initiation à la linguistique textuelle 45 « a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement » (Catéchisme de l'Église Catholique, n° 16017). L'histoire du sacrement de mariage est longue ; sa liturgie s'est constituée entre les IVe et XI-XIIe siècles. Le pape Nicolas Ier (858-867) a vu le fondement du mariage dans le libre consentement et lui seul. L'idée de sacrement s'est for- mée au Moyen-Âge : le mariage est devenu un signe de l'amour du Christ et de l'Église. Le concile de Trente en a fait un dogme en soulignant que les époux sont eux-mêmes les ministres du sacrement. Aussi a-t-il montré que c'était le Christ qui a institué le mariage : l'on peut consulter, par exemple, l'Evangile selon Saint Matthieu (Mt 19, 3-9) ou selon Saint Marc (Mc 10, 2-12), ou encore la Première épître aux Corinthiens de l'apôtre Paul (1Co 7, 10-11) où il est question de l'unité et de l'indissolubilité du mariage. L'unité a déjà été explici- tée dans le Livre de la Genèse (Gn 2, 24 : « C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chaire »). Tout ce contexte discursif se reflète dans le consentement matrimonial qui est « l'acte de la volonté par lequel un homme et une femme se donnent et se reçoivent mutuellement en une alliance irrévocable pour constituer le mariage » (le Code de droit canonique, Can. 1057, § 28). Dans l'alliance entre un homme et une femme se révèle le plus pleinement l'histoire des alliances entre Dieu et l'humanité. Le sacrement sanctifie cette alliance et situe l'amour des époux au cœur de l'amour de Dieu pour les hommes. Le consentement est l'élément constitutif du mariage. Sa formule reste im- muable et doit être prononcée sans aucune erreur afin que le mariage soit valable. La scénographie textuelle n'admet aucune modification. La scénogra- phie comportementale d'ailleurs non plus : les fiancés se donnent la main et l'assistant-témoin (le prêtre) pose sa main droite sur leurs mains jointes ou l'étend vers les futurs époux. Le discours en tant que rituel socio-langagier associe le social et le langagier dans une seule et même logique : l'un des aspects appelle toujours l'autre. Ce sont l'homme et la femme qui sont les célébrants du sacrement, ils se marient eux-mêmes et s'engagent devant Dieu, représenté par un assistant mandaté par l'Église (prêtre, diacre, exceptionnellement un laïc délégué par l'évêque) et devant l'église rassemblée. La liturgie est donc nécessaire pour « consacrer » le mariage. La dignité du consentement mutuel s'appuie sur 4 piliers fondamentaux : la liberté, l'indissolubilité, reconnues au Moyen-Âge et explicitées dans les livres saints de la Bible (dans le consentement par des actes directs : je te reçois..., je te promets...), la fidélité exprimée clairement (je te promets de rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves...) et la fécondité, re- trouvée dans l'amour que les futurs époux se promettent, dans leur don total et dans leur ouverture au don de la vie (pour t'aimer tous les jours de ma vie). À l'instar du Christ qui a donné sa vie pour nous. 7 Voir : www.vatican.va/archive/FRA0013/ P4U.HTM (consulté au printemps 2015). 8 Voir : www.vatican.va/archive/FRA0037/ P3S.HTM. (consulté au printemps 2015). 46 Halina Grzmil-Tylutki En énonçant la formule du consentement, les fiancés participent à un acte performatif : dire c'est faire. Les deux candidats deviennent désormais mari et femme, au nom de l'Église, devant Dieu qui légitime et bénit leur alliance. La parole donnée engage toute leur vie. Les genres institués de mode (2) : « les locuteurs produisent des textes indi- vidués, mais soumis à des cahiers des charges qui définissent l'ensemble des paramètres de l'acte communicationnel » qui prescrivent « la thématique, la durée, les rôles des participants, etc. » (Maingueneau 2004 : 112-113). Ces genres routiniers laissent à l'auteur une marge de manœuvre dans le choix de la composition et de moyens stylistiques, néanmoins cette souplesse reste sous le contrôle des contraintes génériques. Un exemple : la recette de cuisine. C'est un texte procédural du domaine (discours) des services à visée pra- tique qui est de permettre au lecteur de réaliser un plat à partir de quelques consignes. Sa structure canonique comporte 3 éléments obligatoires : nom du plat, ingrédients et préparation qui apparaissent dans cet ordre. Sous l'éti- quette de textes procéduraux, Adam (1997, 1999, 2001, etc.) a rassemblé les productions qui ont en commun de dire de faire et de dire comment faire en pré- disant un résultat et en incitant directement à l'action. Se conformer à une recette de cuisine, c'est réaliser une transformation d'un état initial (ingrédients, ob- jets isolés) en un état final (plat). Réaliser cette transformation c'est, pour le lec- teur, suivre les étapes programmées sur les conseils du scripteur. Ces étapes sont représentées par des prédicats actionnels massifs organisés selon une chronologie à respecter (p.ex. : éplucher, laver, essorer, tailler, couper, peler, émin- cer, émietter, écaler, mélanger, battre, verser, décorer, etc.). Ce sont des verbes, dans la plupart des cas, performatifs explicites, ce qui paraît naturel dans un texte du type instructionnel. Les conseils sont en général donnés à l'infinitif, ce qui efface le sujet énonciateur (souvent les mêmes recettes circulent dans les livres de recettes et sur les sites Internet) et laisse la place du destinataire vacante (tout lecteur est invité à se sentir le destinataire de l'instruction). Dans les exemples cités, nous avons plutôt des infinitifs (ex. 2, 3, 5, 6, 8 et 9). Plus rares, quoique considérés comme des variantes routinières sont des impératifs de la 2e personne du pluriel où l'invitation est plus marquée (ex. sortez, préchauffez, préparez, piquez, cassez, ajoutez, etc. : ex. 1, 4) ; nous avons aussi trouvé l'impéra- tif de la 2e personne du singulier (râpe, mélange, ajoute, verse : ex. 7) et une ex- pression d'adresse directe (Il te faut... : ex. 8) qui réduisent la distance entre les deux protagonistes, bien que toujours indéterminés. Nous notons ainsi une certaine liberté dans l'emploi des formes verbales. Les exemples (1-9) montrent différentes possibilités de modifier la scéno- graphie de la recette, les 3 éléments obligatoires étant observés ; il est vrai qu'actuellement la forme de recette, réduite aux éléments obligatoires, paraît pauvre et peu convaincante (ex. 1), des éléments ajoutés donnent des ren- seignements supplémentaires mais importants du point de vue de l'adaptation Initiation à la linguistique textuelle 47 de la recette aux circonstances et besoins (pour combien de personnes, diffi- culté, temps, coût, ustensiles, saison, nutrition). Fréquents sont les éléments persuasifs : la photo du plat et parfois la documentation de sa préparation, le souhait de « bon appétit ! », les variations des caractères d'imprimerie, de la mise en page ou des encadrements, la mise en relief de l'histoire du plat ou de ses traits exceptionnels, des conseils quant au choix du vin ou d'autres sug- gestions du chef. Il arrive que la scénographie de la recette soit adaptée aux récepteurs jeunes par divers ajouts : les couleurs, les équipements scolaires, la visualisation d'ingrédients, d'ustensiles et de moyens de mesure (il est ques- tion non seulement de faire faire, mais aussi de montrer comment faire), ainsi que des allusions aux contes merveilleux (ex. la galette du petit chaperon rouge où non seulement apparaissent des dessins de héros du conte, mais aussi on rap- pelle à l'enfant dans la dernière étape des préparations (appelées ici « déroule- ment ») d'emmener la galette chez la grand-mère et de faire attention au loup. Ensuite viennent les genres institués de mode (3) : ils se distinguent par l'absence de scénographie préférentielle. Certes, bien souvent des habitudes se prennent, des stéréotypes se mettent en place (...), mais il est de la nature de ces genres d'inciter à l'innovation. Ce nécessaire renou- vellement est lié au fait qu'ils doivent capter un public (...). L'innovation néanmoins n'a pas ici pour fonction de contester la scène générique (Maingueneau 2004 : 113). A vrai dire, il n'y a pas d'une scénographie unique préférée, celle-ci change avec la mode ou les courants esthétiques dominants. Des stratégies persua- sives, manipulatoires, ludiques prévalent d'où l'importance d'une forme attra- yante, originale, innovatrice. Ces genres sont pourtant aussi dits routiniers, cela veut dire qu'ils portent tout de même des marques génériques. L'on peut penser à la publicité et à son évolution. Si l'on passe en revue l'art de la sé- duction commerciale et qu'on compare « les placards » du XVIIe et du XVIIIe siècles dus au développement de la presse écrite, de petites annonces de La Gazette, avec des créations sémiologiques ayant recours à de nouvelles techno- logies (images, dessins et autres types de graphismes) et, enfin, avec les spots télévisés, etc., on aura un panorama d'une grande évolution du genre de la pu- blicité dont le nom est apparu en 1689 afin de signifier l'action de porter à la connaissance du public. Puis, en 1829, il a désigné le fait d'influencer les achats du public. Un autre genre qui n'obéit pas à une seule et même scénographie est la chanson (du discours de loisirs) représentant la musique populaire. Tradition- nellement, elle se compose de couplets alternant avec un refrain. Celui-ci re- prend chaque fois et régulièrement les mêmes paroles, tandis que le couplet les différencie pour faire évoluer le récit. Les deux composantes portent des caractéristiques non seulement textuelles mais aussi mélodiques. La rime et le rythme sont aussi des traits pertinents. On remarque par exemple tous ces traits dans une comptine Alouette, gentille alouette. Il serait vain de présenter ici tout un éventail de chansons. Lire et écouter / regarder leurs interprétations 48 Halina Grzmil-Tylutki (vocales et gestuelles), en suivant des clips, nous fera sentir les différences et l'évolution du genre. Ne me quitte pas de Jacques Brel (décédé en 1978) ne res- semble pas structurellement à Mon mec à moi de Patricia Kaas (toujours en vogue) et les deux se distinguent de Qui sème le vent récolte le tempo (1991) ou de La concubine de l'hémoglobine (1994) de MC Solaar. Ces dernières chansons représentent un rap, une forme de diction des textes mi parlés et mi chantés, plutôt scandés, rimés et rythmés, une sorte d'hybride de mots et de musique. Les spécialistes soulignent que la base musicale du rap est pauvre et consiste à mixer des extraits de disques avec d'autres sources sonores. Le rôle dominant est alors attribué aux paroles qui sont plutôt récitées que chantées. Au niveau textuel nombreuses sont donc les figures de mots, portant sur la forme, notam- ment sonore, comme, par exemple : l'assonance, l'homophonie, l'allitération, la paronomase, etc. Voici quelques exemples de figures de mots : Ensorceler le pacte et sceller la beauté du corps On me traite de traître quand je traite de la défaite du silence J'ai vu la concubine de l'hémoglobine Balancer des rafales de balles normales et faire des victimes C'est accablant, troublant, ce ne sont pas des balles à blanc Science sans conscience égale science de l'inconscience Les genres institués de mode (4) : sont les genres proprement auctoriaux, ceux pour lesquels la notion même de 'genre' pose problème. (...) Il s'agit de genres qui sont par nature 'non saturés', de genres dont la scène générique est prise dans une incomplétude constitutive. C'est à un auteur pleinement individué (...) qu'il revient d'autocatégoriser sa production verbale (Main- gueneau 2004 :113). L'intervention de l'auteur dans l'identification générique du texte est donc nécessaire. L'intentio auctoris est explicitée dans le processus de dénomination qui donne accès à l'interprétation. Exemple : La méditation 1.a. Le voyage de la tête au cœur : Moins tu éprouves de besoins, plus tu deviens libre, plus tu trouves de la joie en tout ce qui existe, et tu découvres que, en fait, tout cela ne se trouve pas à l'extérieur, mais que tout cela se trouve à l'intérieur de nous. (www.coursdereligion.be/voyage_tete_coeur) 1.b. Invictus : Aussi étroit soit le chemin, nombreux les châtiments infâmes, je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme. Initiation à la linguistique textuelle 49 2. 31(...) Le royaume des cieux ressemble à une graine de moutarde qu'un homme a prise pour la semer dans son champ. 32C'est la plus petite de toutes les semences ; mais quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes du potager et devient un arbuste, si bien que les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches. (Mc 4,30-32 ; Lc 13,18-19). 3. Dites, Si C'était Vrai Dites, dites, si c'était vrai S'il était né vraiment à Bethléem, dans une étable Dites, si c'était vrai Si les rois Mages étaient vraiment venus de loin, de fort loin Pour lui porter l'or, la myrrhe, l'encens Dites, si c'était vrai Si c'était vrai tout ce qu'ils ont écrit Luc, Matthieu Et les deux autres, Dites, si c'était vrai Si c'était vrai le coup des Noces de Cana Et le coup de Lazare Dites, si c'était vrai Si c'était vrai ce qu'ils racontent les petits enfants Le soir avant d'aller dormir Vous savez bien, quand ils disent Notre Père, quand ils disent Notre Mère Si c'était vrai tout cela Je dirais oui Oh, sûrement je dirais oui Parce que c'est tellement beau tout cela Quand on croit que c'est vrai Méditer vient du latin meditari, dérivé de mederi, et signifie 'prendre soin' (de sa vie intérieure), réfléchir profondément, soumettre quelque chose à un examen intérieur. La méditation peut prendre la forme d'une oraison mentale ou d'un écrit sur un sujet philosophique ou religieux, les deux discours pré- destinés à débattre d'importants sujets existentiels. Il s'ensuit de la définition typologique de Maingueneau, citée plus haut, que ce type générique (4) ne suit aucun modèle structural et se manifeste à travers différentes mises en scène, pleinement individuées. Le destinateur en impose l'interprétation au niveau du genre en y attribuant une étiquette catégorielle. Ainsi, la méditation ne l'est que lorsqu'elle porte cette indication paratextuelle catégorisante. Il est un fait incontournable : au sein du discours religieux, il y a de la place pour ce genre qui permet de « prendre soin de sa vie intérieure », donc pour la méditation. Ses représentants prolifèrent sous forme de bouquins ou de sites avec des pensées des saints, à titre d'exemple, ou d'autres textes incitant à ré- fléchir, des textes - il faut l'avouer - hétérogènes structurellement. Les exemples 50 Halina Grzmil-Tylutki 1 et 3, donnés ici, proviennent de sites Internet consacrés à la méditation où l'autocatégorisation est manifestement explicitée : 1. « Textes à méditer »9. 3. « Textes à méditer : Noël », sitecole10. Le principe de ce genre auctorial réside non seulement dans l'autocatégo- risation de textes difficilement répertoriés, mais aussi dans la recatégorisation de textes qui réalisent des scénographies routinières. Pour rester dans le dis- cours religieux, citons la parabole, la prière, le proverbe, la prophétie, le com- mandement, le sermon, la lettre... Notre deuxième exemple illustre ce cas. Nous avons la parabole de la graine de moutarde et du levain (Mc 4,30-32 ; Lc 13,18-19), donc le genre institué de type 2. Aussi le troisième exemple, vient-il de la routine de type 3 : c'est la chanson de Jacques Brel, intitulée Dites, si c'était vrai. La parabole et la chanson ont été décrites en tant que genres dans le chapitre III (p. 35) et respectivement IV (p. 47). Tous les trois exemples ont été (re)catégorisés par leurs sujets communi- cants comme des méditations. Interpréter un texte soit comme une parabole ou une chanson, soit comme une méditation, c'est faire trois opérations diffé- rentes. Les scénographies incitent à l'un, les dénominations tracent un autre chemin de lecture. La (re)catégorisation générique réoriente l'interprétation du texte en question, instaure de nouvelles relations entre les partenaires, pose de nouvelles finalités, reconfigure le texte, elle en change le sens. Il faut remar- quer que dans le cas de l'exemple n° 1 (a et b), il serait difficile de rattacher ces textes à un genre quelconque : leur structure, bien que semblable à des sen- tences, n'y est pas pleinement identifiable (par exemple à cause de l'adresse personnelle : « tu »). Mais une fois étiquetés, tous ces textes exemplaires commencent à fonction- ner comme le genre de la méditation qui invite à réfléchir profondément afin de prendre soin de sa vie intérieure. Le destinataire du texte donné s'identifie donc avec le locuteur, soit qu'il en est l'auteur, soit qu'il se l'approprie jusqu'à s'identifier avec la scène énonciative. Il peut considérer le texte comme le dictum qu'il fait précéder par modus : « je crois que..., étant donné que..., à sup- poser que... », ou autres (ex. 2) ; il est invité à s'identifier avec le protagoniste sujet exprimé par la 1re personne du singulier (je suis - ex. 1b) ou à entrer dans un dialogue et « répondre » par sa réflexion (le pronom clitique tu à valeur gé- nérique - ex.1a, ou le pronom exclusif vous effacé dans la forme modale jussive dites - ex. 3). Par ailleurs, les thèmes à méditer doivent être sérieux et impor- tants afin de pouvoir influer sur la vie intérieure de l'homme. Les textes 1a et 1b emploient des mots abstraits et universels (besoin, libre, joie, exister, destin, maître, âme, châtiment), le présent dit gnomique, omnitemporel, des quantifica- teurs généralisants (moins, plus, tout, nombreux, nous inclusif). Le texte 2 est 9 www.coursdereligion.be/meditations, consulté le 15.03.2015. 10 http://sitecoles.formiris.org/?WebZoneID=590&ArticleID=2458, consulté le 15.03.2015. Initiation à la linguistique textuelle 51 allégorique et il faut le lire au niveau d'une éthique universelle. Enfin, le texte 3 est recommandé comme une méditation pour Noël : il y est question des scènes liées à la Nativité et d'autres scènes évangéliques. La vie de Jésus peut aussi être, et est souvent, un sujet à méditer. Le destinataire, identifié au desti- nateur, s'interroge sur la vérité des événements présentés sous forme d'hypo- thèse, pour conclure au présent atemporel : c'est tellement beau tout cela quand on croit que c'est vrai. La méditation, en tant que réflexion en action, a une structure argumenta- tive. Les textes donnés à méditer ne représentent pas tout le raisonnement, on est invité à le découvrir. Sont donnés soit des prémisses, soit des garants, soit une conclusion, à partir desquels il faut faire des inférences, donc raisonner, approfondir sa réflexion. V. Cohérence. Cohésion La notion de cohérence est apparue dans les années 1970-1980 ; son intro- duction est ainsi attribuée à van Dijk (1972, 1977) et à Petöfi (1973). Cette no- tion est très importante dans la linguistique textuelle : elle traduit le fait de traiter un assemblage de phrases concret comme un texte, comme un signe (un macro-signe), ayant non seulement son signifiant, mais également son signifié et son référent. Le texte est un énoncé, ayant son énonciateur et son co-énonciateur à qui le message est adressé. Le sens du texte dépend donc non seulement de sa struc- turation, mais aussi de la prise en charge par le locuteur du contenu référen- tiel, de l'aspect axiologique, de sa visée, de l'intention, du point de vue à trans- mettre. C'est le locuteur qui confère à l'énoncé une force illocutoire et une certaine potentialité argumentative, comme le dit Jean-Michel Adam, plus ou moins partagée par l'autre. On admet de façon apriorique chez le locuteur l'intention de produire un texte cohérent, aussi transparent ou opaque soit-il, on admet aussi que les inter- locuteurs coopèrent dans le processus de communication (le principe majeur dominant les maximes de Grice) afin que celle-ci soit réussie, conformément à l'étymon latin (cohaerentia < cohaerere 'adhérer ensemble')11. C'est alors, en der- nière instance, le travail interprétatif de l'interlocuteur qui dévoile la cohérence du texte en question. Remarquons, que cette interprétation est fonction de la com-préhension du texte, des capacités intellectuelles de l'interprétant, surtout dans le cas de la poésie ou de la publicité qui se présentent comme polyiso- topes. Dans certains cas extrêmes, des sur-interprétations sont aussi possibles. 11 La cohérence est surtout compréhensible dans l'optique de la pragmatique. Impor- tante paraît aussi la recherche sur la pertinence (cf. Sperber & Wilson 1986), ce que souligne Charolles : « la recherche d'une pertinence optimale gouverne l'interprétation des énoncés isolés en situation aussi bien que des séquences d'énoncés » (Charolles 2011 : 153). 52 Halina Grzmil-Tylutki Notons aussi que ce travail d'interprétation est possible chez le co-énonciateur grâce à ses compétences : discursive, générique, textuelle et linguistique, grâce aux savoirs partagés par les interlocuteurs, des savoirs encyclopédiques et situationnels. En travestissant la fameuse phrase de Chomsky (déjà citée à la p. 22) en : J'ai vu d'incolores idées vertes. Elles dormaient furieusement. - nous pouvons constater que cet enchaînement est parfaitement grammatical : il y a des accords entre les noms et les verbes, les noms et les adjectifs, il y une concordance des temps, une substitution pronominale adéquate, etc. Même si elle est gramma- ticale, cette suite de phrases paraît a-sémantique : il n'y a pas de compatibilité sémantique entre le nom abstrait idée et sa description physique (couleurs, dor- mir), en outre, il y a une contradiction entre incolore et vert, entre dormir (qui implique l'état improductif, tranquille) et furieusement (qui, par contre, appelle la violence et l'impétuosité). On dirait que le texte est incohérent. Le co-énon- ciateur est pourtant capable de donner à cet énoncé une interprétation cohé- rente s'il partage avec l'énonciateur le même point de vue, le même savoir sur la nature somnambulique ou poétique (à titre d'exemple) du texte qui s'écarte des lois naturelles. En recevant un message quelconque, le récepteur cherche spontanément à établir des liens de cohérence. Il fait un effort inférentiel afin de reconstruire les relations logiques, sémantico-logiques, qui manquent et qui sont à la base de la cohérence. Celle-ci concerne le contenu du texte, l'information qu'il véhicule au niveau aussi bien explicite qu'implicite. La cohérence fait donc partie de l'ordre cognitif. Prenons un exemple : L'enfant s'est brûlé le doigt. Il s'est mis à pleurer. Ou, dans l'ordre inverse : L'enfant s'est mis à pleurer. Il s'est brûlé le doigt. L'emploi du substitut pronominal et de l'article défini indique la coréférence des « objets » (le même enfant, le même doigt). Le lecteur des deux textes n'a aucune diffi- culté à les interpréter correctement. Dans les deux cas, il est question d'une relation logique - ontologique entre la cause (brûlure) et la conséquence (dou- leur et réaction), relation parfaitement connue de l'expérience humaine. Evidemment, les deux textes supra peuvent être rendus immédiatement clairs, lorsque la cohérence est assurée au niveau local, formel, superficiel, lin- guistique : L'enfant s'est brûlé le doigt donc il s'est mis à pleurer. L'enfant s'est mis à pleurer parce qu'il s'est brûlé le doigt. Ce type de cohérence formelle est appelé la cohésion (ou la continuité selon Charolles), suite au fameux livre de Halli- day & Hasan, publié en 1976 sous le titre Cohesion in English. En tant que phé- nomènes linguistiques, les marques de cohésion concernent tous les niveaux : la phonologie et la prosodie (ex. rime, rythme, assonances, intonation, accent), la morphologie (ex. homogénéité formelle, néologismes), la syntaxe (ex. prono- minalisation, nominalisation, ellipse, conjonction), la sémantique (ex. substitu- tions lexicales), aussi la configuration textuelle (ex. les alinéas, les organisateurs métadiscursifs qui délimitent au sein du texte des ensembles d'ordre disposi- Initiation à la linguistique textuelle 53 tionnel). Les marques de cohésion sont en même temps des indices de cohé- rence ; la première concerne la grammaticalité, la deuxième - l'acceptabilité. Les marques de cohésion ne fonctionnent donc jamais que comme des signaux ou dé- clencheurs (cf. F. Cornish 1990) stimulant des processus d'élaboration inférentielle dans lesquels les informations contextuelles et les connaissances d'arrière-plan des sujets jouent un rôle essentiel. (Charolles 1995 : 126) Autrement dit, les marques de cohésion sont des instructions interpréta- tives qui permettent au récepteur de faire des opérations de raisonnement à par- tir des données linguistiques textuelles et contextuelles. Ces inférences entre les énoncés successifs passant par des connaissances du monde, sont souvent appelées « inférences de pontage », suite à l'étiquetage proposé par H.H. Clark (1977), cité par Charolles (1995 : 131). Voici deux exemples où l'interprétation s'appuie sur des inférences faites à partir de la connaissance du monde : 1. Un vieux médecin écossais donne des conseils à son fils qui va lui succéder : - N'oublie pas Mac, lorsque tu vends à un malade du sirop pour la toux, de lui prescrire également une analyse d'urine. - Pourquoi, père ? - Parce que, comme ça - fait le vieux docteur - tu récupères la bouteille. Pour comprendre cette histoire drôle, il faut savoir que le sirop pour la toux se vend dans des bouteilles et qu'on apporte l'urine à l'analyse dans un réci- pient fermé, une petite bouteille, par exemple. Le malade pourra profiter de la bouteille de sirop qu'il a sous la main, sans trop se préoccuper de chercher un autre récipient. 2. Un clochard sonne à une porte : - B'jour, madame. Auriez-vous quelque chose pour moi ? - Êtes-vous déjà allé chez ma voisine ? - Euh, oui, madame. - Et... elle vous a offert de son gâteau ? - En effet. - Mon pauvre monsieur ! Entrez vite, je vais vous préparer du bicarbonate. Le raisonnement dans l'interprétation de cette blague passe aussi par la connaissance du monde et par des allusions supposées : la dame en question doit savoir que sa voisine soit fait de mauvais gâteaux, soit les garde trop long- temps et les sert défraîchis aux clochards. Le gâteau défraîchi provoque des problèmes gastriques. La meilleure solution, dans ce cas-là, est d'utiliser du bicarbonate de sodium qui soulage démangeaisons et gastralgies. Charolles rapproche l'idée de cohérence de celle de pertinence qui est défi- nie par Sperber et Wilson « en termes d'équilibre entre les gains information- nels et les coûts de traitement » (Charolles 1995 :137), parce que tout énoncé est gouverné par une règle de « cohérence avec le principe de pertinence opti- 54 Halina Grzmil-Tylutki male » (ibidem : 135). Selon Charolles, « les déductions plus ou moins labo- rieuses censées représenter les calculs accomplis par les sujets pour récupérer la cohérence reprennent en les adaptant (...), le modèle de dérivation des actes de langage indirects » (ibidem : 134). Sans aucun doute, ces calculs sont coû- teux : pour réduire le coût d'interprétation, on recourt aux marques de cohé- sion qui guident l'interprétation, « lorsqu'il est souhaitable de minimiser la marge de liberté d'interprétation ou de maximiser la rapidité d'interprétation » (Charolles cité par Péry-Woodley 1993 : 65). La cohésion n'est pourtant pas une condition nécessaire et suffisante de la cohérence textuelle qui dépend entière- ment du jugement posé par le récepteur ; il s'agit d'un jugement de plausibilité entre les événements dénotés par le texte. En gros, la cohérence est d'ordre global, cognitif, concerne des liens logiques entre les idées. La cohésion, par contre, concerne le niveau local, micro-struc- turel, textuel ; elle concerne toutes les opérations assurant le suivi dans la liné- arité textuelle. ... Bibliographie ADAM Jean-Michel, 1990, Éléments de linguistique textuelle : théorie et pratique de l'ana- lyse textuelle, Liège : Mardaga. 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Linguistique Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Leszek Bednarczuk Akademia Polonijna w Częstochowie Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe Pionierskie publikacje przedwcześnie zgasłej Haliny Grzmil-Tylutki na temat gatunków mowy (2000, 2007, 2010) oraz inne prace krakowskiej szkoły roma- nistycznej lingwistyki tekstu przeniosły na grunt polski koncepqe Ch. Bally (1966, przekład U. Dąmbska-Prokop) i jego następców (L. Tesnière, O. Ducrot, P. Charaudeau, D. Maingueneau). Zaproponowane przez wymienionych uczo- nych koncepcje skłaniają do zastanowienia się nad wzajemnymi stosunkami między zdaniem, tekstem i gatunkami dyskursu oraz ich mechanizmami spój- nościowymi. W tym miejscu chciałbym się zająć stosunkiem spójników zdanio- wych do konektorów tekstowych, których funkcje w znacznej części nakładają się na siebie, ale różnią nacechowaniem stylistycznym i strukturą łączonych składników zdania i tekstu. Przedmiotem moich rozważań jest propozycja for- malnej klasyfikacji spójników, którym przypisuję relacyjne znaczenia konekto- rów tekstowych. Spójniki Termin oùvôeo^oç wprowadził Arystoteles, a klasyfikacji spójników doko- nał Dionizjusz Trak i logicy szkoły stoickiej, którzy stworzyli podstawy składni logicznej, skąd nauka o spójnikach i ich funkcjach została przeniesiona do składni językoznawczej. Na jej gruncie pojawił się podział zdań złożonych na parataktyczne (współrzędne) i hipotaktyczne (podrzędne). Większość współ- czesnych badaczy do parataktycznych zalicza zdania (i łączące je spójniki): kopulatywne / łączne, alternatywne / rozłączne, dysjunktywne / wyłączające, adwersatywne / przeciwstawne. Natomiast w obrębie hipotaksy sprowadza się zdania podrzędne do odpowiadających im części zdania głównego: podmio- towe, przydawkowe, orzecznikowe, dopełnieniowe, okolicznikowe, a te ostat- nie dzieli się na komparatywne / porównawcze, kondycjonalne / warunkowe, 62 Leszek Bednarczuk koncesywne / przyzwalające, temporalne / czasowe, finalne / celowe itd. Nie ma natomiast zgody co do zdań kausalnych / przyczynowych i konkluzyw- nych / wynikowych, zaliczanych do parataksy lub hipotaksy. Spośród wyróżnionych przez K. Bühlera (1934), a zastosowanych do badań składniowych przez T. Milewskiego (1952: 74-92), trzech technik językowych: nazywania, wskazywania i konotacji spójniki ze względu na swoją funkcję naj- bliższe są konotacji, nie służą jednak do współoznaczania, lecz (współ)łącze- nia składników wypowiedzi. W zależności od wzajemnych relacji łączonych składników można wyróż- nić połączenia jednostek o różnej i tej samej funkcji. W pierwszym wypadku (relacja „wertykalna") wykładnikami łączności są końcówki, przyimki i spój- niki hipotaktyczne, w drugim (relacja „horyzontalna") są nimi spójniki para- taktyczne, które korespondują z przysłówkami i partykułami (Antoine 1958 I: 316-329). Zauważyć jednak należy, że istnieje pewien typ spójnika, który sposobem użycia zbliża się do jednostek relacji wertykalnej i nadaje się raczej do łączenia wyrazów niż zdań. Odziedziczone z epoki praindoeuropejskie *kue 'i' oraz *ue 'albo' były pierwotnie postponowane po każdym składniku wypo- wiedzi, co utrudniało łączenie większych jednostek syntaktycznych, np. greckie nat^p àvôprôv-T£ 0£<5v-t£, łacińskie noctes-que dies-que, staroindyjskie naktą-va divą-va itp. Podobny, postpozytywny typ spójnika spotykamy m. in. w języku Tatarów krymskich, np. baba-ły oguł-ły 'ojciec i syn' oraz w wotiackim rodziny ugrofińskiej, np. dzitsij-än kion-än 'lis i wilk' Z kolei w języku telugu kopula- tywne -nnu / -nni nie tylko jest postponowane jak końcówka, ale ulega także harmonii wokalicznej. Można więc je nazwać wyrazowym typem spójnika, w przeciwieństwie do normalnego - zdaniowego (Bednarczuk 1971: 156-157). Niekiedy w funkqi spójnika wystąpić mogą przysłówki (np. pol. względnie 'albo'), zaimki relatywne, anaforyczne, czasami nieokreślone. Nasuwa się w związku z tym pytanie, czy istnieje jakaś głębsza różnica, między jednostka- mi nazywającymi, wskazującymi a łączącymi. Zwrócono na to uwagę w logice, gdzie wyróżnia się dwa rodzaje nazw: samodzielnie znaczące - cathegorematica i niesamodzielnie znaczące - syncathegorematica. Obszernie różnicą pomiędzy obu rodzajami nazw zajął się R. Ingarden (1960: 116-122), który wyróżniając nazwy i słówka funkcyjne, wydziela następujące składniki znaczenia nazwy: intenqonalny wskaźnik kierunkowy, treść materialna, treść formalna, moment egzystenqalnej charakteryzacji i fakultatywnie moment egzystencjalnej pozyqi. Poza tym nazwy posiadają według niego składniki heterogeniczne i niepo- dzielne, natomiast słówka funkcyjne same nie mogą wytworzyć żadnego przed- miotu, a znaczenie ich nie da się rozbić na składniki heterogeniczne. Jeżeli ograniczymy się do samych spójników, to różnica wyjdzie jeszcze wyraźniej, gdyż spośród pięciu składników znaczenia nazwy można im będzie przypisać tylko treść formalną. Zatem z punktu widzenia logiki najogólniejszą różnicą pomiędzy jednostkami nazywającymi a łączącymi jest brak przy spójnikach odniesienia przedmiotowego. Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe 63 Zaproponowana niżej klasyfikacja dotyczy nie tyle samych spójników, lecz tylko funkcji przez nie spełnianych, gdyż funkcja syntaktyczna jest jednostką płaszczyzny systemowej, odpowiadającą pozyqi fonemu i morfemu, a realizuje się w naszym wypadku przez różne spójniki, jak fonemy przez allofony, a mor- femy przez allomorfy. Przyjęte za kryteria formalne sposób, zakres i powta- rzalność odnoszą się do funkcji spójnikowych, mogą bowiem istnieć spójniki o węższym zakresie użycia niż dany typ funkq'i i odwrotnie, jeden spójnik może pełnić kilka różnych funkcji. Przede wszystkim jednak kryterium funkcyjne ma wartość ogólnojęzykową, pozwala więc na zastosowanie do języków róż- nych rodzin. Inna rzecz, że nie zawsze funkqa musi znaleźć formalny wykład- nik w danym języku, dlatego też klasyfikacja nasza dotyczyć będzie typów funkcji spójnikowych, wyróżnionych na podstawie ich wartości ontologicznej, sprawdzonej oczywiście przez fakt występowania w wielu językach. W logice od dawna wiadomo, że spójnik kopulatywny łączy w sposób symetryczny składniki, czyli, co zastosował do językoznawstwa A. Peskovskij (1956: 461-464), można łączone przez niego składniki przestawiać bez zmiany sensu całości wypowiedzi, np. ojciec i matka idzie = matka i ojciec idzie. Podobnie zachowują się spójniki alternatywny, dysjunktywny i niektóre spójniki adwer- satywne, które można nazwać „symetrycznymi" w przeciwieństwie do „asyme- trycznych": relatywny, kondycjonalny, koncesywny, kauzalny, konkluzywny, eksplikatywny, finalny i komparatywny. Trzeba się jednak zastrzec, pomijając wyjątki wywołane przeważnie względami treściowo-stylistycznymi, że w wy- padku łączenia zdań spójniki „symetryczne" przestawiać można tylko wtedy, jeśli czasowniki w nich użyte są w tym samym trybie. Trudno się jednak zgo- dzić z twierdzeniem A. Peskovskiego (1956: 465), że spójniki grupy pierwszej (nazwane tu „symetrycznymi") łączą składniki wewnątrzzdaniowe, a pozos- tałe nie, gdyż spójnik komparatywny i niekiedy sekundarnie inne (Klemen- siewicz 1957: 261-268) mogą łączyć wyrazy. Ze względu na zakres użycia można wyróżnić spójniki łączące tylko zdania - jednofunkcyjne oraz zarówno zdania jak i wyrazy - dwufunkcyjne; do tych ostatnich oprócz „symetrycznych" należy, jak już wspomniano, spójnik kom- paratywny. Ponieważ podział nasz dotyczy nie samych spójników, lecz tylko funkqi przez nie spełnianych, zrozumiałe jest istnienie spójników dwufunkcyj- nych nie łączących wyrazów, np. w języku polskim ato(li), aliści, ależ, jednak, natomiast, przecież, wszak, zaś łączą głównie zdania i większe wypowiedzi (Bed- narczuk 1967: 68-108). W związku z tym wydaje się pociągające przypuszcze- nie, że do łączenia wyrazów spójniki typu zdaniowego zastosowano wtórnie, na co wskazuje ich pierwotne znaczenie, oraz fakt, że na gruncie wyrazowym ich funkqe spełniały pierwotnie jednostki łączności wertykalnej, głównie przy- imki i końcówki: kopulatywną - instrumentalis sociativi, adwersatywną i po- równawczą - ablativus. Przemawia za tym również etymologia niektórych spój- ników dwufunkcyjnych wywodzących się przysłówków oraz postać fonetyczna, np. słowiańskiego a, i bez protetycznego j-, co było pierwotnie możliwe tylko 64 Leszek Bednarczuk w pozycji nagłosu absolutnego, więc po przerwie na początku zdania. Także spójnik dysjunktywny, jeśli powstaje z negacji, a jest formalnie odróżniana negacja wyrazowa od zdaniowej, to zawsze z ostatniej, np. w indoeuropejskim nigdy z *«-privativum. Wreszcie pamiętać trzeba, że zdania łączą wszystkie spójniki, a wyrazy tylko niektóre. Można więc przypuścić, że funkqą prymarną zarówno historycznie, jak i opisowo spójników typu zdaniowego jest łączenie zdań, a sekundarną - wyrazów, natomiast przy typie wyrazowym rzecz się ma odwrotnie, jak to mało miejsce przy praindoeuropejskich *kue 'i' oraz *ue 'albo'. Zajmiemy się teraz bliżej związkiem zachodzącym pomiędzy formą syntak- tyczną łączonych składników a funkcją poszczególnych spójników. Dla uwi- docznienia różnicy i podobieństw w stosunku do jednostek łączności werty- kalnej zostały wzięte pod uwagę również końcówki i przyimki. Przy kategoriach nominalnych, do których należy rodzaj, liczba, przypadek i stopień, odpadają oczywiście spójniki jednofunkcyjne. I tak dla połączeń spój- ników dwufunkcyjnych oraz przyimków rodzaj i liczba są obojętne, dla spójni- ków - także przypadek, mają natomiast znaczenie dla końcówek w językach flek- syjnych, podczas gdy w aglutynacyjnych, gdzie kategoria liczby jest wyrażana przez speqalny morfem, jest ona dla końcówek obojętna. Stopień przymiotnika jest dla spójników symetrycznych i końcówek obojętny, natomiast decyduje o użyciu odpowiedniego spójnika komparatywnego, por. polskie jak i niż. Przy kategoriach werbalnych dochodzą spójniki jednofunkcyjne, odpadają przyimki, a końcówki nominalne zostają zastąpione przez werbalne. Liczba, osoba, strona, dla wszystkich spójników są w zasadzie obojętne. Aspekt i czas nie są ważne na ogół dla spójników dwu funkcyjnych bez komparatywnego stopni równych, a dla pozostałych, o ile nie istnieje kategoria w rodzaju con- secutio temporum, również nie mają znaczenia. Dla końcówek, jeżeli morfemy wyrażające funkcję strony, czasu, trybu, aspektu potraktujemy jako ich elementy składniowe, będą oczywiście ważne. Na tym tle rysuje się wyraźnie pośrednie stanowisko spójników dwufunkcyjnych, zbliżających się do końcówek i przy- imków zakresem, a łączących się z jednofunkcyjnymi sposobem użycia. Dokładniejszego omówienia wymaga związek zachodzący pomiędzy funk- cją spójnika a trybem czasowników w łączonych przez niego zdaniach. Zagad- nieniem tym zajęto się w gramatykach języków klasycznych w dziale składni, o tzw. rządzie spójników. Zauważono również, że po imperatiwie, i niektó- rych czasownikach spójnik kopulatywny nabiera zabarwienia finalnego, a alter- natywny - konkluzywnego. Poza tym stwierdzić można, że dla spójnika ad- wersatywnego i częściowo komparatywnego stopni różnych użycie trybów jest w zasadzie obojętne. Przy kopulatywnym, alternatywnym i dysjunktyw- nym funkcja trybu nie ma znaczenia, musi być taki sam w obu łączonych zda- niach, a zmiana tego układu modyfikuje funkcję spójnika: kopulatywny po imperativie zmienia się w finalny, np. pol. idź i ('aby') zobaczysz, a alterna- tywny w kauzalny, np. idź, albo ('bo') pożałujesz. Po spójnikach jednofunkcyj- nych w zdaniu podrzędnym nie może wystąpić imperativus. Wyjątek stano- Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe 65 wią czasowniki ruch psychicznego w poprzedniku, np. pol. wiesz, co zrób. Przy spójniku finalnym na ogół, zwłaszcza w momencie jego powstania, w następ- niku stoi zwykle subiunctivus (coniunctivus), a jako spójnik może wystąpić kopulatywny, jak w polskim a-by z odmienną forma czasownika posiłkowego: a-bym, a-byś, a-by, itd. Dalszą podstawą naszej klasyfikaqi jest powtarzalność spójnika w obrębie jednostki nadrzędnej, czyli zjawisko mono- i polisyndetonu. Od właściwego polisyndetonu odróżnić należy wieloczłonowe konstrukqe eliptyczne, które zbliżają się do niego tym, że w obu wypadkach mamy do czynienia ze zjawis- kiem występowania spójnika przy każdym z łączonych składników, lecz w poli- syndetonie każdy następny składnik łączy się z poprzednim, a w wieloczło- nowej konstrukcji eliptycznej składniki następne nawiązują bezpośrednio do pierwszego, z pominięciem członów pośrednich, jak we francuskim il ne tra- vaille pas, mais s'amuse, mais fait du sport (Wartburg & Zumthor 1958: 69). Różnią się poza tym od siebie zakresem i wpływem na funkqę spójnika; wielo- członowe konstrukqe eliptyczne są możliwe przy wszystkich spójnikach z wy- jątkiem kopulatywnego, alternatywnego oraz dysjunktywnego i nie zmieniają w zasadzie jego funkcji, natomiast w polisyndetonie nie występują kauzalny, konkluzywny, finalny i komparatywny z tym, że przy spójniku adwersatyw- nym, relatywnym, kondyqonalnym i koncesywnym, więc jedynie możliwych w obu typach konstrukcji, następuje zmiana ich funkcji prymarnej na alterna- tywną (przykłady Bednarczuk 1971: 49-59), a ta ostatnia zdradza tendencję, zwłaszcza w połączeniach więcej niż dwu składników, do przejścia w kopula- tywną, np. łac. prudenter quod dicta loqui-ue tacere-ue posset (Stolz & Schmalz 1900: 775). Dotychczas omawialiśmy polisyndeton sekundarny, natomiast spójnik dys- junktywny jest polisyndetyczny prymarnie i podobnie jak przy kontynuantach praindoeuropejskich *kue 'i' oraz *uë 'albo' obserwować można zjawisko sekun- darnego monosyndetonu, który dwu ostatnim umożliwiał łączenie większych jednostek syntaktycznych, a spójnikowi dysjunktywnemu pozwala na przej- ście w nie występujący w polisyndetonie spójnik komparatywny. Spójnik dys- junktywny sprowadza się w większości języków bądź do polisyndetycznie użytej negacji, jak w staroindyjskim na...na, słowiańskim ni...ni. Tak więc ze względu na powtarzalność spójnika w obrębie jednostki nadrzędnej można je podzielić na niewystępujące w polisyndetonie - rezultatywny, finalny i kom- paratywny; polisyndetyczne ze zmianą funkcji - adwersatywny, relatywny, kondyqonalny, koncesywny i częściowo alternatywny, oraz nie zmieniające funkcji w polisyndetonie - kopulatywny, częściowo alternatywny, i polisynde- tyczny prymarny - dysjunktywny. Zauważyć tu jeszcze trzeba, że pomiędzy polisyndetyzmem a zależnością funkcji spójnika od trybu czasowników łączo- nych przez niego zdań zdaje się zachodzić związek, mianowicie tylko funkqe wymagające tego samego trybu u obu czasowników są polisyndetyczne: kopu- latywna, alternatywna i dysjunktywna. 66 Leszek Bednarczuk Zarówno spójniki jak i spełniane przez nie funkqe można podzielić na proste i złożone. Jednak materiał językowy pokazuje, że nie zachodzą tu dokładne odpowiedniości. Wydaje się, że za funkcję złożoną można uznać tylko taką, która w przeważającej większości badanego materiału posiada identyczna lub podobną strukturą spójnika, a tam gdzie występuje dany spójnik w formie niezłożonej, istnieje potencjalnie forma złożona, którą na podstawie ogólnego schematu można utworzyć. Dane gramatyki porównawczej i obserwacje po- szczególnych języków różnych rodzin pozwalają stwierdzić, że tylko funkqa koncesywna jest złożona i składa się ze znaczenia uwydatniająco-wzmacnia- jącego + modalne, co zwykle sprowadza się, jak zauważył Z. Gołąb (1954: 74), do połączenia spójnika kopulatywnego + kondycjonalny, np. arabskie wa-lau 'i jeśli', staroindyjskie yady-api 'jeśli też', łacińskie et-si 'i jeśli', pol. chocia-ż itp. Pozornym wyjątkiem jest starogermańskie thoh (partykuła wzmacniająco-prze- ciwstawna), która, jak wykazał O. Behaghel (1928 III: 648), pierwotnie występo- wało ono tylko z coniunctivem, który stanowił uzupełniający składnik modalny. Co się tyczy relaqi parataksa - hipotaksa, to za formalną właściwość pierw- szej z nich należy uznać przestawność łączonych przez spójnik składników: kopulatywny, alternatywny, dysjunktywny, adwersatywny, a hipotaksy - nie- przestawność: relatywny, komparatywny, kondycjonalny, koncesywny, finalny oraz kauzalny, konkluzywny i eksplikatywny, które w uproszczeniu można nazwać typem rezultatywnym. Konektory W przeciwieństwie do spójników, które są obecne we wszystkich gatun- kach mowy, to konektory występują dziś głównie w tekstach pisanych, ale występują także w gatunkach oralnych, przechowywanych w pamięci ludz- kiej: magia, religia, mitologia, folklor, bajka ludowa, przede wszystkim poezja epicka, jak to ma miejsce np. w poematach Homera i u wielu innych ludów nie znających pisma. Leksem konektor, francuskie connecteur pojawia się w języku francuskim w końcu XVIII wieku, a dziś w większości języków europejskich jest terminem technicznym i oznacza przede wszystkim '(z)łącze, przewód' (elektryczny, gazowy) i w tym znaczeniu pojawia się najczęściej w internecie. We francuskiq lingwistyce tekstu termin connecteur występuje również z pre- cyzującymi jego zasięg określeniami c. logique, pragmatique, textuel, syntaxique, propositionel, także jako nazwa tradycyjnego spójnika (Touratier 1994: 543). Termin ten do językoznawstwa został przeniesiony przez generatywistów z logiki (składni logicznej), gdzie był używany wymiennie z funktor, operator. W językoznawstwie polskim zjawisko łączenia ze sobą jednostek ponad- zdaniowych było analizowanie od dawna. S. Jodłowski (1934: 64-70) zwrócił uwagę, że komunikaqa językowa polega na nawiązywaniu nowych treści do innych, znanych z kontekstu, konsytuacji lub wiedzy ogólnej. Wyróżnił on w obrębie zdania człon nawiązujący i rozwijający, włączające dane zdanie Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe 67 w myślowy ciąg wypowiedzi. Z kolei Z. Klemensiewicz 1950: 13-57) użył ter- minu nawiązanie użył na określenie stosunków pomiędzy zdaniami i zespołami zdań w obrębie większej wypowiedzi, stanowiącej skończony zespół zdań. Koncepcję tę rozwinęli w latach 60-80 i autorzy kolejnych opracowań skład- niowych rozszerzając ją na strukturę tekstu i jego mechanizmy spójnościowe (kohezja, koherencja). Dziś w językoznawstwie polskim, termin konektor jest często nadużywany, np. w umieszczonej w internecie „klasyfikaqi części mowy" czytamy: konektory - leksemy o funkcji łączącej będące wskaźnikami relacji syntaktycz- nych [...] wyróżnia się trzy klasy funkcjonalne leksemów: spójniki to konektory spełniające funkcję wskaźnika relacji syntaktycznej między wyrażeniami zda- niowymi (składnikami zdania złożonego), nie będące składnikiem żadnego z łą- czonych wyrażeń. Niektóre spójniki mogą również łączyć niezdaniowe skład- niki wyrażenia składowego (np. grupy imienne lub składniki grupy imiennej); relatory (tradycyjnie nazywane zaimkami względnymi / relatywnymi) to konek- tory o funkcji wskaźnika relacji między wyrażeniami zdaniowymi (komponen- tami zdania złożonego), będące składnikiem syntaktycznym jednego z nich. Ze względu na właściwości morfologiczne można wyróżnić relatory odmienne (np. co, jaki, który) oraz nieodmienne (np. gdzie, kiedy, skąd, dokąd). Natomiast przyimki to konektory będące wskaźnikami zależności syntaktycznej grupy imiennej. Określają (implikują) one przypadek zależnego od siebie rzeczownika. Właściwe konektory tekstowe nie były dotychczas przedmiotem systema- tycznej analizy i klasyfikacji. Niezwykle bogatego materiału dostarczają prace M. Grochowskiego i jego współpracowników na temat polskich partykuł. Za- proponowana przez uczonych toruńskich klasyfikacja gniazdowa partykuł (Grochowski et al. 2014) dotyczy w znacznej mierze konektorów, a z kolei praca K. Kleszczowej (2015) ukazuje proces powstawania partykuł, konektorów i spój- ników. Wiele cennych obserwacji na temat struktury tekstu i konektorów po- święcili romaniści we Francji i w innych krajach (por. bibliografia). Podsumowanie Przedstawione obserwacje prowadzą do wniosku, że mimo oczywistych różnic, znaczenia relacyjne konektorów tekstowych odpowiadają w przybliże- niu funkcjom spójników zdaniowych. Jak widać w załączonej tabeli, spójniki parataktyczne (1-3): kopulatywny, alternatywny i adwersatywny, z wyjątkiem dysjunktywnego (4), znajdują odpowiedniki wśród konektorów. Spośród spój- ników hipotaktycznych (6-12) komparatywny, kondycjonalny, koncesywny, kauzalny, konkluzywny, temporalny i finalny również znajdują odpowied- niki, z wyjątkiem spójnika (i zaimka) relatywnego (5). Pojawia się natomiast szereg konektorów nie znajdujących odpowiedników funkqonalnych wśród spójników. Spośród nich (13-18) można by nazwać rozwijającymi: wyliczenie, ilustracja, uściślenie, podsumowanie, zakończenie, a (19-20) metatektowymi. 68 Leszek Bednarczuk Wydaje się, że w zależności od gatunku tekstu liczbę konektorów można mno- żyć i różnicować wewnętrzne; np. przeciwstawienie może być wyrażane przez zaprzeczenie, odmienność, opozycję, restrykcję, ponowienie. Co się tyczy funkcji znaczeniowej konektorów, to w przeciwieństwie do spójników zachowują one znaczenie leksykalne, nie są jednak składnikami (członami syntaktycznymi) łączonych zdań. W większości przypadków pocho- dzą one z przysłówków, wyrażeń przysłówkowe, partykuł złożonych, a ich gra- matycznymi składnikami są często przyimki. Na ich rolę jako operatorów sce- nografii dyskursu administracyjnego zwróciła uwagę Profesor Halina Grzmil- Tylutki, stwierdzając, że wyrażenia przyimkowe typu w związku, ze względu, zgodnie i ich odpowiedniki francuskie stają się rutyną scenografii, która wymusza (ale też jest wymuszana przez) określone relacje podmiotowo-sytuacyjne (typ dyskursu - scena globalna) i okreś- lony cel pragmatyczne (gatunek - scena generyczna) [...]. Hierarchizują i porząd- kują elementy świata, ustalają zależności w ciągu argumentacyjnym, prowadzą od przesłanek do wniosków" (Grzmil-Tylutki 2007: 115-117). SPÓJNIKI 1. kopulatywny / łączny i, oraz (dawne a) 2. alternatywny / rozłączny albo, lub 3. adwersatywny / przeciwstawny ale, lecz 4. dysjunktywny / wyłączający ani 5. relatywny / względny czy, że 6. komparatywny / porównawczy jak, niż 7. kondycjonalny / warunkowy jeżeli 8. koncesywny / przyzwalający choć 9. kauzalny / przyczynowy bo, ponieważ 10. konkluzywny / wynikowy więc, zatem 11. temporalny / czasowy kiedy, gdy 12. finalny / celowy aby, żeby 13. - 14. - 15. - 16. - 17. - 18. - 19. - 20. - KONEKTORY dołączenie a także, ponadto, jak również, co więcej wybór z jednej strony....z drugiej, czasem...czasem przeciwstawienie przeciwnie, zamiast, tymczasem porównanie podobnie ( jak), w ten sposób, jakoby warunek jeśli jednak, pod warunkiem, przypuszczalnie przyzwolenie (po)mimo to, tym niemniej, wszelako przyczyna jako że, bo rzeczywiście, a ponieważ wynik tak więc, zatem, przeto następstwo następnie, potem, wtedy cel, zamiar tak aby, w celu wyjaśnienie mianowicie, innymi słowy, w ten sposób wyliczenie po pierwsze.. .po drugie ilustracja na przykład, przykładowo uściślenie właściwie, dosłownie, w szczególności podsumowanie w sumie, krótko mówiąc zakończenie w końcu, wreszcie metatekstemy np., por. / cf. ,vide... ramy metatekstowe (formuła inicjalna / finalna) Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe 69 Bibliografia ANTOINE Gérald, 1958-1962, La coordination en français, t. 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Since all the types of conjunctions link the sentences together and only some of them put sentences and words in touch with each other (copulative, alternative, disjunctive, adversative, comparative), one can define the conjunction in the modern Indo-European languages as "a free morpheme linked to the sentence". Other criteria, which allow to classify the conjunctions are : repetitivity (polysyndeton), (ir)reversivity of the reunited elements, and the structure of the compound clause (the use of the moods, among others), which allows to distinguish between para- taxis and hypotaxis. We pointed out the likeness of coordinating conjunctions to adverbs and particles, as well as the likeness of subordinate conjunctions to pre- positions and relative pronouns, which are not free morphemes, but constituents of the utterance. In some languages, there are also conjunctions linked to the word: in the Proto- Indo-European age the conjunctions *kue 'and', *ue 'or' probably were placed as suf- fixes and endings after every linked word, the same as in Latin noctes-que dies-que, Spójniki zdaniowe a konektory tekstowe 71 etc. We can find similar structures in other language families, for example in Crimean Tatar (Crimean) baba-ły oguł-ły 'father and son', or in Votiak (Permian) dzitsij-än kion-än 'fox and wolf'. As the connectors are concerned, most of them find their functional equivalents among the conjunctions; however one can find here new categories, such as: illustration, explication, clarification, summary, ending, metatextual elements, text frames and others in accordance with the text type. Unlike the conjunctions, the connectors keep their first lexical meaning, but they are not syntactic constituents of the clauses, which are linked thanks to them. In most instances, they derive from adverbs and / or particles, often followed by a conjunction or a preposition. Résumé Conjonctions phrastiques et connecteurs textuels Les travaux pionniers de Professeur Halina Grzmil-Tylutki consacrés aux genres discursifs incitent à réfléchir sur la structure des textes et sur leur cohésion, laquelle est garantie, entre autres, par les connecteurs. Le but de mes remarques est une tentative de définition des relations entre les connecteurs de texte et les conjonc- tions de phrase ainsi qu'une classification de ces deux moyens de cohésion en fai- sant en même temps attention aux propriétés formelles des conjonctions. Comme tous les types de conjonctions relient des propositions, et que seulement quelques-uns d'entre eux mettent en rapport des propositions et des mots (copula- tif, alternatif, disjonctif, adversatif, comparatif), on pourrait définir la conjonction dans les langues indo-européennes modernes comme « un morphème libre attaché à la phrase ». D'autres critères permettant de classifier les conjonctions sont : la répétivité (polysyndète), l'(ir)réversivité des éléments réunis, ainsi que la structure de la phrase complexe (entre autres, l'emploi de modes), ce qui permet de distin- guer la parataxe de l'hypotaxe. On a signalé la ressemblance des conjonctions de coordination aux adverbes et aux particules, de même que celle des conjonctions de subordination aux prépositions et aux pronoms relatifs, qui ne sont pas des morphèmes libres, mais des constituants de l'énoncé. Pour certaines langues, on pourrait parler de conjonctions attachées au mot : à l'époque pré-indo-européenne les conjonctions *kue 'et', *ue 'ou' furent probable- ment placées comme suffixes et désinences après chacun des mots reliés, comme dans le latin noctes-que dies-que, etc. On retrouve des structures analogues dans d'autres familles de langues, par exemple dans le tartare de Crimée (le criméen) baba-ły oguł-ły 'père et fils', ou dans le votiak (le permien) dzitsij-än kion-än 'renard et loup'. En ce qui concerne les connecteurs, la plupart d'entre eux trouvent leurs corres- pondants fonctionnels parmi les conjonctions ; on rencontre cependant ici des caté- gories nouvelles telles que : illustration, explication, clarification, résumé, termi- naison, éléments métatextuels, cadres du texte et d'autres selon le type du texte. Au contraire des conjonctions, les connecteurs gardent leur première signification lexi- cale, sans être pour autant les constituants syntaxiques des propositions qu'ils relient. Dans la plupart des cas, ils sont dérivés d'adverbes et/ ou de particules, souvent suivis d'une conjonction ou d'une préposition. 72 Leszek Bednarczuk CONJONCTIONS CONNECTEURS 1. copulatif et addition puis, de plus, ainsi que, de même que 2. alternatif ou choix ou bien, soit...soit, d'une part...d'autre part 3. adversatif mais opposition pourtant, par contre, néanmoins 4. disjonctif ni...ni - 5. relatif que - 6. comparatif comme comparaison si...que, semblement, plus que 7. conditionnel si condition à condition que, pourvu que 8. concesssif bien que concession malgré, toutefois, même si 9. causal car, pour cause à cause de, en effet 10. conclusif donc conclusion en conclusion, pour conclure 11. temporel quand temps d'abord, ensuite, alors, plu tard 12. final pour que but afin que, de façon que 13. - explication à savoir, c'est-à-dire 14. - énumération premièrement, deuxièmement... 15. - illustration par exemple, tel que 16. - clarification notamment, précisément 17. - résumé en résumé, (en) bref, en somme 18. - terminaison en fin, à la fin de, finalement 19. - éléments métatextuels voir p., p.ex., cf. 20. - cadres métatextuels début/fin Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Waldemar Czachur Uniwersytet Warszawski Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orędziach noworocznych. Przyczynek do lingwistyki kulturowej i międzykulturowej 1. Wprowadzenie Orędzia noworoczne są w komunikacji politycznej specyficznym gatunkiem tekstu, w swojej funkqi zbliżonym do przemówień wygłaszanych z okazji świąt narodowych, jednak ze względu na okoliczność wygłaszania mają inną strukturę, styl i funkcję. Kierowane są one do obywateli - w zależności od sys- temu i kultury politycznej danego kraju - albo przez głowę państwa (w Pol- sce), albo przez szefa rządu (w Niemczech) i najczęściej transmitowane przez telewizję państwową i radio. Zakładamy wstępnie, że ich celem jest dokonanie podsumowania kończącego się roku, zakreślenie wyzwań roku nadchodzą- cego oraz przekazanie społeczeństwu życzeń noworocznych w szczególnym momencie, jakim jest noc sylwestrowa. W przemówieniach noworocznych istotną rolę odgrywają emoqe. Orędzia wygłaszane są w doniosłej chwili, na przełomie lat: podsumowane zostają wy- darzenia minione, z radością wita się te nadchodzące, a fakt przejścia ze sta- rego w nowe jest okazją do refleksji nad kwestiami najważniejszymi. Chwila ta jest świadomie wykorzystywana przez polityków, dlatego na pozytywnych emocjach, wynikających z kontekstu sytuacyjnego, zasadza się inscenizowana w orędziach noworocznych bliskość między politykami a obywatelami. Istotną są w tym kontekście również strategie autopromocyjne (Kalisz, Loewe, Tyc 2015) i/lub strategie autoprezentacyjne (Zielińska 2016a). 74 Waldemar Czachur Celem niniejszej pracy jest spojrzenie na kwestię budowania relaqi między politykiem w roli nadawcy a obywatelem w roli odbiorcy w orędziach nowo- rocznych, bazujące na polsko- i niemieckojęzycznym korpusie tekstów, z per- spektywy zarówno genologii lingwistycznej (Witosz 2005), jak i szeroko poję- tej lingwistyki kulturowej (Anusiewicz 1995). Ponieważ analiza oparta będzie na tekstach polskich i niemieckich, badania obejmą również kwestie stosowa- nych w obu kulturach politycznych środków i strategii językowych oraz ich kulturowych uwarunkowań. W tym sensie rzeczona praca jest przyczynkiem do pogłębienia refleksji teoretycznej i metodycznej w zakresie lingwistyki kul- turowej i międzykulturowej (Földes 2003, 2007, Linke 2011, Tienken 2015, Sha- rifian 2016, Czachur 2016b, 2017). 2. Orędzie noworoczne jako gatunek mowy Orędzie to swoista forma przemówienia politycznego, wygłaszanego do oby- wateli przez najważniejsze osoby w państwie z okazji świąt narodowych i/lub państwowych. W zależności od okazji - np. święto narodowe, sytuacje kryzy- sowe czy szczególne daty, jak Nowy Rok - orędzie przybiera różną formę i treść. Ich wspólną funkcją jest perswazyjne działanie na odbiorców. Celem orędzia noworocznego jest budowanie poczucia wspólnoty, a realizowane jest ono poprzez odwoływanie się do więzi społecznych w formie życzeń nowo- rocznych, bilansu roku mijającego oraz formułowania wyzwań na rok nadcho- dzący. Tym samym orędzia odgrywają zarówno funkcję perswazyjną, jak i integrującą: politycy odwołują się bowiem do wspólnych doświadczeń, war- tości i wyzwań stojących przed daną społecznością. Ich głównym zadaniem jest symboliczne inscenizowanie narodu jako wspólnoty dzięki wspólnym zadaniom, wspólnym emocjom i wspólnej świadomości zbiorowej (Sztompka 2002; Wagner, Świątkiewicz-Mośmy 2010). Nasuwa się pytanie, na czym - z perspektywy genologii lingwistycznej - polega różnica między orędziem noworocznym a przemówieniem politycz- nym wygłaszanym na przykład z okazji świąt narodowych czy państwowych. Dokonując porównania obydwu gatunków należy uwzględnić warunki ramo- we, w jakich powstał każdy z tekstów (m.in Wojtak 2001). Orędzia noworoczne w odróżnieniu od przemówień innego typu nagrywane są w odpowiednim pomieszczeniu, z uwzględnieniem określonej scenografii i scenerii. Ważnymi elementami wizualnymi są zatem choinka, płonąca świeca, kwiaty, flaga naro- dowa i Unii Europejskiej, a także postawa ciała (pozyq'a siedząca vs. stojąca) oraz gestykulaqa (Loewe 2013). Przemówienia okolicznościowe, jak np. z okazji świąt narodowych, wygłaszane są na żywo, co zmniejsza możliwość insceni- zacji i działającej na emocje aranżacji otoczenia. Na płaszczyźnie funkcji orędzia noworocznego, która warunkuje również strukturę całego gatunku, wyróżnić można za Hollym (1996: 318) trzy domi- Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orędziach noworocznych 75 nujące rodzaje działań językowych. Wychodzimy zatem z założenia, ze poli- tyk w orędziu: ■ podsumowuje wydarzenia z ubiegłego roku, wspominając je, i jednocześ- nie ocenia pozytywnie wspólnotę i jej członków; ■ snuje plany na rok następny, zapowiadając kierunki reform, apeluje o ich poparcie i jednocześnie ocenia pozytywnie wspólnotę i jej członków; ■ solidaryzuje się z narodem, dziękując, pozdrawiając i składając życzenia, przez co ocenia pozytywnie wspólnotę i jej członków. Jak wynika z powyższego, wartościowanie realizowane jest w każdym wy- żej wymienionym działaniu, w pozytywnych aktach mowy (por. Wieczorek 1999: 42), również i przede wszystkim dlatego, iż ocena stanowi nieodzowny element budowania relaqi (m.in. Barańczak 1975, Sager 1981, Adamzik 1984, Puzynina 1992, Jakosz 2016). Ponadto należy wskazać na silny związek war- tościowania z funkqą perswazyjną, ponieważ „jeśli wypowiadamy się o okreś- lonym obiekcie (wprost lub nie wprost) jako dobrym lub złym, to nie tylko dostarczamy odbiorcy wiedzy o przekonaniach wartościujących nadawcy, lecz także nakłaniamy odbiorcę do przyjęcia podobnych przekonań, a czasem też i podobnych odczuć" (Jakosz 2016: 92). Cztery mechanizmy perswazji zapro- ponowane przez Barańczaka jednoznacznie pokazują konstytutywną rolę war- tościowania dla perswazji: emocjonalizacja odbioru, wspólnota świata i języka, symplifikaqa rozkładu wartości oraz odbiór bezalternatywny (Barańczak 1975). Jednak do pełnego zrozumienia zjawiska wartościowania konieczne jest uchwy- cenie go przez pryzmat dyskursywny, przez pryzmat subiektywizmu nadawcy, na co zwracała szczególną uwagę Grzmil-Tylutki, stwierdzając, że „każda kono- taqa jest nacechowana aksjologicznie [...] sam wybór jest bowiem wartościu- jący. Nawet wybór języka denotującego konotuje określoną postawę nadawcy, jego ideologię" (Grzmil-Tylutki 2000: 57). Antropologiczne spojrzenie na kon- kretne użycie języka w jego aksjologicznym wymiarze jest dla lingwisty o tyle istotne, że umożliwia efektywniejsze wydobycie określonego ideologicznego kontekstu polityka nadawcy, a przez to wyekscerpowanie punktu widzenia właściwego dla wartościowania. Wychodzę z założenia, że kategoria punktu widzenia warunkuje subiek- tywną perspektywę wartościowania, wyrażającą się w sądzie oceniającym, w akcie oceniającym. Za Marią Krauz (2015) przyjmuję, że wartościowanie jest terminem ogólniejszym, opartym na intelektualnych właściwościach umysłu człowieka, natomiast dla oceny charakterystyczne są subiektywizm oraz emocje i one „stanowią pewnego rodzaju nadwyżkę, która ma pomóc odbiorcy w przy- jęciu punktu widzenia nadawcy" (Krauz 2015: 295). Pozytywne sądy oceniające odnoszące się do budowania poczucia wspól- noty są cechą inherentną orędzi noworocznych. Nawet jeśli w przemowach wygłaszanych z okazji świąt narodowych i państwowych zjawisko perswazji również wykorzystuje jednoznacznie pozytywne ocenianie wspólnoty (Reisigl 2007), to ich oficjalny charakter nie daje okazji do zarządzania emocjami, 76 Waldemar Czachur przenikania się prywatności z podniosłością, jaka jest możliwa w wieczór syl- westrowy. Strategie służące do realizacji funkcji integrującej, a w tym funkqi wartościująco-perswazyjnej, realizowane są przy pomocy tych działań, które umożliwiają językowe budowanie relacji pomiędzy nadawcą a odbiorcą. 3. Budowanie i inscenizowanie relacji jako koncepcja działania a poczucie wspólnoty Wszystkie wymienione wcześniej rodzaje działań - jak wspominanie, ape- lowanie, dziękowanie, gratulowanie, składanie życzeń - stosowane są w orę- dziach noworocznych w celu zbudowania relacji nadawcy z odbiorcą, czyli polityka z obywatelami za pośrednictwem mediów, a służy to realizacji głów- nego celu działań politycznych, czyli funkcji perswazyjnej (Loewe 2012). Rela- cja pojmowana jest tutaj jako kategoria społeczna, realizowana w ramach dzia- łań językowych, nie zawsze jednak w takim samym wymiarze (Sager 1981, Adamzik 1984, Puzynina 1992, Łaziński 2006). Budowanie relacji nie jest zatem komponentem działań językowych, lecz pewną intencją, uwidaczniającą się w sposobach przedstawiania wydarzeń. Jest ono zatem ściśle związane ze spo- sobem, w jaki rozmówcy rozmawiają o świecie (wydarzeniach, osobach, itd.). W związku z tym należy wstępnie założyć, że w komunikacji politycznej świa- domie stosuje się strategie w szczególny sposób uwzględniające potrzeby i oczekiwania odbiorcy, dlatego sądy oceniające, aktywujące u odbiorcy pozy- tywne emocje są w tym procesie kluczowe. Relaqe międzyludzkie postrzegać należy jako rodzaj współpracy tworzonej w dużej mierze w interakcji językowej. Jak zauważa Holly (2000: 1384) relaqe to wieloaspektowe, odznaczające się różnym stopniem stabilności, trwałe i dynamiczne elementy komunikaqi, będące jednocześnie przejawem kompe- tencji kulturowych. Nawet jeśli specyfika ich budowania uwarunkowana jest kulturowo, to muszą być stale tworzone od nowa, a składową kompetencji kulturowej będzie wiedza na temat takich kategorii społecznych, jak wiek, płeć, status oraz cechy indywidualne, jak np. role warunkowane instytucjonal- nie. Uwzględnić tu należy także istotne dla budowania relaqi oczekiwania uczestników zdarzenia komunikacyjnego. Jeśli spojrzymy na orędzie noworoczne jako instrument budowania pozy- tywnych relacji między nadawcą a odbiorcą, to w celu zrozumienia specyfiki tych działań przywołać można model Hollego i jego cztery płaszczyzny two- rzenia relaqi między rzeczonymi uczestnikami komunikaqi. Na płaszczyźnie horyzontalnej politycy zabiegają o zbudowanie poczucia bliskości i zaufania u obywateli i potencjalnych wyborców, natomiast na płaszczyźnie wertykalnej ze względu na odmienny status artykułują asymetrię w komunikacji i posia- daniu władzy. Na płaszczyźnie ewaluatywnej dokonywane jest pozytywne ocenianie siebie i adresata, a na płaszczyźnie afektywnej nacisk kładziony jest Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orędziach noworocznych 77 na zdobycie sympatii (Holly 2000: 1384). Intencją polityków jest zatem, by mimo wyższego statusu (relacja władzy) poprzez swoje działania polegające na implicytnym i eksplicytnym pozytywnym ocenianiu odbiorcy zainscenizo- wać bliskość, zaufanie i sympatię (Czachur 2010). Inscenizowanie jest tu rozu- miane jako „element celowego i retorycznego działania jednostki w określo- nych warunkach" (Schmitt 2003: 194). Nadawcy sięgają po prototypowe i spo- łecznie utrwalone sposoby kreowania wybranych ról. Zielińska (2016a) pisze w tym kontekście o strategiach autoprezentacyjnych, jak np. dobry i odpowie- dzialny gospodarz, by w ten sposób pozyskać legitymację do nawiązywania specyficznej formy emocjonalnej bliskości z odbiorcą. Celem takiego działania w komunikowaniu politycznym jest wywołanie u odbiorcy (w tym przypadku - u obywateli i potencjalnych wyborców) uczucia identyfikacji i integracji, a więc przynależności i wspólnoty. O procesie budowania wspólnoty pisze Duszak (2002) w następujący sposób: People construct their social identities on the basis of various socially and culturally relevant parameters. These include ethnicity, nationality, professional status and expertise, gender, age, as well as ideology and style of living. The sense of belonging to a group fulfils the human desire for solidarity, rapport, safety or psychological comfort that comes from sharing things with other people. However, by aligning with some we also detach ourselves from others. This, in turn, may generate feelings of anxiety, distance or even hostility to the alien. In addition we may choose to adhere to a number of groups, or change our alignments. Multiple group membership is nothing unusual given the number of roles that people normally assume in the course of their social lives and the variety of needs that they want to satisfy through communal action. (Duszak 2002: 2) W obliczu wielu społecznych różnorodności, o których mowa była wyżej, rolą nadawcy w dyskursie politycznym jest konsolidowanie wspólnoty. Jak wskazuje Zielińska (2016b), różne strategie realizacji schematu posiadania są „jednym z fundamentów, na których opiera się strategia dyskursywna ukie- runkowana na budowanie poczucia wspólnoty", ponieważ jest w nich „miejsce na współdzielenie dóbr (nasz dochód, nasze pieniądze), współuczestniczenie w życiu rodzinnym (nasze dzieci), aż po współistnienie w literalnym tego poję- cia znaczeniu (nasze imię i nazwisko, nasz mózg)" (Zielińska 2016b: 405-406). Celem niniejszej pracy nie jest ukazanie ról i ich językowych realizacji, ale refleksja nad mechanizmami budowania relacji pomiędzy nadawcą a odbiorcą w gatunku, jakim jest orędzie, przy pomocy pozytywnych sądów oceniających. Dlatego też analizie poddane zostaną wybrane kategorie, które z perspektywy lingwistycznej odpowiedzialne są za budowanie relacji oraz strategie pozy- tywnego oceniania komunikowaniu politycznym. Do nich zaliczam z jednej strony klasyczne kategorie z obszaru badań nad grzecznością, jak powitania, formy adresatywne, życzenia i pożegnania, a z drugiej strony analizę tych zjawisk językowych, które Bralczyk (2007: 150) uważa za kluczowe dla budo- 78 Waldemar Czachur wania bliskości i emocji, a w tym identyfikaqi, jak zaimki osobowe w pierw- szej osobie liczby mnogiej wir/my oraz zaimki dzierżawcze unser/nasz; określenia wskazujące na tożsamość, takie jak Deutschland/Polska, naród, ojczyzna/Nation, Vaterland, Land, a także leksemy, przy pomocy których określane są relaqe (np. Polski z innymi krajami): wspólnie/gemeinsam, przyjazny/freundschaftlich, partner/Partner itd. W kolejnym rozdziale na przykładzie orędzi noworocznych ukazane zostanie, jakimi środkami językowymi realizowane są rzeczone stra- tegie i role w języku polskim i niemieckim. 4. Badania kontrastywne a lingwistyka międzykulturowa Jak wskazują badania, każde porównanie zachowań języka z dwóch róż- nych obszarów kulturowych implikuje również porównanie ze sobą kultur (Grzmil-Tylutki 2000, Smykała 2009, Czachur 2011). Na język nie patrzymy tylko przez pryzmat systemu języka, ale przede wszystkim działań języko- wych, a one są zawsze uwarunkowane kulturowo. Dlatego też wzmożone za- interesowanie relacją języka i kultury doprowadziło do powstania lingwistyki kulturowej, która wychodzi z założenia, że język może być traktowany jako środek wyrazu i przekazu informacji - lecz także, a może przede wszystkim, jako medium, twór, a zarazem proces zawie- rający (prezentujący) dorobek kulturowy danej wspólnoty komunikatywnej, będący wyrazem praktyki społecznej tej wspólnoty oraz jej doświadczeń utrwa- lonych i nagromadzonych w ciągu wielu pokoleń. Język oprócz tego jest nośni- kiem, przekaźnikiem i zbiorem wszelkich wartości, ocen i wartościowań tudzież norm postępowania, wokół których koncentrują się zachowania, działania, prze- konania oraz system etyczno-normatywny danej społeczności (danego narodu) (Anusiewicz 1995: 12). Zaznaczyć jednak należy, i to uświadomił nam silnie konstruktywizm, że język to nie tylko sejsmogram kultury, ale również środek kształtujący kul- turę. Celem lingwistyki kulturowej jest ukazywanie kulturotwórczej funkqi języka, a także kulturowości języka. Językowe działania w tym ujęciu stają się praktykami kulturowymi, tworzącymi rzeczywistość (Mucha 2016, Czachur 2016a). Kluczowa dla zrozumienia istoty języka w tym kontekście jest inter- akcyjna koncepcja znaku, według której „komunikowanie jest procesem świa- domym i celowym, a sam komunikat należy rozpatrywać w kategoriach teleo- logicznych: jako przekonywanie, ustalanie wspólnego sensu, jako tworzenie, a nie odtwarzanie sensu" (Warchala 2003: 79). Semiotycy powiedzą, że istotę kultur „stanowi ciągła wymiana komunikatów, więc semiotyka sygnifikacji jest tu skorelowana z semiotyką komunikaqi" (Czerwiński 2015: 31). Nie miejsce tutaj na pogłębioną refleksję nad różnymi koncepqami relacji języka i kultury. Dla potrzeb pracy wychodzimy z założenia, że lingwistykę między- kulturową potraktować można jako perspektywę badawczą dla tych badań Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orędziach noworocznych 79 porównujących różne języki i ich użycia, u których podstaw leży szeroko pojęta kulturowa teoria języka, czyli zarówno ta uwarunkowana semiotycznie, jak i studiami nad kulturą. Pojęcia międzykulturowość nie traktuję tutaj jako zjawiska typowego dla międzykulturowych sytuacji komunikacyjnych - któ- rych uczestnicy pochodzą z różnych kręgów kulturowych, co może powodo- wać zwiększone niebezpieczeństwo nieporozumień o podłożu kulturowym - ale jako atrybut odnoszący się do badań kontrastywnych o charakterze kul- turowym. Celem lingwistyki międzykulturowej jest zatem identyfikowanie różnic i podobieństw w użyciu języka na płaszczyźnie poszczególnych słów, formuł językowych, gatunków tekstu czy dyskursu pod kątem ich kulturo- wych konceptualizaqi (Wierzbicka 2007, Czachur 2007b, 2011, 2013, 2015, Dąbrowska-Burkhard 2013, Dreesen 2015). Przeprowadzona analiza wpisuje się w obszar badań kontrastywnych o charakterze międzykulturowym, ponieważ stawia sobie za cel uchwycenie kulturowych cech realizacji koncepcji bliskości w wybranym gatunku tekstu, jakim jest orędzie noworoczne. Tym samym spełniony jest warunek tertium comparationis, fundamentalny dla badań porównawczych, którym jest w tym przypadku zarówno kategoria gatunku, występująca w dwóch wspólnotach językowo-kulturowych, jak i konkretne pytanie badawcze, czyli kategoria blis- kości w tychże gatunkach (Czachur 2017). Korpus obejmuje orędzia noworoczne wygłoszone przez prezydentów Pol- ski (Aleksander Kwaśniewski, Lech Kaczyński i Bronisław Komorowski) oraz kanclerzy Niemiec (Gerhard Schröder i Angela Merkel) w latach 2002-20141. Łącznie analiza dotyczy 18 tekstów : 9 polskojęzycznych i 9 niemieckojęzycznych. 4.1. Powitania i formy adresatywne Pozdrowienia, inaczej też powitania, jako kluczowe formy grzecznościowe służą do rozpoczęcia interakcji werbalnej w komunikacji interpersonalnej (To- miczek 1983, Marcjanik 2000, Czachur 2007a, Bonacchi 2013). Jest to jednocześ- nie sygnał inicjujący kontakt, a jego realizacje językowe charakteryzują się wy- sokim stopniem stereotypizacji (Łaziński 2009, Kostro/Wróblewska-Pawlak 2016). W przypadku komunikacji zapośredniczonej medialnie chodzi o powi- tanie słuchaczy przez polityka. Z zebranego materiału wynika, że politycy w orędziach noworocznych nie używają powitań. Wyjątkiem są przemówienia Aleksandra Kwaśniewskiego z 2002 oraz 2004 roku, w których pojawiają się formuły: Dobry wieczór Państwu oraz Serdecznie witam w sylwestrowy wieczór. Pozostali politycy nawiązują kontakt z widzami za pomocą form adresa- tywnych, rozumianych tutaj za Tomiczkiem jako „wszystkie wypowiedzi per- 1 W pracy używam następujących skrótów: AK - Aleksander Kwaśniewski, LK - Lech Kaczyński, BK - Bronisław Komorowski, GS - Gerhard Schröder i AM - Angela Merkel. 80 Waldemar Czachur formatywne, które [...] służą nadawcy do nawiązania kontaktu językowego z adresatem/ adresatami, podtrzymania tego kontaktu, jak również do okreś- lenia statusu społecznego wobec adresata/adresatów zgodnie z przyjętymi społecznymi normami kulturowymi i obyczajowymi decydującymi o stopniu i charakterze dystansu między partnerami aktu bezpośredniej komunikacji" (Tomiczek 1983: 45). W polskojęzycznych orędziach zauważyć można znacz- nie bardziej rozbudowany zestaw stosowanych form adresatywnych niż w tekstach niemieckojęzycznych. Kanclerz federalna używa jedynie formuły Liebe Mitbürgerinnen und Mitbürger [Drogie współobywatelki, drodzy współ- obywatele], podczas gdy w polskich orędziach dominuje formuła „Szanowni Państwo!". Jest ona łączona z innymi formami jak np. Szanowni Państwo!, Dro- dzy Rodacy!, która precyzuje adresata komunikatu. Zintegrowane w polskojęzycznych tekstach formy adresatywne przez poszczególnych prezydentów używane były w różny sposób. Kwaśniewski używał częściej formuły Panie i Panowie!, ale i Drogie Panie! Drodzy Panowie!, Kaczyński stosował najczęściej formułę: Drodzy Rodacy!. U Komorowskiego najczęściej występowały formuły: Szanowni Państwo! Drodzy Państwo! Łączenie takich form adresatywnych jak Drogie Panie, Drodzy Panowie! Rodacy!, Szanowni Państwo! Drodzy Rodacy! w języku niemieckim nie występuje w ogóle. Innym ciekawym zjawiskiem, częściowo również uwarunkowanym syste- mem języka, jest użycie przez niemieckich polityków takich leksemów jak Mit- bürger, Mitbürgerinnen [współobywatelka, współobywatel], przede wszystkim w duchu równouprawnienia. Polscy politycy posługują się formułami: Pan, Pani, Państwo lub Rodacy. Słowo Rodacy odnosi się do członków grupy definio- wanych przez przynależność do narodu. Różnica między użyciem formuł adre- satywnych w polskim i niemieckim korpusie polega również na tym, iż stoso- wane przez polskich polityków formy Pan, Pani, Państwo wpisują się w rejestr języka codzienno-ofiqalnego, podczas gdy leksemy współobywatelki i współoby- watele w odróżnieniu od leksemów obywatelki i obywatele mają zabarwienie wspólnotowe, jednakże o charakterze instytuqonalno-ofiqalnym. Dokonując porównania, stwierdzić można, iż polscy politycy, używając formy Rodacy, częściej definiują odbiorców swoich przemówień jako osoby bliskie poprzez odwołanie do wspólnoty narodowej. Sformułowanie tego typu może z jednej strony oddziaływać negatywnie, ponieważ uwidacznia się w nim potenqał ekskluzywny, a z drugiej strony inkluzywny, o tyle, że oby- watele niebędący Polakami włączani są do wspólnoty. Inny mechanizm włą- czania do wspólnoty realizowany jest w niemieckich orędziach, ponieważ oparty jest - oczywiście tylko z perspektywy użycia form adresatywnych - na koncepcjach wspólnoty obywatelskiej, a nie narodowej, co również w kontekś- cie doświadczeń historycznych jest zrozumiałe. Różnice zauważyć można także w zdaniach iniqujących komunikaqę z odbiorcami. W Polsce politycy rozpoczynają kontakt z obywatelami albo poprzez odwołanie się do sytuacji, czyli wskazanie na przemijanie czasu, np.: Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orędziach noworocznych 81 mija kolejny rok, kończy się xx, za kilka godzin przywitamy Nowy Rok lub poprzez wyrażenie radości bycia z odbiorcami, np.: To wielki zaszczyt gościć w Państwa domach, To dla mnie wielki honor i radość gościć w ten wieczór w Państwa domach, jak co roku jako Prezydent Rzeczpospolitej, w tę szczególną sylwestrową noc mam zaszczyt zwrócić się do obywateli z noworocznym przesłaniem. W orędziach wygłaszanych przez niemieckich kanclerzy komunikaqa ini- cjowana jest przez odwołanie się do najważniejszych aktualnych wydarzeń i implikowanych wyzwań dla niemieckiej polityki czy też obywateli, np.: Ein grauenhaftes Erdbeben hat vor wenigen Tagen die Stadt Bam im Iran zerstört... [Straszne trzęsienie ziemi sprzed kilku dni zniszczyło miasto Bam w Iranie], die Bilder unfassbaren Grauens, die wir täglich sehen, sagen uns: Was weit weg geschieht, geht uns nah... [Obrazy ogromu strachu, które widzimy codziennie, mówią nam: co dzieje się daleko, dotyczy nas tutaj], Anfang dieses Jahres begannen die Menschen in Nordafrika und Nahost, in ihrer Region die politische Ordnung entscheidend zu verändern [Na początku tego roku ludzie w północnej Afryce i na Bliskim Wschodzie zaczęli zdecydowanie zmieniać porządek polityczny]. W ten sposób ujawnia się bilansujący charakter orędzia, co pozwala na wysu- nięcie wstępnej tezy, że orędzia noworoczne wygłaszane przez niemieckich kanclerzy budują - odwołując się do kategorii zaproponowanych przez Sztom- pkę (2002) - poczucie wspólnoty wykorzystując koncepcję zadaniową, a przez polskich prezydentów - koncepcję emocjonalizacji i odwoływania do świado- mości zbiorowej, co wstępnie potwierdza wcześniejsze badania (Czachur 2010). 4.2. Życzenia noworoczne i podziękowania Zaproponowana wyżej teza znajduje potwierdzenie również na płaszczyź- nie aktów składania życzeń noworocznych i podziękowań, będących central- nym elementem składowym orędzia noworocznego. Jak wskazuje Marcjanik (2000: 63), życzenia zwyczajowo składane są w początkowej fazie kontaktu. W przypadku orędzia życzenia noworoczne są ostatnią częścią tekstu, kompo- nentem zamykającym komunikację nadawcy z odbiorcą. W polskich i niemiec- kich przemówieniach noworocznych zaobserwować można znaczne różnice w sposobie realizacji i treści życzeń i pozdrowień, co ukazują poniższe przy- kłady: AK, 2003: W sylwestrowy wieczór składamy sobie życzenia, dziękujemy najbliż- szym za to, że są; że obdarowują nas swoją troską, rodzinnym ciepłem, poświęceniem, miłością. Zwracając się do Was, Drodzy Państwo, właśnie jak do bliskich, chcę Wam z całego serca podziękować - wyrazić uznanie wszystkim, którzy swoim codziennym wysiłkiem wspierają i umacniają naszą Ojczyznę. Także tym, którzy dzisiaj nie mogą świętować - pełnią służbę, pracują, troszczą się o chorych. Nasze serca są dzisiaj z Wami! Życzę, aby Nowy Rok 2004 spełnił nasze nadzieje na silną Polskę w silnej Europie; na rozwój gospodarczy i nowe miejsca pracy; na uczciwość i rzetelność insty- tucji publicznych i w relacjach między ludźmi. 82 Waldemar Czachur Wraz z moją rodziną składam Państwu życzenia spokojnych, pomyślnych dni. Ży- czę wszystkim Polakom - tu, w Ojczyźnie, i tym rozsianym po całym świecie - zdrowia, sukcesów, spełnienia marzeń. Niech nadchodzący rok będzie udany i szczęśliwy. Wszystkiego najlepszego! Życzenia są tu sformułowane bardzo szczegółowo. Są bardzo osobiste i emoqonalne, realizowane za pomocą takich aktów jak podziękowanie, np.: chcę Wam z całego serca podziękować, docenienie, np.: chcę wyrazić uznanie wszyst- kim, którzy swoim codziennym wysiłkiem wspierają i umacniają naszą Ojczyznę, wspominanie i przypominanie o tych, którzy nie mogą świętować, np.: Także tym, którzy dzisiaj nie mogą świętować - pełnią służbę, pracują, troszczą się o chorych. Nasze serca są dzisiaj z Wami. Podjęta została również próba zwrócenia się do różnych grup zawodowych. Dotyczą one zarówno kraju i zamieszkujących go obywateli, jak i ich sfery prywatnej. Widać to, choć w znacznie krótszej formie, także w następnych przykładach: LK, 2005: W imieniu własnym i mojej żony życzę nam wszystkim, życzę naszej Ojczyźnie, aby rok 2006 był rokiem solidarności prawdziwej. Abyśmy odnajdywali w nim jak najwięcej radości z niesienia pomocy i dzielenia się z innymi. Niech nadcho- dzący czas przyniesie każdemu z Państwa jak najwięcej satysfakcji z wykorzystanych szans i dobrze przeżytych dni. Do siego roku! BK, 2014: Życzę nam wszystkim, aby nadchodzący rok napełniał nas nadzieją na dobrą przyszłość i wiarą we własne siły. Życzę, aby w naszych domach gościła miłość, zaufanie i szczęście, by otaczali nas kochający i dobrzy ludzie. Niech radość tych syl- westrowych chwil pozostanie z nami przez wszystkie dni 2012 roku. Niech to będzie dobry rok! Zwraca uwagę fakt, że czasownik życzyć występuje konsekwentnie w pierw- szej osobie liczby pojedynczej w formie inkluzywnego MY, wzmocnionego przez zaimek wszystkim. Prezydenci najczęściej składają życzenia także w imie- niu swych małżonek bądź też całych rodzin, np.: Wraz z moją rodziną składam Państwu życzenia..., W imieniu własnym i mojej żony życzę... i kończą najczęściej pozdrowieniem typowym dla wieczoru sylwestrowego: Do siego roku!. Niemieccy politycy natomiast formułują życzenia krótko i w porównaniu z życzeniami polskimi znacznie mniej emocjonalnie, co ukazują kolejne przy- kłady: GS, 2004: Ich wünsche Ihnen und Ihren Familien für 2005 Glück, Erfolg und vor allem Gesundheit. [GS, 2004: Życzę Państwu wraz z rodzinami w 2005 roku szczęścia, sukce- sów i przede wszystkim zdrowia.] AM, 2007: Ich wünsche Ihnen allen ein erfülltes und gesegnetes neues Jahr 2008! [AM, 2007: Niech w tym duchu upływa nam nowy rok. Życzę wszystkim Państwu spełnionego i błogosławionego nowego roku 2008!] Inscenizowanie bliskości w polskich i niemieckich orędziach noworocznych 83 W życzenia noworoczne nie są, jak w przypadku polskojęzycznych teks- tów, wkomponowane inne akty, jak podziękowania czy wspominanie, a cza- sownik wünschen [życzyć] nie jest realizowany w formie inkluzywnego MY. Zauważyć też trzeba, że znacząca większość życzeń w orędziach niemieckich poprzedzona jest jednak apelem o charakterze życzeń, np.: GS, 2003: Weil wir in Deutschland gelernt haben: Wir sind Teil der einen Welt. Lassen Sie uns mit Vertrauen und Zuversicht ins neue Jahr gehen. [Ponieważ my w Niemczech nauczyliśmy się: jesteśmy częścią jednego świata. Wchodźmy z zaufaniem i wiarą w Nowy Rok.]. AM, 2010: Der Philosoph Karl Popper hat gesagt: „Die Zukunft ist weit offen. Sie hängt von uns ab, von uns allen". Lassen Sie uns in diesem Sinne mit Ideen, mit Neu- gier, mit Leidenschaft und mit dem Blick für den Nächsten die Lösung neuer Aufgaben anpacken. [Filozof Karl Poper powiedział: „Przyszłość jest szeroko otwarta. Ona zależy od nas, od nas wszystkich". W tym duchu zabierzmy się do rozwiązywania no- wych zadań, wykazując się kreatywnością, ciekawością, namiętnością i posza- nowaniem bliźniego.]. Apel o wspólny wysiłek i współpracę realizowany jest przy pomocy kon- strukqi: Lassen Sie uns ... ins neue Jahr gehen, das neue Jahr angehen, die Lösungen neuer Aufgaben anpacken [Wchodźmy w Nowy Rok... Obchodźmy Nowy Rok... Zabierzmy się.], realizowanym w formule inkluzywnego MY, co można inter- pretować jako część składową życzeń zadaniowych, a nie - jak w polskim kor- pusie - życzeń emocjonalnych. Występowanie tego typu działań w polskich orędziach noworocznych może wynikać z faktu, że wygłaszane są one przez prezydenta, a ten - jak wspom- niano wyżej - pełni funkqę głowy państwa i reprezentanta kraju. W odróżnie- niu od kanclerza, zabiegającego również o akceptację swojego programu poli- tycznego, zabiega on w dużej mierze o poczucie wspólnoty. 4.3. Określenia służące wzmocnieniu poczucia tożsamości i wspólnoty Dla budowania relacji między nadawcą a odbiorcą w orędziu noworocznym kluczowe jest wytworzenie poczucia wspólnoty, w tym poprzez pozytywne akty oceniające i użycie stosownych leksemów, umożliwiających inscenizację poczucia wspólnoty, jak zaimki osobowe my/wir, dzierżawcze nasz/unser oraz etnonimy: Polska, Polak, polskie i Deutschland, Deutsche, deutsch (por. tabela 1 i 2). Potencjał identyfikacyjny rzeczonych zaimków oraz etnonimów wynika z faktu, że mogą odnosić się one jednocześnie do nadawcy i odbiorcy, antycy- pując w ten sposób poczucie zbiorowości i fikcyjną wspólnotę. Są to więc formy językowe o charakterze inkluzywnym, ponieważ przy ich pomocy nadawca wyznacza obszary współdzielone z odbiorcą i tym samym modeluje relacje 84 Waldemar Czachur z nim (Zielińska 2016a: 154). W przypadku wspomnianych etnonimów chodzi o określenia adresowane do grupy, z którą identyfikuje się także sam nadawca. Tabela 1. Użycie słów odnoszących się do wspólnoty, jak Deutschland, Deutsche, deutsch, unser GS 2002 GS 2003 GS 2004 5 1 8 < Introducción De acuerdo con la(s) Teoría(s) de Gramaticalización (cf. Traugott y Heine 1991, Hopper y Traugott 2003, entre otros), sabemos que los componentes de la len- gua están sometidos a una serie de procesos "encadenados" que operan en un contexto sintáctico propicio, a partir del cual un elemento gramatical puede ex- tenderse a nuevos contextos. Paralelamente a estos cambios internos, en los últimos años hemos asistido a la publicación de resultados de investigaciones, como las que editaron Jacob y Kabatek (2001), que demuestran cómo un cam- bio lingüístico puede estar ligado a una tradición discursiva (a continuación, TD). En el marco de este planteamiento proponemos el estudio de la perífrasis verbal1 en español a través de textos fechados hasta finales del siglo XIV. En él defendemos la hipótesis de que la codificación de un nuevo elemento gramatical y su posterior extensión están determinadas fundamen- talmente por el mester de clerecía, "género de literatura cultivado por los clérigos o personas doctas de la Edad Media" (DLE 2014: s.v. mester) que se recitaba en público, planteamiento que ya hemos sostenido con anterioridad (Zieliński 2014a: 145-149). La riqueza de datos que ofrece esta tradición discur- siva justifica la presencia de los textos en verso en los corpus, incluso si, como en este caso, carece de continuidad histórica. Para fundamentar el análisis y contrastar los datos hemos seleccionado un corpus textual de tres TTDD de la época: (i) mester de clerecía, (ii) obras histo- 1 Por perífrasis verbal entendemos la unión semántico-sintáctica de dos o más verbos que constituyen un núcleo cabal y unitario del predicado. La estructura ha sufrido un pro- ceso de gramaticalización y su valor es conceptual (Zieliński 2014a: 19-25). 26o Andrzej Zieliński riográficas en prosa y (iii) documentación notarial. La elección de esa franja temporal se debe a dos razones: por una parte, la perífrasis objeto de estudio entra en competición a partir del siglo XIV con otras construcciones perifrásti- cas de gerundio (Yllera 1980: 68; Zieliński 2014a: 145-149), que presentan una notable disminución de su empleo (véanse los datos de la Tabla 1, infra), aso- ciada con su especialización semántica de marcar la idea de progresividad, cada vez más patente; por otra, con el desarrollo de la prosa castellana, la pri- mera TD antes mencionada comienza su declive, transformándose (Kabatek 2006: 159) en nuevas tradiciones2, hasta desaparecer un siglo más tarde. El artículo presenta la siguiente estructura: en primer lugar, nos ocupare- mos de las TTDD y su relación con el tipo de discurso, y propondremos una definición con el fin de que los lectores polacos se familiaricen con él (§1). A continuación, examinaremos el origen de la construcción progresiva para demostrar que su procedencia y su paulatina extensión están ligadas a determinadas TTDD (§2). Terminará el estudio con breves con- clusiones (§3) y la bibliografía manejada. 1. Tradiciones discursivas En su fecunda investigación, Halina Grzmil-Tylutki (2000; 2006; 2007) se dedicó, entre otras cosas, al problema del discurso, focalizando ante todo su carácter fuertemente institucionalizado (Grzmil-Tylutki 2007: 22), esto es, depen- diente de una situación comunicativa particular (caso de un discurso religioso, político o académico, por ejemplo). Es una condición sine qua non para analizar y estudiar la categoría del discurso, que ha de ser entendida como una unidad a caballo entre la langue y la parole en terminología saussureana. Esta idea que Halina Grzmil-Tylutki propagaba incansablemente entre los lingüistas, filólo- gos e investigadores polacos se asimila al concepto pancrónico de tradiciones discursivas, creado por los romanistas alemanes (cf. Schlieben-Lange 1983; Koch 1997; Kabatek 2006), quienes lo conciben como el proceso de repetición del discurso en el eje temporal, de tal manera que el discurso en sí adquiere valor de signo propio (Kabatek 2006: 157) y sus rasgos característicos se con- vierten en elementos íntimamente ligados, dado que a través de ellos se llega a identificar una determinada TD3. Así, el sermón religioso se distingue prag- mática y discursivamente del discurso político, ya que los recursos lingüísticos 2 Por poner un par de ejemplos, es el caso del Cantar de Mío Cid, presente en la obra his- toriográfica atribuida a Alfonso X, o Libro de Alexandre, patente en la Gran Crónica de Con- queridores de Juan Fernández de Heredia. Sobre el proceso de transformación de una TD a la otra véase el interesante estudio de Pons (2008). 3 "Wenn Man die [...] Verknüpfung zwischen einzelspachlichen Strukturen und Dis- kurstradition stets im Augen behalt, können sich andererseits bestimmte Diskurstradition als besonders geeignet erweisen, um bestimmte einzelsorachliche Fakten in massiver Häu- fung zu liefern" (Koch 1997: 59). Sobre el origen discursivo de la perífrasis 261 (fónicos, morfosintácticos, semánticos, pragmáticos o léxicos) o formales (estruc- tura de texto) empleados en ambas TTDD son diferentes, aunque los emisores se dirijan a una colectividad. Por citar solo un caso, en el sermón religioso el emisor emplea una fórmula de saludo fija, Amados hermanos en Nuestro Señor Jesucristo, cuyo empleo en el discurso político sería inadecuado porque evoca claramente elementos culturales codificados, compartidos por el colectivo y ligados íntimamente al ámbito eclesiástico. En palabras de Kabatek (2006: 157), la TD "se puede formar en relación a cualquier finalidad de expresión o a cual- quier elemento de contenido cuya repetición establece un lazo entre actualiza- ción y tradición; cualquier relación que se puede establecer semióticamente entre dos elementos de tradición (actos de enunciación o elementos referen- ciales) que evocan una determinada forma textual o determinados elementos lingüísticos empleados". De ello puede fácilmente colegirse que, si una TD evoca una determinada forma lingüística, esta pudo haber surgido como inno- vación lingüística en su seno4. En virtud de ello, la TD se caracteriza por la historicidad, lo cual supone que para poder hablar de una TD debe haber, al menos, dos textos relaciona- dos entre sí por su contenido, por sus expresiones lingüísticas o por cuestiones formales (estructura del texto). Desde un enfoque estrictamente pragmático, las TTDD pueden caracterizarse por la proximidad o la distancia comunicati- vas (Koch y Oesterreicher 1985: 16-23). Con el marco teórico elegido se justifica la división del corpus en tres TTDD. Las tres, que se caracterizan por la historicidad y la continuidad —al menos— en el periodo seleccionado, son diferentes desde la perspectiva formal. Si bien las obras del mester de clerecía se identifican por la estrofa (cuaderna vía), compuesta de 4 versos alejandrinos de 14 sílabas, con rima consonante, cuyos principios fueron expuestos en la segunda estrofa del Libro de Alexandre (1), los textos historiográficos castellanos, desarrollados a partir de la segunda mitad del siglo XIII, se especializan en utilizar la prosa como medio de expresión libre, hecho que provoca un notable desarrollo de la sintaxis española (cf. Cano Aguilar 1996). A su vez, los documentos notariales, que remiten a la tradición jurídica visigoda (cf. Kabatek 2005), se decantaron por muchas expresiones for- mulaicas, particularmente en la invocatio (la invocación, al inicio del docu- mento), la salutatio (el saludo) o la sanctio (las restricciones del contrato): (1) Mester traygo fermoso, non es de joglaria mester es sen pecado,ca es de clerecía Fablar curso rimado por la cuaderna vía a síllabas cuntadas, ca es grant maestría (Alex. 4-8) 4 Company (2008) demostró que la difusión de los adverbios de modo en -mente estuvo, al principio, vinculada a la tradición de los textos sapienciales. También en Zieliński (2014b) se puso de relieve que la extensión el sufijo -ísimo se relaciona con los manuales de buenos modales dirigidos a la clase social alta. 262 Andrzej Zieliński Por último, el término tradición discursiva no es sinónimo de género literario, ya que este puede englobar varias TTDD. Kabatek (2005) puso de relieve que en los textos jurídicos se incluyen, al menos, tres tradiciones diferentes: las fazañas (derecho oral transcrito), los fueros (derecho visigodo) y Lo codi (redes- cubrimiento del derecho romano en el siglo XII). 2. Origen discursivo de Si observamos los datos de la Tabla 1, veremos que, al menos desde el siglo XIII, la construcción aparece profusamente y su empleo con valor perifrástico (en la Tabla [-E]) gramaticalizado (2a-2c)5 supera notablemente su uso literal de movimiento ([+E]) (2d). (2) a) Fo-l creciendo el vientre en contra las terniellas fueronli faciendo pecas ennas masiellas (Mil, vv. 508a-b) b) Fo perdiendo la fuerça pero no la memoria (SDom, v. 491a) c) fue cobrando el seso, de color mejorando, (LAp, p. 136) d) El que iva fuyendo con muy grand pavor (Mil, vv. 381a-b) Como se desprende de los ejemplos anteriores, la lectura perifrástica apunta, ante todo, a la idea de duración de la actividad sin que interese destacar ni su inicio ni su fin (2a, 2c), aunque el valor progresivo, que hoy la caracteriza, tam- bién empieza a brotar, particularmente en aquellas situaciones contextuales cuyo infinitivo se relaciona semánticamente con la idea de cambio lento pero progresivo, tanto figurado como literal (Yllera 1980: 61; Zieliński 2014a: 158). Tabla 1 Frecuencia relativa de empleo S o TOTAL [-E] [+E] XIII 61% (1723) 39 % (1102) 2825 XIV 79% (620) 21% (167) 787 TOTAL 2343 1269 3612 Los datos de la Tabla 1 también resaltan un hecho de gran interés: el noto- rio descenso de su empleo, observable a lo largo del trescientos, es inversa- mente proporcional a los casos gramaticalizados registrados en nuestra base de datos. Su considerable bajada de empleo, motivada —sobre todo— por la aparición de otras construcciones perifrásticas de gerundio (especialmente, ), corre pareja a su mayor extensión semántico-pragmática (el 79%). Eso quiere decir que su empleo perifrástico se está consolidando en 5 Sobre el proceso de su gramaticalización, véase Zieliński (2014a: 145-160). Sobre el origen discursivo de la perífrasis 263 castellano, como indica el aumento en un 18% con respecto a la centuria anterior. (3) a) El sayón va diziendo: "Quien tal fizo, tal aya" (LBA, v. 1126d) b) yua clamando al pueblo et cridando ala multitut quelo cercaua de todas partes et dizie. (CConq) c) el primero mojón es como parte con el exido de Madrigalejo, como toma en el camino viejo que va de 6 Madrigalejo a Passarón a la parte de la mano derecha e va partiendo con el dicho exido de Madrigalejo (Not. CODEA) Si desde el siglo XIII los ejemplos ofrecen una lectura de duración, cabe suponer que su gramaticalización tuvo que llevarse a cabo en una época ante- rior. Gougenheim (1927: 2) registra su primer empleo en la documentación regia merovingia del siglo IX. La construcción perifrástica está también documen- tada en occitano y en francés de hasta el siglo XVI (cf. Sch0sler 2005: 120-124; Schlieben-Lange 1971: 209-211). A falta de pruebas directas que determinen con exactitud su procedencia extranjera —aunque tenemos claros indicios de la influencia gala—, parece verosímil creer que, por el carácter dinámico que presentan, su origen debe de estar ligado a la narración de un acontecimiento, como indican las primeras ocurrencias registradas en los textos del mester de clerecía. De hecho, no es raro encontrar estrofas enteras en las que se repite tres y cuatro veces la perí- frasis en cuestión, como en (4): (4) a) Desque perdieron tierra fueron mas aquedando fueron contra Asia las cabeças tornando fueron d las lagremas los ojos mondando fueron poco a poco las rrasones mudando (LAlex, vv. 248, a-d) b) Commo lo tenie en pleno, fuelo luego tirando yval poco a poco los lazos sosacando quando mas lo tirava, mas se yva quexando quesle yvan toda via los laços apretando (LAlex, vv. 473, a-d) c) Por agua e por tierra los fueron conbatiendo fueron el miedo todos con la saña perdiendo los de Tiro todos fueron se ençendiendo fuese derredor de la villa la rrebuelta faziendo (LAlex. vv. 1081 a-d) Los ejemplos precedentes (4a-4c) ofrecen una lectura modoaspectual. En todos ellos se intensifica una actividad ya en sí dinámica, lo que se expresa con la perífrasis, y, con ello, "el lento progresar de las acciones, inmovilizar las acciones en el tiempo" (Markic 2011: 133). Sus primeros empleos, vinculados al mester de clerecía (véanse los datos recogidos en la Tabla 2), sirven, por lo tanto, para dinamizar las actividades descritas, para darles más colorido de 264 Andrzej Zieliński cara al público. Los datos recogidos en la Tabla 2 ponen de manifiesto su abru- madora frecuencia en la TD del mester de clerecía (92%), frente al empleo mar- ginal en las obras historiográficas (7%) y notariales (1%). En este sentido, los resultados expuestos coinciden con las observaciones de Pusch (2003: 506) y Sch0sler (2005: 120-124), quienes asociaron los primeros empleos de la perí- frasis francesa análoga con el género épico. Tabla 2 Frecuencia relativa de empleo según la TD '''\TD Sigl°\ clerecía historiográfico notarial TOTAL XIII 2596 (92%) 196 (7%) 33 (1%) 2825 XIV 348 (44%) 357 (45%) 84 (11%) 787 TOTAL 2944 553 117 3612 Creemos que la difusión de la perífrasis debe verse estre- chamente ligada a la épica, género discursivo de procedencia gala (Cirot 1942: 7-11; Menéndez Pidal 1957: 277), introducido en la Península Ibérica a través del Camino de Santiago, sobre todo por la Orden de Cluny, desde el siglo XI. Los cluniacenses imponen sus modelos educativos, entre otros lugares, en el studium palentino, primera universidad española donde se enseñaba a escola- res del estamento social más alto, quienes, ansiosos por transmitir lo apren- dido al pueblo, en primer lugar, lo textualizaron y, luego, lo difundieron por vía oral (cf. Rico 1985: 12-13; Moreno Hernández 2003: 1-2)6. En este sentido, el mester de clerecía ha de situarse a caballo entre la oralidad y la textualidad, entre la proximidad y la distancia comunicativa: es la oralidad mixta, en térmi- nos de Zamthor (2001), en la que lo oral está determinado por lo textual: Ambos modelos interactúan en las obras de clerecía. [...] Los clérigos hacen gala de la ostentación erudita de su maestría a través de la inclusión directa de fuentes latinas y evidencian un manifiesto empeño didáctico, una conciencia de la necesidad de difundir el nuevo saber. Para llevar a cabo este propósito [...] se recurre a las técnicas juglarescas. (Balestrini y Chicote 1997: 47) Precisamente, una de las técnicas juglarescas empleadas para vivificar un acontecimiento narrado y ya dinámico per se es el empleo de la construcción perifrástica, gracias a la cual, según Markic (2011: 133), quien utiliza un símil cinematográfico, "el hablante frena el progresar de la acción como si una 6 El afán de difundir lo aprendido queda reflejado en la primera estrofa del Libro de Alexandre: Señores, si quisierdes mi servicio prender/ querriavos de grado servir de mi mester: deve de lo que sabe ome largo seer/ si non, podrie en culpa e en riepto caer (LAlex.1a-d). Sobre el origen discursivo de la perífrasis 265 cámara enfocara e inmovilizara un fragmento de narración desarrollándola lentamente". El empleo de , por lo tanto, actualiza eventos pasados, dignos de marcarse como si estuvieran en curso. Con la estrategia del tipo HIC ET NUNC (cf. Pusch 2003: 506) se establece una proximidad comuni- cativa entre el juglar y un público deseoso de escuchar la historia de un santo o de un personaje mítico. Aunque el mester de clerecía hubiese carecido de la posibilidad de interactuación propiamente dicha, la proximidad física que se establece entre los participantes del acto de habla facilitaría la actualización de un evento dinámico mediante recursos extralingüísticos (gestualidad, emotivi- dad del juglar, etc.) (vid. Ong 2013): (5) a) La infante Tarsiana, d'Estrángilo nodrida, fue salliendo tan buena, de manyas tan conplida (LAp, p. 197) b) Lo que Santo Domingo avié ante asmado ya iva urdiendo la tela el mal pecado (SDom, vv. 168 a-b) c) Mando los míos libros todos a Gonçalo, mío criado, e çient morauedís en que lo vaya criando sua madre e demays otra tanta ropa conmo a María (DocL. no. 2628 del año 1300) La preponderancia en el mester de clerecía pone de mani- fiesto que nos encontramos ante una innovación —seguramente extranjera — por elaboración (Jacob y Kabatek 2001: X), cuya difusión en castellano se llevó a cabo a través de esta TD y se convirtió en mero indicador de la misma. Prueba de ello lo constituye el único ejemplo registrado en la TD notarial de la época (5c). Para nosotros, es evidente que al escriba del documento le resul- taba conocida la construcción (recuérdese que, después de los estudios, muchos letrados trabajaron como notarios). Al igual que en los ejemplos del mester de clerecía, en este la fuerza ilocutiva actualiza el valor modoaspectual de dura- ción desde la misma perspectiva HIC ET NUNC, a la cual se añade la visión progresiva del evento por el significado del auxiliado (criar). Ahora bien, Pusch (2003: 499) advierte del riesgo de sobrestimar su abru- madora frecuencia en la TD en la que se inscribe el mester de clerecía, ya que su presencia puede deberse al hecho de facilitar la rima consonante del verso alejandrino de la cuaderna vía. En efecto, la creación de la rima consonante es una incuestionable técnica mnemotécnica para asociar eficazmente la forma con el contenido discursivo, de gran extensión y repleto de imágenes vivas. Sin lugar a dudas, su empleo también puede relacionarse con el cómputo silá- bico. Lo notamos en particular en el Libro de Alexandre (6a), lo que no debe de sorprendernos, ya que esta obra podría concebirse como paradigma de una nueva TD elaborada por clérigos de Palencia que tuvieron acceso a la versión gala, el Alexandreis, escrita por Gautier de Châtillon (Rico 1985: 10). En las obras posteriores, en cambio, la perífrasis ya no cumple nece- sariamente este papel, dado que los predicados perifrásticos suelen aparecer en el interior del verso (6b-6c): 266 Andrzej Zieliński (6) a) En medio dia pasado fue la siesta viniendo fueron las moscas grandas e las bispas viniendo fueron de fuera guisa las bestias metiendo tanto que a los omes se yvan cometiendo (LAlex, vv. 2150, a-d) b) Alabáuanla todos, Apolonio callaua; fue pensando el rey por qué él non fablaua, demandóle & díxol' que se marauellaua, que con todos los otros tan mal se acordaua. (LAp, p. 133) c) Ouo desta palabra el rey muy gran sabor, semeióle que le yua amansando la dolor; mandó de sus coronas aduzir la meior, diola a Apolonio, hun buen violador. (LAp, p. 136) d) El malo en la red los sus pies va poniendo; cuida que tien' consejo e por ende perdiendo se va de cada día, nunca lo entendiendo; cayendo en el lazo, el mal se va cresciendo. (Palac. 4915 a-d) e) En quanto ella anda estas obras faziendo Don Carnal el doliente iva salud aviendo ivase poco a poco de la cama irguiendo pensó cómo feziesse como fuese reyendo (LBA, vv. 1180 a-d) Sin embargo, en los textos de la centuria siguiente, cuando esta TD está ya en declive, la perífrasis, como mero indicador discursivo, vuelve a desempeñar la función que tenía en su inicio. La rima es, por lo tanto, el factor que deter- mina, en gran medida, su empleo en versos alejandrinos ya no tan regulares (va poniendo - perdiendo - entendiendo - se va cresciendo). Ahora bien, los datos de la Tabla 2 también ponen de relieve un cambio radical que se produce a lo largo de dos siglos analizados. Si durante el Dos- cientos notamos su abrumadora frecuencia en el género discursivo del mester de clerecía, superando con creces otras dos TTDD analizadas, a partir del Tres- cientos disminuye considerablemente su empleo en el mester de clerecía (44%) y se incrementa en el género historiográfico (45%). En principio, se percibe también un notable aumento en los textos notariales (11%), pero las pocas ocurrencias registradas pertenecen al mismo documento (7), lo cual, evidente- mente, no permite sacar conclusiones de otro tipo: (7) como toma en el camino viejo que va de 6 Madrigalejo a Passarón a la parte de la mano derecha e va partiendo con el dicho exido de Madrigalejo; e otrossí como va partiendo con el Campiello que fue de Blasco Martín el crespo (Not. CODEA) Sobre el origen discursivo de la perífrasis 267 Con todo, a la luz de los datos emanados del corpus, observamos la difu- sión y extensión de esta perífrasis al género historiográfico, que empieza a hacer suyo el empleo antes reservado al mester de clerecía. Ambos tienen en común su objetivo: narrar un evento o dar cuenta de una actividad mediante distintos recursos lingüísticos, siendo las prosificaciones las causantes del paso de la la perífrasis al género historiográfico7. (8) a) Et de alli auant nunqua parecio mas que ahun va caçando de noche (CronCon) b) conel Rey passaron sobre los cauallos nadando los quales fizieron grant ayuda alos que auien ydo conel alcançcar los moros que yuan fuyendo desque plegron al Rio de Palmones (GranCron) c) dexo ala rreyna que era ençinta en valladolid. & desque llego a huepte & le yuan llegando las gentes llegole mandado dela rreyna su muger en commo encaesçiera de vn fijo varon (Sancho IV) El análisis sobre el corpus seleccionado permite apreciar que la perífrasis se usa con predicados dinámicos, mediante los cuales el emisor pretende vivi- ficar una actividad determinda (8a-8c). No obstante, con su paulatina adop- ción por el género histioriográfico, va desapareciendo el valor actualizador, omnipresente en el mester de clerecía (9a y 9b), pero se mantiene el valor diná- mico y progresivo de una actividad: (9) a) Quanto mas va beviendo el mas puede arder (LAlex, v. 1903, d) b) Et dixo el mas uale qui lo adeuina que qui lo va cercando et no lo troba (CronCon) En realidad, esto no debe sorprender. Con el paso a otro tipo de texto, representante de otra tradición, la perífrasis ya no se relaciona con la proxi- midad discursiva, espacio común del cual surge la perspectiva que comparten el emisor y el público, sino que muestra un valor totalmente opuesto: el de la distancia discursiva. 3. Conclusiones En las páginas precedentes hemos intentado demostrar que el origen de la construcción perifrástica ha de asociarse con la tradición dis- cursiva del mester de clerecía, a la que se debe su empleo en los siglos XIII y XIV. Su abrumadora presencia se debe a que es un instrumento muy útil para actualizar el contenido proposicional de carácter dinámico desde la per- spectiva del origo discursivo que comparten tanto el emisor como el colectivo a quien iban, en principio, dirigidos sus textos. A esa causa se unen otras dos: el mantenimiento del cómputo silábico y, con su uso al final de los versos, la 7 Sobre el peso de la transformación de una TD en otra, remitimos a Pons (2008). 268 Andrzej Zieliński rima consonante. Estas son las principales razones que contribuyeron, sin lugar a dudas, a su éxito en castellano medieval. Asimismo, se ha demostrado que el mester de clerecía constituye una buena fuente para el estudio de buen número de cambios lingüísticos, ya que, desde la perspectiva de las tradiciones discursivas, aunque esta no tenga continuidad histórica, algunos de sus rasgos pudieron pasar a otra, gracias —entre otras cosas— a las prosificaciones, como prueba la perífrasis . 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Na podstawie zebranego korpusu, obejmującego teksty epickie, notarialne i historiograficzne, napisane w przedziale między XII a XIV w., staramy się pokazać dyskursywne pochodzenie peryfrazy oraz stopniowe rozprzestrzenianie się jej użycia i rozszerzanie znaczenia. Littérature Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Magdalena Bartkowiak-Lerch Università Jagellonica di Cracovia La Comedia delle ninfe fiorentine: nella selva dei sensi 1. La fortuna delle opere di Giovanni Boccaccio in Polonia L'opera di Boccaccio per la maggior parte dei lettori polacchi significa senz'altro il Decameron. Gli altri suoi componimenti sono molto meno diffusi in Polonia e sostanzialmente poco noti. Eppure è proprio a Boccaccio che dobbiamo la nascita del romanzo pastorale e gli inizi della critica dantesca, egli aiutò anche la rinascita della egloga classica. Nelle sue opere unisce la tradizione classica a quella della poesia amorosa francese e italiana (Dolce Stil Novo), alla lettera- tura moraleggiante e allegorica e infine alla tradizione dei racconti popolari. In Polonia, la presenza della prosa di Boccaccio si nota abbastanza presto. Boccaccio è probabilmente il primo prosatore italiano tradotto in polacco (Mi- szalska et all. 2011: 8): già prima del 1551 un autore anonimo pubblica la novella Griselda tratta dal Decameron e questa novella è forse la più popolare di tutti i racconti del capolavoro boccacciano (esistono ben quindici versioni polacche). Fino al XX secolo non vengono tradotte altre opere di Boccaccio scritte in volgare, e del Decameron abbiamo, fino alla metà del XIX sec., solo traduzioni di singole novelle. Fra le cosiddette opere giovanili rese in polacco si trovano Filocolo ed Elegia della madonna Fiammetta. Vi si possono aggiungere altre due, composte nell'ultimo periodo di vita di Boccaccio: Corbaccio e Vita di Dante (tradotte sempre nel XX secolo). Considerando la produzione letteraria complessiva di Boccaccio si nota una certa preferenza dei traduttori polacchi verso le opere di carattere moraleggiante: Griselda, diffusa in tutta l'Europa grazie alla sua versione latina ad opera di Petrarca, godeva di tale popolarità che finì addirittura come proposta dei mercati di letteratura popolare (Miszal- ska et all. 2011: 9, Miszalska 2015: 38-40). Magdalena Bartkowiak-Lerch Per quanto riguarda il romanzo pastorale, in generale si può osservare che questo genere, che nell'Europa occidentale riscuoteva un grande successo nel XVI sec., in Polonia non ebbe la stessa popolarità. Tale mancanza di interesse si spiega con diversa situazione politico-culturale della Polonia dell'epoca. Nel XVI sec. furono tradotti solo due romanzi di tematica amorosa, ma non pasto- rale, di cui uno di Enea Silvio Piccolomini scritto in originale in latino (Historia de duobus amantibus) e l'altro, Historia de Aurelio e Isabela di Lelio Manfredi del 1521, che era a sua volta traduzione del romanzo spagnolo di Juan de Flores, Grisel y Mirabella (Miszalska 2015: 29-30). Di Jacopo Sannazzaro, ad esempio, fu tradotto il poema latino De partu Virginis, ma non l'Arcadia, il prosimetro pastorale che diede origine a tutto un filone di letteratura in Italia e oltre. Non stupisce in questo contesto la mancanza della versione polacca della Comedia delle ninfe fiorentine, romanzo scritto in prosimetro che viene considerato come antenato del romanzo pastorale italiano e modello dell'Arcadia di Sannazzaro. In Europa la Comedia fu copiata volentieri in manoscritti, di cui ventinove si sono conservati ai nostri tempi. Il più antico è della fine del Trecento, l'ultimo del Settecento, e la maggior parte proviene dal Quattrocento. Inoltre, contiamo nove edizioni a stampa, di cui la prima è del 1478 (Quaglio 1963). L'ultima, edizione critica ad opera di Antonio Enzo Quaglio, del 1963, è base della maggior parte delle ristampe e traduzioni in altre lingue. La lingua dell'opera fu uno degli oggetti nel dibattito secentesco sull'aspetto della lingua nazionale: dopo un iniziale periodo dell'imitazione i gusti cambiarono e già Jacopo San- sovino, nella prefazione alla sua edizione del 1545 (1558) sottolinea che, men- tre lo stile di Ameto, essendo oscuro, non risponde alle esigenze della lingua elegante, quello del Decameron oltrepassa nell'eleganza addirittura la lingua del Cortegiano di Castiglione. 2. La Comedia delle ninfe fiorentine La Comedia delle ninfe fiorentine (conosciuta anche con il titolo Ninfale d'Ameto, o semplicemente Ameto, attribuitole più tardi dai copisti ed editori) di Gio- vanni Boccaccio fu composta tra il 1339 e il 1340 (Zaccarello 2010, online)1. La situazione dell'autore in quel periodo cambia notevolmente. Dopo il ritorno a Firenze in conseguenza dei problemi finanziari del padre Boccaccio si trova fuori dalla cerchia della vita cortigiana spensierata di Napoli e dalla compa- gnia degli amici. In quel periodo nella sua opera si fa più sentito l'influsso della letteratura allegorica toscana, prima di tutto quella dantesca. Il primo componimento fiorentino è proprio la Comedia che appartiene ancora al periodo della produzione giovanile, di gusto cortese e la quale è segnata dall'atteg- giamento filogino. È allo stesso tempo il primo romanzo pastorale moderno. 1 Gli studiosi non concordano sul periodo preciso della stesura dell'opera. Żaboklicki, ad es. sostiene che fosse stata composta tra il 1341 e il 1342 (1980: 100). 274 La Comedia delle ninfe fiorentine: nella selva dei sensi 275 È composto di 50 capitoli (secondo la divisione di Antonio Enzo Quaglio, autore dell'edizione critica dell'opera), con 31 parti in prosa e 19 in terzine di endecasillabo. Nell'opera si racconta la storia dell'innamoramento di un rozzo pastore, Ameto, di una ninfa, Lia, e della trasformazione intellettuale e spirituale dell'innamorato sotto l'influsso dell'amore. Un giorno, durante la caccia nei boschi tra i fiumi Arno e Mugnone, il pastore si imbatte in un gruppo di sette bellissime ninfe, di cui Lia è la più bella. A partire da quel giorno passa molto tempo nella loro compagnia fino all'inverno che interrompe i loro incontri. Nei mesi della separazione dalle ninfe l'amore di Ameto cresce e quando final- mente incontra di nuovo la graziosa compagnia, nel giorno della festa di Venere, le ninfe decidono di passare le ore più calde della giornata insieme al pastore in un locus amoenus raccontando le storie dei loro amori. Alla fine le ninfe si rivelano incarnazioni delle sette virtù cristiane: quattro cardinali e tre teologali: Mopsa è la Sapienza, Emilia - la Giustizia, Adiona - la Temperanza, Acrimonia - la Fortezza, Agapes - la Carità, Fiammetta - la Speranza, e Lia - la Fede. Tutte sono sposate, ma solo una ama il proprio marito. Tutte hanno scelto amanti che incarnano qualità contrarie a quelle rappresentate dalle ninfe - in questo modo viene mantenuto l'equilibrio tra le virtù e i vizi. Ascoltando i loro racconti Ameto subisce una trasformazione interna e una sublimazione dell'animo. La giornata si conclude con il bagno purificatorio del pastore che simboleggia il passaggio dalla vita animalesca e sensuale a quella umana e ragionevole. La dea Venere che discende dal cielo alla fine dell'incontro si rivela la rappresentazione di dio cristiano. Tale costruzione allegorica macchi- nosa, alquanto forzata, ha come obiettivo quello di sposare i gusti della lettera- tura cortese con la dimensione cristiana. Con quest'ultima dimensione l'opera si richiama alla Commedia di Dante, in cui troviamo (nel Purg XXIX e XXXI) le incarnazioni delle sette virtù e il bagno nel fiume nel quale Dante-pellegrino viene immerso da Matelda, simbolo della fede. Il richiamo al poema dantesco si scopre anche nel titolo dell'opera che sottintende lo sviluppo della trama da un triste inizio a un lieto fine, nella metrica (la terzina) e nel componimento allegorico in cui si racconta l'ascesa intellettuale e spirituale del protagonista grazie all'incontro con figure mitiche. Un'altra fonte di isprirazione dantesca è senz'altro la Vita Nuova, dalla quale Boccaccio presta la struttura del prosimetro e la figura della donna di cui è innamorato il protagonista (Zaboklicki 1980: 100). Accanto ai modelli dantes- chi si enumerano comunque molte altre opere che ebbero influsso sull'Ameto: classiche, come le Bucoliche di Virgilio e De consolatione Philosophiae di Boezio, e medievali, tra cui De mundi universitate di Bernardo Silvestre e l'Anticlaudia- nus di Alano di Lilla. Fra le altre fonti letterarie che si menzionano, contempo- ranee all'autore, si trova Il Fiore (Boccaccio 1985: XVI) di dubbia attribuzione dantesca, e con ciò - indirettamente - anche il Romanzo della Rosa trecentesco. Boccaccio segue senza dubbio (o meglio: si mette in dialogo con) anche il 276 Magdalena Bartkowiak-Lerch codice dell'amor cortese tramandato dalla tradizione letteraria e riconducibile a De Amore di Andrea Cappellano. Sfoggia la propria cultura letteraria clas- sica, non solo con i richiami continui ai miti antichi, ma anche negli aspetti for- mali: le frasi del romanzo sono elaboratissime e risentono molto delle strutture del latino. Il suo periodo, allo stesso tempo elegante e complicato, divenne più tardi modello della prosa italiana (Boccaccio 1985: XXI). Tra i richiami intrates- tuali alle opere dell'autore si può sicuramente menzionare la Caccia di Diana e il Filocolo (ICCU 2016, online). Allo stesso tempo, come si è già menzionato, la Comedia, accanto alla Vita nuova, è l'antecedente dell'Arcadia di Jacopo San- nazzaro, e con questo di tutta la tradizione del romanzo pastorale, popolare in Europa a partire dalla fine del XV secolo fino al sec. XVII. D'altro canto, dal punto di vista strutturale e contenutistico l'opera preannuncia il Decameron: i racconti sono racchiusi in una cornice e introdotti da un proemio dell'autore stesso. I personaggi si incontrano in un locus amoenus situato nel paesaggio tos- cano, comunque fuori dalla città, e la conversazione avviene tra giovani: donne (qui le ninfe) e uomini, che sviluppano i loro racconti uno dopo l'altro. Non senza ragione gli editori chiamarono dunque la Comedia "piccolo Deca- merone" (Francesco Sansovino nella sua edizione del 1558 la chiama proprio con questo nome, cfr. Sansovino 1586: 4). Vi sono presenti elementi ascrivibili a varie epoche: la propensione moraleggiante e lo sfoggio enciclopedico di stampo classico e medievale si sposa qui con il gusto bucolico, satirico e anche realistico che da una parte si richiamano all'Antichità e dall'altra sono pre- sagio del gusto umanistico. Tale intreccio fa sì che l'opera può essere conside- rata come una fibbia che unisce i tempi vecchi e nuovi. Il suo significato allu- sivo, con il quale si avvicina alle Bucoliche di Virgilio, fu uno degli aspetti che le assicurarono il successo editoriale nella Firenze contemporanea: infatti, in molti personaggi che appaiono nell'opera si possono riconoscere persone reali, rappresentanti di famiglie fiorentine note ai conteporanei di Boccaccio. Insie- me al gusto realistico delle descrizioni dei luoghi e ai racconti degli amori non privi di dettagli piccanti, questo aspetto donava uno spirito goliardico così caro a Boccaccio e sviluppato più tardi nella sua opera più importante. Secondo gli studiosi, Boccaccio stesso si cela nelle figure di Caleone - amante di Fiammetta (identificata con Maria d'Aquino, la donna-personificazione dell'amore di Boc- caccio che appare nelle altre sue opere: Filocolo, Amorosa Visione ed Elegia di Madonna Fiammetta e poi nel Decameron) e di Ibrida - amante della ninfa Emilia, identificata con Emiliana dei Tornaquinci (Zaboklicki 1980, Boccaccio 1985). 3. Dialogo con il codice dell'amor cortese Se volessimo guardare più da vicino la trama del romanzo e l'impostazione della storia d'amore, scopriremmo che il protagonista, ovvero il pastore Ameto, segue in linea di massima il codice d'innamoramento ereditato da De Amore di Andrea Cappellano, che - a sua volta - adattò l'Ars amandi di Ovidio e altri La Comedia delle ninfe fiorentine: nella selva dei sensi 277 scritti antichi e medievali per creare una vera e propria summa amoris ad uso della corte medievale, codice presente nella letteratura dei siciliani e degli stilnovisti. Infatti, Jacopo da Lentini nel sonetto Amor è un desio accoglie quasi letteralmente la definizione dell'innamoramento formulata da Cappellano: "Amor est passio quaedam innata procedens ex visione et immoderata cogita- tione formae alterius sexus" (Cappellano, I, I, 1). Come vuole la tradizione cortese, la passione coglie il giovane all'improvviso, ma nel caso di Ameto, protagonista della Comedia, lo coglie attraverso il senso dell'udito (il pastore sente la canzone della ninfa), non come voleva Cappellano attraverso la vista, la quale giunge solamente in un secondo momento. Boccaccio si distacca dal codice dell'amor cortese non solo nell'ordine dei sensi impegnati nella perce- zione della donna amata, ma anche nel modo di ricevere la sua visione (Bosi- sio 2013: 4): mentre la tradizione letteraria voleva che la donna si palesasse all'uomo che si trovava a contemplare la sua bellezza quasi oltremondana, come nel caso del primo incontro tra Dante e Beatrice nel secondo capitolo della Vita Nova: ... quando a li miei occhi apparve prima la gloriosa donna de la mia mente [...] e vedeala di sì nobili e laudabili portamento, che certo di lei si potea dire quella parola del poeta Omero: «Ella non parea figliuola d'uomo mortale, ma di deo». E avvegna che la sua imagine, la quale continuatamente meco stava, fosse baldanza d'Amore a segnoreggiare me, tuttavia era di sì nobilissima vertù, che nulla volta sofferse che Amore mi reggesse sanza lo fedele consiglio de la ragione in quelle cose là ove cotale consiglio fosse utile a udire (Alighieri 1932: 1, 2). nella Comedia si assiste ad una scena di quasi spionaggio da parte del pas- tore che intravede la donna, insieme ad altre ninfe, e la scruta in termini di puro erotismo: ... e rimirandola tutta con occhio continuo, tutta in sé la loda, e insieme con lei la voce, il modo, le note e le parole della udita canzone; e in sé con non falso pensiero reputa beato chi di sì bella giovane la grazia possiede; e in cotale pen- siero dimorando, sé medesimo mira, quasi dubbio fra 'l sì e 'l no d'acquistarla; e alcuna volta, sé degno di quella estimando, in sé si rallegra. [...] E così in con- tinui combattimenti s'accende del piacere di colei la quale mai più non aveva davanti veduta; e quanto che elli imagini il nuovo disio non dovere al disiderato fine arrecare, cotanto più di quello l'appetito s'affuoca (Comedia V, 4, 62). La natura selvaggia della foresta offre uno sfondo che sottolinea e giustifica la dimensione sensuale della scena. Un chiaro riferimento al mito di Atteone (Comedia, III, e passim) pone invece l'opera in una esplicita opposizione alla tra- dizione classica (Ovidio, Metamorfosi): mentre Diana, vedendosi scoperta da Atteone lo trasforma in cervo che viene lacerato dai cani da caccia della dea, qui, da parte di Lia si ha il permesso di guardarla. Infatti, le ninfe fermano 2 Tutte le citazioni della Comedia delle ninfe fiorentine provengono dall'edizione critica di Antonio Enzo Quaglio (Boccaccio 1963). 278 Magdalena Bartkowiak-Lerch i loro cani che si avventano contro Ameto. Anche il modo di guardare le donne-ninfe oltrepassa i modi cortesi e si avvicina alla tradizione sensuale dei fabliaux medievali: Egli, mirandole effettuosamente con ardente disio, in sé medesimo fa diverse imaginazioni concordevoli a' suoi disii. Egli alcuna volta imagina d'essere stretto dalle braccia dell'una e dell'altra strignere il candido collo, e quasi come se d'alcuna sentisse i dolci baci, cotale gusta la saporita saliva; e tenente alquanto la bocca aperta, nulla altra cosa prende che le vane aure (Comedia XXVIII, 4-5). L'amore nella Comedia è quindi senza dubbio quello carnale, d'accordo con la definizione in De Amore, in cui la dottrina amorosa fu chiamata da Viscardi fisiopsicologica (1970, online). La stessa impostazione si ritrova più tardi nel Romanzo della Rosa. Vi si sintonizza anche nella posizione delle donne-ninfe che scelgono i propri amanti in modo attivo e di loro propria volontà, e di regola instaurano rapporti extraconiugali, secondo la dottrina di De Amore. È comune a quelle opere e agli stilnovisti anche il risultato di sublimazione del pastore grazie all'influsso dell'amore della ninfa. Egli parte comunque da una condi- zione ben inferiore da quella prevista nelle opere di riferimento. Infatti, inizial- mente non possiede le virtù descritte nel secondo libro di De Amore: il valore, il coraggio, la gentilezza, la generosità e l'eleganza. È un villano dai modi di comportamento rozzi, dedicato alla caccia. Invece in conseguenza dell'incon- tro con la ninfa subisce una trasformazione dallo stato quasi animalesco alla vita umana degna e civile: ... presi Ameto del mio piacere e fui presa del suo, come potete vedere. [...] Costui, seguitandomi, ho io tratto della mentale cechità con la mia luce a cono- scere le care cose, e volenteroso l'ho fatto a seguire quelle; e già non crudo né ruvido sembra, se bene si mira, ma abile, mansueto e disposto ad alte cose si può vedere (Comedia XXXVIII, 114, 117) e ancora: similemente vede che sieno le ninfe, le quali più all'occhio che allo 'ntelletto erano piaciute, e ora allo 'ntelletto piacciono più che all'occhio (Comedia XLVI, 3). Si può considerare invece come il sorpasso del codice dell'amor cortese il richiamo allegorico alla dimensione divina cristiana. Pur essendo presente, nel codice cavalleresco di Cappellano, la sublimazione spirituale sotto l'influsso dell'amore, non vi troviamo l'identificazione dell'amata con divinità cristiane. Invece, nel capitolo XXXVIII della Comedia, Lia si dichiara devota sia a Cibele, simbolo della Chiesa cattolica, sia a Venere che funge qui da incarnazione della fede cristiana e addirittura di Dio stesso: Ma essendo io dalla mia puerizia a Cibele divotissima stata e avendo sotto la sua dottrina visitati i monti e gli archi usati e le saette, tutta di Venere, non so come, nelle fiamme m'accesi (Comedia XXXVIII, 113). La Comedia delle ninfe fiorentine: nella selva dei sensi 279 La dimensione allegorica cristiana dell'amore mondano non sembra comun- que quella più originale né più significativa. Ciò che distingue l'atteggiamento amoroso nella Comedia sullo sfondo della tradizione precedente medievale, sembra l'unione felice della carnalità e della spiritualità, e con questo la tras- gressione dei rigidi schemi etici e retorici funzionali nel Medioevo. "L'amore [...] viene inteso con nuovi criteri, cercando di conciliare le ragioni della morale religiosa con la natura" (Bosisio 2013: 14). La bellezza e l'attrazione fisica non contraddice così le qualità morali e la visione più libera e aperta d'amore, presentata nei racconti delle ninfe, è un vero preannuncio del clima che percorre tutto il Decameron. Bibliografia ALIGHIERI Dante, 1932, Vita Nova, a cura di Michele Barbi, Firenze: Bemporad, dis- ponibile onlline da: https://skypescuola.files.wordpress.com/2015/05/dante- alighieri-vita-nova.pdf (consultato il 20.12.16). BOCCACCIO Giovanni, 1558, Ameto: Comedia delle ninfe fiorentine, a cura di Francesco Sansovino, In Vinegia apresso Gabriel Giolito De' Ferrari. BOCCACCIO Giovanni, 1940, L'Ameto - Lettere - Il Corbaccio, a cura di Nicola Brus- coli, Bari: Laterza. BOCCACCIO Giovanni, 1963, Comedia delle ninfe fiorentine (Ameto), edizione critica a cura di Antonio Enzo Quaglio, Firenze: G.C. Sansoni. 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ŻABOKLICKI Krzysztof, 1980, Giovanni Boccaccio, Warszawa: Wiedza Powszechna. Summary The Comedia delle ninfe fiorentine: in a forest of senses The aim of this paper is to present an opera that is not very well-known to Polish readers: the Comedia delle ninfe fiorentine by Boccaccio. Firstly, we give a brief glance at the the author's works both in prose and poetry, with regard to their translations from the earliest times until today. Secondly, we present the Comedia considering the characters, the plot and all the complexity of its literary inspira- tions. In conclusion, we focus on the dialogue between the conception of the courtly love code of De Amore by Andreas Cappellanus and the concept of love we find in the Comedia. Streszczenie Komedia o nimfach florenckich: w gąszczu zmysłów Artykuł ma na celu przybliżenie jednego z mniej znanych polskiemu czytelni- kowi dzieł Boccaccia: Komedii o nimfach florenckich. Rozpoczyna go krótki przegląd losów twórczości prozatorskiej i poetyckiej autora, pod kątem istniejących polskich przekładów tych dzieł, od czasów najdawniejszych po dzień dzisiejszy. Następnie zwraca się uwagę na złożoność wątków dzieła będącego przedmiotem artykułu oraz jego inspiracji literackich. Najistotniejszym punktem tej analizy jest dialog koncepcji miłości zawartej w Komedii z kodeksem miłości dwornej opisanym w De Amore Andreasa Cappellanusa. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Regina Bochenek-Franczakowa Uniwersytet Jagielloński w Krakowie Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia Kiedy w roku 1835 ukazał się w Paryżu pierwszy tom Wspomnień Élisabeth Vigée Le Brun, ich autorka była od dawna uznaną znakomitością wśród mala- rzy portrecistów epoki; postrzegana była również przez swych współczesnych jako bezcenny świadek minionej epoki, owego ancien régime'u obalonego przez Rewoluqę Francuską. Lata dwudzieste i trzydzieste XIX wieku były we Fran- qi, według określenia Pierre Nora, „wielką chwilą pamiętników"1. Kult historii, tak istotny w porewolucyjnej rzeczywistości oraz kult „ja" przejawiający się z coraz większą mocą w literaturze wczesnego romantyzmu, splotły się wów- czas tworząc zjawisko, które Damien Zanone nazwał „impulsem narracyjnym" (pulsion narrative)2. Każda jednostka mogła mieć poczucie, że jej przeżycia z przełomu wieków są znaczące dla dziejów, w wymiarze zarówno osobistym, jak i publicznym; każdy mógł więc czuć się powołanym do zostawienia świa- dectwa tych niezwykłych dla Francji czasów. Jednocześnie zjawisko to łączyło się z ogromnym zainteresowaniem publiczności literackiej wydarzeniami niedawnej przeszłości, co wydawcy oczywiście skwapliwie wykorzystali3. Utwór Elisabeth Vigée Le Brun wpisuje się zatem w pewien nurt literacki i his- toryczny lat trzydziestych XIX wieku. Jego oryginalny charakter nie pozwala jednak wtłoczyć go w żadne klasyfikacje. Jak to ujęła Geneviève Haroche-Bou- 1 P. Nora, cyt. za: Damien Zanone, Écrire son temps. Les Mémoires en France de 1815 à 1848, Presses Universitaires de Lyon, Lyon 2006, s. 15. 2 D. Zanone, ibidem, s. 12. 3 Zanone podaje, że w latach 1815-1848, ukazało się ok. 600 tytułów pamiętników, z czego 450 ineditów poświęconych niedawnej przeszłości. Ibidem, s. 15. 282 Regina Bochenek-Franczakowa zinac, autorka edyq'i krytyczny Wspomnień Vigée Le Brun, jest to utwór „hybry- dyczny", sytuujący się pomiędzy „pamiętnikami a autobiografią"4. Na Wspom- nienia składają się bowiem różne formy narracyjne, tworzące mozaikowy utwór 0 mieniących się barwach i przybierające wielorakie funkqe. Pierwszy tom (spośród trzech woluminów), zawiera dwanaście listów pisanych przez Elisa- beth Vigée Le Brun w 1829 roku do Księżnej Natalii Kuragin; w tomach dru- gim i trzecim znajdują się wspomnienia spisane w formie narracji adresowanej do wirtualnego czytelnika: 35 rozdziałów, które przeplatane są czasem kores- pondenqą. I tak rozdział 32-gi zawiera relację z podróży do Szwajcarii, w for- mie 9 listów napisanych przez malarkę do Heleny z Massalskich Potockiej; ponadto w innych rozdziałach znaleźć można listy pisane przez autorkę lub otrzymywane przez nią, oraz poematy, pieśni itp. W zbiorze wspomnień zna- lazło się również 38 zapisków i portretów różnych postaci, które autorka znała osobiście; wreszcie, Vigée Le Brun dołączyła listę portretów, które wykonała w różnych okresach swego życia. Ta różnorodność tekstów powoduje, że nie- łatwo określić jednoznacznie gatunek literatury pamiętnikarskiej, do którego zaliczałyby się Wspomnienia Vigée Le Brun; można natomiast wyróżnić w tym utworze kilka wątków, którym warto się przyjrzeć z bliska. Na karcie tytułowej Wspomnień Elisabeth Vigée Le Brun widnieje motto z Wyznań Jana Jakuba Rousseau5. Wspominanie jako rodzaj przeżywania po raz drugi chwil z przeszłości wprowadza wątek wyznań o sobie oraz osobach 1 zdarzeniach z prywatnego życia. Jakież przeżycia staną się moim udziałem, gdy przypominać sobie będę i różnorodne wydarzenia, których byłam świadkiem, i przyjaciół istniejących już tylko w moich myślach! Przyjdzie mi to jednak łatwo, gdyż moje serce pa- mięta i w chwilach samotności ci przyjaciele tak drodzy otaczają mnie jeszcze, ożywają bowiem w wyobraźni.6 Ten krótki, i jedyny we Wspomnieniach „pakt autobiograficzny" zawiera jesz- cze dwa inne znamienne aspekty. Pierwszy, to zapowiedź podróży w prze- szłość, która ma wypełnić samotność starszej kobiety (zaczynając pisać listy do Księżnej Kuragin, Vigée Le Brun miała 74 lata). Drugi aspekt dotyczy „nieza- wodnej pamięci"; autorka jest tego świadoma, skoro wyznaje: Wyzyskam zresztą w tej relacji zapiski poczynione w różnych okresach życia, dotyczące mnóstwa osób portretowanych przeze mnie, które w większości nale- 4 E. Vigée Le Brun, Souvenirs 1755-1842, texte établi, présenté et annoté par G. Haroche- Bouzinac, Honoré Champion, Paris 2008, s. 7. Wznowienie tego wydania Wspomnień ma- larki: Champion Classiques, 2015. 5 „ En écrivant mes Souvenirs, je me rapellerai le temps passé, qui doublera pour ainsi dire mon existence". Cytaty z oryginalnej wersji Wspomnień, w moim tłumaczeniu [R.B.-F.] Motto zostało pominięte w polskim wydaniu Wspomnień E. Vigée-Lebrun. 6 Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, Wspomnienia, tłumaczyła Irena Dewitz, Czytelnik, wstęp Stefan Meller, Warszawa 1977, s. 23. Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia 283 żały do mojego towarzystwa; dzięki tej pomocy poznasz, pani, równie dobrze jak ja najmilsze chwile, jakie przeżyłam.7 „Serce", które „pamięta" jest wyraźnym sygnałem wrażliwej retrospekqi, ale niekoniecznie musi zapowiadać spowiedź-wyznanie o najintymniejszych przeżyciach kobiety artystki. Najbogatsze w fakty autobiograficzne są listy pisane do Księżnej Kuragin, obejmujące okres życia artystki do 1789 roku. Forma epistolarna ułatwia wyz- nania; kierowane do konkretnej, życzliwej adresatki, stają się one mniej kło- potliwe do sformułowania. I chociaż nie jest to korespondenta intymna, jak pisze G. Haroche Bouzinac „adresatka [...] pośredniczy między 'ja' a innymi", co pomaga Vigée Le Brun opowiedzieć o swoich przeżyciach8. Znamienny wydaje się tutaj wybór sprawdzonej w literaturze XVIII wieku narraqi pierw- szoosobowej, listu-pamiętnika, a nie formy dziennika intymnego9. Vigée Le Brun zanurzona jest wciąż w klimacie oświeceniowej sociabilité, w której pod- trzymywanie kontaktów społecznych było nieodzownym elementem życia prywatnego. Opowieść o dzieciństwie i młodości rozwija się przede wszystkim pod zna- kiem budzenia się i kształtowania talentów malarskich przyszłej artystki; dużą rolę odegrał w tym przypadku ojciec, portrecista, malarz pasteli, Louis Vigée. Elisabeth pisze o ojcu ciepło, jest dla niej autorytetem i mistrzem, którego chce naśladować także w życiu. Innym ważnym członkiem rodziny jest dla niej brat, a po wyjściu za mąż za Jean-Baptiste Le Brun'a, jedyna córka Julia. Elisa- beth Vigée Le Brun jest dość dyskretna, jeśli chodzi o swe życie prywatne. Naj- więcej dowiadujemy się o jej uczuciach do ojca, brata, do córki; o mężu pisze powściągliwie - doceniając jego pomoc w pierwszych latach małżeństwa, skarży się na jego rozrzutność, która pochłaniała wszystko, co zarobiła pracą portre- cistki. Owa dyskrecja wypływa być może z usposobienia malarki; jest też zapewne cechą właściwą literaturze pamiętnikarskiej francuskiego klasycyzmu. Pani Vigée Le Brun pisze o sobie i swych bliskich w sposób nie przekraczający granic „dobrego smaku" oraz „przyzwoitości" (le bon goût i les bienséances) właściwych osobistym wyznaniom w sferze ludzi „szlachetnie urodzonych" i dobrze wychowanych (les honnêtes gens). Jest jednak wątek, który autorka rozwija, by się obronić przed szkalowa- niem, jakie ją spotkało tuż przed wybuchem rewolucji. Chodzi o aferę zwią- zaną z osobą Generalnego Poborcy Podatkowego, Charles'a de Calonne'a. W liście siódmym autorka dokładnie tłumaczy skąd wzięły się plotki na temat jej rzekomych profitów, a nawet posądzenia o związek z ministrem, po nama- lowaniu jego portretu (w 1785 r.). Nie dziwi fakt, że Vigée Le Brun, związana 7 Ibidem, l.c. 8 G. Haroche-Bouzinac, „Introduction" in E. Vigée Le Brun, Souvenirs, 2008, op.cit., s. 15. 9 Po tę formę narracji sięgnął inny artysta, Eugène Delacroix w swym Dzienniku, który zaczął redagować w 1822 roku (pierwsze wydanie: Plon, Paris 1893). 284 Regina Bochenek-Franczakowa z dworem królewskim, znana jako ulubiona portrecistka Marii Antoniny i jej dam dworu, stała się nieuchronnie celem niewybrednych ataków pamflecistów. Ten aspekt wspomnień Vigée Le Brun upodabnia je do wielu innych pamiętni- ków napisanych po 1815 roku przez arystokratów, którzy przeżyli zawieruchę Rewoluqi - tłumaczą się oni często z powodów wyjazdu z Franqi, oddając atmosferę ostatnich lat ancien régime'u, w której wzrastało zagrożenie życia. Chęć wytłumaczenia się, może nawet zrzucenia z siebie ciężaru odpowiedzial- ności była dość częsta w francuskich pamiętnikach pierwszej połowy XIX wieku. Ten lekko apologetyczny rys autobiografii malarki nie uszedł uwadze Gene- viève Haroche-Bouzinac, która rozumie głębsze przyczyny takiego charakteru autoportretu10. Nie można tego powiedzieć o interpretacji historyka, Stefana Mellera, który z przekąsem wypowiada się o Vigée Le Brun w przedmowie do polskiego wydania Wspomnień: jego zdaniem autorka skupiła się „nie na dba- łości o szczegół historyczny, lecz raczej na wizerunku moralnym postaci. No i dopięła swego: jest czysta jak łza. Zupełnie z innej epoki. Grzeczne dziecko oddające się nieustannie zbożnym celom i żadnych tam wyskoków, niesfor- nych pomysłów [...]"u. Ów sarkazm wydaje się niepotrzebny i krzywdzący dla autorki Wspomnień. W retrospekcji nakreślonej w listach do Księżnej Kuragin, Elisabeth Vigée Le Brun skupiła się zwłaszcza na tym, w jaki sposób doszła do swej pozycji i wypracowała swój warsztat. Na każdym kroku podkreśla, jak ważna była dla niej praca, której podporządkowywała stopniowo nie tylko układ dnia, lecz nawet strój. Pracowała po 10 godzin dziennie; po to, by jak najwięcej sko- rzystać z naturalnego światła dziennego, zrezygnowała z proszonych obiadów w porze południowej, zostawiając sobie na wieczór przyjemność bywania w towarzystwie. Niekrępujący strój pozwalał jej swobodnie pracować; ciekawe są uwagi artystki na temat pomysłu na ubieranie się, niezależne od panującej mody, dostosowane do trybu życia kobiety. Innym rysem jej biografii, który podkreślany jest w opowieściach Vigée Le Brun, to skromność jej egzystencji. Autorka poświęciła cały list, by opisać słynną „grecką kolaqę", o której krą- żyły plotki co do jej wystawności, a którą malarka wydała dla kilkorga przy- jaciół, za jedyne 15 franków. „Niestety, to prawda, że od momentu wejścia w świat stałam się celem ataków głupoty i niegodziwości" - wyznaje Vigée Le Brun12. Nie dziwi więc, że w swych wspomnieniach taki nacisk kładzie ona na tłumaczenie tych poczynań, które były przedmiotem obmowy w przeszłości. W sumie, opowieść o życiu do roku 1789 artystka zbudowała wokół dwu głównych osi swej biografii tego okresu: formowania się talentu, początków sukcesów malarskich oraz uczestnictwa w życiu elity towarzyskiej, związanej z dworem królewskim w Wersalu. To pierwsze pokazuje charakterystyczny dla samouków - a takimi były wówczas głównie utalentowane kobiety - głód 10 G. Haroche-Bouzinac, op.cit., s. 8-9. 11 S. Meller, „Przedmowa" w: L.-E. Vigée-Lebrun, Wspomnienia, op.cit., s. 12. 12 L.-E. Vigée-Lebrun, Wspomnienia, op.cit., s. 74. Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia 285 wiedzy, połączony z dość przypadkowymi studiami warsztatowymi, polega- jącymi na kopiowaniu płócien wielkich mistrzów oglądanych w galeriach i zbiorach sztuki, wtedy najczęściej prywatnych. Z opowieści wyłania się obraz młodej osoby wykazującej się ogromną determinacją i siłą woli. Powiązania artystki z elitą towarzyską ancien régime'u wynikają natomiast z jej sukcesów jako portrecistki. Dzień, w którym jako młoda dziewczyna ujrzała Marię Antoninę w ogro- dach Marly-le-Roi, jest przedstawiony jako moment szczególny, opromieniony niezwykłym światłem. Ale to od 1779 roku Elisabeth Vigée Le Brun portretuje Królową. Na początku V listu umieściła wspaniały opis Marii Antoniny, u któ- rej zachwycała ją zwłaszcza cera tak przejrzysta „że nie imał jej się cień"13. Na kilku stronach malarka wspomina o portretach Królowej, które namalowała, kreśląc zarazem jej sylwetkę jako osoby dobrej, o ujmującym podejściu do oto- czenia. Opisy członków rodziny królewskiej, których portretowała wszystkich (z wyjątkiem hrabiego d'Artois), nie są już tak idealizowane. Vigée Le Brun potrafi uchwycić szczegół, śmiesznostkę (np. Ludwika XVIII śpiewającego fał- szywie), robi to jednak taktownie, bez cienia złośliwości. W tej części wspomnień Elisabeth Vigée Le Brun otrzymujemy barwny obraz, jak to sama określiła, „dawnego Paryża", z rozrywkami, które miasto oferowało młodej kobiecie - miejsca przechadzek, spektakle, urocze zakątki stolicy, które zniknęły po Rewoluqi; znajdziemy również opisy kilku pięk- nych parków (Sceaux i Marly-le-Roi). Autorka wspomnień chętnie też wraca do dawnych znanych postaci - aktorów i aktorek, muzyków oraz najmilszych jej sercu bywalców w jej domu. „Przyznasz, droga przyjaciółko - pisze do Natalii Kuragin, że były to szczęśliwe czasy, czasy, gdy nie istniały ważniejsze powody do niepokoju, i mogły one powstać tylko wśród oświeconych ludzi"14. Obrazy te są łagodne, opromienione nostalgią za czasami młodości zacierającą ostre kontury zdarzeń. Jest w nich jednak czasem przebłysk tego, co nastąpiło w 1789 roku, w wyniku zburzenia zastanego porządku jej świata. To tkwi jak drzazga w wspomnieniach o niektórych postaciach: o pannie Bouquet, z którą uczyła się malarstwa15, o księżnej de Lamballe16 czy o pani Du Barry - wspo- minając je, musi przecież przywołać straszne obrazy ich śmierci na szafocie w czasach Terroru. Ostatni list, dwunasty, zawiera wspomnienia z „okropnego roku 1789" i ucieczki z Paryża. Pani Vigée Le Brun bardzo bała się „pospólstwa", „pros- 13 Ibidem, s. 54. 14 Ibidem, s. 68. 15 „Czemuż to nie mogę pani mówić o tej czarującej kobiecie nie przypominając sobie jej tragicznego końca", ibidem, list II, s. 36. 16 „Okropny koniec tej nieszczęśliwej księżnej jest dostatecznie znany", list V, s. 61. Księżna de Lamballe zginęła w czasie masakr wrześniowych w więzieniach paryskich w 1792 roku, krążyły opowieści o okrutnym potraktowaniu jej zwłok. 286 Regina Bochenek-Franczakowa tackich sankiulotów"17. Przerażona obrotem wydarzeń w stolicy, wyjeżdża do Rzymu, 5 października - w tym samym dniu, gdy para królewska została siłą sprowadzona z Wersalu do Paryża. Listy do Księżnej Natalii Kuragin kończą się na przeprawie przez Alpy: „Tu dopiero zaczęłam oddychać, znajdowałam się poza Franq'ą, tą Franq'ą, która przecież była moją ojczyzną i czyniłam sobie wyrzuty, że opuszczam ją z radością"18. To wewnętrzne rozdarcie, typowe dla emigrantów francuskich tych czasów, będzie towarzyszyć malarce przez wszystkie lata jej pobytu w różnych krajach Europy. Krzywdzący i niesłuszny jest sąd polskiego historyka, który widzi w tym uchodźstwie „wyjazd nie za chlebem, lecz do pracy, której - jak sądzić mogła - z różnych względów byłaby pozbawiona"19. Pani Vigée Le Brun, jako osoba tak bardzo związana z wizerunkiem Marii Antoniny, z całą pewnością podzie- liłaby los pani Du Barry - zapewne przeczuwała to niebezpieczeństwo, rato- wała więc życie, sobie i córce. Po śmierci Księżnej Kuragin w 1831 r., Vigée Le Brun wraca do spisywania wspomnień, ale czyni to już w formie narracji pamiętnikarskiej, adresowanej do potencjalnego czytelnika. Tonacja tych pamiętników, podzielonych na roz- działy, jest już inna; wspomnienia mniej nasycone osobistymi przeżyciami, stają się bardziej relaqą z podróży. Czytelnik podąża za panią Vigée Le Brun przez pół Europy; najpierw zwiedza ona Italię, potem jedzie do Wiednia, przez Prusy do Rosji, by wrócić do Francji po 1800 roku; odbywa podróż po Szwajcarii, wyjeżdża też do Londynu na okres kilku lat, by wreszcie osiedlić się na stałe w swej ojczyźnie. W owych 35 rozdziałach, zajmujących ponad 440 stron tekstu, pani Vigée Le Brun stara się oddać całe bogactwo zwiedzanych miejsc - miast, muzeów, kościołów. Jest niezwykle wrażliwa na piękno płócien mistrzów sztuki włoskiej i flamandzkiej; zachwyca się architekturą miast, ale również pejzażem, zwra- cając uwagę na kolor nieba i zieleni, na światło, chmury, potoki. Jest szczególnie wrażliwa na krajobrazy łagodne, sielskie, ale odkrywa również malowniczą grozę wysokich gór. W swych zapiskach z podróży czy z dłuższych pobytów, pani Vigée Le Brun dużo miejsca poświęca również ogólnemu klimatowi miej- sca, charakterowi jego mieszkańców, obyczajom i uroczystościom, których była świadkiem. Czytelnik otrzymuje dzięki temu ciekawe świadectwo życia w kilku europejskich krajach z początku XIX wieku. Francuza interesowało zwłaszcza to, co malarka mogła opowiedzieć o Rosji, która od XVIII wieku była przedmiotem fascynacji. Vigée Le Brun przebywała kilka lat w Peters- burgu i Moskwie, poznała dwór carycy Katarzyny II i Pawła I, portretowała carycę i cara, członków ich rodziny i dworu. O możnych tego świata artystka wyraża się zawsze z szacunkiem, jaki budzi w niej ich pozycja władców. Wy- raźnie dobrze czuła się w Wiedniu a potem w Rosji, gdzie miała dużo zamó- 17 Ibidem, s. 116-117. 18 Ibidem, s. 124. 19 S. Meller, „Wstęp", op.cit., s. 11. Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia 287 wień portretów i mogła uczestniczyć w „światowym życiu" arystokratycznej elity, który w niczym nie różnił się, zdaniem malarki, od tego, co znała z daw- nych czasów we Franqi. Ten ciepły stosunek do Rosji rozciąga się nawet na obraz ludu rosyjskiego, o którym Vigée Le Brun pisze z niekłamaną sympatią. Pani Vigée Le Brun nie jest zwykłą turystką gromadzącą wrażenia. W jej podróżach pozostaje wciąż coś z ciągłej ucieczki przed powrotem do kraju. Gdy po pobycie w Italii znajdzie się w Turynie, z zamiarem powrotu do Paryża, widok tłumu nieszczęśliwych uchodźców z Franqi odsunie ją od tego zamiaru (rozdz. X). Wieści o tragicznym losie pary królewskiej dotarły do niej, gdy była w Wiedniu: przeżywa to boleśnie, postanawia namalować obraz ich ostatnich chwil w więzieniu w Temple - w tym celu pisze list do lokaja króla Ludwika XVI, pana Cléry z prośbą o podanie jej szczegółów dotyczących wyglądu celi, ubioru postaci, itd. Autorka „przytacza" w całości odpowiedź Cléry'ego. Ten list wywarł na Vigée Le Brun tak silne wrażenie, że nie była w stanie takiego obrazu namalować; zdołała jedynie pod jego wpływem zro- bić portret królowej z pamięci, by posłać go córce Marii Antoniny, księżnej d'Angoulême (rozdz. XIX). Powrót do ojczyzny w 1801 roku był dla malarki wstrząsającym przeżyciem: Nie próbuję opisać co działo się ze mną gdy dotknęłam ziemi francuskiej, którą opuściłam przed 12 laty, przerażenie, boleść, radość wstrząsały mną kolejno (bo wszystkiego po trochu było w tysiącznych wrażeniach, które wzburzyły mą duszę). Opłakiwałam przyjaciół, których utraciłam na szafocie, ale miałam ujrzeć tych, którzy mi jeszcze zostali. Ta Francja, do której wracałam, była w prze- szłości teatrem okrutnych zbrodni; ale ta Francja była mą ojczyzną!20 Pani Vigée Le Brun miała szczęście, jej mąż oraz brat nie ucierpieli w okre- sie Terroru i przywitali ją serdecznie. To jednak nie wystarczyło, by pozostała na dłużej w mieście, którego widoku nie mogła znieść bez smutku: „Ogólnie, widok Paryża wydał mi się mniej wesoły; ulice wydały mi się tak wąskie, że myślałam iż stoją przy nich dwa rzędy domów. Zapewne wzięło się to ze świe- żych wspomnień o ulicach w Petersburgu i Berlinie"21. Nieprzyjemnie uderzyła ją zwłaszcza obecność napisów na murach „wolność, braterstwo albo śmierć": „Te słowa, uświęcone przez Terror, wywoływały we mnie smutne myśli o przeszłości i pozostawiały lęk co do przyszłości"22. Nie akceptuje również nowej „elity" związanej z władzami Konsulatu. Dlatego też decyduje się na wyjazd do Londynu, gdzie zostanie kilka lat. Elisabeth Vigée Le Brun nie była nigdy w Polsce, ale „polonica" są obecne w jej portretach, wśród których znajdują się wizerunki reprezentantów najzna- mienitszych polskich rodów magnackich, z królem Augustem Poniatowskim 20 E. Vigée Le Brun, Souvenirs 1755-1842, op.cit., rozdz. 27, s. 635. 21 Ibidem, s. 641. 22 Ibidem, s. 642. 288 Regina Bochenek-Franczakowa włącznie23. W rozdziale 12, opowiadając o swym pobycie w Wiedniu, pani Vigée Le Brun wspomina: Towarzystwo Polek bardzo miłe - są one prawie wszystkie urocze i śliczne, kilku najładniejszym namalowałam portrety. Najczęściej zbierały się u księżnej Lubomirskiej, którą poznałam dawniej w Paryżu, w czasie, gdy zrobiłam por- tret jej siostrzeńca [Henryka Lubomirskiego R.B.-F.]. Prowadziła ona jeden z naj- bardziej znamienitych domów tego miasta, wydawała piękne koncerty i urocze bale. Widziałam również duże zgromadzenie Polek u księżnej Czartoryskiej.24 Dużo ciekawsze są wspomnienia malarki o Stanisławie Auguście Poniatow- skim, którego poznała w Petersburgu, gdzie ostatni król Rzeczypospolitej prze- bywał po abdykacji. W rozdziale 22 autorka przypomina w kilku zdaniach o jego losie: Poniatowski był dobry i miły, lecz być może brakowało mu dość energii, by utrzymać w ryzach buntowniczy duch panujący w jego państwie. Uczynił wszystko, by spodobać się szlachcie i ludowi, po części nawet mu się to udało, jednakowoż tyle było chaosu wewnętrznego i woli ościennych mocarstw, by zagarnąć Polskę, że jego zwycięstwo graniczyłoby z cudem.25 Pani Vigée Le Brun wyraźnie polubiła Stanisława Augusta Poniatowskiego, ujęta jego powierzchownością i sposobem bycia: Jego piękna twarz wyrażała łagodność i życzliwość. Brzmienie jego głosu było przenikliwe a jego ruchy pełne godności, bez żadnej afektacji. Rozmowa z nim była czarująca, posiadał bowiem wysoki stopień znajomości i umiłowania literatury. Uwielbiał sztuki piękne tak bardzo, że w Warszawie, gdy był królem, odwiedzał najwybitniejszych artystów.26 Sympatia ta odbiła się zapewne na obu portretach, które namalowała ostat- niemu polskiemu władcy - odmłodzone rysy starszego mężczyzny skrywają jednak smutek. Warto zaznaczyć, że Vigée Le Brun, jako świetna „fizjono- mistka", odczytała nadchodzącą śmierć w oczach Poniatowskiego, w czasie jednego z przyjęć, jakie wydawał dla grona przyjaciół, o czym pisze w tym rozdziale Wspomnień27. Polski czytelnik ma do dyspozycji Wspomnienia Elisabeth Vigée Le Brun w przekładzie Ireny Dewitz, opatrzone wstępem Stefana Mellera; książka ukazała się w serii „Pamiętniki kobiet" w wydawnictwie Czytelnik w 1977 roku. Jest to wersja okrojona do listów malarki pisanych do Księżnej Kuragin, 23 J. Mycielski, St. Wasylewski, Portrety polskie Elżbiety Vigée-Lebrun 1755-1842, Wydaw- nictwo Polskie R. Wegner, Lwów-Poznań 1928. 24 E. Vigée Le Brun, Souvenirs 1755-1842, op.cit., s. 482. 25 Ibidem, s. 583-584. 26 Ibidem, s. 584-585. O kontaktach Poniatowskiego z Vigée Le Brun w Petersburgu zob. J. Mycielski, St. Wasylewski, op.cit., s. 101-109. 27 E. Vigée Le Brun, Souvenirs 1755-1842, op.cit., s. 585-586. Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia 289 przy czym czytelnik nie został o tym poinformowany, a listy są ponumero- wane jak rozdziały. Listy zostały zresztą w polskim przekładzie pozbawione formułek epistolarnych. Przekład jest wierny, wspomnienia kończą się jednak na ucieczce Elisabeth Vigée Le Brun z Franqi w 1789 roku, co sprawia, że pol- ski odbiorca otrzymuje jedynie wiedzę o dzieciństwie i młodości malarki. Wy- dawca dołączył jeszcze dwadzieścia trzy zapiski i portrety, spośród tych, które figurowały w I tomie oryginalnych Wspomnień28. Nacisk położony więc został na formowaniu się talentu i osobowości malarki, na obrazie życia w „dawnym Paryżu" sprzed Rewolucji, wreszcie, na umiejętności uchwycenia przez artystkę cech charakteru portretowanych osób. Brak dalszych części Wspomnień powo- duje, że polski czytelnik nie będzie mógł w sposób pełny poznać psychiki i oso- bowości twórczej Elisabeth Vigée Le Brun. Niestety wstęp pióra Stefana Mel- lera, naznaczony protekcjonalnym stosunkiem do kobiecej twórczości, stanowi słabą zachętę do zagłębienia się w ten dość nietypowy pamiętnik. Z kart Wspomnień wyłania się ciekawy autoportret kobiety - artystki, która całe życie poświęciła pracy twórczej, w epoce, która nie sprzyjała spokojnej działalności artystycznej. Trudności w zdobyciu wiedzy i warsztatu malar- skiego przezwyciężyła wytrwałością, samodyscypliną i pracą. Była przy tym skromna, sukcesy nie przewróciły jej w głowie. Z dużą dozą łagodności wy- raża się o swych znajomych, a o mocodawcach, zawsze z szacunkiem. W życiu prywatnym pokazała się nam jako osoba oddana rodzinie i przyjaciołom. Warto podkreślić, że nawet o swych przeciwnikach, autorach paszkwili na swój temat, nie wyraża się ze złością czy gniewem - raczej z rozżaleniem. Zarzuca się pani Vigée Le Brun, że w swych portretach zanadto idealizowała kobiece modele. Być może była to cecha jej temperamentu, przejawiająca się również we Wspom- nieniach: nie mówić źle o innych, to nie tylko sposób, by ich szanować, ale też być przez nich szanowaną. Pod tym względem dyskrecja pani Vigée Le Brun wydaje się odstawać zarówno od salonowej konwersacji, która uwielbiała pikan- tne szczegóły, jak i od ekshibicjonistycznej narracji w romantycznych dzienni- kach intymnych. Najważniejsze wydaje się jednak to, że ten heterogeniczny zbiór zapisków łączy, jak pisze Geneviève Haroche-Bouzinac, „jednolita tonaqa", „spojrzenie malarza", które „nakłada się na spojrzenie pamiętnikarza, by upiększyć scenę niezwykłym światłem"29. Charakter owych Wspomnień najpełniej oddaje 28 Są to portrety następujących osób: Ksiądz Delille, Chamfort, Pani de Genlis, Pani de Verdun, Robert, Diuszesa de Polignac, Książę de Ligne, Doktor Franklin, Książę de Nassau, Pani de La Reynière, David, Pan de Beaujon, Vigée, Markiz de La Rivière, Pan Pelletier de Morfontaine, Książę Henryk Pruski, Hrabia d'Espinchal, Hrabia de Flahaut, Panna Qui- nault, Hrabia de Rivarol, Paul Jones, Mesmer, Panowie Charles i Robert. Brak zapisków do- tyczących następujących osób: hrabia de Vaudreuil, hrabina de Sabran potem marszałkowa de Boufflers, Lebrun, poeta, markiza de Grollier, hrabina d'Houdetot, marszałek de Biron i marszałek de Brissac, pan de Talleyrand, pan de La Fayette, pan Boutin, pan de Sainte- James, Guinguené, pan de Buffon, Voltaire, hrabia d'Albaret. 29 G. Haroche-Bouzinac, „Introduction" in E. Vigée Le Brun, Souvenirs, 2008, op.cit., s. 13. 290 Regina Bochenek-Franczakowa bowiem wyznanie malarki o jej nadwrażliwości na barwy, światło i dźwięki. Kiedy ktoś jej doradził, by zrezygnowała z malowania, skoro jest tak nad- wrażliwa, odpowiedziała: „żyć i malować było zawsze dla mnie jednym i tym samym słowem"30. Zamiana pędzla na pióro w licznych portretach, pejzażach, obrazkach rodzajowych zawartych na kartach Wspomnień, świadczy o głębo- kiej wrażliwości na piękno tego świata, wyrażanej wbrew wszystkim trudnoś- ciom życiowym i zawieruchom dziejowym. Jest to przesłanie ze wszech miar godne naszej uwagi i szacunku. Bibliografia Mycielski Jerzy, WASYLEWSKI Stanisław, 1928, Portrety polskie Elżbiety Vigée-Lebrun 1755-1842, Lwów & Poznań: Wydawnictwo Polskie R. Wegner. VIGÉE Le Brun Elisabeth, 2008, Souvenirs 1755-1842, texte établi, présenté et annoté par Geneviève Haroche-Bouzinac, Paris: Honoré Champion. VIGÉE-LEBRUN Louise-Elisabeth, 1977, Wspomnienia, tłumaczyła Irena Dewitz, wstęp Stefan Meller, Warszawa: Czytelnik. ZANONE Damien, 2006, Écrire son temps. Les Mémoires en France de 1815 à 1848, Lyon: Presses Universitaires de Lyon. Summary The Memoirs by Elisabeth Vigée Le Brun - a self-portrait at the turn of the Enlightenment Elisabeth Vigée Le Brun's Memoirs make us aware of an exceptional personality. As a portraitist of the greatest monarchs and of the aristocratic high society of the Enlightenment Europe, Lady Vigée Le Brun illustrates a rather uncommon fate for the woman of the 18th century: when she became famous, she managed to gain her autonomy, including the economic one, thanks to her artistic work. The paper is only a very short presentation of her Memoirs, and its main aim is to complete the lacks of the Polish edition (which is very modest) of that autobiography. We draw attention to the "hybrid" form of the narrative, halfway through the memoirs and the autobiography, as well as to the Polish threads, which lack in the Polish publica- tion. The Memoirs by Lady Vigée Le Brun strike also by their contents: we find not only a story of her life, but also portraits, landscapes, descriptions of the visited cities and towns, museums and galleries that impressed this female painter. The reading of the memoirs transports the modern reader back to the turbulent and memorable era of the turn of the Enlightenment, at which the artist has a look of painter. Because, as she said, "painting and living was always a single and the same word" for her ("peindre et vivre n'a jamais été qu'un seul et même mot pour [elle]"). 30 „Peindre et vivre n'a jamais été qu'un seul et même mot pour moi", E. Vigée Le Brun, Souvenirs 1755-1842, op.cit., s. 438. Wspomnienia Élisabeth Vigée Le Brun - autoportret na tle epoki przełomu Oświecenia 291 Résumé Les Souvenirs d'Élisabeth Vigée Le Brun - autoportrait au tournant des Lumières Les Souvenirs d'Élisabeth Vigée Le Brun nous mettent en présence d'une person- nalité exceptionnelle. Portraitiste des plus grands monarques et de l'élite aristocra- tique de l'Europe des Lumières, Mme Vigée Le Brun illustre une destinée peu com- mune pour la femme du XVIIIe siècle : devenue célèbre, elle réussit à se procurer l'autonomie, aussi économique, assurée par sa création artistique. Cet article n'est qu'une présentation fort sommaire de ces Souvenirs, visant surtout à compléter ce qui manque dans l'édition polonaise, fort modeste, de cette autobiographie. Nous attirons l'attention sur la forme « hybride » du récit, à mi-chemin des mémoires et de l'autobiographie, ainsi que sur les polonica absents de la publication polonaise. Les Souvenirs de Mme Vigée Le Brun frappent aussi par leur contenu : encore plus qu'un récit de vie, on y trouve des portraits, paysages, descriptions des villes par- courues, musées et galeries visitées par la femme peintre. La lecture de ces mémoires reporte le lecteur moderne à l'époque mouvementée et mémorable du tournant des Lumières sur laquelle l'artiste pose un regard du peintre. C'est que, comme l'a avoué l'artiste, « peindre et vivre n'a jamais été qu'un seul et même mot pour [elle] ». Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Katarzyna Dybeł Uniwersytet Jagielloński w Krakowie Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes „Najważniejszym kluczem do przybytku mądrości jest ciągłe, to znaczy częste stawianie pytań." (Piotr Abelard, Tak i nie)1 Teksty średniowieczne kryją w sobie wielką wrażliwość na słowo. Nie chodzi jedynie o poziom poetyki dzieła. Słowo jawi się jako kategoria metafizyczna, wychowująca do transcendencji i otwierająca drogę do Innego Świata, pojmo- wanego - w zależności od inspiracji do jakiej odwołują się autorzy - jako świat eschatologii judeo-chrześcijańskiej, mitu celtyckiego czy pogańskich wierzeń. Słowo niejednokrotnie okazuje się kategorią sprawczą i iniq'acyjną, staje się narzędziem metamorfozy. Słowo żyje i posiada swoją moc, oddziałując na świat przedstawiony utworu, ale i na odbiorcę tekstu. Sytuuje się bowiem na wielu poziomach, pośród których poziom werbalny jest poziomem najbar- dziej uchwytnym, a przecież nie zawsze najistotniejszym dla przesłania dzieła. Inne poziomy, do odkrycia których zaprasza egzegeza średniowieczna2, której zasady były znane klerkom zajmującym się nie tylko teologią, ale i literaturą, odsłaniają jeszcze bogatsze pokłady znaczeń - mira profunditas, przedziwną 1 Piotr Abelard, Tak i nie, (in:) tenże, Rozprawy, tłumaczenie L. Joachimowicz, Warszawa: Instytut Wydawniczy Pax, 1969, s. 286. 2 Zob. na przykład Henri de Lubac, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l'Ecriture, cz. I i II, Paris: Aubier, 1959/1964. Podstawowym założeniem średniowiecznej egzegezy było przyję- cie zasady poczwórnej lektury: historycznej, alegorycznej, tropologicznej i anagogicznej: „Littera gesta docet, quid credas allegoria, moralis quid agas, quo tendas anagogia" („Litera naucza faktów, alegoria - w co wierzyć, moralność - co czynić, a anagogia - ku czemu podążać"). Tylko takie spojrzenie miało umożliwiać właściwe zrozumienie tekstu biblijnego lub zainspirowanego Biblią. Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes głębię, nie mający kresu las, niezgłębione Niebo, przepaść bez dna i bezkresne Morze3. Zdarzają się jednak sytuaqe, w których słowo okazuje się bezsilne. Traci swoją moc lub pozostaje na uwięzi, nie mogąc zaistnieć, dopóki nie zostaną spełnione warunki przywracające wpisaną w jego misję moc oddziaływania. Do tej szczególnej wizji słowa odwołują się często teksty arturiańskie francus- kiego średniowiecza. Ich bohaterowie wyruszają na poszukiwanie przygód, wśród których poszukiwanie słowa i odkrywanie jego tożsamości staje się inspiracją do podejmowania fascynujących wędrówek. Jednym z najbardziej emblematycznych utworów, odsłaniających liczne oblicza słowa, jego moc i niemoc, bogactwo i ograniczenia, wraz z konsekwencjami dla konstrukqi świata przedstawionego i możliwościami interpretacji, jakie implikuje odwo- łanie się do tych kategorii urastających we wspomnianych tekstach do rangi toposu, jest dwunastowieczna powieść Chrétiena de Troyes Persewal albo Powieść o Graalu, powstała na dworze Filipa Alzackiego najprawdopodobniej około roku 1180-1181. 1. Słowo jako narzędzie niespełnionej mocy Korzeni chrétienowskiego toposu słowa potężnego i sprawczego można poszukiwać w podwójnym obszarze cywilizacyjnym: z jednej strony mistrz z Szampanii odwołuje się do judeochrześcijańskiej wizji słowa mocy, z drugiej - jego twórczość naznaczona jest obecnością celtyckich mitów przypisujących często słowu siłę oddziaływania na rzeczywistość. W Persewalu zdają się dominować nawiązania do tradycji pierwszej: słowo ludzkie modelowane jest na obraz Słowa Boga, czy wręcz staje się bezpośred- nim kanałem Bożego działania. Biblia obfituje w odwołania do kategorii słowa. Autor Księgi Rodzaju wielokrotnie podkreśla rolę słowa w akcie stworzenia świata: „Wtedy Bóg rzekł: « Niechaj się stanie światłość! » I stała się świat- łość"4. W dalszym ciągu opisu rytm dzieła stworzenia oddawany jest konsek- wentnie przez identyczne odniesienie do Bożego Słowa: „Bóg rzekł", „Bóg powiedział". Nowy Testament często podkreśla moc słowa Jezusa: „Zdumie- wali się Jego nauką, gdyż słowo Jego było pełne mocy"5, pisze św. Łukasz przywołując nauczanie Mistrza w Kafarnaum. Kilka wersów dalej, opisując reakcję zgromadzonych na uzdrowienie opętanego w synagodze, Łukasz pod- kreśla: „Wprawiło to wszystkich w zdumienie i mówili między sobą: «Cóż to 3 Zob. Św. Ambroży, PL, XVI, 738 C, 880 AB. 4 Rdz 1, 3. Wszystkie cytaty z Biblii pochodzą z wydania: Pismo Święte Starego i Nowego Testamentu w przekładzie z języków oryginalnych, red. naukowa O. Augustyn Jankowski OSB, ks. Lech Stachowiak, ks. Kazimierz Romaniuk, Poznań & Warszawa: Wydawnictwo Pallot- tinum, 1971. 5 Łk 4, 31. 293 294 Katarzyna Dybeł za słowo? Z władzą i mocą rozkazuje nawet duchom nieczystym, i wycho- dzą»"6. Ten sam ewangelista, opisując cud wskrzeszenia młodzieńca z Nain przytacza słowa Jezusa, przywracające chłopcu życie: „Młodzieńcze, tobie mówię, wstań!"7. Persewal nie jest figurą Chrystusa cudotwórcy. Jednak, jak możemy wnios- kować z uwag narratora i wypowiedzi współbohaterów powieści, jest człowie- kiem wybranym i przeznaczonym przez Opatrzność do realizacji misji uwal- niania zniewolonych. Dokonuje tego na drodze rycerskiej walki, jak ma to miejsce na przykład w przypadku zwycięstwa nad Clamadieu, dzięki czemu zostaje przywrócony pokój w krainie Blanchefleur. Mnisi i mniszki wycho- dzący w procesji, by pożegnać Persewala, mówią wyraźnie: „Panie, wyciąg- nąłeś nas z niewoli / i pozwoliłeś powrócić do domów"8. Zdarza się jednak, że walka fizyczna ustępuje miejsca walce duchowej. Tak jest w przypadku epizodu opisującego orszak Graala. Moc sprawcza pytania Persewala wypo- wiedzianego w zamku Króla Rybaka9 sprawiłaby, że władca odzyskałby zdrowie i pełnię władzy nad swoim królestwem, którego los uległby odmia- nie10. Wedle zapowiedzi kuzynki Persewala i szpetnej panny na mulicy, nie- postawienie pytania ściągnie na naszego bohatera nieszczęście. Znamiennym rysem tego nieszczęścia będzie ciężar smutku, który ogarnie Persewala po opuszczeniu zamku Króla Rybaka i przez pięć lat będzie pogrążał go w me- lancholii, prowadząc nawet do myśli o samobójczej śmierci11. Doświadczenie to nie pozostaje bez związku z grzechem Persewala - przecież, wedle słów pustelnika, to „smutek wielki" zabił Panią Wdowę, gdy chłopiec, nie bacząc na jej błagania, odjechał w nieznane12. Kara pozostaje symetryczna do winy. Persewal jest wielokrotnie przedstawiany jako bohater wyczekiwany i uprag- niony (chevalier désiré), a jego przybycie budzi nadzieję na złamanie mocy prze- 6 Łk 4, 36. 7 Łk 7, 14. 8 Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval, wydanie według rękopisu 354 z Berna, tłumaczenie i przypisy Charles Méla, Librairie Générale Française, 1990, str. 218, ww. 2886-2887. W dalszym ciągu, odnosząc się do tego utworu, używać będę skrótu Conte du Graal. Odwołując się do tłumaczenia tytułu na język polski, zamiennie używam: Persewal lub Powieść o Graalu. 9 Zob. tamże, str. 236, ww. 3128 nast. 10 Zob. tamże, str. 262, ww. 3520-3528. 11 Zob. tamże, str. 448, ww. 6305-6312. 12 Zob. tamże, str. 448, ww. 6318 nast. Średniowiecznym motywem smutku rodzącego śmierć zajęłam się w artykułach: „O średniowiecznych sposobach walki z demonem połud- nia", (in :) Przeciw melancholii. W 40. rocznicę wydania „Melancholii" Antoniego Kepińskiego - perspektywy Fides et Ratio, red. Agnieszka Hennel-Brzozowska, Stanisław Jaromi, Kraków: Polska Akademia Umiejętności, 2014, str. 111-120 i „Le roman médiéval face au mal de tris- tesse (XIIe-XIIIe siècles)", (in:) Savoirs et fiction dans les littératures romanes, red. Barbara Mar- czuk, Joanna Gorecka-Kalita, Agnieszka Kocik, Kraków, Collegium Columbinum, 2014, str. 37-46. Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes 295 kleństwa czy na polepszenie losu. W przypadku zamku Graala do spełnienia misji wymagane jest tylko słowo - jedno pytanie, które, jak można przypusz- czać, nie tyle z ciekawości, co z nadprzyrodzonej inspiracji powinien był postawić ten, któremu było przeznaczone je postawić. Chodzi więc o niespeł- nioną figurę restitutor orbis - „odnowiciela świata". Słowo przewidziane jako narzędzie mocy, z powodu grzechu Persewala, staje się figurą niemocy, a owo przewartościowanie okazuje się istotnym czynnikiem organizującym dalszy ciąg narraqi i ubogacającym parenetyczny wymiar utworu. Niektórzy badacze widzą w tym obrazie niespełnionego słowa szcze- gólny rodzaj gry zerwanej komunikacji, naprawienie której miałoby przypaść w udziale Persewalowi13. Inni odwołują się do mitycznego wątku „związa- nego" (lub „opóźnionego") słowa (parole empêchée / parole retardée), obecnego w dawnej celtyckiej cywilizacji14. Wątek ten miałby wiązać się z mitem celtyc- kiego Ogmy (Ogmiosa) - bożka elokwencji, ale też bożka-wojownika paraliżu- jącego przeciwników swoim słowem, posiadającego magiczną moc wiązania, zarezerwowaną dla najważniejszych bóstw w celtyckich wierzeniach15 i odsy- łającą do indoeuropejskiego mitu „boga wiążącego" (dieu lieur)16. Taka inter- pretacja nie wydaje się jednak adekwatną w przypadku tej ostatniej powieści Chrétiena, której dalszy ciąg narraqi zawiera wyraźne dopowiedzenie przy- czyny mutyzmu protagonisty: grzech milczenia, skutkujący blokadą łaski, jaką miał zanieść wyczekującym na nią Persewal. Odwołanie do duchowości chrześcijańskiej jest jednoznaczne: „Grzech uciął ci język"17, powie Persewa- lowi wuj pustelnik, słuchając jego spowiedzi. Tekst Chrétiena mógłby być zatem postrzegany jako swoista polemika z przypisywaniem oddziaływania magicznych mocy na reakqe bohatera. Autor sięga głębiej, wskazując na ukrytą lecz najistotniejszą przyczynę niemocy Persewala. Milczenie Persewala w epizodzie orszaku Graala inspiruje wiele sprzecz- nych czasami interpretacji. Z pewnością milczenie to nie jest darem wyciszenia wewnętrznego, określanego mianem hezychii w duchowości Wschodu. W pew- nym wymiarze odsyła jednak do rzeczywistości eschatycznej stanowiącej wy- znacznik hezychii. Odsłania się tu pewien jej aspekt - dar skupienia, „postawy 13 Zob. Danièle James-Raoul, La parole empêchée dans la littérature arthurienne, Paris: Cham- pion, 1997. 14 Zob. Philippe Walter, Recenzja książki Danièle James-Raoul, La parole empêchée dans la littérature arthurienne, Paris: Champion, 1997, 479 stron, (w:) Cahiers de civilisation médiévale, 42, 1999, str. 297. 15 Zob. Philippe Jouët, L'Aurore celtique dans la mythologie, l'épopée et les traditions, Foues- nant, Yoran Embanner, 2007; Sylvia i Paul F. Botheroyd, Słownik mitologii celtyckiej, tłuma- czenie Paweł Latko, Katowice, Wydawnictwo „Książnica", 1998. 16 Odnośnie do idei „dieu lieur" w mitologiach świata zob. na przykład Mircea Eliade, „Le « dieu lieur » et le symbolisme des nœuds", Revue de l'histoire des religions, 1947, nr 1, s. 5-36. 17 Conte du Graal, str. 450, w. 6335 : „Pechiez la laingue te traincha". 296 Katarzyna Dybeł bacznej uwagi, czujności"18 (choć nie „nasłuchiwania", gdyż narracja kon- centruje się bardziej na spojrzeniu Persewala niż na jego nasłuchiwaniu), towarzyszącej objawianiu się rzeczywistości eschatycznej. Oczywiście, graal z chrétienowskiej powieści nie jest jeszcze Świętym Graalem z anonimowej trzynastowiecznej powieści pisanej prozą, kryje jednak hostię karmiącą Króla Rybaka, o czym protagonista i odbiorca tekstu dowiedzą się w dalszym ciągu utworu. Jest więc nośnikiem innej rzeczywistości, figurą ciszy stanowiącej „misterium Wieku, który ma nadejść"19. W takiej ciszy człowiek otwiera się na tajemnicę transcendencji, nawet jeżeli pozostaje jeszcze w stanie obciążenia grzechem. W teologii prawosławnej przyjmuje się, że grzech nie odbiera człowiekowi obrazu Bożego, ale sprowadza tego, kto grzech popełnia do stanu ontologicz- nego milczenia, bezsilności i niemocy20. Nie sposób nie dostrzec podobieństwa takiej interpretacji konsekwencji grzechu z negatywnym doświadczeniem Per- sewala w zamku Króla Rybaka. Jak wspomnieliśmy, niemoc słowa jest dla niego karą za konkretną winę. W Ewangelii św. Łukasza kapłan Zachariasz zostaje ukarany utratą mowy za brak wiary. Anioł zwiastujący mu narodziny syna, w odpowiedzi na jego wątpliwości oznajmia: „A oto będziesz niemy i nie będziesz mógł mówić aż do dnia, w którym się to stanie, bo nie uwierzy- łeś moim słowom, które się spełnią w swoim czasie"21. Grzechem Zachariasza było zwątpienie. Grzechem Persewala - brak miłości i obojętność na los matki. W obydwu przypadkach karą staje się uwięzienie słowa. Jej konsekwenq'e w obydwu przypadkach będą różne: milczenie Zachariasza, dłuższe i całko- wite, będzie miało konsekwencje bardziej indywidualne. Skutkiem milczenia Persewala - ograniczonego do czasu oglądania orszaku Graala i do niezdol- ności wypowiedzenia konkretnego pytania - będzie zawiedziona nadzieja mieszkańców krainy Króla Rybaka. Dla Persewala będzie to także porażka, która paradoksalnie przeobrazi się w życiową szansę, dającą możliwość ducho- wej ewolucji. 2. Słowo jako narzędzie poznania i weryfikacji W świecie chrétienowskich powieści słowo - komplementarnie do spojrze- nia - staje się często narzędziem poznania otaczającej rzeczywistości oraz weryfikaqi spostrzeżeń i myśli bohaterów. W początkowym epizodzie Powieści o Graalu słowa anonimowego rycerza weryfikują poznanie Persewala. Spoj- 18 Biskup Kallistos Ware, Królestwo wnętrza, tłumaczenie ks. Włodzimierz Misijuk, Lub- lin: Prawosławna Diecezja Lubelsko-Chełmska, 2003, str. 140. 19 Św. Izaak Syryjczyk, cyt. w: Biskup Kallistos Ware, Królestwo wnętrza, dz. cyt., str. 141. 20 Zob. Encyklopedia Katolicka, t. 16, red. Edward Gigilewicz et al., Lublin: Towarzystwo Naukowe Katolickiego Uniwersytetu Lubelskiego, 2012, art. „Przebóstwienie", str. 608. 21 Łk 1, 20. Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes 297 rzenie otwierające się na spektakl piękna nieznajomych rycerzy kierowało go najpierw w stronę boskości, o czym świadczą pełne fascynacji słowa: „Pani matka nie kłamała, gdy anioły przy mnie zwała najpiękniejszym, co na świecie, tylko Bóg piękniejszy przecie. (...) I mówiła mi też matka: wielbić i wierzyć przystało w Tego, co nam zbawia ciało"22. Słowa rycerza i jego oświadczenie: Chevaliers sui23 („Jestem rycerzem") odkry- wają Persewalowi nową rzeczywistość. Zarówno protagonista, jak i odbiorca tekstu otrzymują przy okazji tego spotkania szczególną wykładnię zasad ars educandi bazującej na opisie słownym: anonimowy rycerz nie demonstruje (jak uczyni to później Gornemant z Goort), do czego służy rycerskie uzbrojenie i rynsztunek, lecz wyjaśnia ich funkqę. Schemat pytanie-odpowiedź organi- zuje tę pierwszą odsłonę sztuki bycia rycerzem, z jaką Persewal będzie się stopniowo zapoznawał w utworze. Ta szczególna opowieść, którą Johann Karl Simon Morgenstern określiłby pewnie mianem Bildungsroman („powieść o for- mowaniu"), dowartościowuje fundamentalne dla świata antycznej filozofii i poetyki kategorie zdumienia (thaumaston) i pytania, pojmowane jako począ- tek wszelkiej wiedzy i mądrości. Znamienne, że w dalszym ciągu powieści narrator mówi wyraźnie, że słu- dzy Pani Wdowy zadrżeli ze strachu na widok rycerzy, bo wiedzieli, że jeśli (o)powiedzieli Persewalowi kim są i co robią, będzie chciał zostać rycerzem24. Słowa rycerza odsłaniają prawdę ukrywaną przez matkę Persewala, prowa- dząc tego ostatniego do prawdy poznania i kierując go ku jego przeznaczeniu. Jest to trudne poznanie, pociągające za sobą dramatyczne konsekwencje dla relacji syna z matką. Inny efekt wywołują słowa Persewala skierowane do matki i relaqonujące jego spotkanie z rycerzami25: pod ich wpływem Pani Wdowa pada zemdlona na ziemię. Słowo nie rodzi tu fascynacji i zachwytu, ale przerażenie. Matka wie, że nazwana rzeczywistość stała się faktem: Persewal, usłyszawszy o rycerstwie, zostanie rycerzem. W obszarze przywołanej już wielopoziomowej ars educandi słowo odgrywa rolę decydującą. „Tak mówiła moja matka"26, przypomina sobie Persewal, 22 Conte du Graal, str. 34, w. 136-146 (tłumaczenie tego i innych fragmentów Persewala na język polski - Katarzyna Dybeł). 23 Tamże, str. 36, w. 169. 24 Zob. tamże, str. 46, ww. 305-316. 25 Zob. tamże, str. 50, ww. 373 nast. 26 Tamże, str. 34, w. 144. 298 Katarzyna Dybeł próbując zrozumieć nieznane mu zjawisko. W dalszym ciągu powieści często będzie powoływał się na rady matki. Odwołując się do jej autorytetu, będzie odwoływał się do jej słów: „tak mi powiedziała matka", „i tak jeszcze rzekła matka", „tak mówiła moja matka", „tak mi nakazała matka". W ogólności zresztą, we wszystkich epizodach, które odnoszą się do sfery nauczania, domi- nuje czasownik dire („mówić" / „powiedzieć"), definiujący - obok czasowników voir, esgarder („widzieć", „patrzeć", oglądać") - wymiar kognitywny tekstu. Szczegółowa analiza dalszych epizodów powieści ujawniłaby dominującą rolę słowa i dialogu w każdym rodzaju spotkania protagonisty z postaciami, które uosabiają konkretny rys poznania. Pani Wdowa, Gornemant z Goort, kuzynka, wuj pustelnik i inni współbohaterowie stają się swoistymi figurami słowa iniq'ującego lub pogłębiającego poznanie. Wyjątkiem stają się miesz- kańcy zamku Graala, którzy nie tyle przekazują słowo, co na owo słowo ocze- kują. Chodzi więc o szczególny wariant sytuacji kognitywnej, w którym poznanie rodzi się w inny sposób i odsyła najpierw do kategorii natchnienia - szczególnej formy mądrości wlanej, charakterystycznej dla wspomnianej już figury „wyczekiwanego rycerza", do której wielokrotnie odwołuje się litera- tura arturiańska dwunastego i trzynastego wieku. Jakże tragicznej wymowy nabiera w tym kontekście porażka Persewala (tak często przecież stawiającego w swej wędrówce pytania) niezdolnego do postawienia pytania najważniej- szego, które przyniosłoby mu poznanie, a oczekującym na nie - uwolnienie i uzdrowienie. 3. Słowo wstawiennicze: modlitwa i błogosławieństwo Motyw modlitwy wiąże się kilkakrotnie w Powieści o Graalu z motywem błogosławieństwa. Filologiczny związek pomiędzy dwoma motywami sytuuje się przede wszystkim w obszarze słowa życzliwego i wstawienniczego. Ety- mologia słowa - łacińskie bene dicere - nawiązująca do faktu „mówienia dobrze", które ma moc „czynienia dobrze", kieruje nas ku idei słowa sprawczego, któ- rego siła oddziaływania zależy od wiary wypowiadającego słowo i od przypi- sanej do tego słowa łaski. Tekst odwołuje się po raz pierwszy do tej szczególnej kategorii słowa wsta- wienniczego i ochraniającego w epizodzie opisującym rozstanie Persewala z matką: ostatnim słowem, jakie wypowiada Pani Wdowa, jest krótka modlitwa, w której prosi Boga, by prowadził jej syna: „Synu mój miły, niech Bóg cię pro- wadzi! I niech ci da, gdziekolwiek się udasz, / więcej radości niż mnie tu zostaje"27. Jak się okaże, nie chodzi tylko o formułę spotykaną w literaturze dwornej dwunastego i trzynastego wieku. Modlitwa matki uratuje Persewala, o czym powie mu pustelnik, przyjmując w dramatycznych okolicznościach jego spowiedź i ujawniając, jak wielką siłę miała owa matczyna modlitwa 27 Tamże, str. 64, ww. 581-583. Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes 299 połączona z błogosławieństwem: Persewal mógł wytrzymać wszystkie próby i doświadczenia, jakich nie szczędziło mu podjęte wędrowanie, tylko dzięki modlitwie Pani Wdowy28. Siła tej modlitwy zachowała go „od śmierci i wię- zienia"29, gdyż słowo matki skierowało na syna miłosierne spojrzenie Boga30. Pożegnanie matki z synem nie jest jedynym epizodem wprowadzającym motyw błogosławieństwa. Także Gornemant z Goort, żegnając młodego Walij- czyka, uczyni nad nim znak krzyża i wypowie błogosławieństwo: „Niech Bóg cię strzeże, miły panie! / Ruszaj z Bogiem i niech cię prowadzi (,..)"31. To szczególne połączenie gestu i słowa, typowe dla kodeksu i literatury rycer- skiego średniowiecza, miało chronić i ułatwiać realizację misji. Wierzono, że błogosławieństwo - połączone z wiarą i modlitwą - posiadało moc sprawczą, na wzór błogosławieństw biblijnych, które stawały się kanałem łaski dla tych, którym były udzielane32. Warto zauważyć, że w Powieści o Graalu błogosła- wieństwo zostało zarezerwowane dla Pani Wdowy i Gornemanta z Goort33. Ten ostatni zdaje się spełniać w tekście rolę ojca wprowadzającego syna w sztukę bycia rycerzem - ojca, którego Persewal utracił w wieku niespełna dwóch lat. Można więc zaryzykować twierdzenie, że to rodzicom powierzone jest udzielanie tego szczególnego duchowego wsparcia i ochrony, które nazwa- łabym „błogosławieństwem drogi". Sytuaqą odwrotną do błogosławieństwa jest złorzeczenie i przekleństwo. Podobnie jak błogosławieństwo, przychodzą one przez słowo. Autor Księgi Rodzaju rozpoczyna opis upadku pierwszych ludzi od stwierdzenia: „A wąż był najbardziej przebiegły ze wszystkich zwierząt polnych, które Jahwe Bóg stworzył. On to rzekł do niewiasty (.)"34. Reakqą Ewy na szatańskie „rzekł" jest słowo odpowiedzi: „Niewiasta odpowiedziała"35, relacjonuje narrator. I tak wywiązuje się dialog sprowadzający przekleństwo i śmierć. W świecie pogańskich wierzeń zaklęcia, uroki i przekleństwa realizowane były przez słowa. Do takiego sposobu działania odwoływał się też świat cel- tyckich wierzeń, a rzucanie czarów było w tym świecie może nie do końca 28 Zob. tamże, str. 450, ww. 6329 nast. 29 Tamże, str. 450, w. 6334. 30 Zob. tamże, str. 450, w. 6333. 31 Tamże, str. 136, ww. 1654-1655. 32 Jak zauważa Jacques Guillet, „błogosławieństwo jest darem, który dotyka życia i jego tajemnicy; to dar wyrażony przez słowo i jego tajemnicę. Błogosławieństwo jest w takim samym stopniu słowem, jak darem (...) (zob. gr. eu-logia, łac. bene-dictio), ponieważ dobro, które przynosi, nie jest konkretnym przedmiotem, określonym podarunkiem, gdyż nie należy do sfery mieć ale być, gdyż nie pochodzi od działania człowieka lecz od stwórczego działania Boga" (Xavier Léon-Dufour et al., Vocabulaire de théologie biblique, Paris: Les Édi- tions du Cerf, 1962, str. 91, tłumaczenie Katarzyna Dybeł). 33 Nie wiemy, czy wuj pustelnik udzielił Persewalowi błogosławieństwa. Być może tak, ale tekst nie wspomina o tym. 34 Rdz 3, 2. 35 Tamże. 300 Katarzyna Dybeł ulubionym, lecz wyjątkowo skutecznym sposobem radzenia sobie z miłosną konkurencją lub męczącymi konkurami przez przedsiębiorcze niewiasty wy- szkolone w sztuce enchantement („czarowania"). Nie przypadkiem etymologia tego pojęcia odsyła do łacińskiego incantare, oznaczającego wyśpiewywanie lub wypowiadanie zaklęć, magicznych formuł. W niektórych przypadkach czarowanie przybierało postać przekleństwa, którego nośnikiem w arturiań- skich powieściach był najczęściej niebezpieczny „zwyczaj" (la coutume), z któ- rym musieli się zmierzyć najlepsi rycerze Okrągłego Stołu. W Powieści o Graalu przykładem takiej negatywnej interwencji słowa jest wizyta szpetnej panny na mulicy, przybywającej na dwór króla Artura, by zaprosić rycerzy do zmierze- nia się z przygodą Dumnego Zamku, ale też by upokorzyć Persewala, opowia- dając o jego porażce w zamku Graala w wyjątkowo obraźliwy sposób36. Wypowiedź panny nie należy bynajmniej do wytwornych. „Przeklęty niech będzie, kto cię pozdrowi / albo życzył ci będzie dobra"37 - oto słowa zastępu- jące tradycyjne dworne pozdrowienie. W dalszym ciągu tego szczególnego powitania Persewal zostaje oskarżony o pogrążenie królestwa Króla Rybaka w nieszczęściach, a sam określony zostaje jako nieszczęśnik (li malaüreus). Panna z wyrzutem mówi: „Gdybyś zapytał...", „Czy tak wielkim wysiłkiem było otworzyć usta i postawić pytanie.?". Można przypuszczać, że i te zło- wieszcze słowa naznaczyły swym ciężarem los Persewala, który od tej pory przez pięć lat będzie wiódł żywot człowieka pogrążonego w zgubnej niepa- mięci. 4. Imię: ontologiczny i profetyczny wymiar słowa W Starym Testamencie nadanie imienia dopełnia dzieła stworzenia i określa naturę bytu każdej istoty żywej. Imię oznacza tu istotę i naturę osoby38. W początkowych rozdziałach Księgi Rodzaju jak refren powraca czasownik „nazwać": „I nazwał Bóg światłość dniem, a ciemność nazwał nocą"39; „Bóg nazwał to sklepienie niebem"40, „Bóg nazwał tę suchą powierzchnię ziemią, a zbiorowisko wód nazwał morzem"41, itd. Opis poszczególnych etapów stwarzania odmierzany jest rytmicznym „Bóg rzekł" i „Bóg nazwał". Stwo- rzenie zyskuje pełnię istnienia dopiero wtedy, gdy zostaje nazwane, gdy otrzyma swoje imię od Boga. W drugim opisie stworzenia człowieka, który 36 Zob. Conte du Graal, str. 334, w. 4540 nast. 37 Tamże, str. 332, ww. 4580-4581. 38 Zob. Stanisław Łucarz SJ, „Świętość i świadectwo w pierwotnym chrześcijaństwie", w Twarze świętości, red. Katarzyna Dybeł, Zofia Zarębianka, Kraków: Uniwersytet Papieski Jana Pawła II w Krakowie Wydawnictwo Naukowe, 2016, str. 18. 39 Rdz 1, 5. 40 Rdz 1, 8. 41 Rdz 1, 10. Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes 301 zawiera Księga Rodzaju, pojawia się inny znamienny fragment: to mężczyzna, stworzony przez Boga, nazwie najpierw zwierzęta i ptaki, a później kobietę42. Bóg dzieli się z człowiekiem mocą nazywania istot żywych, a przez fakt nazywania - mocą określania ich natury i misji. Także w tym wymiarze prze- jawia się idea człowieka stworzonego na obraz i podobieństwo Boga, o której wspomina autor Księgi Rodzaju43. Jak zauważa Manfred Lurker, w wielu kulturach: imię jest pewną siłą, powiązaną z osobą tego, który owo imię nosi. Jeżeli zna się imię jakiejś osoby, to jest się też w stanie wywierać wpływ na tę osobę. (...) Kiedy człowiek wstępuje w jakiś nowy stan, otrzymuje nowe imię. Imiona władców egipskich wypisywano na ich grobowcach, żeby nosicielom tych imion zagwarantować życie po śmierci. Najbardziej dotkliwą karą było wyma- zanie imienia zmarłego znad jego grobu44. W średniowieczu, podobnie jak w czasach starożytności chrześcijańskiej, imię było też wiązane z losem posiadającej je osoby (nomen est omen)45. Poznanie imienia jest kluczem do poznania tożsamości i misji bohatera. Tego właśnie aspektu dotyczy jedna z rad, których zdąży udzielić Persewa- lowi jego matka: Czy na drodze, czy w gospodzie, Bacz, byś nie czekając w drodze, Spytał, jak zwać druha swego. Musisz poznać imię jego, Bo przez imię poznać człeka.46 Chrétien de Troyes wykorzystuje w Persewalu szczególną technikę narracyjną polegającą na późnym ujawnieniu imienia głównego bohatera. Ta retardaqa kryje w sobie liczne możliwości organizacji świata przedstawionego utworu. Jest nie tylko zręczną grą narratora z odbiorcą powieści, ale pozwala też zary- sować pogłębiony psychologicznie portret protagonisty. „Mówią, że imię ich rycerze"47, tłumaczy Persewal, opowiadając matce o spotkaniu z nieznajomymi. 42 Zob. Rdz 2, 19-23: „Ulepiwszy z gleby wszelkie zwierzęta ziemne i wszelkie ptaki powietrzne, Jahwe Bóg przyprowadził je do mężczyzny, aby przekonać się, jaką on da im nazwę. Każde jednak zwierzę, które określił mężczyzna, otrzymało nazwę «istota żywa». I tak mężczyzna dał nazwy wszelkiemu bydłu, ptakom powietrznym i wszelkiemu zwie- rzęciu polnemu, ale nie znalazła się pomoc odpowiednia dla mężczyzny. (... ) Po czym Jahwe Bóg z żebra, które wyjął z mężczyzny, zbudował niewiastę. A gdy ją przyprowadził do mężczyzny, mężczyzna powiedział: «Ta dopiero jest kością z moich kości i ciałem z mego ciała! Ta będzie się zwała niewiastą, bo ta z mężczyzny została wzięta»". 43 Zob. Rdz 1, 27. 44 Manfred Lurker, Słownik obrazów i symboli biblijnych, tłumaczenie Bp Kazimierz Roma- niuk, Poznań: Pallottinum, 1989, s. 68. 45 Zob. tamże, str. 69. 46 Conte du Graal, str. 60, ww. 522-526. 47 Tamże, str. 50, w. 374. 302 Katarzyna Dybeł To „imię" kryje w sobie nie tylko misję owych wyjątkowych istot, z którymi właśnie się spotkał, ale też zapowiada jego własną misję. Zauważmy, że nie tylko dla odbiorcy tekstu długo pozostaje tajemnicą, kim jest enigmatyczny li vallez - „młody człowiek", ale też sam protagonista dopiero w wersie 3513, odpowiadając na pytanie kuzynki, pod wpływem nagłego natchnienia odkrywa swoje imię. Dialog, toczący się pomiędzy młodymi ludźmi, którzy za chwilę dowiedzą się, że są spokrewnieni, należy do najzręczniej skonstruowanych i w powieści: - „(...) Jak twe imię, przyjacielu?" On imienia nie znał swego, Lecz olśnienia doznając nagłego Mówi, że Persewal z Walii imię jego. Nie wie: dobrze, źle powiedział, Lecz rzekł prawdę, choć nie wiedział.48 W epizodzie spowiedzi Persewala, zamykającym część powieści dotyczącą przygód tej postaci, pojawia się enigmatyczna wzmianka o tajemniczych słowach modlitwy, które wuj pustelnik szepcze mu do ucha49. Nie znamy treści tej modlitwy - narrator kładzie nacisk na fakt, że była przeznaczona wyłącznie dla Persewala. Dowiadujemy się jedynie, że zawierała „wiele imion Naszego Pana, świętych spośród najbardziej świętych" - takich, których usta człowieka wypowiadać nie powinny, chyba, że w niebezpieczeństwie śmierci. Podobny motyw obecny jest w innym dwunastowiecznym utworze, Czyśćcu świętego Patryka autorstwa Marii z Franqi, w którym rycerzowi Oweinowi w czasie jego wędrówki w zaświaty udaje się zwycięsko przejść przez wszyst- kie duchowe próby tylko dlatego, że nieustannie wzywa imienia Jezusa. W istocie Imieniu Jezus już od pierwszych wieków chrześcijaństwa przypisy- wano szczególną moc zbawczą i darzono je wielką czcią. Sławili je między innymi Hermas, św. Justyn Męczennik i św. Piotr Chryzolog, a w średniowie- czu św. Bernard z Clairvaux, św. Anzelm z Canterbury, św. Bernardyn ze Sieny, św. Szymon z Lipnicy i wielu innych. Popularność tej doktryny zdają się odzwierciedlać także dzieła literackie, w tym wspomniany tekst Marii z Franqi i Powieść o Graalu. W niektórych tekstach średniowiecznych poznanie imienia łączy się z mo- tywem transgresji - przekroczenia zakazu i naruszenia tajemnicy. Tak jest na przykład w trzynastowiecznej pieśni o czynach Rycerz z łabędziem, gdzie dama traci męża, bo złamała zakaz i zapytała go o imię. W przypadku Persewala chodzi raczej o swoisty rodzaj autotransgresji, polegający na przekroczeniu kolejnego etapu psychologicznej i duchowej ewolucji, na pogłębieniu samo- świadomości, możliwym dzięki poznaniu swojego imienia. 48 Tamże, str. 260, ww. 3510-3515. 49 Zob. tamże, str. 454, ww. 6404-6416. Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes 303 •k-k-k Dla niektórych badaczy Persewal zdaje się być odwrotnością Ereka i Enidy w tym, co dotyczy relacji pomiędzy słowem i milczeniem. Według Jean-Marie Fritza, pomiędzy pierwszą i ostatnią z zachowanych powieści Chrétiena doko- nuje się swoista ewolucja myślenia pisarza, przekładająca się na przewartoś- ciowanie roli słowa w konstrukcji i wymowie powieści50. Przyczyną kompli- kaqi w Ereku i Enidzie jest niepotrzebnie wypowiedziane słowo. Enida żali się powtarzając to, co mówią o Ereku inni. Nakaz milczenia, jaki otrzymuje od męża na czas ich wspólnej wędrówki zdaje się zresztą być tu symetryczną karą za jej brak milczenia, za owe „o kilka słów za dużo". W Persewalu przeciwnie - słowo nie jest zbędne; jest oczekiwane, pożądane, bo jest koniecznym warun- kiem uwolnienia od zła ciążącego na jednostce czy całej społeczności. Autor nie zawaha się nawet powiedzieć ustami narratora: „bo można milczeć zbyt wiele / jak i można zbyt wiele powiedzieć"51. W chrétienowskiej Powieści o Graalu słowo jawi się jako narzędzie potencjal- nej, choć nie zawsze spełnionej mocy. Może okazać się słowem skutecznym, jeśli spełnione zostaną warunki wymagane do urzeczywistnienia tej mocy. Bywa narzędziem poznania i samopoznania, ogarniającym różne poziomy postrzegania i świadomości, także tej najistotniejszej dla zrozumienia tożsa- mości i misji bohatera - poznania swojego imienia. Słowo może skutkować dobrem lub złem, w zależności od intencji wypowiadającego je człowieka. Przede wszystkim jednak słowo jest tu narzędziem uzdrowienia i przemiany. Słowo pustelnika - słowo pocieszenia, a zwłaszcza rozgrzeszenia - uzdrawia Persewala z nadmiaru smutku i uwalnia go od ciężaru przeszłości. Nie wiemy, jak potoczyły się dalej losy chłopca z Walii, wiemy jednak, że opuścił pustelnię szczęśliwy. Figura pustelnika jest tu tożsama z figurą ojca duchowego i mis- trza, do którego - jak starałam się pokazać w studium nad motywem mistrza i ucznia w literaturze powieściowej średniowiecznej Franqi - przychodzi się po radę, nie po akademicki wykład. Pustelnik to duchowy terapeuta, biegły w sztuce psychologii i walki duchowej, obdarzony darem duchowego, psy- chicznego, a czasami też fizycznego uzdrawiania, pozostającym w szczegól- nym związku z charyzmatem - nadprzyrodzonym darem, udzielanym ze względu na dobro innych52. Charyzmatem tym jest przede wszystkim dar uzdrawiającego słowa, spotęgowany mocą sakramentu pojednania. Tak pojęte słowo, o wyjątkowo złożonym obliczu, zdaje się kierować świat dworności (któremu autor Persewala rzuca przecież wyzwanie, wzywając do przewartościowania jego nie do końca spójnych obszarów) w stronę bardziej 50 Zob. Jean-Marie Fritz, Wstęp do: Erec et Enide, edycja krytyczna, tłumaczenie, prezen- tacja i przypisy Jean-Marie Fritz, LGF, 1992, str. 12-13. 51 Conte du Graal, str. 240, ww. 3188-3189. 52 Zob. Katarzyna Dybeł, Mistrz i uczeń w starofrancuskiej literaturze powieściowej, Kraków: Księgarnia Akademicka, 2013. 304 Katarzyna Dybeł wertykalnego niż horyzontalnego wymiaru. Wędrówka Persewala w poszu- kiwaniu przygód staje się wędrówką w poszukiwaniu Logosu - Słowa, które nadaje sens i które jest przyczyną wszystkiego, bo porządkuje i ukierunko- wuje człowieka i otaczającą go rzeczywistość53. Bibliografia Teksty źródłowe Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval, wydanie według rękopisu 354 z Berna, tłumaczenie i przypisy Charles Méla, Paris: Librairie Générale Française, 1990. Pismo Święte Starego i Nowego Testamentu w przekładzie z języków oryginalnych, red. naukowa O. Augustyn Jankowski OSB, ks. Lech Stachowiak, ks. Kazimierz Romaniuk, Poznań & Warszawa: Wydawnictwo Pallottinum, 1971. Opracowania krytyczne DYBEŁ Katarzyna, 2013, Mistrz i uczeń w starofrancuskiej literaturze powieściowej, Kra- ków: Księgarnia Akademicka. DYBEŁ Katarzyna, 2014, O średniowiecznych sposobach walki z demonem połud- nia, (in:) Przeciw melancholii. W40.rocznicę wydania „Melancholii" Antoniego Kępiń- skiego - perspektywy Fides et Ratio, red. Agnieszka Hennel-Brzozowska, Stanisław Jaromi, Kraków: Polska Akademia Umiejętności, 111-120. DYBEŁ Katarzyna, 2014, Le roman médiéval face au mal de tristesse (XIIe-XIIIe siècles), (in:) Savoirs et fiction dans les littératures romanes, red. Barbara Marczuk, Joanna Gorecka-Kalita, Agnieszka Kocik, Kraków: Collegium Columbinum, 37-46. ELIADE Mircea, 1947, Le « dieu lieur » et le symbolisme des nœuds, Revue de l'his- toire des religions 134/1: 5-36. FRITZ Jean-Marie, 1992, Wstęp do : Erec et Enide, edycja krytyczna według rękopisu B.N. fr. 1376, tłumaczenie, prezentacja i przypisy Jean-Marie Fritz, LGF, 5-24. James-Raoul Danièle, 1997, La parole empêchée dans la littérature arthurienne, Paris: Champion. JOUËT Philippe, 2007, L'Aurore celtique dans la mythologie, l'épopée et les traditions, Fouesnant: Yoran Embanner. LUBAC Henri de, 1959/1964, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l'Ecriture, cz. I i II, Paris: Aubier. ŁUCARZ Stanisław, 2016, Świętość i świadectwo w pierwotnym chrześcijaństwie, (in:) Twarze świętości, red. Katarzyna Dybeł, Zofia Zarębianka, Kraków: Uniwer- sytet Papieski Jana Pawła II w Krakowie Wydawnictwo Naukowe, 15-22. 53 Giovanni Reale określa antyczny sposób postrzegania Logosu w potrójnym wymia- rze: „(...) logos jako zasada prawdziwości - poprzez prawa myślenia, poznania i mówienia - jest przedmiotem właściwym logiki; logos jako zasada ontologiczna kosmosu jest przed- miotem fizyki (rozumianej w sensie pierwotnym, przedsokratycznym, jako nauka o physis); wreszcie logos jako zasada kierująca do celu, to znaczy jako zasada, która określa sens każ- dej rzeczy, a zatem także cel i powinności człowieka, jest przedmiotem etyki" (Giovanni Reale, Historia filozofii starożytnej, t. III, tłumaczenie Edward Iwo Zieliński, Marcin Podbielski, Lub- lin: Wydawnictwo KUL, 2004, str. 333). Oblicza słowa w Persewalu Chrétiena de Troyes 305 WALTER Philippe, 1999, Recenzja książki Danièle James-Raoul, La parole empêchée dans la littérature arthurienne, Paris, Champion, 1997, 479 stron, (in:) Cahiers de civilisation médiévale 42: 296-297. WARE Kallistos, 2003, Królestwo wnętrza, tłumaczenie ks. Włodzimierz Misijuk, Lublin: Prawosławna Diecezja Lubelsko-Chełmska. Opracowania ogólne Botheroyd Sylvia i Paul F., 1998, Słownik mitologii celtyckiej, tłumaczenie Paweł Latko, Katowice: Wydawnictwo „Książnica". Encyklopedia Katolicka, t. 16, 2012, red. Edward Gigilewicz et al., Lublin: Towarzys- two Naukowe Katolickiego Uniwersytetu Lubelskiego. LÉON-DufOUR Xavier et al., 1962, Vocabulaire de théologie biblique, Paris: Les Éditions du Cerf. LURKER Manfred, 1989, Słownik obrazów i symboli biblijnych, tłumaczenie Bp Kazi- mierz Romaniuk, Poznań: Pallottinum. REALE Giovanni, 2004, Historia filozofii starożytnej, t. III, tłumaczenie Edward Iwo Zieliński, Marcin Podbielski, Lublin: Wydawnictwo KUL. Summary Aspects of the word in Perceval by Chrétien de Troyes The article presents different aspects of the word in the twelfth-century romance by Chrétien de Troyes, Perceval, the Story of the Grail. The word appears here as a metaphysical category pointing out to transcendence and opening the gates to another world which draws on Judeo-Christian and Celtic tradition. The word is also a causative and initiatory agent. In the treatment of Chrétien de Troyes the word becomes an instrument of metamorphosis, power, cognition, healing and purification. Résumé Aspects de la parole dans Perceval de Chrétien de Troyes L'article présente différents aspects de la parole dans le Conte du Graal ou le Roman de Perceval, roman du XIIe siècle de Chrétien de Troyes. La parole apparaît ici comme une catégorie métaphysique qui indique la transcendance et ouvre la porte à un autre monde faisant appel aux traditions judéo-chrétienne ou bien celtique. La parole est aussi un facteur de cause et d'initiation. Chez Chrétien de Troyes elle devient un outil de métamorphose, de puissance, de connaissance, de guérison et de purification. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Gabriela Gavril-Antonesei Universitatea Jagiellonă Universitatea „Al. I. Cuza" din Cracovia din Iaşi Ipostaze feminine în cultura română a secolului al XIX-lea: „Marianne”-le româneşti „- Petrache, îţi mai aduci aminte de vremea când eram tânăr şi mă învârteam în jurul vornicesei? Pe atunci mă rădeai pe cap în fiecare zi - căci tare mai era frumoasă şi cu nuri! şi aici o sudalmă, pentru a arăta admiraţia..." (Alecu Russo) 1. În prefaţa la Construire il nemico i altri scritti occasionali, Umberto Eco aminteşte câteva dintre virtutile de necontestat ale textelor ocazionale, scrise la comandă. / ' Mai întâi, autorul lor este obligat să se ocupe de teme la care, din proprie ini- ţiativă, probabil nu s-ar fi oprit, să pătrundă în zone ignorate până atunci (Eco 2011). Este prin urmare silit să formuleze ipoteze şi întrebări în legătură cu fenomene culturale ce nu l-au pasionat în chip deosebit, căutând în lecturile sale disparate puncte de sprijin pentru dezvoltarea unor discursuri plauzibile. „Tema impusă" se doveşte însă - remarcă Umberto Eco - câteodată chiar mai productivă decât una aleasă de autorul însuşi. Dezvăluie unghiuri noi din care pot fi privite fenomene culturale şi opere literare îndeobşte ştiute. Şi, mai ales, fiind în esenţa sa un exerciţiu retoric menit să întreţină audienţa, îl eliberează / / / / ' pe autor de povara de a fi original cu orice preţ. De altfel, studiile şi cercetările de dată mai recentă asupra culturii şi litera- turii, gender sau postcolonialiste, nu-şi mai revendică o posibilă dimensiune înnoitoare derivând din descoperirea de fapte noi, ci se mulţumesc să aşeze Ipostaze feminine în cultura română a secolului al XIX-lea: „Marianne”-le româneşti 307 altfel datele cunoscute, să reconfigureze relaţiile între ele (Zajas 2012: 7). Schimbarea punctului de vedere implică, de cele mai multe ori, o altă selecţie a temelor şi a operelor aduse în discuţie, o părăsire a centrului pentru explo- rarea marginalităţii, pentru recuperarea textelor şi a fenomenelor „secundare" (în accepţia lui Virgil Nemoianu), ignorate sau chiar excluse din canonul literar. Altfel spus - împrumutând sintagma lui Krzystof Zajas - cercetătorii literaturii şi ai culturii nu se mai concentrează asupra a ceea ce este cuprins în operele canonice, ci chestionează mai ales „reprezentarea absenţei". Am plecat în scrierea textului nostru ocazional de la întrebarea lansată de Maria Janion, în deschiderea volumului său, Kobiety i duch inności (2006), „Dla- czego rewoluqa jest kobietą?" (De ce revoluţia este femeie?). Având în minte câteva dintre observaţiile lui Maurice Agulhon (Agulhon 1976), ne-am întrebat mai departe care este „l'usage de la femme" în cultura românească din prima jumătate a veacului al XIX-lea, cum se constituie şi funcţionează reprezentările alegorice. O sumară trecere în revistă a faptelor culturale şi a scrierilor epocii ne-a obligat însă la o reformulare a alegaţiilor iniţiale, ajungând să ne întrebăm de ce sunt absolut sporadice în Principatele Române astfel de reprezentări. De ce, de pildă, picturile lui Daniel Rosenthal şi Gheorghe Tattarescu rămân nişte excepţii în cultura românească a vremii? Observaţiile de fineţe ale Mariei Janion din volumul amintit, privitoare la apariţia şi funcţionarea fantasmelor feminităţii în cultura polonă, la felul în care se construiesc simbolurile şi alegoriile, ne-au îndemnat să încercăm să pri- vim în acelaşi mod cultura românească de la sfârşitul veacului al XVIII-lea şi din prima jumătate a celui de-al XIX-lea. 2. Cercetările mai noi ale Constanţei Vintilă-Ghiţulescu, pe baza unor docu- mente din arhiva ecleziastică din Tara Românească din secolul al XVIII-lea / („zapise de împăcare", „cărţi de despărţire", „foi de zestre") oferă date rele- vante despre familie, despre rolul bisericii în reglementarea şi supravegherea vieţii conjugale, despre condiţia femeii în societatea vremii. Spre deosebire de Europa Apuseană, unde statul laic preia, treptat, controlul asupra familiei, în Valahia (şi în Moldova, de altfel), pe parcursul secolului al XVIII-lea, biserica rămâne autoritatea supremă, „arbitrul moravurilor" (Cornea 2008: 81). Chiar în zorii veacului al XIX-lea, tot ce ţine de căsătorie, de divorţ, de regulile de conduită general acceptate este impus de biserica ortodoxă (Vintilă-Ghiţulescu 2012: 7). Nu există în Valahia un organism laic care să judece pricinile legate de familie, să dea hotărârile de divorţ. De toate aceastea se ocupă „Vlădica", ajutat de un sobor. Problemele de familie sunt de competenţa bisericii, „cărţile de despărţire sau zapisele de împăcare sunt emise de cancelaria mitropolitană, purtând pecetea mitropolitului" (Vintilă-Ghiţulescu 2012: 11). 3o8 Gabriela Gavril-Antonesei Cum nota cu mirare Wilkinson, consulul englez la Bucureşti, spre deosebire de ţările apusene, în Valahia şi Moldova, fetele sunt măritate foarte devreme, de pe la 12-13 ani, de către părinţii care negociază căsătoriile, fără a ţine seama nici de vârsta fragedă, nici de eventualele sentimente ale odraslelor lor (Wil- kinson 1851: 118). Căsătoriile sunt tranzacţii decise de familii, iar pretendenţii la mâna tinerelor urmăresc foarte atent tot ce se scrie în „foaia de zestre". Dacă instrucţia bărbaţilor rămâne destul de aproximativă, cea a femeilor - din boie- rime, din familiile bune - se limitează la lecţii cu institutori, până la data mări- tişului timpuriu. 3. Multe dintre însemnările călătorilor şi diplomaţilor străini în Ţările Române înregistrează amestecul de orientalism şi de superficiale împrumuturi euro- pene din Valahia şi Moldova. Jean Louis Carra scrie, ironic, că l-ar invita pe Rousseau (dacă tot exaltă inocenţa barbariei) să vină să trăiască în Moldova. Englezul Wilkinson se dovedeşte destul de aspru cu bărbaţii valahi (care ar avea, scrie consulul, „une aversion naturelle pour tout travail de corps ou d'esprit", chiar pentru orice ocupaţie serioasă), consemnează lipsa de rafina- ment şi de gust pentru muzică a boierilor, precum şi manierele lor grosiere, obişnuinţa de a se opri, în conversaţii, la subiecte triviale şi obscene, fără a se sinchisi prea mult de prezenţa femeilor (Wilkinson 1851: 139). Chiar Pompiliu Eliade, amintind rolul important al armatelor imperiale ruseşti în propagarea culturii, limbii şi a civilizaţiei franceze în Ţările Române - în ciuda răului profund făcut -, consideră că, odată cu venirea armatei ruse în Principate, s-a produs şi „prima emancipare a femeilor moldave şi valahe". Femeile nu mai sunt închise în case, mai mult chiar: „Les femmes furent ad- mises à table avec les hommes [...] On n'exigea plus de la femme de se tenir debout devant son mari, elle osa occuper sur le divan la première place" (Eliade 1898: 187). Atunci începe, după spusele colonelului Lăcusteanu, „viaţa zburdal- nică şi frenetică" alături de ofiţerii ruşi, cu cine bogate şi serate „scandaloase". Alecu Russo nu era însă la fel optimist în Iaşii şi locuitorii săi în 1840. În lumea moldovenească a epocii, scrie el, orice idee nouă pătrunde parcă în răspăr cu letargia generală, „ca prin surprindere", e „primită fără voie" şi nu tulbură prea mult ordinea existentă. Boierimea înaltă, la îndemnul cucoanelor, poate vorbi ceva franceză şi discuta despre Balzac sau Hugo - „o să auzi în Iaşi pe toată lumea vorbind franţuzeşte fără să înţelegi un cuvânt" (Russo 1940: 74) -, dar aceasta nu înseamnă că „viaţa turcească, viaţa de nelucrate, de lene", „despotis- mul casnic", cu preceptele sale turceşti, au dispărut dintr-o dată. Încercările de a face în Iaşi saloane literare după modelul francez nu se bucură de prea mult succes într-o lume guvernată de „patriarhalismul bătrânicios" şi de pasiunea pentru intrigi. Dar mai sunt şi alte pricini de vrăjmăşie: „e oprit cu desăvârşire fumul ciubucelor [...], nu sunt îngăduite deloc sudălmile naţionale..." (ibid.: 82). Ipostaze feminine în cultura română a secolului al XIX-lea: „Marianne”-le româneşti 309 Plimbările pe Copou, în haine comandate la Paris şi cu pălării vieneze, în cupeuri elegante, rămân doar semne ale unor adaptări superficiale, iar nu ale unei europenizări în profunzime a societăţii. „Ce de toalete proaspete, ce de feţe gingaşe, ce de cochete, şi câtă caricatură, Doamne Sfinte!" (Russo 1940: 77), exclamă scriitorul sensibil la impostură, privind spectacolul social cu atenţie. Şi, cu un sarcasm ce-l anunţă pe Caragiale, notează că evrupenismul vremii i-a năpăstuit cel mai mult pe bărbieri. 4. Procesul de laicizare a societăţii şi a culturii din Principate a fost unul ane- voios şi, cum precizează Leon Volovici, abia la începutul secolului al XIX-lea asistăm la „apariţia scriitorului", când „Centrul activităţii intelectuale se mută, treptat, din mănăstiri la oraş" (Volovici 2011: 5-6). Conştiinţa scriitoricească, laică, se configurează destul de lent, cu mare întârziere faţă de Occident, într- un climat dominat multă vreme de „eticismul ortodox sufocant" şi de „religio- zitatea obligatoriu afişată" (Zamfir 2012: 38). Cu mult umor, Ion Ghica sur- prinde în Scrisori modul în care se amestecă feluritele modele, local-religioase şi apusene, laice. Când cei care compun cântece de lume spre desfătarea boie- rilor ajung să se dedulcească puţin la cultura apuseană, la Mozart şi Rossini, dar mai fac şi oficiul de cântăreţi în strană, se pot ivi „accidente". „Într-o duminică, la liturghie" - scrie Ion Ghica - „scandal mare la Sărindar. Epitro- pul, om evlavios, recunoscuse în Domnul Domn Savaot aria Voyez sur cette roche! din Fra Diavolo" (Ghica 2011: 26). Cei care reuşesc cât de cât să vorbească franceza (fără a cunoaşte regulile de gramatică) şi să producă nişte „versuri rimate" - scria destul de maliţios Wil- kinson - sunt consideraţi „poeţi" şi „spirite superioare" de către concetăţenii lor (Wilkinson 1851: 127). Poate consulul englez exagerează, dar acest fapt este de mai puţină importanţă. Este evident că diletantismul rămâne trăsătura generală a producţiilor lirice, până spre a doua jumătate a secolului al XIX-lea. În versurile vremii (ce încearcă să împământenească nu numai teme şi mo- tive apusene, ci şi structuri prozodice), elementele religioase, recuzita bucolică, motivele neo-clasice, erotismul livresc şi elanurile neaoşe, reprezentările petra- chiene ale feminităţii şi senzualitatea leneşă orientală coexistă. Şi, în pofida familiarizării lor cu ideile şi literatura Apusului, „elanul erotic al boierilor" - cum aminteşte Paul Cornea - „se exprimă adesea cu ajutorul văicărelilor lăutăreşti." (Cornea 2008: 280). La pre-paşoptistul Costache Conachi, văzut de G. Călinescu ca un Petrarca „ras în cap", „cu işlic, anteriu şi iminei", tălmăcirile şi adaptările din literatura străină - cu precădere din poezia franceză, mai puţin în virtutea valorii autori- lor, cât în funcţie de temele poemelor lor - capătă tonuri de cântece de lume, presărate cu „oftături" orientale. Galantele versuri de amor ale productivului logofăt moldovean alunecă uşor dinspre modelul occidental spre lascivitate şi 310 Gabriela Gavril-Antonesei îndrăzneli sexuale. Femeile rămân în genere nişte „muze" din pricina cărora suspină bărbatul „bolnav de amori" şi de la care se aşteaptă doar acceptarea amorului, a „năvalei", oferirea corpului. Stihurile repetitive, intrate repede în folclor şi cântate de lăutari, sunt presărate cu diminutive (ochişori, inimioară, ţâţâşoare, guriţă) şi destule moldovenisme. Odată cu paşoptiştii, tema erotică aproape dispare din poezie sau rămâne doar o zonă marginală, frecventată ocazional, fără rezultate notabile (Zamfir 2012: 44). O excepţie o constituie exoticele poeme ale lui Dimitrie Bolintineanu, din Florile Bosforului. În versuri de o inventivitate prozodică uimitoare pentru poezia românească a vremii, Bolintineanu celebrează răsfăţul oriental, bucu- riile rafinate ale simţurilor, plăcerile carnale. Parfumurile din „Bolsforu-mbăl- sămit" provoacă stări de extaz apropiate de cele baudelairiene. Andrei Oişteanu recunoaşte în secvenţe din Florile Bosforului - „Din ambru s'essală sub buze- nflorite/ Un fum odorat..." - ritualul „tămâierii cu ambră" a cadânelor din harem şi a marilor dregători primiţi de sultan, practicat încă la începutul vea- cului al XIX-lea şi la Bucureşti (Oişteanu 2010: 96). La stările narcotice provocate de felurite flori şi miresme se adaugă beţia voaieristă, a contemplării corpurilor feminine, în ipostaze ispititoare, lascive sau chiar în frenezia înlănţuirilor erotice. Dimitrie Bolintineanu nu se sfieşte să descrie nici amorul saphic, precum în Bilrubam: „Lângă dânsa o fecioară/ Cu ochi dulci şi amoroşi,/ O sărută, o devoară..." Deşi îndrăznelile sale îl singula- rizează în poezia românească a vremii, Bolintineanu rămâne - dacă ne gândim la orientalişti din cultura franceză, precum Hugo sau Gautier, la odaliscele unor Ingres sau Delacroix - încă un autor reţinut, destul de departe de exotis- mul exuberant, de fantasmele orientalismului din secolul al XIX-lea. 5. Atmosfera revoluţionară din prima jumătate a secolului al XIX-lea, mai ales din preajma „Primăverii popoarelor", nu pare să fi constituit o sursă de inspi- raţie importantă pentru literatura şi arta românească a epocii, precum a fost pentru discursurile politice sau scrierile istorice. Probabil cele mai reprezen- tative opere patriotic-revoluţionare ale vremii rămân Cântarea României a lui Alecu Russo, tablourile lui Daniel Constantin Rosenthal şi Gheorghe Tatta- rescu. Deşi poemul în proză este publicat la Paris în 1850, într-o primă ver- siune, iar tablourile au fost pictate în aceeaşi ani, tot în exil, ele nu împărtăşesc în bună măsură acelaşi imaginar artistic. Apărut în paginile „României Viitoare" - publicaţie revoluţionară a româ- nilor din exil - poemul în proză este însoţit de o „precuvântare" a lui N. Băl- cescu, ce lansează ideea „manuscrisului găsit" la o mănăstire şi oferă totodată şi un prim comentariu al textului: „După forma, stilul şi ideile ei, cred că auto- rul trebuie să fi fost un călugăr hrănit în singurătate de citirea Bibliei şi a psal- milor lui David..." (Haneş 1930: 124). Poem scris în versete de respiraţie Ipostaze feminine în cultura română a secolului al XIX-lea: „Marianne”-le româneşti 311 biblică, Cântarea României trădează, pe lângă influenţa lui Lamennais, apro- pierea de mesianismul lui Adam Mickiewicz (din Księgi narodu i pielgrzymstwa polskiego). Romanticul polonez era cunoscut de revoluţionarii români care-i ascultaseră prelecţiunile la Hotel Lambert, iar „Cărţile" sale - cum o vădesc şi scrisorile Goleştilor - le produseseră o vie impresie. Reprezentările alegorice feminine ale României - care, observa Liviu Leonte (Leonte 1970), nu înseamnă numele ţării, ci se referă la „spiritul românesc" şi limba română - se constituie pe baza unor imagini biblice, din psalmi, a unor expresii cronicăreşti şi a celor din poezia populară (femeia jeleşte, „Rahilă nemângâiată", „văduvă" de feciorii ei etc.). Modelul retoric îmbină frazarea cronicărească, tonul psalmistului şi lirismul popular, din doine. De pildă, în mai multe versete revine fraza: „Domnul părinţilor noştri însă se va îndura de lacrimile slugilor sale şi va ridica dintre voi pe cineva, carele va aşeza iarăşi pe urmaşii voştri în volnicia şi puterea de mai înainte". Iar versetul 5 (din varianta din 1855, din „România literară" a lui Alecsandri) reproduce întocmai câteva versuri populare culese de Alecu Russo - „întâiul folklorist român", „cel mai entuziast admirator al producţiunilor poporului" - prin peregrinările sale (Haneş 1930: 139-140). Faptul că „poema naţională" publicată în „România Viitoare", pentru a „deş- tepta" sentimentele patriotice ale tinerilor români din Paris, nu cuprinde apro- ape nimic din imaginarul revoluţionar francez poate să pară surprinzător, mai ales într-o perioadă de entuziastă preluare a influenţelor străine (în mod super- ficial şi fără discernământ, vor spune junimiştii). Prin convenţia manuscrisu- lui găsit, Nicolae Bălcescu prezenta în chip deliberat Cântarea României ca pe o scriere veche, românească. De ce acest subterfugiu? În corespondenţa lui Alecsandri, se află menţiunea că s-a dorit astfel să i se dea Cântării României ' / o aură de text cronicăresc, pentru a fi primită cu entuziasm şi cu evlavie de către cititorii săi (Haneş 1930: 48). 6. Chiar dacă, în timpul domniilor fanariote, odată cu sosirea ofiţerilor ruşi în Principate, boierii încep să se apropie de citit, să-şi facă biblioteci şi încearcă să imite manierele galante franţuzeşti, cunoaşterea Franţei nu e decât „indirectă şi superficială" (Eliade 1898: 193). Ecourile despre Revoluţia Franceză ajung greu şi distorsionate în Ţările Române, mai ales prin tinerii greci, care speră la o renaştere naţională, sub impulsul ideilor revoluţionare. Citându-l pe Ion Ghica, Pompiliu Eliade notează că, în preajma Revoluţiei, celebrele „Allons enfants de la patrie..." puteau fi auzite pe străzile Bucureştilor, pronunţate cu accent grecesc (Eliade 1898: 199). Dar acest enorm entuziasm grecesc pentru cultura franceză, pentru ideile revoluţionare este tratat cu răceală sau chiar ostilitate de către fanarioţii intere- / / saţi să rămână cât mai mult pe tron. Diferenţa între cele două lumi, cea occiden- 312 Gabriela Gavril-Antonesei tală şi cea a Ţărilor Române, aflate la finele veacului al XVIII-lea încă în „turco- craţie", este uriaşă. Două fragmente din Hronograful lui Dionisie Eclesiarhul - aşezate drept „Prolog" la volumul său de către Neagu Djuvara (2013) - descriu cât se poate de elocvent dimensiunea orientală a Principatelor. Cel dintâi poves- teşte „zăefetul" de la curtea lui Constantin Vodă Hangerli şi surprinde obice- iul locului de a câştiga bunăvoinţa paşei şi a turcilor oferindu-le cocoane mai de soi. Cel de al doilea înregistrează sosirea „capigiului" cu ferman de la Sul- tan în Valahia şi tăierea capului lui Vodă Hangerli: „Harapul au tăiat capul lui Vodă, încă izbindu-să Vodă viu şi tăvălindu-să în sânge..." (Djuvara 2013: 9). Contactele celor din Principate cu ideile Revoluţiei Franceze au fost spora- dice, eventual pe filieră grecească. Chiar şi atunci când se împrumutau ele- mente franceze, la Bucureşti şi la Iaşi se dorea imitarea saloanelor aristocratice şi a moravurilor de la Versailles (Eliade 1899: 193-194). De aceea, autorii români nu ajung să-şi aproprieze imaginarul de la 1789 şi, implicit, „l'usage de la femme". Celebra „Marianne - déesse" le rămâne necunoscută. Dar, se cuvine să ne întrebăm şi dacă o astfel de alegorie ar fi putut fi împrumutată, la sfârşitul veacului al XVIII-lea, de cei veniţi dintr-un patriarhalism „turcocrat" şi religios, în care - subliniază Constanţa Vintilă-Ghiţulescu - „întreaga exis- tenţă a individului se desfăşoară sub semnul Bisericii" (Vintilă-Ghiţulescu 2012: 10). Putea femeia din Ţările Române, stigmatizată de „păcatul originar", fiinţa slabă, „ticăloasă", ce trebuie mustrată mereu de bărbat pentru a rămâne pe calea cea dreaptă - se înţeleg aici corecţiile fizice diverse, aplicate cu destulă cruzime -, să fie asociată cu ideea de libertate, de egalitate, de fraternitate, să devină un simbol al naţiunii? / În perioada 1800-1830, „Marianne" lasă locul reprezentărilor patriotice virile, militarizate, cultului lui Napoleon (Agulhon 1976: 145). Şi imaginarul revoluţionar al paşoptiştilor români este dominat de figuri tutelare masculine, voievodale, un rol privilegiat avându-l Mihai Viteazul, Vlad Ţepeş, Avram Iancu şi Tudor Vladimirescu. Să ne amintim de scrierea lui Nicolae Bălcescu, Românii supt Mihai Voievod Viteazul, dar şi de Barbu Iscovescu, care pictează portretele unor revoluţionari români şi sârbi şi celebrul portret al lui Avram Iancu. Momentele glorioase din istoria românilor apar şi la Theodor Aman, în „Cea din urmă noapte a lui Mihai Viteazul", „Vlad Ţepeş şi solii", „Bătălia de la Olteniţa", „Tudor Vladimirescu" ş.a. „Umbrele" voievodale sunt invocate şi de Andrei Mureşanu în Un răsunet (1842): „Priviţi, măreţe umbre, Mihai, Ştefan, Corvine/ Româna naţiune, ai voştri strănepoţi/ Cu braţele armate, cu focul vostru-n vine/ „Viaţa-n libertate ori moarte!" strigă toţi". 7. Tablourile lui C. D. Rosenthal („România revoluţionară", „România rupân- du-şi lanţurile...") şi cel al lui Gheorghe Tattarescu („Deşteptarea României") se dovedesc a fi, în contextul românesc al epocii, nişte excepţii. În fapt, caută să Ipostaze feminine în cultura română a secolului al XIX-lea: „Marianne”-le româneşti 313 autohtonizeze (costumul naţional, salba, alte detalii) alegoriile feminine din cea de a Il-a Republică franceză, de la 1848. Recunoaştem în forţa calmă a figu- rii feminine din pictura lui Rosenthal (femeia îmbrăcată în bluza românească, cu un steag tricolor pe umăr şi cu mâna pe un pumnal, cu privirea în zare...) ceva apropiat de tabloul din 1849 al lui Charles Landelle. Regimul francez de la '48 dorea să încurajeze alegoria „cu alură nobilă" şi respingea producţiile ce înfă- ţişau „des furies, des mégères, d'enragées diablesses, les cheveux en désordre, les vêtements débraillés, le regard flamboyant, la vocifération à la bouche, en- tourées de ferrailles royales, de morceaux de trône [...] sur des tas de pavés, de poutres, de tonneaux éfoncés, et d'omnibus gisants, comme s'il s'agissait d'une éternelle preneuse d'éternelles barricades..." (Algulhon 1970: 147). Dacă figurile voievodale şi cele ale luptătorilor (sau chiar ale haiducilor) vor ajunge să domine imaginarul românesc, celor feminine li se va rezerva, atât în epocă, cât şi mai târziu, zona marginală, a ridicolului şi a parodiei. Încă de la 1830-1840, femeile nu sunt văzute drept factori de impunere a culturii şi civilizaţiei franceze, ci zugrăvite mai ales caricatural. Kogălniceanu ironizează „societatea de tinere dame şi demoiselle" (Kogălniceanu 1908: 11-12), Ion Ghica se amuză pe seama „coconiţelor" care „începuseră să îndruge franţozeşte cu: «Bonju», «Chesche vu parle franse, munsiu», «Bon sua» şi «Alivoa»..." (Ghica 2011: 26). „Ce caricatură!", exclama Alecu Russo descriindu-le pe cucoanele aflate la plimbare pe Copou. Alecsandri scrie piesele cu memorabila Chiriţa. La I.L. Caragiale, „Marianne" devine Miţa Baston, apriga „revoluţionară de la Ploieşti". Exemplele ar putea fi mai numeroase. Interesant de observat este că, în majoritatea scrierilor diplomaţilor şi secre- tarilor străini ajunşi în Tările Române, perspectiva se schimbă radical. Occi- dentalii remarcă - precum Wilkinson - „graţia naturală", „talia zveltă remar- cabilă" a femeilor, familiarizarea lor cu literatura şi muzica (chiar dacă nu cântă prea bine), modul lor europenesc de a se îmbrăca, prin contrast cu boierii înveşmântaţi în straie orientale, cu calpace uriaşe, care dănţuiesc sârbe, pe muzica lăutarilor (Wilkinson 1851: 122). Mai mult, denunţă în pasaje nume- roase ignoranţa, lenea totală, cupiditatea, aplecarea spre intrigi şi corupţia boierilor din Moldova şi Valahia. Desigur, însemnările de felul acesta sunt marcate de subiectivitatea autori- lor lor. Dar, dincolo de aceasta, ele dezvăluie diferenţe esenţiale între imaginea pe care şi-o fac străinii despre Principate şi locuitorii lor şi cea „dinăuntru", ce reflectă sistemul de valori al patriarhalismului oriental al locului. Bibliografie AGULHON Maurice, 1976, Un usage de la femme au XIXe siècle: l'allégorie de la République, Romantisme 13-14: 143-152. 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The study is new in its comparative approach, with access to the Polish and French texts which inspired the Romanian revolutionaries exiled in Paris, and to the studies dedicated to the issue. Streszczenie Kobiece oblicza w kulturze rumuńskiej XIX wieku: rumuńskie „Marianny" Artykuł omawia oblicza kobiecego rewolucyjnego ducha (w sztukach i literatu- rze) w XIX w. Porusza zarówno przedstawienia algoryczne (C. D. Rosenthal), jak i budowanie kobiecego obrazu „matki-ziemi ojczystej" u autorów 1848 r. Studium jest nowatorskie w swym podejściu porównawczym, sięgając do polskich i francus- kich tekstów, które inspirowały rumuńskich rewolucjonistów, przebywającyh na emigracji w Paryżu, a także do opracowań poświęconych temu zagadnieniu. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Maria Gubińska Université Pédagogique de Cracovie Démasquer la Russie selon Astolphe de Custine (Lettres de Russie) ou le jeu comme stratégie d’écriture Les Lettres de Russie d'Astolphe de Custine n'ont pas cessé depuis leur paru- tion de susciter l'approbation, l'enthousiasme, mais aussi une critique des plus agressives.1 Elles ont été publiées en quatre volumes en 1843, quatre ans après le voyage du marquis dans ce pays, en 1839, et elles lui ont valu un succès immédiat de librairie (Custine a estimé le tirage global pour l'étranger à plus de 200 000 exemplaires en moins de dix ans). Ce succès contraste avec le long silence de la presse qui était beaucoup plus lente à réagir comme le dit Pierre Nora, rédac- teur de l'édition de 1975 sur laquelle nous nous sommes appuyée.2 Il faut men- tionner des perturbations liées à la réception de ce livre ; cette hésitation entre l'enchantement des lecteurs et le scepticisme du côté de la critique russe (dans 1 Cf. M. Louyot, « Adolphe de Custine et le Mythe russe », Communication présentée pendant la séance du 6 avril 2007, www.academie-stanislas.org/.../40-Communication%... (page consultée le 20 septembre 2015). 2 Marquis de Custine, Lettres de Russie. La Russie en 1839, Édition présentée et établie par Pierre Nora, Paris, Gallimard, 1975, coll. Folio n o 1908, 1990. Les traducteurs polonais de Lettres de Russie ont aussi utilisé cette édition : 1) Listy z Rosji, traduction de Marian Górski, éd. Spotkania, 1988 et éd. Aramis, 1989, ainsi que 2) Listy z Rosji, traduction de Katarzyna Czermińska, éd. Aneks, 1988. Il a fallu attendre l'année 1995 pour avoir la traduction com- plète en deux tomes de 500 pages effectuée par Paweł Hertz (PIW). Ce livre est fortement présent dans le contexte culturel polonais ; Gustaw Herling-Grudziński a dit après George F. Kennan que « ce livre, anticipant la révolution bolchévique est le meilleur, qu'on ait jamais écrit sur la Russie de Staline, mais aussi celle de Breżniev ». Dans quelle mesure ce livre est actuel aujourd'hui est une question ouverte. 3i6 Maria Gubińska la presse) qui se sont succédés en France pendant un an. Rappelons, après Nora, les trois noms des auteurs russes les plus hostiles : Nicolas Gretch, jour- naliste et grammairien qui était espion sur le paquebot Nicolas 1er, il s'agit du même bateau qu'avait pris le marquis, Xavier Labinski, diplomate d'origine polonaise qui travaillait à Pétersbourg au ministère des Affaires étrangères et Jacques Yakovlef (le pseudonyme de Jacques Nicolaïevitch Tolstoï) qui avait été mêlé à l'insurrection décabriste, mais il a été récupéré par la police tsariste comme correspondant du ministère de l'éducation.3 Il est question des trois attaques ; les critiques mentionnés parlent des erreurs, des inexactitudes et des mensonges de Custine. Des attaques montées sans aucun doute, inspirées et financées par le gouvernement russe. Évidemment on ne doit pas oublier Herzen qui avait lu ce livre avec passion et qui a beaucoup apprécié le talent de voyageur et d'observateur. Dans la presse française, les critiques défavorables l'emportent (il a fallu attendre six mois pour avoir des échos dans la presse), mais il faut noter cependant l'éloge de Sainte-Beuve ; bien que ses lignes aient paru en Suisse dans La Revue suisse (le 3 janvier 1844). L'accueil « officiel » du livre reste en opposition avec le succès de librairie comme nous l'avons déjà indiqué. Le phénomène de réception tendu entre enthousiasme et réfutation, qui est selon la plupart des critiques et biographes organisé par la Russie, s'inscrit déjà dans une stratégie de dissimulation et de cette façon, introduit un lecteur potentiel dans un univers où le simulacre jouera le rôle principal dans le spectacle dévoilé par de Custine, mais monté par le despotisme russe. Il faut ajouter que la caractéristique principale de cet ouvrage se traduit par un regard critique sur le pouvoir tyrannique, bien qu'en même temps Custine ne soit pas indifférent aux charmes de la Russie et de son peuple. Il écrit : « Des steppes ! Ce nom oriental me fait pressentir à lui seul une nature inconnue et merveilleuse ; il réveille en moi un désir qui me tient lieu de jeunesse, de courage, [...] peut-être n'aurais-je jamais entrepris ce voyage s'il n'y avait pas de steppes en Russie ! »4. Des échos de René de Cha- teaubriand retentissent à plusieurs reprises pendant son voyage en Russie. Mais les Lettres de Russie ne se distinguent pas seulement par une simple ambiguïté ou une bipolarité située entre l'attirance et le dénigrement ; la stra- tégie d'écriture custinienne est fondée sur le jeu, la dissimulation qui se trouve au cœur de cet ouvrage épistolaire. Évidemment, cette œuvre se place aussi dans le contexte civilisationnel et comme tel, Custine est aujourd'hui considéré par certains critiques comme un écrivain à regard orientalisant (au sens saïdien)5; en tant que représentant de la culture occidentale, il éprouve son sentiment de supériorité envers la culture des barbares. Francine-Dominique Liechtenhan, 3 P. Nora, « Accueil de la critique » [in] Lettres de Russie, op. cit., p. 406. 4 Marquis de Custine, Lettres de Russie, op. cit., p. 40. 5 Cf. A. Horolets, « Dyskursywne konstruowanie podmiotu wiedzącego w wybranych relacjach z podróży », Teksty Drugie, n o 3, 2012, p. 153. Démasquer la Russie selon Astolphe de Custine (Lettres de Russie) 317 suggère que l'objectif de ce livre est d'exclure les Slaves de l'Est de l'organisa- tion des nations européennes.6 (Une approche postcoloniale exigerait une étude détaillée). La dissimulation custinienne est double ; elle concerne premièrement l'ob- jectif de son récit ; à savoir la Russie dans tous ses états où le jeu est la raison d'être, ce qui est l'objet de notre étude, et deuxièmement, elle se rapporte à sa forme épistolaire qui est fondée sur un jeu permanent ; ainsi, le lecteur ne con- naît point les destinataires des lettres custiniennes ou bien les destinataires sont fictifs. Quant aux informateurs ; Custine brouille les pistes afin de les pro- téger, mais il utilise aussi ce stratagème pour rendre son ouvrage plus mysté- rieux et plus adéquat à la dissimulation constante et au mensonge, qui sont le socle sur lequel se fonde, selon de Custine, la Russie. La forme épistolaire rend le livre encore plus intéressant parce que l'auteur y introduit un apport auto- biographique important, soulignant la véracité de ses observations et dévoilant la stratégie d'un voyageur perspicace, toujours vigilant, mais dévoilant son jeu devant le lecteur et complétant ses observations par une réflexion laborieuse, mais éclectique. Disons après Pierre Nora, que le marquis de Custine : [...] a trouvé des lettres imaginaires aux amis, écrites au principe sur le vif, [...] longuement méditées à partir de notes de voyage, une technique qui lui permet à la fois le reportage vécu et la digression philosophique, l'aphorisme et le reco- piage des prédécesseurs, sans parler du cours d'histoire ou de l'interview comme celle (la première apparition du procédé) qu'il prit à l'empereur Nicolas Ier [...]7 Custine dévoile son jeu devant le lecteur pour montrer le caractère espiègle de sa démarche de voyageur et de reporter, mais aussi pour confirmer qu'il a tellement bien deviné le jeu des Russes que pour le révéler, il doit pratiquer la même méthode ; ainsi, le jeu, cette « spécialité russe », est un instrument efficace pour démasquer la Russie et dévoiler la vérité sur l'Empire qui est fondé sur le simulacre. Dans son attitude équivoque, tout comme le pays qu'il décrit, nous pouvons aussi saisir son extrême vigilance comme réaction d'un aristocrate et écrivain rejeté par les salons littéraires à cause du scandale qui avait lieu en 1824 au moment du fameux rendez-vous d'amour à Saint-Denis.8 Paradoxalement, il se sent libre au moment où le scandale (1824) explose et cette disposition intérieure, de même que la mort de son fils et de sa mère, le poussent à voyager. Custine avoue souvent que les voyages lui offrent une indépendance. 6 Cf. F.-D. Liechtenhan, Astolphe de Custine. Voyageur et philosophe, Paris : Champion, 1990. 7 P. Nora, « Préface » aux Lettres de Russie, op.cit., p. 12. 8 II est attaqué par les camarades d'un cannonier de la garde avec qui il avait eu un ren- dez-vous d'amour ; battu, dépouillé de ses vêtements et abandonné dans une ornière. Les gazettes publient différentes versions, l'aventure est finalement confirmée par les rapports de police. La réputation de Custine est perdue. Maria Gubińska Quel était le but de son voyage en Russie ; est-ce qu'il voulait obtenir, pour Ignace Gurowski, jeune Polonais dont il s'est épris en 1831, le droit de rentrer en Pologne ou bien comme le veulent certains critiques, le Tsar Nicolas espé- rait utiliser Custine dans sa contre-propagande (les Français soutenaient les Polonais après la répression de l'insurrection de 1830, mais huit ans après cette répression, l'animosité entre la Russie et la France, s'est atténuée) car le mar- quis, avant son départ pour la Russie, ne s'emblait éprouver aucune sympathie pour la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe. Confronté à la Russie, Astolphe va crier sa vérité ce qui choquera les Russes. Tout ce que Custine espérait trouver en Russie l'avait désenchanté jusqu'à rédiger cette fameuse constatation : « J'allais en Russie pour chercher des argu- ments contre le gouvernement représentatif. J'en reviens partisan des constitu- tions »9. Précisons encore qu'il était bien préparé pour son voyage. Comme le dit Irena Grudzińska -Gross, pour bien comprendre la Russie, il a approfondi son savoir historique en étudiant Sigismond von Herberstein (les rapports de 1549), par l'intermédiaire de Karamzine (L'Histoire de l'État russe de Nicolas Karam- zine a été publié en Russie entre 1816-1829 en douze volumes).10 Le système de références renvoie aussi à des ouvrages historiques du XVIIIe siècle ; Lecointe de Laveau, Leclerc, Levesque. Présentant ses sources bibliographiques, il ne cesse pas de mener un jeu avec le lecteur ; les citations demeurent ponctuelles, elles servent à induire le lecteur en erreur ou à afficher les positions du narra- teur sur un sujet donné. Custine avance ses lectures par allusion, par source ou auteur interposés. Soucieux de cacher ses informations principales, le marquis invoque des récits de voyageurs anciens, ceux de Herberstein donc du XVIe s. Il revient au grand débat autour de la Russie des Lumières en rappelant Mon- tesquieu, Voltaire ou Diderot. Dans l'avant-propos des Lettres de Russie, Custine est absolument conscient de ses inexactitudes et erreurs, mais l'objectif majeur est de montrer la vraie Russie : [Les Russes] me tiendront compte des difficultés que j'avais à vaincre et me féliciteront du bonheur et de la promptitude avec lesquels j'ai pu saisir les traits de leur caractère primitif sous le masque politique qui le défigure depuis tant de siècles11. Dès le début de son périple, déjà à Lubeck, le maître de l'auberge où Cus- tine s'était arrêté, l'encourage à renoncer à son projet de voyage ; l'aubergiste dit : 9 Marquis de Custine, Lettres de Russie, op. cit., p. 33. 10 Cf. I. Grudzińska-Gross, Piętno rewolucji, Custine, Tocqueville i wyobraźnia romantyczna, Warszawa : PWN, 1995, pp. 55-63. 11 Marquis de Custine, Lettres de Russie, op. cit., p. 36. 318 Démasquer la Russie selon Astolphe de Custine (Lettres de Russie) 319 [les Russes] ont deux physionomies ; [...] quand [les seigneurs] débarquent pour venir en Europe, ils ont l'air gai, libre, content ; ce sont des chevaux échap- pés, des oiseaux auxquels on ouvre la cage ; hommes, femmes, jeunes, vieux, tous sont heureux comme des écoliers en vacances ; les mêmes personnes à leur retour, ont des figures longues, sombres, tourmentés ; ils ont un front soucieux ; j'ai conclu de cette différence qu'un pays que l'on quitte avec tant de joie et où l'on retourne avec tant de regret, est un mauvais pays.12 Sur le bateau, il rencontre le vieux prince K* qui après un séjour en France re- tourne en Russie ; son jugement étonnant sur la Russie est noté par le marquis : On se trompe sur le rôle que cet État jouerait en Europe : d'après son prin- cipe constitutif il représenterait l'ordre ; mais d'après le caractère des hommes, il propagerait la tyrannie sous prétexte de remédier à l'anarchie ; [...]. L'élément moral manque à cette nation [...]13. La visite du marquis au palais de Pétersbourg est une occasion d'observer le jeu des membres de la cour ; il participe à un spectacle réalisé par Nicolas Ier : [La cour] me fait de plus en plus l'effet d'un théâtre où les acteurs passe- raient leur vie en répétitions générales. Pas un ne sait son rôle. Et le jour de la représentation n'arrive jamais, parce que le directeur n'est jamais satisfait du jeu de ses sujets. Acteurs et directeur, tous perdent ainsi leur vie à préparer, à corri- ger, à perfectionner sans cesse leur interminable comédie de société, qui a pour titre « de la civilisation du Nord ».14 Et il dresse un portrait de l'Empereur Nicolas à qui il est présenté à l'occa- sion du mariage de la grande duchesse. Le tsar « pose », il n'est jamais naturel : [...] chacune de ses physionomies qui se succèdent arbitrairement sur la figure est prise ou quittée complètement, et sans qu'aucune trace de celle qui disparaît reste pour modifier l'expression nouvelle. C'est un changement de décoration à vue et que nulle transition ne prépare ; on dirait d'un masque qu'on met et qu'on dépose à volonté.15 Custine souligne qu'il utilise le mot masque selon son étymologie grecque ; l'acteur était un homme qui se masquait pour jouer la comédie. Et il pour- suit : « l'Empereur est toujours dans son rôle et il le remplit en grand acteur »16. et ses acteurs/ courtisans semblent passer leur vie en « répétitions générales »17. Disons après Michel Louyot que tous les complots et intrigues sont le résul- tat du pouvoir tyrannique18 car 12 Ibidem, p. 39. 13 Ibidem, p. 51. 14 Ibidem, p. 135. 15 Ibidem, p. 133. 16 Ibidem, p. 134 17 Ibidem, p. 135. 18 Cf. M. Louyot, op. cit., p. 379. 320 Maria Gubińska [l]a tyrannie, c'est la maladie imaginaire des peuples ; le tyran déguisé en médecin leur a persuadé que la santé n'est pas l'état naturel de l'homme civilisé, et que plus le danger est grand, plus le remède doit être violent ; c'est ainsi qu'il entretient le mal sous prétexte de le guérir19. La tyrannie russe prend le masque de la vertu ; Ivan IV dit le Terrible, incarne aux yeux de Custine le mythe du despotisme. Le marquis dit que depuis son règne : « l'obéissance politique est devenue pour les Russes un culte, une reli- gion. Ce n'est que chez ce peuple [...] qu'on a vu les martyrs en adoration devant les bourreaux »20. Alain Besançon parle aujourd'hui d'une continuité non seulement du mensonge, mais aussi du système soviétique comme d'une surréalité qui s'impose à l'ensemble de la société à commencer par le tsar.21 Le plus grand des maux dont souffre la Russie, dit Custine, l'absence de liberté, se peint jusque sur la face de son souverain : il a plusieurs masques, il n'a pas de visage. Ce monde décrit par Custine est un monde inhumain, mécanique car le principe du despotisme fonctionne toujours avec une rigueur mathéma- tique. La peur est omniprésente : la crainte remplace [...] la pensée, [...] la crainte ne sera jamais l'âme d'une société bien organisée ; ce n'est pas l'ordre, c'est le voile du chaos [...] ; où la liberté manque, manquent l'âme et la vérité.22 Dans cette cruauté de l'univers russe, Custine aperçoit un raffinement ; les Russes prêtent à la peur le masque de l'amour. L'hypocrisie et le mensonge cachés sous le masque sont profonds. Disons après Alain Besançon que le mensonge russe est fondamental et que ce n'est pas un mensonge à la Potem- kine, mensonge traditionnel qui consiste à construire un décor pour les étran- gers en vue de leur donner une bonne idée du pays. Besançon parle d'un mé- lange de deux mensonges ; le mensonge Potemkine traditionnel qui continue et le mensonge communiste qui consiste à faire croire que l'on vit dans la même réalité.23 Les mensonges sont omniprésents et « leur climat [...] est complice de la tyrannie » 24; la neige est un masque et le Kremlin « une des décorations les plus théâtrales du monde »25 lui faisant peur par sa figure labyrinthique qui rappelle la citadelle des spectres. [...] Tout [y] a un sens symbolique, volon-taire ou non, [...] ; mais ce qui reste de réel [...], c'est un amas de cachots pompeusement 19 Marquis de Custine, Lettres de Russie, op. cit., p. 92. 20 Ibidem, pp. 299-300. 21 Cf. A. Besançon, « La "sainte Russie" », Revue Catholica, no 119, 2013, www.catholica. presse.fr/2013/06/13/la / « -sainte-russie-» (page consultée le 20 septembre 2015). 22 Marquis de Custine, Lettres de Russie, op. cit., p. 180. 23 Cf. A. Besançon, op. cit. 24 Marquis de Custine, Lettres de Russie, op. cit., p. 294. 25 Ibidem, p. 324. Démasquer la Russie selon Astolphe de Custine (Lettres de Russie) 321 surnommés palais et cathédrales. Les Russes ont beau faire, ils ne sortent pas de prison 26. En guise de conclusion, nous revenons à 1843, date de la publication du livre. Plusieurs rééditions ont paru au fil des ans. Le livre a circulé en Russie clandestinement et sans aucun doute si les lettres de Custine avaient été dé- couvertes lors de son séjour en Russie, il aurait pu être expédié en Sibérie. Custine peut être considéré comme l'un des plus grands représentants romantiques du genre « récits de voyage », c'est aussi un politicien intelligent, mais il est surtout le premier à décrire et dénoncer comme tel, un système d'oppression. Il étouffait dans le système qu'il décrivait, un système fondé sur la tyrannie mais déguisé en amour de l'ordre. Custine est allé regarder la Russie et pour ce faire, il y fallait le courage de dire les atrocités sur l'Empire. Il le savait, car il a hésité durant trois années à faire paraître son voyage. Comme l'a dit Pierre Nora, il a écrit à sa manière son Voyage au bout de la Nuit en démasquant la tyrannie russe qui se déguise et qui prend le masque de la vertu. Bibliographie BESANÇON Alain, 2013, La « sainte Russie », Revue Catholica 119, en ligne : www.ca tholica.presse.fr/2013/06/13/la / « -sainte-russie-» (page consultée le 20 sep- tembre 2015). CUSTINE Astolphe de, 1990 (1975), Lettres de Russie. La Russie en 1839, Édition pré- sentée et établie par Pierre Nora, Paris : Gallimard, coll. Folio n o 1908. GRUDZIŃSKA-GROSS Irena, 1995, Piętno rewolucji, Custine, Tocqueville i wyobraźnia romantyczna, Warszawa : PWN. HOROLETS Anna, 2012, Dyskursywne konstruowanie podmiotu wiedzącego w wy- branych relacjach z podróży, Teksty Drugie 3 : 134-156. Liechtenhan Francine-Dominique, 1990, Astolphe de Custine. Voyageur et philosophe, Paris : Champion. Louyot Michel, 2007, Adolphe de Custine et le Mythe russe, Communication présentée pendant la séance du 6 avril 2007, URL : www.academie-stanislas.org/.../40- Communication%... (page consultée le 20 septembre 2015). Summary Unmasking Russia according to Astolphe de Custine (Letters from Russia), or the game as a writing strategy Astolphe de Custine, in his Letters from Russia, a work that enjoyed unparalleled popularity in the year of its publication (1843), depicts a portrait of the country dominated by the tsarist despotism. His book is the anatomy of tyranny that the writer ruthlessly unmasks by revealing the mechanism of a constant game that he unveils in various areas of life 26 Ibidem, pp. 291, 294. 322 Maria Gubińska in Russia where the tyranny holds a mask, and the Russians are perceived as the most perfect actors. In the paper, we also undertake an attempt at an analysis of Custine's writing strategy that exposes the superficial grandeur of Russia, also using the element of game as a constant element of the literary discourse. Streszczenie Demaskowanie Rosji według Astoph'e de Custine (Listy z Rosji), czyli gra jako strategia pisarska W swych Listach z Rosji (fr. Lettres de Russie, jako część tomu La Russie en 1839), dziele epistolarnych, które odniosło ogromny sukces od razu po opublikowaniu w 1843, Astolphe de Custine maluje portret kraju poddanego carskiemu uciskowi. Custine'owi udaje się zdemaskować Rosję jako wielką machinerię za kulisami (grande mécanique à coulisses) i przedstawia Rosjan jako najprzedniejszych aktorów świata (premiers comédiens du monde). Celem niniejszego artykułu jest przeanalizowanie strategii pisarskiej Custine'a, która opiera się na idei niekończącej się komedii, gry, która odbywa się na wielu płaszczyznach i daje zaskakujące efekty. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Agnieszka Kukuryk Université Pédagogique de Cracovie Poésie graphique du début du XXe siècle - le texte iconique en tant que signe(s) Aux XIXe et XXe siècles, la « modernité poétique » se signale par des innova- tions concernant la musicalité, mais aussi la dimension visuelle du poème. Les nouvelles formes de la poésie moderne reposent sur l'aspect pictural du texte. Le matériau du poète est multiple. L'écrivain devient artiste qui rêve de traiter le mot comme signe et comme image, de travailler sur l'iconicité pour montrer précisément la tension entre la figuration et la représentation. Remarquons que c'est aussi l'époque où chaque art commence à revendiquer sa spécificité. Les échanges entre peinture et littérature se multiplient. Théodore Adorno le remarque bien dans L'art et les arts disant que « [d]ans l'évolution la plus récente, les frontières entre les genres artistiques fluent les unes dans les autres, ou plus précisément : leurs lignes de démarcation s'effrangent » (Adorno 2002 : 3). Dans la littérature et particulièrement dans la poésie française, la fascination pour la création picturale va croissant. Les poètes revendiquent une liberté créatrice en opposition avec le respect de règles trop imposantes. La recherche esthétique ne passe plus forcément par la forme codifiée. C'est « la dimension spatiale du littéraire » qui reste un aspect crucial de l'expérience et de l'inter- prétation de la littérature. La poésie graphique s'exprime dans divers mouve- ments qui « explorent l'espace ». Par conséquent, le texte devient un signe non seulement à lire mais aussi à regarder et, très souvent, il est perçu même comme une œuvre d'art. Il vaut la peine de signaler que jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le poète, selon la définition de Louis de Jaucourt de l'Encyclopédie, était « écrivain qui compose des ouvrages en vers ». À travers les siècles, son statut a beaucoup changé. Il ne suffit plus d'être un bon artisan. La modernité poétique initiée par Baude- laire exige des styles nouveaux. Les poètes les trouvent dans un vieux dia- 324 Agnieszka Kukuryk logue entre poésie et peinture. En s'inspirant du peintre qui pose sur la toile blanche des couleurs, l'auteur essaie de déposer sur la page blanche des caractères. Par là, la « poésie plastique » de Manet est certainement à l'origine des recherches de Mallarmé sur l'espace et sur la typographie qui l'ont con- duit, avec Un coup de dés jamais n'abolira le hasard (1897), à introduire une nou- veauté radicale dans la poésie occidentale. Le mot, ainsi que « la signification langagière traditionnelle des gestes d'écriture et de graphisme » (Blumen- kranz-Onimus 1984 : 200) restent désacralisés. Les poètes cherchent à saisir « l'insaisissable » comme le disait Henri Michaux. La « poétique de l'espace », selon l'expression de Genette (1969), change également l'acte de lecture du texte. Ce n'est plus la lecture linéaire qui importe mais une lecture assujettie à la simultanéité, la lecture beaucoup plus suggestive qui permet une multi- tude de connotations. Les poètes modernes ne décrivent plus la réalité mais ils découvrent des objets neufs par des assemblages de mots, des juxtapositions de mots et d'images, des combinaisons à des niveaux différents, car les « com- binaisons de mots ont un sens - mais ce sens naît de la combinaison » (Berran- ger 1987 : 16). La révolution du langage poétique consiste donc en une trans- formation des formes littéraires selon lesquelles le texte n'est pas seulement un tissu de sens, mais aussi un support ou un « espace » dans lequel des mots ou du texte et des images sont disposés de manière à créer une œuvre totale. La réflexion de Mallarmé qui porte sur le vers encourage les poètes à poursuivre ce nouveau rergard sur le poème. Ils mettent en page les structures idéo- grammatiques. L'effet visuel ou même tactile est indéniable. Le problème de la plasticité, en principe réservé aux arts « dont le but est l'élaboration des formes », est présent également dans les œuvres littéraires. Les auteurs repré- sentent les tendances principales qui cherchent à surmonter la crise de l'écri- ture européenne. Qu'il suffise de mentionner Stéphane Mallarmé, Blaise Cen- drars ou Guillaume Apollinaire, sans oublier les auteurs fascinés par les signes extrême-orientaux comme Paul Claudel et Victor Segalen. Tous ces poètes proposent au lecteur le déchiffrement du texte poétique adressé à l'œil. La théorie du signe de Charles Sanders Peirce qui implique une relation triadique entre la chose, la représentation et la forme pourrait per- mettre de traduire les différentes formes de la poésie visuelle du début du XXe siècle. La sous-classification en « hypoicônes », faite pour distinguer le signe iconique de l'icône pure qui ne peut être qu'une image mentale, donne la possibilité de traiter les créations poétiques comme un texte iconique que Umberto Eco en 1975 définit de la façon suivante : « l'iconicité du signe n'est pas une propriété du signe mais une propriété du processus de création de ce signe » (Eco 1998 : 32). La structure du texte reste l'élement primordial dans la poésie visuelle. Wolfgang Iser le caractérise en ces termes : Le processus de construction des images commence avec les schémas [les structures] du texte, qui sont des aspects d'une totalité que le lecteur doit fabriquer lui-même ; en la fabriquant, il occupera la position préparée pour lui, Poésie graphique du début du XXe siècle - le texte iconique en tant que signe(s) 325 et créera ainsi une séquence d'images qui l'amèneront finalement à constituer le sens du texte (Iser 1978 : 141). Mais c'est dans le « diagramme » emprunté à la théorie peircienne sur les hypoicônes que nous pouvons trouver une clé pour décrypter les structures idéogrammatiques car celui-ci met en œuvre une analogie relationnelle entre le signifiant et le référent et dans lequel plus que la ressemblance, c'est une similitude qui compte. Le problème est déjà signalé par Roman Jakobson dans son article intitulé À la recherche de l'essence du langage où il note que : Dans un diagramme typique comme les courbes statistiques, le signifiant pré- sente avec le signifié une analogie iconique en ce qui concerne les relations entre leurs parties. [...] L'examen critique de différents ensembles de diagrammes conduit [Peirce] à reconnaître que [...] « l'algèbre n'est pas autre chose qu'une sorte de diagramme » et que « le langage n'est pas autre chose qu'une sorte d'algèbre ». Peirce voyait nettement que « par exemple, pour qu'une phrase puisse être comprise, il faut que l'arrangement des mots dans son sein fonc- tionne en qualité d'icônes » (Jakobson 1963 : 28). Remarquons qu'étymologiquement, le terme « diagramme » vient du latin diagramma emprunté lui-même au grec ôiàYpa^a qui veut dire « toute chose décrite par le dessin ou l'écriture »!. C'est aussi une dérivation de ôiaYpâ^eiv, ce qui signifie « décrire par le dessin ou l'écriture ». Dans son article L'expé- rience diagrammatique : un nouveau régime de pensée, Noëlle Batt note aussi que le terme est une combinaison de deux autres mots grecs dia-graphein (inscrire) et gramme (une ligne) (Batt 2004 : 6). Le diagramme possède alors une double nature. Il engendre l'écriture et l'image. Nous pouvons donc supposer que Peirce s'est souvenu de ces origines quand il refléchissait à sa théorie sur l'icône. Il est nécesaire de signaler que'au niveau artistique Vassily Kandinsky arrive aux mêmes conclusions. Pour bien comprendre les conceptions de ce peintre et théoricien de l'art, il vaut la peine de rappeler à cette occasion les mots de Stéphane Mallarmé qui, en 1864, a affirmé que la poésie devrait « peindre non la chose mais l'effet qu'elle produit » (1959 : 137). Le poète symboliste a repris la même idée en 1891 considérant que « nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est fait de devi- ner peu à peu : suggérer, voilà le rêve » (Mallarmé 2003 : 700). Bien que Mal- larmé et Kandinsky ne se soient jamais connus2, certains points communs dans leurs recherches théoriques paraissent évidents. Ainsi, lors d'une conférence à Cologne en 1914, le peintre dit : 1 Dictionnaire du Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales, [en ligne] www.cnrtl.fr/definition/ diagramme (consulté le 21 septembre 2015). 2 La majorité des textes théoriques de Mallarmé ont été écrits dans la dernière décennie du XIXe siècle, tandis que Vassily Kandinsky a commencé à écrire dans les premières années du XXe siècle. 326 Agnieszka Kukuryk Je n'avais pas d'intention d'abandonner totalement l'objet. [...] Je dissolvais donc plus ou moins les objets dans le tableau, afin qu'ils ne puissent pas être tous reconnus d'un coup et que, par conséquent, le spectateur puisse éprouver peu à peu, l'une après l'autre, ces résonnances spirituelles concomitantes. [...] En d'autres termes, je n'avais pas encore assez de maturité pour éprouver la forme abstraite pure, sans support objectif (Beretti 2004 : 64). Comme Mallarmé, qui « a laissé l'initiative aux mots », l'instigateur de l'art abstrait voulait que les couleurs et les formes, hors de toute imitation de l'exté- rieur des choses, s'organisent pour, comme le remarque bien Jani Berreti, « for- mer un langage capable de significations intérieures neuves et fortes qui lui sont propres » (ibidem). Ce n'est pas l'objet qui intéresse le peintre mais la couleur et la forme ainsi que leur faculté de signifier. Pendant son séjour au Bauhaus, il cherche donc les « idées » que les couleurs peuvent suggérer et les recueille dans son essai Point-ligne-plan en 1926. Cet ouvrage, sous-titré « Pour une grammaire des formes », donne un aperçu sur la théorie de Kandinsky où l'auteur affirme que « tels les mots dans la langue, les éléments plastiques seront reconnus et définis. Ainsi que dans la grammaire, des lois de composi- tion seront établies. En peinture, le traité de composition répond à la gram- maire » (Kandinsky 1970 : 321). Par conséquent, le système triadique de classement le point, la ligne et le plan constitué par le peintre dans son ouvreage fait écho à la triade peircienne : le symbole, l'indice et l'icône. Le point est, comme le symbole peircien, l'élé- ment primordial qui sous-tend toutes les autres fonctions sémiotiques. Pour l'artiste, c'est le degré zéro qui représente « l'ultime et unique union du silence et de la parole » (ibidem : 328). La ligne est l'élément actif qui, à l'intérieur du plan/ icône, indique, relie et trace, créant ainsi une sorte de réseau diagram- matique. Le dernier élément, le plan, comme l'icône, compose à la fois le sup- port et la forme essentielle de l'image visuelle. Quant à la classification des trois hypoicônes perciennes, l'image avec ses qualités de ressemblance cor- respond à la forme et la couleur. La métaphore qui, en termes de Peirce con- stitue un parallélisme avec quelque chose d'autre, est bien analysée par David Scott dans son article intitulé Accord réciproque. Pierce, Kandinsky et le potentiel dynamique du qualisigne (Scott 1998 : 17-23). D'après ce critique, dans le tableau abstrait, la combinaison de couleurs et de formes, envisagée comme une unité ou une totalité, peut à son tour être envisagée comme métaphorique. Dee Reynolds fournit une analyse plus détaillée sur la métaphore dans Symbolist aesthetics and early abstract art : sites of imaginary space, où l'auteure, s'inspirant de la sémiotique peircienne, compare la poétique de Rimbaud et Mallarmé à l'esthétique de Kandinsky et Mondrian. Dans cette étude, Reynolds met en relief le rôle vital que joue l'imagination du spectateur dans la lecture de l'espace « imaginaire » proposé par le tableau abstrait. Elle est d'avis que les connotations figuratives imputées aux formes abstraites des peintures de Kandinsky : Poésie graphique du début du XXe siècle - le texte iconique en tant que signe(s) 327 [...] sont imaginées par le spectateur, et leurs ressemblances aux organismes vivants introduisent une dimension « métaphorique » qui, elle-même, tire l'atten- tion du spectateur vers la capacité de l'imagination d'« animer » les éléments picturaux. D'ailleurs, la fonction des «signes» picturaux est de ressembler aux signes, mais sans renvoyer pour autant à aucun système codé : c'est ainsi qu'ils arrivent à jouer avec l'attente du spectateur en signalant leur propre illisibilité en tant que signes (Reynolds 1988 : 151-152).3 Dans ce cas, la métaphore ne consiste pas à rechercher du référent. Il s'agit plutôt, comme le suggère Michel Henry à propos de la peinture abstraite de Kandinsky, de voir l'invisible (Henry 1988). La référence à la théorie mallarmé- enne y est évidente et une remarque faite par Roman Jakobson dans ses Ques- tions de poétique en 1973 serait une bonne réplique. L'auteur note : « Dans une certaine mesure aucun mot poétique n'a d'objet. C'est à quoi pensait le poète français [Mallarmé] qui disait que la fleur poétique est l'absente de tous bouquets » (Jakobson 1973 : 21). En outre, Kandinsky regrette que « le spectateur [soit] trop habitué à cher- cher [...] 'un sens' dans un tableau » (Scott 1998 : 21) et explique que l'art abstrait évoque un nouveau genre de lecture qui ne renvoie plus le spectateur à chercher le sens du tableau ni le rapport entre son contenu et quelque objet du monde « réel », mais qui invite plutôt à comprendre la logique des rapports entre les formes et les couleurs à l'intérieur du cadre. En conséquence, la com- position est, comme le dirait Peirce, « la forme d'une relation ». De ce point de vue, il est possible de dire que le tableau abstrait se réfère de même au dia- gramme. L'essentiel dans le processus du raisonnement aussi bien de Peirce que celui de Kandinsky ne s'appuie pas sur la figuration accomplie ou complétée mais elle va dans le sens d'une image fragmentée ou d'une figure ouverte à l'expérimentation. Les créations poétiques du début du XXe siècle se situent au carrefour de ces deux approches d'autant plus qu'en 1967, Jacques Derrida dans De la grammatologie note qu'« il y a dans la littérature quelque chose qui ne se laisse pas réduire à la voix, à l'epos, ou à la poésie, on ne peut le ressaisir qu'à la condition d'isoler avec rigueur ce lien du jeu de la forme et de la sub- stance d'expression graphique » (Derrida 1967 : 87). Rappelons encore que dans les années 1970, Umberto Eco, dans son œuvre Le signe, apporte une défi- nition du signe radicalement ouverte mais proche de la sémiotique peircienne. Il dit que : est signe tout ce qui entretient des relations de signification, même dans le cas où sa structure interne ne correspond pas à celle des signes linguistiques [...], il est possible d'écrire la structure interne de n'importe quel signe (même si elle diffère de la structure linguistique) (Eco 1998 : 21) 3 La traduction est la mienne, AK. 328 Agnieszka Kukuryk La poésie visuelle du début du XXe siècle engendre aussi bien les éléments de la théorie peircienne que celle élaborée par le peintre de l'art abstrait. Tous ces textes touchent le même problème, notamment celui qui concerne l'analo- gie du signe iconique. Mais, il faut le mettre en relief, la perception de ce sujet change un peu avec la publication en 1992 par le Groupe ^ d'un Traité du signe visuel où les auteurs font la distinction entre le signe iconique et le signe plas- tique. Enfin, Jean-Marie Klinkenberg, personne phare du groupe, dans Précis de sémiotique générale écrira : Le signe iconique nous est déjà connu : il est analogique et renvoie mimé- tiquement à un objet de la réalité. Le signe plastique, quant à lui, mobilise des codes reposant sur les lignes, les couleurs et les textures, prises indépendam- ment d'un quelconque renvoi mimétique (Klinkenberg 2000 : 379). Pour les membres du Groupe ^, les notions de « ressemblance » ni de « degré d'iconicité » n'étaient plus satisfaisantes. La relation nécessaire avec la ressemblance s'est trouvée remise en question et a abandonné l'idée de copie. Par conséquent, Jean-Marie Klinkenberg a fait la distinction entre le signe plastique et le signe iconique disant qu'entre ces deux systèmes, se tissent de nombreuses relations : Une simple tache informe serait plastique, le dessin d'un visage serait ico- nique, mais une figure géométrique serait quelque part entre les deux : plastique parce qu'elle n'a pas pour référent un être du monde naturel, iconique parce qu'elle n'est pas seule de son genre, mais renvoie à une idée extérieure à elle, et à une actualisation de ce concept qui ne pouvait se définir que par sa forme dans l'espace (Klinkenberg et al. 1992 : 120). Comme le remarque bien Georges Roque, une telle distinction permet « d'étudier le signe plastique comme un signe à part entière, sans plus faire du plastique le signifiant d'un signifié iconique » (Roque 2008). Elle rappelle aussi les principes de la théorie de l'art abstrait élaborée par Kandinsky. Quant au plastique, l'accent est mis sur le signifiant, tandis que dans l'iconique, l'accent se place plutôt sur le signifié4. Il arrive donc que dans un même énoncé, il puisse exister une relation entre les deux systèmes. Ceci évoque la notion de rhétorique du signe visuel que le Groupe ^ appelle avec pertinence une rhétorique icono-plastique selon laquelle le plastique en tant qu'il est phénoménologiquement le signifiant du signe iconique, permet l'identification de l'iconique. À son tour l'iconique, une fois identifié, permet d'attribuer un contenu aux éléments plastiques étrangers aux types iconiques (Klinkenberg et al. 1992 : 315). 4 Une telle remarque ne disqualifie en rien l'art figuratif. Au contraire, cela permet au spectateur de revaloriser la dimension plastique. Les œuvres de René Magritte en paraissent des exemples parfaits. Qu'il suffise d'énumérer La trahison des images (1929) ou La reproduc- tion interdite (1937). Poésie graphique du début du XXe siècle - le texte iconique en tant que signe(s) 329 Cette brève esquisse sur la ressemblance dans la création du texte et de l'image mentionnée ci-dessus permet de considérer le poème graphique aussi bien comme le signe iconique que le signe plastique. Très souvent, la poésie renferme du pictural et la peinture contient du poétique. La publication du Coup de dés jamais n'abolira le hasard en 1897 a ouvert la discussion sur ces formes nouvelles. La révolution typographique liée à l'essor de l'imprimerie industrielle au XIXe siècle ainsi que la théorie de la relativité proclamée en 1905 par Albert Einstein ne peuvent être négligées. Le problème de la relativité temps-espace préoccupait aussi les poètes modernes qui dési- raient voir la réalité mouvante. Le blanc de la page leur permettait de rendre visible ce qui était invisible ainsi que de dévoiler la polysémie de l'expression poétique. Ils mettaient l'accent sur le jeu de la disposition typographique avec d'autres éléments, que ce soit le lexique, le rythme ou la sonorité, qui contri- buait à la constitution du sens global ou de la signifiance totale du poème. Michel Décaudin, dans l'introduction de son ouvrage sur La crise des valeurs symbolistes, remarque bien que l'histoire littéraire réagit schématiquement face à une situation qui lui paraît si peu linéaire. Elle prend acte de son désordre sans l'interroger comme symptôme et sans l'étudier dans ses manifestations (Décaudin 1981 : 11). Sur ce fond littéraire, en 1914, Guillaume Apollinaire annonce « l'esprit nouveau » qui se partage entre tradition et modernité, ordre et aventure : Les artifices typographiques poussés très loin avec une grande audace ont l'avantage de faire naître un lyrisme visuel qui était presque inconnu avant notre époque. Ces artifices peuvent aller très loin encore et consommer la syn- thèse des arts, de la musique, de la peinture et de la littérature (Apollinaire 1991 : 944). Le lyrisme visuel met en jeu toutes les formes conventionnelles de l'écri- ture. Les créations littéraires de la simultanéité apparaissent. Le 30 mai 1911, dans la revue Les Rubriques Nouvelles, Nicolas Beauduin lance le « paroxysme5 moderniste et son langage polyplan » (Décaudin 1971 : 85). Deux ans plus tard, Blaise Cendrars publie La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France, proclamée comme « premier livre simultané ». La coopération du poète avec Sonia Delaunay, a fait de ce signe poético-pictural un objet spectaculaire, exi- geant du lecteur qu'il négocie entre le visible et le lisible ses propres parcours. L'oeuvre de Cendrars montre la parenté entre livre-poème-peinture et conti- nue la polémique sur le statut du Livre, commencée avec la parution du Coup de dés de Mallarmé et de sa « vision simultanée de la page ». La mise en ques- tion de la notion de temps dans la Prose du Transsibérien permet au poète de faire coexister des codes différents. La picturalité, l'écriture ainsi que le son 5 Le terme a été utilisé pour la première fois par Albert Mockel dans son essai Emile Verhaeren, Paris-Genève, Mercure de France, 1895, p. 52-53, pour décrire l'œuvre du poète flamand. 330 Agnieszka Kukuryk s'entremêlent. Les couleurs de Delaunay ajoutées à la page font écho aux vibrations des vers du poète. Puisque le texte est concentré sur le côté droit, le lecteur est conduit à entrer dans le poème par l'image. La typographie irrégu- lière laisse place à encore plus de cette couleur qui s'insinue entre les vers. Comme le dit Apollinaire, une telle stratégie oblige à percevoir cette œuvre picturale « d'un seul regard [...], comme un chef d'orchestre lit d'un seul coup les notes superposées dans la partition, comme on voit d'un seul coup les élé- ments plastiques et imprimés d'une affiche » (Apollinaire 1918 : 3). La réfé- rence à la « partition » dont parlait Stéphane Mallarmé y paraît évidente. Pour- tant, la coexistence des codes plastique et typographique n'a pas pour but de compliquer la lecture mais, au contraire, de sensibiliser le lecteur à un « sur- saut » du poème. Les contrastes des couleurs exercent la même fonction que les « blancs » dans la poésie mallarméenne. Elles constituent une partie de ce poème-objet, un diagramme à déchiffrer, selon la terminologie peircienne. Le dialogue réciproque entre la peinture et la poésie est également bien visible dans la création poétique d'Apollinaire. Pour le coup, le poète s'inté- resse à l'aspect « géométrique » ainsi qu'à la juxtaposition de différents plans qui restent au cœur des préoccupations des peintres cubistes. Dans son poème « Zone » qui ouvre le recueil Alcools l'auteur met ensemble des vers de telle façon qu'ils renvoient aux collages introduits par Picasso et Braque dans leurs toiles. Inspiré de même par la peinture de Robert Delaunay qui, comme le remarque bien Claude Debon, « fait chanter les formes et les couleurs [...], le poète [veut faire] chanter les mots, et bientôt les formes » (Debon 1981 : 39). Par conséquant, dans son poème Fenêtres publié dans le catalogue de l'exposi- tion de Robert Delaunay à Berlin en janvier 1913, Apollinaire impose les bribes de conversation au lecteur comme un tout, ce qui constitue le point culminant de l'œuvre où la lutte entre les deux langages devient le dialogue. Les frag- ments en liberté absolue cèdent devant l'essor d'un langage plus lyrique. Le poème semble un équivalent poétique de la démarche artistique vue chez les peintres. Le poète lui-même établit aussi ce parallélisme quand il constate : « Mais on peut dire que la géométrie est aux arts plastiques ce que la gram- maire est à l'art de l'écrivain » (Apollinaire 1966 : 296). Il crée les oeuvres où la poésie et la peinture sont indissolublement liées. Et c'est cette observation qui pousse Apollinaire à crier un jour « Et moi aussi je suis peintre ». Le poète recherche un « lyrisme concret » qui, par des moyens différents, tend vers les mêmes fins que le lyrisme plastique des peintres. Pour lui, le poème devient, nomen omen, une fenêtre qui s'ouvre sur des formes et des couleurs nouvelles. Satisfait de ses recherches, dans une lettre à son amie Madeleine Pagès, il a écrit : « J'ai fait mon possible pour simplifier la syntaxe poétique et j'ai réussi en certains cas, notamment un poème : "Les fenêtres" » (Apollinaire 2006 : 242). Il est à remarquer que la notion de « tableau-objet », c'est-à-dire du tableau qui a sa propre existence matérielle et indépendante sera de base de ses futurs Calligrammes appellés d'abord idéogrammes lyriques, puis nommés poèmes-dessins. Poésie graphique du début du XXe siècle - le texte iconique en tant que signe(s) 331 Enfin, le poète les définit comme poèmes idéographiques exigeant que « notre intelligence s'habitue à comprendre synthético-idéographiquement au lieu de analytico-discursivement » (Debon 2004 : 196). Déjà dans la première création de ce type, « Lettre-Océan », il est bien visible qu'il ne s'agit pas d'un rapport univoque entre un référent et un signe visuel, mais d'une construction mul- tiple, variée, débordant largement les catégories de l'idéogramme. Cela nous rappelle l'exercice diagrammatique de Charles Peirce qui consiste à représen- ter les relations entre les choses par des signes qui montrent les mêmes rela- tions. Le poème est un signe linguistique dont Jean-Pierre Goldenstein recon- naît la difficulté disant qu'« avec le calligramme, nous nous trouvons moins devant un texte, à comprendre, que devant un signe, à reconnaître » (Golden- stein 1981 : 3). En combinant le mode de signifiance sémiotique et le mode sémantique, Goldenstein continue que « le calligramme se situe au carrefour de la lisibilité et de la visibilité » (ibidem : 4) où un « nouveau lecteur » sera capable de dépasser les contradictions qui déchirent le lecteur actuel placé devant dilemme : lire ou regarder le texte. Cette nouvelle forme poétique se distingue de la poésie en vers par le fait qu'il comporte deux niveaux de signi- fication. Le premier relève du mot et du rythme, le deuxième, des valeurs plas- tiques. La poésie d'Apollinaire réinvente le langage qui devient à la fois une substance et un sens dans le poème. Il est inutile de chercher le réalisme imi- tatif des objets évoqués. La simultanéité de ce qui est dit et de ce qui est mon- tré ne se réduit jamais à une identité. Pour la rendre sensible, le poète fait précisément jouer les différences entre le sens des mots et leur image typo- graphique. Émile Benveniste dans la Sémiologie de la langue note que : Le sémiotique désigne le mode de signifiance qui est propre au signe linguis- tique et qui le constitue comme unité. [...] Avec la sémantique nous entrons dans le mode spécifique de signifiance qui est engendré par le discours. [...] Le sémiotique (le signe) doit être reconnu ; le sémantique (le discours) doit être compris (Benveniste 1974 : 43-66). Le calligramme d'Apollinaire, par la spécificité de sa mise en page, encadre ces deux modes de signifiance. Il n'est pas possible de lire ce poème-dessin comme on lit une page normale ni de percevoir un tel texte comme une forme normale, car elle est toujours tirée vers l'écriture. Le lecteur se trouve donc dans un système qui entraîne une sorte de mouvement perpétuel de l'œil et de l'esprit. L'intention du poète est que chacun puisse reproduire ce type d'écri- ture expérimentale. L'inaptitude du lecteur à identifier les composantes du texte est bien calculée par l'auteur. Une telle stratégie investit le poème d'une richesse d'accords et d'une largeur d'ouverture aux interprétations ce qui place Apollinaire dans un vaste groupe d'écrivains et d'artistes modernes qui demandent au lecteur/spectateur de participer à leurs œuvres. Les calligrammes sont des signes qu'il ne faut pas interpréter en tant qu'une simple écriture, dans sa matérialité composée du « système sémiotique visuel 332 Agnieszka Kukuryk et spatial » (Ducrot & Todorov 1972), car ce type de création est composé de plusieurs systèmes qui se complètent. Goldenstein explique cela de la manière suivante : [Le calligramme est un] morphémogramme qui dénote, selon une disposi- tion typographique figurative, une unité linguistique signifiante à l'aide d'unités linguistiques signifiantes (elles-mêmes composées d'unités linguistiques non signifiantes (Goldenstein 1981 : 1). Il est donc possible de « lire » le texte et le dessin à la fois, ou bien, comme le dit Jean-Gérard Lapacherie, de se faire l'« araignée-pontife » du calligramme, qui tisse les liens et bâtit les ponts permettant la communication entre les diffé- rents éléments du poème-dessin (Lapacherie 1982 : 198). L'objectif de la poésie du début du XXe siècle repose sur le renouvellement du langage. Le poème est un signe qui se lit comme un tableau que chaque lecteur déchiffre à sa manière. Les limites entre la peinture et l'écriture sont brouillées, en même temps que le langage et sa logique signifiante sont sus- pendus. Les poètes travaillent la langue et essaient de redécouvrir l'écriture parfaite. Ainsi, des phénomènes comme la « poésure » et la « peintrie »6 font leur entrée sur la scène littéraire et deviennent des domaines à explorer. Bibliographie ADORNO Theodor, 2002, L'art et les arts, textes réunis, trad. et présentés par Jean Lauxerois, Paris : Desclée de Brouwer. APOLLINAIRE Guillaume, 1918, L'esprit nouveau et les poètes, (in :) Du Calligramme, J. Peignot, 1978, Paris : Éd. du chêne. APOLLINAIRE Guillaume, 1966, Œuvres Complètes IV, Paris : André Balland et Jacques Lecat. APOLLINAIRE Guillaume, 1991, Œuvres en prose complètes II, Paris : Gallimard. APOLLINAIRE Guillaume, 2006, Lettre à Madeleine, Paris : Gallimard. BACHELARD Gaston, 1958, La poétique de l'espace, Paris : Presses Universitaires de France. Batt Noëlle, 2004, L'expérience diagrammatique : un nouveau régime de pensée, Penser par le diagramme de Gilles Deleuze à Gilles Châtelet, Théorie Littérature Épistémologie : 22 : 5-28. 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Pierce, Kandinsky et le potentiel dyna- mique du qualisigne, Protée 26/3 : 17-23. 334 Agnieszka Kukuryk Summary Graphic poetry of the beginnings of the 20th century - the iconic text as (a) sign(s) The aim of this article is to present the problem of the representation by means of a word in the early 20th century French literature. The new tendencies which provoked the writers and painters, they could define the plasticity of words and pictures, as well as discover similarities of these two layers. The study attempts to discuss the phenomenon presenting the co-existence of the verbal and the pictorial code and to show the connections between literature and art, as well as a graphic and artistic sign. Streszczenie Poezja graficzna początku XX wieku - tekst ikoniczny jako znak(i) Celem niniejszego artykułu jest przedstawienie problemu reprezentacji za pomocą słów w wybranych utworach literatury francuskiej z początku XX. wieku. Nowe trendy zapoczątkowane przez modernistycznych pisarzy i malarzy pozwolą okreś- lić plastyczność słów i obrazów oraz dokonać analizy podobieństw tych dwóch systemów znakowych. Badaniu poddane zostaną zjawiska współistnienia kodów werbalnych i wizualnych, powinowactwa między literaturą i sztuką umożliwiające nam traktować tekst jako znak ikoniczny. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Regina Lubas-Bartoszyńska Uniwersytet Pedagogiczny w Krakowie Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku Wprowadzenie Początek XXI wieku zdaje się przynosić wyciszenie burzliwego teoretyzowa- nia na temat form autobiograficznych, zarówno na Zachodzie jak i w Polsce. Czołowi jego luminarze we Francji, jak Philippe Lejeune, George Gusdorf, w Ameryce i w Anglii - John Paul Eakin, John Olney, pozostali przy swoich stanowiskach badawczych; integrystycznych lub separatystycznych1, istnienia lub nieistnienia prehistorii autobiografii2, skali fikcji w autbiografii3 etc. Fenomen autobiografii, uznany także przez krytycznego wobec teorii lite- ratury Jacques'a Derridę4, spopularyzował się niezwykle za sprawą blogu, na którym, nie czytając nawet Cher écran5, znają się wszyscy. Ważną propozyqą badawczą po okresie „burzy i naporu" teorii autobiografii wydaje się także ujęcie autobiografii jako „znaku życia"6, czyli prostszej wersji kluczowej kate- gorii tej formy - „paktu autobiograficznego"7. W sukurs temu ujęciu idzie 1 Zob. omówienie tych stanowisk w książce J. et E. Lecarme, L'Autobiographie, Paris 2000. 2 Zob. krytyka stanowiska Ph. Lejeune'a (sytuującego prehistorię autobiografii przed Wyznaniami J.-J. Rousseau) w pracach G. Gusdorfa, zwłaszcza w Ligne de vie, t. I, Ecritures du moi, t. II, Paris 1991. 3 Np. J.P. Eakin, Fiction in Autobiography. Studies in the Art of Self-Invention, Princeton 1988. 4 J. Derrida, Ta dziwna instytucja zwana literaturą. Z Jacques'em Derridą rozmawia D. Affridge, tłum. M.P. Markowski, w : Dekonstrukcja w badaniach literackich, red. R. Nycz, Gdańsk 2000, s. 17-73. 5 Ph. Lejeune, Cher écran... Journal personnel ordinateur, 2000. 6 Ph. Lejeune, Signes de vie. Le pacte autobiographique, Paris 2005. 7 Ph. Lejeune, Le pacte autobiographique, Paris 1975. 336 Regina Lubas-Bartoszyńska przestroga Philippe'a Lejeune'a8 przed preferowaniem w dzienniku jego poe- tyckości, albowiem gubi ona wartości informacyjne. Druga godna uwagi pro- pozycja badawcza, podniesiona u progu XXI wieku, wiąże się z uzasadnioną filozoficznie jeszcze w końcu XX wieku przez Paula Ricœura kategorią l'iden- tité narrative9, odnoszoną do autobiografii przez Johna Paula Eakina, szczegól- nie w książce Identity in Narrative. Living Autobiographically: How create Identity in Narrative (2008), w której badacz rozwija problem sposobów określenia toż- samości autobiografa poprzez różne typy narracji. Następuje więc niejako powrót do podstawowych założeń początków teorii pamiętnikarstwa i sporów o nie, zapoczątkowanych książką Floriana Znaniec- kiego i Williama Thomasa The Polish Peasant (1918)10. W wyniku dyskusji roz- wijających się w latach następnych, pamiętnik został uznany za źródło wiedzy 0 czasie przedstawionym w tekście i o autorze, zwłaszcza o jego postawie życiowej11. Idąc poniekąd tym torem myślenia aktualnie rozważa się w Polsce problem prawdy w niektórych formach literatury autobiograficznej, zwłaszcza w dzienniku. Dostrzega się ją szczególnie w prawdzie wydarzeń (w historii), w prawdzie doświadczenia życiowego (psychologicznej) oraz w prawdzie me- tafizycznej (wykraczającej poza „przygodowość" życia człowieka)12. Te trzy prawdy, różnorako formułowane i precyzowane, w różnym stopniu i prefe- rencji, występują niemal w każdej formie zapisu osobistego. Priorytetem w tekstach wyznaczonych przez temat tego artykułu jest prawda historii, jako że autorki zdawały sobie sprawę z pozycji ich klasy społecznej 1 jednocześnie ze stopniowej utraty jej znaczenia. Dlatego też ich teksty będą tu zaprezentowane głównie pod tym kątem. Oczywiście, dwie następne prawdy, obecne w różnym stopniu w różnych tekstach, lecz słabiej, niż pierwsza, będą również omawiane, tym bardziej że odsłaniają one lepiej tożsamość osobową autobiografek i diarystek. Obfitość tekstów autobiograficznych arystokratek polskich, których linia życia sięga do wieku XX, zmusza do dokonania pewnej selekqi. Wiadomo, że wszelka intymistyka jest źródłem szczegółowej wiedzy historycznej, wykorzys- tywanej przez badaczy historii. Dzięki licznym dziennikom i pamiętnikom ziemian, tyleż mężczyzn13, co kobiet, czasem szlachty nieszczególnie zamożnej 8 Préface w F. Simonet-Tenant, Le journal intime, genre littéraire ou écriture ordinaire, Paris 2004. 9 P. Ricœur, Temps et récit, t. III, Paris 1985; idem, Soi-même comme un autre, Paris 1990, s. 140-154. 10 F. Znaniecki, W.Thomas, The Polish Peasant in Europe and America, t. 1-2, Chicago 1918. Piszę na ten temat w książce Style wypowiedzi pamiętnikarskiej, Kraków 1983, s. 48-67. 11 Zob. ibidem, rozdział II. Należy tu przypomnieć, że pionierstwo Polaków (szczególnie F. Znanieckiego) w zakresie badania pamiętników pod względem faktów w nich zawartych i postaw ich autorów podkreślił Ph. Lejeune w Avant propos do Archives autobiographiques. Cahiers de sémiotique textuelle. Sous la dir. de Ph. Lejeune, Paris 1991, s. 5. 12 P. Rodak, Prawda w dzienniku osobistym, „Teksty Drugie", n. 4 (118), 2009, s. 23-38. 13 By podać jakieś przykłady pamiętników arystokratów sięgające XX w.: Roman Potocki, 1886-1914, Pamiętniki, Wrocław 1958; Alfred Potocki, Pamiętnik, Londyn 1959; Ludwik Jabło- Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 337 i tekstom nie zawsze publikowanym14, powstało wiele prac o życiu ziemian polskich15. Oczywistą rzeczą jest, że nie wejdą w grę opowieści biograficzne 0 hrabinach de domo, jak np. o hr. Alfredowej Potockiej16, czy niehrabinach, ale poślubionych polskim arystokratom, nie tak licznym zresztą zarówno w wieku dwudziestym17, jak i wcześniej18. W żyłach znacznej części arystokracji polskiej płynie nie tylko polska krew, dlatego będą brane pod uwagę wyłącznie teksty tych hrabin pochodzenia obcego, poślubionych arystokratom polskim, dla których miejscem życia stały się głównie ziemie polskie i które nauczyły się języka polskiego, jak Matylda z Windisch-Greatzów Sapieżyna, autorka tekstu pt. My i nasze Siedliska. Nie zostaną natomiast uwzględnione pamiętniki księżnej Daisy - Angielki, vel. księżnej Marii Teresy Cornvallis, choć zamieszkiwała po ślubie i po rozwodzie ziemie dzisiejszej Polski, nie wyszła bowiem za mąż za Polaka. (jej mężem był Franz Heinrich Hofberg, właściciel dóbr pszczyńskich, pałacu w Pszczynie 1 w Książu). Ponadto nigdy nie nauczyła się języka polskiego. Natomiast teksty hrabin wywodzących się z rodów zachodnich, ale osiadłych w Polsce, dzielących losy narodu polskiego i pracujących dla Polski, będą tu wzięte pod uwagę (casus hr. Karoliny Lanckorońskiej). Stopień zamożności rodzin arystokratycznych nie stanie się kryterium selek- cji tekstów, jakkolwiek nie będą brane pod uwagę liczne teksty wspomnie- niowe szlachcianek, które nie uzyskały dziedzicznie tytułu przynależności do zamkniętej wówczas jeszcze klasy arystokratycznej, jak Marii Mortkowicz- Olczakowej, Marii Ginter, czy pań współtworzących tzw. „literaturę kreso- wą", by użyć określenia Stanisława Estreichera19, jak Zofii Kossak-Szczuckiej, Marii Dunin-Kozickiej, Elżbiety z Zaleskich Dorożyńskiej i wielu innych. Rolę nowski, Pamiętniki, Kraków 1963; Ojciec Joachim Badeni, Autobiografia. Z o. J. Badenim roz- mawia A. Sporniak, Kraków 2004. 14 Przykładem wykorzystywania takich zapisów osobistych do badań nad historią miasta i pałacu, np. w Łańcucie przełomu XIX i XX wieku, są studia nad czterdziestoma tomami dzienników spisanych gotykiem przez głównego księgowego klucza łańcuckiego - Wilhel- ma Serkowskiego (dziadka prof. Kazimierza Bartoszyńskiego). Znalazły się one w gestii Muzeum zamkowego. 15 By wymienić chociażby: R. Jasiński, Zmierzch starego świata, Warszawa 2000, M. i J. Ło- zińscy, W przedwojennej Polsce. Życie codzienne i niecodzienne, Warszawa 2011, J. Kolbuszew- ski, Kresy, Warszawa 1997, M. Łozińska, W ziemiańskim dworze. Codzienność, obyczaje, święta, zabawy, Warszawa 2011, M. Miller, Arystokracja, Warszawa 1993. 16 A. Cholewianka-Kruszyńska, Pani Afredowa Maria z Sanguszków Potocka z Łańcuta, War- szawa 1998. 17 Np. K. Biernacki, Wspomnienia o Marii Przybyłko-Potockiej, Kraków 1974. 18 Jak np. J. Łojek, Dzieje pięknej Bitynki. Historia życia Zofii Potockiej 1760-1822, Szczecin 1988; B. Wernichowska, Kardy i kokardy. Opowieść o hrabinach Potockich, Kraków 2009 (do XX wieku odnosi się tu wspomnienie o Krystynie Potockiej); D. Wawrzykowska-Wierciochowa, Promienna. Opowieść biograficzna o Klaudynie z Działyńskich Potockiej 1801-1836, Warszawa 1976. 19 Zob. G. Rolak, Wstęp do Joanna Potocka, Dziennik z lat 1914-1919. Wszystko, co kochałam, oprac. G. Rolak, Wrocław 2014. 338 Regina Lubas-Bartoszyńska decydującą w wyborze tekstów odegrał status nazwiska rodowego, uznanego w powszechnym odbiorze Polaków za nazwisko właściwe klasie arystokra- tycznej. Najbardziej „rozpisanym" autobiograficznie rodem są Potoccy różnych linii i kluczy, jakby nazwisko przodka jednego z nich - Jana Potockiego, uzna- nego zresztą przez Francuzów za ich pisarza, predestynowało potomnych do pisania. A także ród Branickich. Obydwa rody, jak wiemy, nie najlepiej zapi- sane w pamięci historycznej Polaków. Większość analizowanych tekstów to autobiografie „upamiętnikowione"20. Ich główny temat to prawda historyczna i indywidualna; dzieje własnego życia, swej rodziny i rodu, z wyciszeniem tego, co negatywne. Natomiast prawda psychologiczna i metafizyczna, przeżycia własne i refleksje odniesione do in- stanq'i społecznej i ponadindywidualnej znajdują się w nich na dalszym planie. 1. Anna z Działyńskich Potocka: Mój pamiętnik Zacznijmy jednak od tekstu, w którym te dwie prawdy zostały podniesione do rangi bardzo doniosłej, tym bardziej, że czas życia autorki w dużej części należał do wieku XIX. Chodzi o autobiografię (i pamiętnik jednocześnie) Anny z Działyńskich Potockiej (1846-1927) pt. Mój pamiętnik 21, sięgający w zapisach do roku 1923. Jak pisze autor Wstępu, Jerzy Piechowski, wspomnienia Anny Potockiej „dają panoramę życia szlachty polskiej XIX wieku", na którą „skła- dały się: narodziny, śmierć, małżeństwo, nowa rodzina, wychowanie dzieci, gospodarstwo domowe, podróże, rozrywki, odwiedziny u sąsiadów itp." (s. 11). Małżeństwo Anny i Stanisława Potockich nie należało do zamożnej arystokra- cji: majątek wielkopolski Anny Działyńskiej w Oleszycach został sprzedany tanio, a Rymanów, gdzie osiedli i prowadzili sanatorium, kupiony z długami. Natomiast pani Anna rodziła mężowi dzieci często, „jak koraliki", by użyć jej określenia. Jak żadna inna z arystokratek-autorek tekstów pamiętnikarskich, Anna z Działyńskich Potocka stała się obiektem podziwu spokrewnionych z nią innych autobiografek z powodu swojej szlachetności, poświęcenia dla innych, pracy społecznej, a nawet fizycznej przy prowadzeniu sanatorium, a więc czegoś nietypowego dla 'mêméité' magnackiej tożsamości osobowej22. Była bowiem arystokratką pracującą, a wraz ze Stanisławem Potockim tworzyli małżeństwo społeczników, pionierów postępu, tak materialnego, jak i moral- 20 Określenie stosowane w pracach z teorii autobiografii dla teksów silnie skupionych także na życiu 'innych'. Zob. R. Lubas-Bartoszyńska, Style wypowiedzi pamiętnikarskiej, Kra- ków 1983. Termin powtarzany w omówieniach takich autobiografii. 21 Anna z Działyńskich-Potocka, Mój pamiętnik, Wstęp J. Piechowski, Warszawa 1973. 22 P. Ricœur wprowadza pojęcie mêméité dla określenia bycia tym samym zawsze oraz ipséité dla tożsamości rozwijającej się w czasie (zob. Temps et récit, op. cit. passim). Tu chodzi o pracę fizyczną, nietypową dla arystokratek. Cnoty Anny z Działyńskich Potockiej pod- kreślane były w wielu wspomnieniach ziemianek polskich. Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 339 nego. Organizowali sklepiki, kółka rolnicze, czytelnie, Sodalicję Mariańską, szkołę snycerską, naukę czytania i pisania oraz inne akqe. W sukurs tym dzia- łaniom społecznikowskim szła refleksja autorki nad postawami życiowymi innych osób, rodziny, nad swymi myślami i emocjami, wśród których uczucia religijne, wsparte jej czynami, zajmowały ważne miejsce. I w tym względzie wypowiedź własna Anny Potockiej z Rymanowa jest najsilniej nasycona psy- chologią i metafizyką a także myślą społecznikowską. 2. Maria Małgorzata z Radziwiłłów Potocka: Z moich wspomnień Nieco krócej w XX wiek, bo do roku 1918, dochodzi autobiografia i pamięt- nik jednocześnie innej pani, po mężu Franciszkowej Potockiej, mianowicie Marii Małgorzaty z Radziwiłłów (1875-1962) pt. Z moich wspomnień23. Świat wspomnień autorki jest zgoła odmienny od świata pani na Rymanowie. Jej koligacje są bardzo wysokie, by wspomnieć tylko jedno z wielu wymienianych pokrewieństw: autorka jest prawnuczką Antoniego Radziwiłła, namiestnika poznańskiego, biorącego udział wespół z księciem Adamem Czartoryskim w Kongresie Wiedeńskim. Jako żona Franciszka Radziwiłła, ministra Wyznań Religijnych i Oświecenia Publicznego, ogranicza czas wspomnień do lat sprzed międzywojnia. Uwaga autorki w dużym stopniu skupiona jest na odsłanianiu swych koligacji rodzinnych i zasług szerokiej rodziny dla sprawy polskiej oraz na przypomnieniu najważniejszych wydarzeń historycznych czasu, gdy ten czy ów z jej przodków działał (np. pradziad określony jest „dobrym Polakiem", ojciec -poseł do Reichstagu- walczył z kulturkampfem i nienawidził Bismarcka, mąż organizował szkolnictwo w Kijowie itd.). Prawda historii i świadectwa jest dla Franciszkowej Potockiej najważniejsza, także w ukazaniu codzienności życia swej klasy społecznej. Wielki świat autorki predstawiony został dość snobistycznie, w całej jego pełni i bogactwie. Autorka zdawała sobie sprawę z tego, że istota życia jej klasy poddana jest historii w szczególny sposób, że „mêméité" każdej tożsamości ma też swoją ipséité"24 w czasie. Według Hra- biny bardzo liczy się w życiu strona materialna; ile kto wniósł posagu, ile zarobił, ile stracił na różnych przedsięwzięciach gospodarczych, jakie posiada kosztowności, pałace, meble, stroje. Życie pani Franciszkowej Potockiej, jak większości arystokracji polskiej, przebiega w szerokich przestrzeniach, między Berlinem, Petersburgiem, Teplitzem, Antoninem, Peczarą, Ołyką, Równem, Warszawą i Krakowem. Obok nazwisk i imion arystokratów w roli towarzys- twa do bali, podwieczorków, polowań i innych rozrywek, występują też uczeni i artyści, jak Ludwik Puget, Karol Hubert Rostworowski, Stanisław Tarnowski (obydwaj arystokraci), Jan Matejko, Jerzy Mycielski i inni. W Krakowie miej- 23 M.M. z Radziwiłłów Franciszkowa Potocka, Z moich wspomnień, oprac. E. Kozłowski, Łomianki 2000. 24 P. Ricœur, op. cit. (zob. przyp. 22). 340 Regina Lubas-Bartoszyńska scami pobytu hrabiny Franciszkowej Potockiej były pałace Jabłonowskich, Pod Baranami, na Szlaku u Tarnowskich, u Tyszkiewiczów (w pałacyku częściowo potem spalonym i zakupionym przez Kurię). Jako osoba lubiąca się bawić, osobny rozdział poświęca balom kotylionowym i zabawom, począwszy od młodości berlińskiej i petersburskiej, po bale krakowskie, a zwłaszcza war- szawskie w pałacu w Jabłonnej u Eugeniuszów Potockich i w Mokotowie u Lubomirskich. Autorka ukazuje siebie także w roli matki kształcącej synów i wychowującej ich w duchu polskości. Z wielkim bólem powitała wiadomość o śmierci brata jej męża - Tomcia, który zginął w okolicy Bzury i pochowany został w kościele św. Krzyża. Początek wojny autorka kwituje stwierdzeniem, że do nich na Podolu (przebywała w Peczarze) „ledwo dalekie echa wojny do- chodziły przez gazety". Dopiero później wspomina transporty wojsk, jeńców austriackich w szpitalu w Równem, okopy, sukcesy rosyjskie, zajęcie Warsza- wy przez Niemców w 1916 r., wysiedlenia poddanych austro-niemieckich, trudności z uzyskaniem paszportów przez rodziców jako obywateli niemiec- kich i jej samej - obywatelki rosyjskiej. Jak każda patriotyczna arystokratka, pracowała dla rannych w szpitalu. I jak większość posiadaczy pałaców, stra- ciła w Peczarze cenne przedmioty. Pamiętnikarka dokłada starań, by jej orien- tala w przebiegu konkretnych wydarzeń wojennych okazała się precyzyjna, dlatego pisze na przykład o walce Piłsudskiego nad Styrem, o powstaniu kilku korpusów polskich pod wodzą polskich generałów, o reakcji zaborców na sprawę polską po zajęciu Warszawy. Jej wyjaśnienia są jednak niezbyt kla- rowne; często ogólne, dalekie od wiedzy historyka. Wchodzenie w politykę w związku z tematyką pierwszej wojny światowej jest udziałem kilku autorek omawianych tu tekstów. Choć wyziera z nich czasem słaba znajomość wiedzy przedmiotowej, to należy ocenić pozytywnie ambicje pań do posiadania jakiejś orientaqi na ten temat oraz własnej oceny wydarzeń. Niezależnie od tematyki wojennej autorka podkreśla zdolności administra- cyjne męża, nie tylko na stanowisku w ministerstwie, ale też w ordynacji teplitzko-sitkowskiej, potem peczarskiej, organizacyjne w zakresie szkolnictwa w Kijowie, szerokie kontakty z uczonymi, np. z Marianem Zdziechowskim. Jej tekst, napisany na prośbę syna - Konstantego, po drugiej wojnie światowej, jest także wzbogacony o jeszcze inne przekazy, związane z pozyqą polityczną pra- dziadka Marii Małgorzaty - Antoniego Radziwiłła - namiestnika poznańskiego. 3. Matylda Sapieżyna z Windisch-Graetzów: My i nasze Siedliska Tematyka pierwszej wojny światowej, związana z oddaniem synów dla sprawy polskiej, wtopiona w szeroką panoramę własnego życia i życia arysto- kracji, znalazła wyraz w niejednym zapisie osobistym autorek tej klasy spo- łecznej. O poległym bohaterską śmiercią Tomaszu Potockim piszą nie tylko krewne pamiętnikarki, ale także zbolała matka, którą syn przywoływał przed Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 341 skonaniem, Joanna Potocka25, której poświęcimy uwagę nieco później. Na razie przypatrzmy się wspomnieniom matki Fredzia Sapiehy, także poległego na polu chwały. Chodzi o sylwę26 autobiograficzną Matyldy Pawłowej Sapieżyny z Windisch-Graetzów (1873-1968) pt. My i nasze Siedliska27. Jako Austriaczka, i w pewnym stopniu Węgierka , wyszedłszy za mąż za Polaka Pawła Sapiehę, stała się Polką, choć pozwalała sobie na uwagi krytyczne wobec Polaków. Zamieszkała w Polsce, ale - rzecz zrozumiała - jeździła też do Wiednia czy do Szaros-Patak. Gruby tom wspomnień Sapieżyny ma zrazu formę listu do dzieci, podkreśloną zwrotem „Kochane Dzieci'. Dla nich to autorka opowiada czterdzieści lat życia, spędzonego głównie w Siedliskach i związanego z pa- mięcią ich ojca - Pawła Sapiehy. Opasły list-wspomnienie, jak na sylwę przystało, uzupełniany jest fragmentami własnego dziennika o zaburzonej chronologii, relacją pamiętnikarską, artykułami prasowymi i fragmentami poezji autorki. Nazwa „Siedliska" w tytule sugeruje stabilność życia. Istotnie, było to życie bardziej stabilne, niż życie niejednej hrabianki-autorki tu oma- wianej, gdyż w dużej mierze spędzane w Siedliskach, po dwu latach w Jaśle i we Lwowie ze względu na pełnione przez Hrabiego funkcje państwowe. Paweł Sapieha był między innymi posłem na sejm w Wiedniu, Radcą w Na- miestnictwie, piastował wysokie stanowisko w starostwie w Jaśle, współpra- cował z ruchem ludowym (np. z Bojką, z braćmi Patoczkami, z księdzem Badenim pomagającym ruchowi). Natomiast hr. Kazimierz Badeni należał do tych dostojników wiedeńskich (potem zdymisjonowanych), z którymi Potocki utrzymywał żywe kontakty towarzyskie. Rodzina Badenich nie była jedyną, z którą hrabiostwa Sapiehów łączyły więzy towarzyskie. Choć autorka narze- kała na osamotnienie w Siedliskach, to wśród nazwisk dostojnych rodów, towarzysko powiązanych z Siedliskami, wymieniani są m.in. Stadniccy z Krasiczyna, Alfredowie Potoccy z Łańcuta, Maria Żółtowska, Lanckorońscy, Tyszkiewiczowie, Adamowie Potoccy, Witoldowie Czartoryscy i inni. Współ- pracując z ruchem ludowym małżeństwo Pawłów Sapiehów udzielało się społecznie i pomagało biednym, głównie we Lwowie. Autorka uczyła dzieci wiejskie pisać i czytać, organizowała ochronki, czytelnie, zakładała „Ruch Katolicki', Sekretariat katolicki, pan Paweł prowadził Polski Czerwony Krzyż. Sylwa pamętnikarska Pawłowej Sapieżyny uwiecznia też zasługi przodków z obydwu stron. Teść, Adam Sapieha, organizował głośne wystawy: we Lwo- wie „Panoramy Racławickiej" w r. 1894, a na terenie Parku Stryjskiego w 1892 wystawę etnograficzną z imprezami towarzyszącymi, z udziałem rodziny cesarskiej. Autorka nie ukrywa jednak niepowodzeń, np. olbrzymiej straty finansowej z tytułu likwidaqi Banku Kredytowego, w którym przewodniczą- 25 Joanna Potocka, Dziennik z lat 1914-1919. Wszystko, co kochałam, oprac. G. Rolak, Wroc- ław 2014. 26 Zob. R. Nycz, Sylwy współczesne, Warszawa 1984. 27 M.P. Sapieżyna z Windisch-Graetzów, My i nasze Siedliska, wstęp M. z Sapiehów Osterwina, Kraków 2004. Regina Lubas-Bartoszyńska cym Rady Naczelnej był jej teść. Spoglądając na własnych przodków autorka mówi o pracy ojca jako komendanta wojskowego od r. 1880 w Krakowie, potem we Lwowie, następnie w parlamencie wiedeńskim, przedstawia histo- rię rodzinnych zamków w Saros-Pataku i w Tachu, koligacje rodzinne, obce i polskie (spokrewnienie z hr. Tarnowskimi z Dzikowa), ubolewa nad odłącze- niem się Węgier od Cesarstwa. Autorka zachwala walory Siedlisk, mimo iż dokuczało jej odosobnienie i odległość od większych majątków. Uroki te to kwiaty z maciejką na czele, 0 które troska zabierała czas paniom, smażenie przeróżnych konfitur podawa- nych w wymyślny sposób, relaksowe podwieczorki, polowania, gromadzące zwykle także gości, wizyty i rewizyty itd. Matylda Sapieżyna kochała także rodzinne włości austriackie i Włochy. Rzym uważała za swą duchową stolicę. Na Lido spotkała w 1908 r. Sienkiewicza, jeździła do Anglii w związku z nauką dzieci, a w późniejszym czasie mieszkała wraz z mężem także w Krakowie, przy Sławkowskiej. Małżeństwo jednej z córek z Osterwą i wstąpienie ostatniej z nich do klasztoru, prowokowały większą mobilność autobiografistki. Jako Austriaczka, nie ukrywająca wspomnianego krytycyzmu wobec Pola- ków, odnosiła go głównie do własnej klasy społecznej, wyrzucając jej deka- denqę i bezproduktywność „synów naszych rodzin", czemu „sprzyjały częste małżeństwa zawierane w rodzinach"(s. 199). Ale swoje dzieci wychowywała w duchu miłości do Polski. Oddała Polsce jednego z synów; Fredzio, odzna- czony Krzyżem Walecznych, wzięty do niewoli, poległ w pierwszej wojnie światowej. Szukanie szczątków w okolicach Strzemieszyc, opłakiwanie ich, to osobny rozdział obrazów tej wojny. Żadna z autobiografistek tu omówionych nie poświęciła tyle uwagi proble- mowi kształcenia dzieci, co pani Matylda Sapieżyna. Syna Fredzia kształciła w college'u w Dawnside, córkę Elżbisię w Cambridge, wcześniej jeździła z dziećmi do Anglii, by je powoli wprowadzać w angielski system kształcenia. Dla Tilki i Maryni przyjęła zrazu Angielkę, by następnie oddać je do Niepoka- lanowa. Pawełek po maturze studiował w Podchorążówce kawalerię. Autorka krytykuje niewłaściwe metody nauczania, zwłaszcza jezuickie, a czyni to po bezpośrednim zetknięciu się z nimi w związku z doglądaniem nauki swych dzieci. Można śmiało powiedzieć, że we wspomnieniach Sapieżyny prawda psychologiczna, a nawet metafizyczna, znajdują wielorakie odsłony. Natomiast troska o ukazanie głębiej prawdy o pierwszej wojnie światowej ujawnia ambiqę historiograficzną Sapieżyny. Podobne zachowania obserwo- waliśmy w pamiętnikach innych autorek piszących o pierwszej wojnie. Nie tylko bowiem przedstawia ona przebieg pewnych działań wojennych na tere- nach Polski południowej (acz z błędami, na co zwraca uwagę córka), czy Europy 1 ocenia fakty historyczne oraz idee głoszone przez polityków. Ma nawet pewne propozycje dla Polski. Idea „dobra dla Polski" według autorki musi zawierać aspekt etyczności, religijności i sprawiedliwości. Politycy jak i liczne partie i stowarzyszenia, które wymienia, winne je mieć na uwadze. Zwraca 342 Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 343 uwagę na błędy cesarza i wskazuje, jak powinien postępować. Warte podkreś- lenia pozostają liczne i bardzo osobiste wyrazy uczuć patriotycznych wobec przybranej Ojczyzny i polskiego narodu : „nie mogę się odosobnić i różnić od męża i moich dzieci w sprawie tak ważnej, jak duchowa przynależność do ich narodowości" (s. 351); „ale [...] zrosłam się tak z tą polską dolą i niedolą, przy- wiązałam się do tych ludzi i miejscowości.." (s. 351); „Jesteśmy nieszczęśli- wym narodem choć zdolności Polaków są na poziomie kultury zachodniej" (s. 286). Odsłaniana prawda historyczna przesycona jest więc także prawdą psychologiczną i metafizyczną, „przekraczającą ludzką przygodowość"28. Choć tekst Sapieżyny wraz z materiałami rodzinnymi niewolny jest od błędów sty- listycznych, czy kalek języków zachodnich to jednak należy podkreślić, że autorka pisze swą autobiografię językiem, którego nauczyła się błyskawicznie od chwili zaręczyn z Polakiem. 4. Joanna Potocka: Dziennik z lat 1914-1919 Kolejną matką-Polką, oddającą syna Ojczyźnie i opłakującą ofiarę, jest wspom- niana wcześniej Joanna Potocka (1851-1928). W jej Dzienniku z lat 1914-191929 obserwujemy również ambiqę bycia historykiem pierwszej wojny światowej. Jest ona brana pod uwagę jako jedna z reprezentantek tak zwanej „literatury kresowej". Czas dziennikowy jest dla autorki szczególnie bolesny, albowiem znaczony śmiercią dwu najbliższych osób; syna -Tomcia, który bronił mostu między Sochaczewem a Błoniem i poległ ze słowami „Powiedz matce, żem umarł jak żołnierz" (s. 60) oraz siostry Anieli z Potockich Zamoyskiej, a także utratą majątku w Peczarze. Dziennik zaczęła pisać właśnie w czasie podróży do Peczary 19 lipca 1914 roku, stosując podwójne daty, jak mieszkańcy daw- nych ziem polskich pod zaborem rosyjskim (różnica w datowaniu wynosiła 13 dni). Ostatni zapis pochodzi z 30 marca 1919 roku. Dziennik ten jest także świadectwem niemożności pogodzenia się z utratą dominującej roli swej klasy. To na planie historii. Na płaszczyźnie osobistej - jak już wspomniano - dzien- nik jest zapisem bólu matki tracącej dziecko na wojnie i niezwykłej mobilności autorki, zmieniającej stale miejsca pobytu, czasem dla spotkań z córkami, w czym wojna nie była bez znaczenia. Utracone podczas wojny Ołyka i Pe- czara, potem Odessa, Kijów, Nowogródczyzna, Warszawa, Kraków, Rzepi- chów - i częste powroty do niektórych z tych miejsc, to tylko hasła wywoławcze ustawicznych, głównie kolejowych podróży diarystki. Osobiste akcenty dzien- 28 Zob. przyp. 12. 29 Joanna Potocka, Dziennik z lat 1914-1919, op. cit.. Podstawą omówienia jest właśnie to wydanie. Autorka występuje także pod imieniem Janina Zofia w kolejnym wydaniu dzien- nika, opublikowanym przez jej córkę Zofię Barbarę wraz z jej własnymi wspomnieniami: Janina Zofia z Potockich Potocka, Dziennik 1914-1919. Peczara oraz Zofia Barbara Potocka, Moje własne wspomnienia, Łomianki 2014. 344 Regina Lubas-Bartoszyńska nika to także zapisy uwieczniające zasługi inżynieryjne wcześnie zmarłego męża Konstantego w zakresie budowy dróg i mostów, czy działań rolniczych30. Końcowe partie dziennika przesycone są szczegółowymi informacjami o stanie i przebiegu wojny w kraju oraz na frontach europejskich, czerpanymi często z prasy oraz refleksjami natury politycznej, snutymi w oparciu o przed- stawione działania. Ambicje publicystyczne autorki obejmują całokształt sytua- cji politycznej Polski, nie tylko związanej ściśle z wojną. Jest tu miejsce też dla opisu działań Korfantego i zamachu na niego, jego mowy w sejmie, dla straj- ków w Zagłębiu Dąbrowskim, dla proklamowania Księstwa Poznańskiego, powierzenia przez Piłsudskiego Daszyńskiemu formowania nowego gabinetu, roli Hallera i hallerczyków itd. Na balu organizowanym przez Eustachego Sapiehę, na który diarystka została zaproszona, miał być także Piłsudski. Po wojnie autorka uczestniczyła w wielu zebraniach, wiecach i innych zgroma- dzeniach. Ostatnią większą imprezą opisaną w dzienniku Joanny Potockiej był Zjazd Ziemian Polskich 27 marca 1919 roku zajmujący się kwestią obrony ziemian przed przymusowym wywłaszczeniem i przekazaniem ziemi chło- pom. Nie wchodząc głębiej w ocenę informacji politycznej i jakości refleksji autorki, stwierdzić trzeba jej ambiqe bycia szeroko zorientowaną we wszyst- kich wydarzeniach bieżących i uczestniczącą w tym, co dla kobiety jej stanu możliwe, zaangażowaną patriotycznie i emocjonalnie, płacącą za swój patrio- tyzm najwyższą cenę jaką była żołnierska śmierć syna. 5. Ludwika Ostrowska: Trochę się zazdrości tym, co nie dożyli tych czasów Znacznie skromniej niż w omówionych dotąd zapisach autobiograficznych kwestia pierwszej wojny objawia się w dzienniku arystokratki Ludwiki Ostrow- skiej z Maluszyna (1852-1926) pt. Trochę się zazdrości tym, co nie dożyli tych cza- sów31. Mimo skromności zapisów, diarystka doczekała się ich omówień przez historyków32. Ostrowska przedstawia aktualne działania wojenne w swoim regionie, to znaczy na terenach w pobliżu Koniecpola, Częstochowy, Radom- ska i okolic w sposób zwięzły, zdystansowany, obiektywny, bez widocznego zaangażowania patriotycznego i emocjonalnego. Nie ma ambicji informowa- nia szerzej o przebiegu wojny w Polsce czy w Europie, ani o jej politycznych kulisach i grach, a tym bardziej ich ocenach. Wiadomo, że jej ojciec - Aleksan- der33 otrzymał order za uśmierzenie powstania styczniowego na swych tere- 30 W roku 1944, a więc w czasie nie objętym dziennikiem, odebrano Potockim Rudkę, a pałac zamieniono na magazyny i dom kultury. 31 Dziennik Ludwiki Ostrowskiej z Maluszyna, Trochę się zazdrości tym, co nie dożyli tych czasów, oprac. J. Kita, P. Zawilski, Warszawa 2014. 32 Np. J. Kita, Ludwika hr. Ostrowska z Maluszyna 1852-1926. Życie i działalność. Księga Jubi- leuszowa, Częstochowa 2012. 33 www.maluszyn.eu/index.php.Organizacja i Zarząd dóbr Ostrowskiej z Maluszyna. Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 345 nach, o czym nie czytamy w dzienniku. Autorka nie ujawnia też w swych zapisach ambicji odsłonięcia obrazów życia obyczajowego swej klasy społecz- nej. Drobne notatki samotnej (zapewne) autorki o wyjazdach jednego z jej dwu braci do Warszawy w celach leczniczych czy pewnych działań politycznych, sąsiadują czasem ze wzmiankami o wizytach „popasem" jakichś znajomych ze świata arystokratycznego, np. państwa Tarnowskich, Juliuszów Końskich, pani Stefanii Raczyńskiej. Motywy przewodnie tych zapisów są związane z wojną: huki dochodzące z tej czy z innej strony, okopy, ciągnące kolumny wojsk, linie frontu itp. Chłodna, zdystansowana, skrótowa narraqa diarystki odzwierciedla podobną jej tożsamość, daleką od emocjonalnego zaangażowa- nia patriotycznego, co w pewnym stopniu tłumaczy historia jej ojca. 6. Maria Lubomirska: Pamiętnik 1914-1919 Najobszerniejszą relację autobiograficzną o pierwszej wojnie światowej, toczonej na wielu frontach, nie tylko na Kresach34 oraz zapis ciekawszych dla Polski wydarzeń, nastrojów35 i problemów politycznych tego czasu, w aurze prywatności daje księżna Maria Zdzisławowa Lubomirska (1873-1934) w Pa- miętniku 1914-191936. Prawda historyczna, którą autorka miała przede wszyst- kim na względzie, oddana została poprzez referowanie pracy jej męża - Zdzi- sława - jako zwierzchnika Komitetu Obywatelskiego, następnie Prezydenta miasta Warszawy do 23 listopada 1917 roku, potem członka Rady Regencyjnej. Dziennik, którego prowadzenie zaczyna się w dniu wypowiedzenia wojny Serbii przez Austrię w lipcu 1914 roku, ukazuje zrazu mieszkanie w Warsza- wie na Frascati, zawsze pełne ludzi. Na początku byli to ochotnicy-wojskowi - krewni i przyjaciele. O nich pisze Lubomirska najwięcej: „Słyszę, że się nasi okrywają sławą! Tomek Potocki godzien odznaczenia pracował nad okopem pod gradem kul. Tomek Lubomirski ma otrzymać „Jerzego" za szczęśliwy wywiad w bardzo niebezpiecznych warunkach. Wielopolski młody także się zasłużył. Ostrowski z bohaterstwem ratował ginącego oficera" (s. 66); „Pod Lesznem poległ Tomek Potocki" (s. 69). „Pogrzeb Tomka Potockiego w koś- ciele św. Krzyża piękny i podniosły [...] Biedna ciotka Jania drobna, zbo- lała." (s. 70). Te urywki zapisów świadczą o dążeniu do pokazania zasług dla Polski swojej klasy społecznej. 34 Zob. Wstęp G. Rolak do Dziennika z lat 1914-1919 Joanny Potockiej. Dziennik ten, jak i dziennik M. Lubomirskiej oraz inne dzieła literatury faktu zaliczone zostały przez S. Estreichera do tzw. „literatury kresowej". 35 Problematykę polityczną dziennika M. Lubomirskiej (w tym zmiennych nastrojów politycznych społeczeństwa w tym czasie), bardzo fachowo przedstawia wstęp historyka prof. J. Pajewskiego do wydania Pamiętnika 1914-1919 Marii Z. Lubomirskiej, Poznań 2002. 36 Zob. przypis 35. 346 Regina Lubas-Bartoszyńska W miarę upływu czasu i biegu wojny dom na Frascati, dzielony przez ro- dzinę diarystki z dworem w niezbyt odległej od Warszawy Małowsi, zapełnia się różnymi znakomitościami ze świata polityki (np. Adam Tarnowski, Adam Zamoyski, Wielopolscy) i krewnymi na herbatkach czy obiadach. W listopa- dzie 1918 r. na dłuższej rozmowie z byłym już wówczas Prezydentem miasta był nawet Józef Piłsudski, o którego uwolnienie z więzienia w Szczypiornie zabiegał u generała-gubernatora Beselera pan domu, mimo iż uzyskawszy władzę dzięki poparciu Niemców, nie był on wielbicielem Naczelnika ani jego Legionów. Legiony nie są też zbyt entuzjastycznie przedstawione w dzien- niku. Trudno wskazać na wszystkie ważniejsze fakty historyczne pozafron- towe, które w związku z pracą męża lub pracą jej znajomych diarystka zapi- sała i które uważała za bardzo istotne. Poza wskazanymi wcześniej faktami, dorzućmy jeszcze np.: ogłoszenie 5 listopada 1916 roku w Sali Kolumnowej przez generała-gubernatora orędzia Niepodległości, działania Legionów, pierw- sze spotkanie męża diarystki z Piłsudskim, bunt ludu na ulicach Warszawy w maju 1917 roku, wybory marszałka stanu Pułaskiego, Manifest Niepodległości ogłoszony przez Radę Regencyjną, wybór Adama Tarnowskiego na zwierzch- nika Rady Regencyjnej. Jeśli chodzi o działania wojenne, to w miarę upływu czasu znajdują one słabsze odbicie w dzienniku, zwłaszcza te z obszaru Królestwa. Wprawdzie autorka pisze kilka razy o brygadzie Hallera, o Legionach, ale nigdy nie przed- stawia ich w walce (raz wspomina o bitwie pod Komorowem). Natomiast dość często interesuje się frontami zachodnimi; pisze o początkowej przewadze Niemców, potem o ich klęsce, o naczelnym dowództwie gen. Focha, o Verdun, Amiens, o wzięciu Baupaume, Nestle, Chauny itd. Diarystka sama wspomina, iż od pewnego czasu „słabo przędzie" w opanowaniu wiedzy o działaniach wojennych. Coraz poważniej choruje na nerki i coraz mniej ma sił. Prawda historyczna oddana w literaturze pamiętnikarskiej to nie tylko fakty, to także idee nimi rządzące. Te znalazły wiele miejsca w dzienniku Lubomirskiej, tym bardziej, że wieloma z nich autorka inspirowała męża, a nawet niekiedy pod- suwała sposoby ich rozwiązywania, czy dokonywania korekty jego zachowań. Autor Wstępu podkreśla bardzo dobrą orientaq'ę diarystki37w problematyce politycznej swego czasu. Lubomirska eksponuje też własne poglądy polityczne wołając o zgodę w narodzie, a także między zaborcami w kwestii niepodleg- łości Polski, o chleb dla głodnych, jako że dobroczynność zajmowała ważne miejsce w jej życiu. Obszerny dziennik Lubomirskiej oddaje też prawdę psychologiczną. Świet- nie zorientowana w konwencji dziennika zdaje sobie sprawę, w wyznaniach metatekstualnych można zapowiadać myśli, które się chce przekazać. Dlatego czyni to niejednokrotnie wyznając, że obok spraw ogólnych pragnie wyrazić „kwilenie swego serca", zwłaszcza gdy znajduje się na łonie natury, i to jesz- 37 Zob. J. Pajewski, Wstęp do wydania Dziennika, op.cit. Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 347 cze na tle krajobrazów dzieciństwa w Stawiszczach czy w Ławrowie na przy- kład, a nawet w pobliskiej Małowsi. Także rodzinne spotkania w gronie naj- bliższych, a szczególnie wigilia, wyzwalają w diarystce wzruszenia bliskie metafizycznym: „Szara Wigilia, a jednak opromieniona naszym rodzinnym połączeniem i tym łamaniem opłatka u siebie i ze swoimi, w ciężkich losów wspólności" (s. 298). „Kwilenie serca" diarystki to nie tylko odczucia błogo- stanu, ale i bólu o charakterze ogólnym: „Na polskiej ziemi płoną miasta i sioła, znikają stare pamiątki, marnieje praca pokoleń, na krwawym pobojo- wisku gasną młode życia ..." (s.123). Wiele prawdy psychologicznej oddaje diarystka w przedstawieniu kilku miesięcy rozłąki z mężem, gdy wyjechała z córkami na Ukrainę, do Petersburga i do Sztokholmu. Stale wyrzuca sobie, że miejsce żony jest obok męża, a nakazem - dzielenie z nim jego obowiąz- ków. Nieobecność męża, nawet kilkudniową, odczuwa jako brak, pustkę: „Zdziś wyjechał do Dzikowa dziś rano. Wokoło mnie zalega cisza, znikł ten wir, niepewność i wyczekiwanie, które są mi życiem domowym, a których brak tworzy zarazem ulgę i pustkę oraz zmianę niepokoju..." (s. 360). Prawda psychologiczna dziennika Lubomirskiej to także prawda przemęczenia ambit- nej intelektualnie diarystki nadmiarem obowiązków wobec męża - wysokiego dygnitarza, a obowiązki te chciała wypełniać godnie. Lubomirska to diarystka utalentowana literacko, łącząca dobre pióro z poczuciem humoru i lekką iro- nią. Literacka, elegancka polszczyzna sąsiaduje z fragmentami francuskoję- zycznymi, rzadziej angielskimi. 7. Anna Potocka: Przez góry doliny W mniejszym stopniu bieżącą historię kraju, a więcej własną prywatność i losy arystokracji w dobie jej exodusu z ojczyzny obserwujemy w autobiogra- fii-pamiętniku hrabiny Anny z Reyów Konstantowej Potockiej (ur. 1925) Przez góry doliny 38. Zmuszona po wojnie, jak wielu arystokratów polskich, do emi- gracji, Anna Potocka znajduje w sobie samej siłę, by wytrwać w patriotyz- mie i kultywować rodzime wartości. Przywiązując wiele uwagi do tradyqi polskiej, autorka utrwala zwyczaje ludowe, które bogato manifestowały się w miejscach jej dzieciństwa - w Sieciechowie i Przecławiu, chociażby w postaci dożynek. Przytoczony fragment pieśni dożynkowej Przez góry, doliny pojawia się w tytule jej wspomnień. Dając upust tęsknocie za światem, który minął, Anna z Reyów Potocka kreśli historię zamków i pałaców rodzinnych, jak cho- ciażby tego z Przecławia, sięgającą roku 1667, kiedy to zamek został kupiony przez Władysława Reya z Nagłowic. Stwierdza przy tym, że „Przecław jeszcze stoi i nie rozpadł się, jak dwadzieścia tysięcy polskich dworów i pałaców" (s. 9). W historii własnych rodów i we współczesności szuka imion przodków zasłużonych dla Ojczyzny, by udowodnić doniosłość swej klasy społecznej 38 Anna z Reyów Konstantowa Potocka, Przez góry, doliny, Łomianki 2011. 348 Regina Lubas-Bartoszyńska w dziejach Polski i pokazać w pełni tożsamość arystokraty. Tak np. wspomina rękopisy wuja Kocia Branickiego, który zginął w pierwszej wojnie światowej, obrazy zamku pędzla kolegi Matejki Władysława Puszczyńskiego itp. O wiele więcej szczegółów historycznych przytacza w związku z dziejami zamku w Montrésor na południe od Paryża, o którym wspomina kilka razy. Przemil- czając pierwszego, niechlubnie utrwalonego w historii Polski Ksawerego Branickiego, zaczyna od drugiego Ksawerego, który ten zamek kupił w roku 1843 i przekazał potomnym. Tenże Ksawery, obok różnych akcji dobroczyn- nych wspierał finansowo „Trybunę Ludów" i „Legię Polską". Jako jedna z córek Janiny Branickiej autorka jest współposiadaczką zamku w Montrésor, natomiast jej małżeństwo z Konstantym Potockim, gospodarującym w Pecza- rze, wiąże Wilanów z Ukrainą. Szeroki krąg przyjaciół i powiązania rodzinne sprzyjają mnożeniu zasług wybitniejszych członków dwu rodów. Autorka opowiada np. o pracy społecznej cioci Rysi, organizującej chóry, odczyty, uczącej i leczącej dzieci chłopskie. Osobliwe są opisy rekolekcji dla panów, podczas których salon zamieniał się w kaplicę. Nie brak też, jak w każdym niemal pamiętniku arystokratek, obrazów bali, polowań, świąt, wizyt, pogrze- bów najbliższych osób, opisów wnętrz i prezentacji historii innych zamków, np. w Baranowie czy w Dzikowie. Pamiętnikarka z lubością odsłania pracę i zasługi swego męża w zakresie Inspekqi wód w rejonie białostockim i w za- rządzaniu Rudkami. W dalszej rodzinie godnym uwiecznienia przodkiem okazał się jeden z wujów, zamordowany podczas rzezi galicyjskiej. Zarówno rodzina Potockich, jak i Branickich wiązały autorkę z Krakowem; z pałacami pod Baranami i Jabłonowskich, na Szlaku i w Rynku przy Brackiej. Rok 1939 stanowił wstrząs dla całego narodu, a dla arystokraqi oznaczał okazję do jeszcze ściślejszego wiązania się rodzin w celu udzielania sobie wza- jemnej pomocy. Wiele rodzin opuściło kraj ponieważ większość ich posiad- łości zajęli Niemcy, niektóre zamki spłonęły, a Ukraińcy też wnosili swój wkład w dzieło zniszczenia. I w tym czasie znajduje Konstantowa Potocka wiele wydarzeń chlubnych dla ludzi swej klasy: Kocio z Krakowa przebrał się za Niemca i przeprowadził w bezpieczne miejsce zagrożonych Żydów. Rodzina autorki już w roku 1943 znała podane przez Niemców w radio spisy nazwisk zidentyfikowanych ofiar w Katyniu. Różne wymieniane w pamięt- niku osoby z jej rodziny działały w AK i miały dostęp do tajnych informacji. Setki nazwisk i imion powtarzają się w pamiętniku-autobiografii Anny z Reyów Potockiej w różnych kontekstach i w różnym czasie. Autorce chodzi o namalowanie genealogii ważnych rodów arystokratycznych. Wychodzi z za- łożenia, że jest to dla tej klasy niemal osobny przedmiot nauki, a pamiętniki muszą go w sobie zawierać. Dlatego niezależnie od podania sylwetek osób, z którymi się stykała w przedstawianym momencie życia, podaje jeszcze omówienia członków ich rodzin, także z przeszłości, jednak bez ujawniania ich grzeszków. Po wojnie autorka wraz z mężem i częścią rodziny (jeden z synów został w Krakowie) wyjechała do Francji (Paryż, Montrésor), potem Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 349 do Afryki gdzie pracowała w bibliotece i udzielała się społecznie. Mąż prowa- dzący w Afryce interesy, był niezwykle popularny w klubach kolonialnych. 8. Anna Branicka-Wolska: Listy niewysłane Drugi rozpisany autobiograficznie ród - Branickich - reprezentuje Anna Branicka-Wolska (ur. 1924) swoją sylwą autobiograficzną pt. Listy niewysłane39. Sylwa ta, z dominującą formą listu, zawierająca też wstawki autobiograficzne i pamiętnikarskie, nierzadko mocno zliryzowane lub zeseizowane, kreśli życie całej rodziny z Wilanowa w XX wieku i osób z nią związanych. Nie otrzy- mujemy jednak chronologicznej historii, jako że w Listach niewysłanych wyda- rzenia z czasu pisania mieszają się w sposób nieuporządkowany z wydarze- niami z przeszłości. Wmontowane w serię listów opowieści wspomnieniowe, dotyczące różnych sytuacji z przeszłości, np. opis Wielkanocy, Wigilii, imienin mamy, dożynek, ten nieporządek chronologiczny jeszcze bardziej pogłębiają. Problematykę Listów niewysłanych można ująć w kilku punktach: życie oby- czajowe arystokracji w czasie pokoju, w okresie wojny niszczącej pałace i ich mieszkańców, powstanie warszawskie, doświadczenie obozu i internowania w ZSRR. Czas pisania listów, zrazu kierowanych do nikogo, potem - do narzeczo- nego Janusza Radomskiego, pozostającego w obozie po udziale w powstaniu warszawskim, zaczyna się we wrześniu 1944 roku, kiedy to autorka opuszcza Wilanów na swej klaczy. Następne listy pisane są w obozie internowania w Krasnogorsku w latach 1945-1947. Dopiski do listów, jak i niektóre wspom- nienia, pochodzą z roku 1971. Pierwszy blok tematyczny przedstawia obrazy życia pałacowego w Wila- nowie, lata sielskie anielskie, spędzone w gronie mądrych i kochających rodzi- ców, dwu sióstr i krewnych. Wrażenia sielskości oddają też opisy pobytu u krewnych w Nieborowie, Natolinie, w Walewicach, czy w Rosi, a nawet w odległym Rymanowie, obrazy polowań u wuja Stacha Reya, dożynek i innych zwyczajów. Większe znaczenie mają relacje z roku 1939 o Wilanowie, o powstaniu war- szawskim i wojnie. Spustoszenia pałacu, strzelaniny w salonach, wynoszenie krwi w miednicach, działania mądrej matki, która odsunięciem drabiny na strych ocaliła życie obrońcom pałacu, dostarczanie zupy rannym i chłopom, ochrona kościoła, od którego matka miała klucz, opatrywanie rannych - to najważniejsze akcje obrony pałacu, przedstawione przez wspominającą. Pośród zabitych w Wilanowie rozpoznano syna Węgrzyna oraz przyjaciela ojca - prof. Bystronia40. W wielu tych działaniach młoda autorka uczestniczyła. 39 A. Branicka-Wolska, Listy niewysłane, Warszawa 1993. 40 Autorka nie podaje imion poległych. Nie chodzi o historyka obyczajów Jana Stanisła- wa Bystronia, który zmarł w 1964 roku. 350 Regina Lubas-Bartoszyńska Ojciec, posiadający swe biuro w Warszawie i tam czasem nocujący, został aresztowany przez Niemców i zamknięty w więzieniu na Pawiaku, potem w Grójcu. Siostry - starsza Maria i młodsza Atka brały udział w powstaniu jako łączniczki. Natomiast kuzynka Myszka Dynowska poległa w pierwszym dniu powstania. Anna choć należała do AK, z racji młodego wieku nie mogła aktywniej w nim uczestniczyć. Najpoważniejszą objętościowo część listów stanowią te, pisane z Krasno- gorska, przedstawiające codzienność internowania szesnastu osób z arystokra- cji, z księciem Januszem Radziwiłłem i jego żoną, która wkrótce zmarła. Nim wysiedleni znaleźli się w Krasnogorsku, długo byli wożeni na wschód i za- wracani do Warszawy, dowożeni do Brzeska, zmuszani do kwarantanny. Do Brzeska zostali przywiezieni 8 lutego 1945 roku i wkrótce do miejsca przezna- czenia. Rodzina Branickich (bez Atki, która została z narzeczonym), mieszkała w jednym pokoju. Do autorki, jako najsilniejszej w rodzinie, należało zbieranie i rąbanie drzewa, robienie na drutach swetrów i dodatków, które sprze- dawała, by kupić żywności więcej niż to, co dostarczali Rosjanie. Wcześniej na ten cel zostały sprzedane futra i inne kosztowności, które mogli ze sobą zabrać. Codzienność internowania to także konflikty z matką, monotonia i nuda przebiegów dni, wykłady ojca z historii Rosji, jego choroby, ograniczone przestrzennie spotkania z okolicznymi Rosjanami i innymi cudzoziemcami internowanymi, podziwiającymi pracowitość i siłę autorki, odpłacającymi sym- patią za jej pogodę ducha i życzliwość. 4 września 1947 roku internowani opuścili Krasnogorsk i powrócili do Polski. Dzieje ostatnich właścicieli Wila- nowa pokazują losy arystokraq'i polskiej od strony najbardziej tragicznej, gdyż utracili nie tylko dobytek, ale i wolność; o włos nie utracili życia. 9. Karolina Lanckorońska: Wspomnienia wojenne W krąg literatury autobiograficznej dotyczącej drugiej wojny światowej wprowadza nas także dziennik hrabiny Karoliny Lanckorońskiej herbu Zadora (1898-2002) pt. Wspomnienia wojenne (22 września 1939 - 5 kwietnia 1945)41. Interesował nas będzie w tym miejscu dziennik z czasu pobytu autobiogra- fistki w Polsce, czyli do jej wywiezienia do obozu Ravensbrück 27 listopada 1942 roku42. 41 K. Lanckorońska, Wspomnienia wojenne (22 września 1939 - 5 kwietnia 1945). Słowo wstępne L. Kalinowski i E. Orman, Kraków 2003. 42 Rodzina Lanckorońskich jest znana szczególnie z powodu ofiarowania narodowi polskiemu w roku 1994 przez Hrabinę, jako ostatnią z rodu, kolekcji bezcennych obrazów, zgromadzonych przez jej ojca Karola Lanckorońskiego - znawcę i kolekcjonera sztuki. Karolina - profesor historii sztuki w Uniwersytecie Lwowskim, mimo niechęci do powrotu do kraju wówczas komunistycznego, miała na uwadze przez cały czas swego życia pracę dla Polski. W wyniku podpisania w roku 1945 przez Lanckorońską z księdzem Walerianem Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 351 Prawie połowa dziennika Lanckorońskiej odtwarza obraz życia uniwersy- teckiego we Lwowie do momentu zajęcia miasta przez Sowietów 22 września 1939, a następnie codzienności polskiej w zagarniętym Lwowie. Druga część dziennika to sprawozdanie z pobytu w więzieniach, w tym najdłuższego - w obozie w Ravensbrück. Lwów Lanckorońskiej to nie jest miłe, w dużym stopniu polskie, zabytkowe, kulturalne miasto, jakie poznajemy chociażby z autobiografii Stanisława Lema Wysoki zamek (1966) czy Józefa Wittlina Mój Lwów 1991) i innych lwowian. Lwów Lanckorońskiej to miasto rozdarte mię- dzy władzę rosyjską i ukraińską, utrudniające Polakom na każdym kroku ich codzienne życie. Rozpaczliwe obrazy wywózek w głąb Rosji, aresztowania profesorów uniwersytetu, zastępowanie polskich nazw ulic nazwami ukraiń- skimi, zniknięcie wielu wybitnych ludzi, jak ekonomisty Stanisława Grab- skiego, profesora archeologii Leona Kozłowskiego i innych - to najbardziej wstrząsające obrazy dziennika. Pierwsze jego zdanie brzmi: „W nocy 22 września 1939 roku armia sowiecka zajęła Lwów" (s. 17). Główna uwaga autorki w pierwszej części dziennika skoncentrowana jest na funkqonowaniu uniwersytetu, w którym doktor habilitowana Karolina Lanckorońska wykła- dała historię sztuki, zwłaszcza malarstwa sieneńskiego. Otrzymujemy sprawo- zdania z przebiegu posiedzeń rad wydziału, zapisy fragmentów niektórych mów na tych posiedzeniach (np. Aleksandra Korniejczuka), wyników głoso- wań, wykluczających jakąkolwiek obecność elementów polskich, itd. Dowia- dujemy się, że nazwa Uniwersytetu Lwowskiego imieniem Ivana Franki została nadana w wyniku walki między Kijowem i Moskwą, że książki polskie w bibliotekach lwowskich były palone, że na wykłady diarystki chodziły głównie kobiety, które twierdziły, że wysłuchiwane wykłady ułatwiały im przetrwanie, że młodzieży męskiej prawie nie było. Natomiast powstały nowe katedry, jak darwinizmu i leninizmu, a językiem wykładowym stał się język ukraiński. Autorka była ofiarą wielu represji jako „nierewolucyjna grafini'; przeprowadzano rewizje mieszkań, w których mieszkała, musiała się ukry- wać. W roku 1940 profesor Karolina Lanckorońska złożyła przysięgę woj- skową Związku Walki Zbrojnej. Przed wywózką uchronił ją paszport „kate- gorii pierwszej jako obywatelki sowieckiej najwyższej użyteczności". Zdołała uciec ze Lwowa, jeździła do Krakowa, Częstochowy, Piotrkowa, Warszawy, Koluszek, by pomagać rannym w szpitalach i uwięzionym. Prokurator Koło- myi - Krüger, sprawca mordu profesorów lwowskich aresztował Lanckoroń- ską, osadził w więzieniu w Stanisławowie, potem we Lwowie, po czym wy- wiózł do Ravensbrück. Opis sytuacji więziennych to treść dziennika obozowego Hrabiny, która z raqi swego stanu i świetnej znajomości języka niemieckiego (i innych języ- ków), otrzymywała zwykle lepszą celę oraz lepsze warunki pobytu. Włączenie w szereg idących na śmierć, dochodzące do uszu jęki z innych cel, strzały Meysztowiczem aktu fundacyjnego Polskiego Instytutu Historycznego w Rzymie ukazy- wały się tam dziesiątki tomów - źródeł do historii Polski (zob. ibidem). 352 Regina Lubas-Bartoszyńska ss-manów zabijających na spacerach więźniarki, wrzaski uderzanych w głowę kolbą - to codzienność obozowa autorki. W obozie zaczęła sporządzać notatki do książki o Michale Aniele, zapiski dziennika, tłumaczenia Tukidydesa, roz- mowy z Kutschmanem, który jej pomagał i któremu przekazała wszystkie swe pisma na wypadek, gdyby została rozstrzelana. Spodziewała się tego każdego dnia, choć miała poparcie dynastii sabaudzkiej i wstawiennictwo u Niemców prezesa PCK. Karolina Lanckorońska osadzona była pośród Polek, które nie były łatwe we współżyciu, zaprzyjaźniła się z niektórymi z nich, np. Marią Bortnowską i z Renią Komorowską. Uwielbiały ją jednak Francuzki, których język też znała. Wśród więźniarek polskich kwitło życie religijne. Kobiety wy- dawały się autorce silniejsze duchowo od mężczyzn. By pozostać przy „praw- dzie psychologicznej' i "metafizycznej'43 dziennika Lanckorońskiej, odnotujmy jej przekonanie, że im gęściej dymiło krematorium, tym większa była potrzeba dóbr duchowych. Opuściła Ravensbrück 5 kwietnia 1945 roku i wysiadła w Genewie, gdzie na dworcu czekał na nią brat i Carl Burkhardt, który ją wybawił z więzienia. Narraqa dziennika Lanckorońskiej ujawnia wykrzesaną w „ipséité" historii tożsamość hardej i dumnej arystokratki-uczonej-patriotki. Po dsumowanie Nie wszystkie pisma osobiste arystokratek polskich zostały wydane, a tylko te opublikowane (i dostępne) stały się przedmiotem niniejszego artykułu. Oddają one podstawowe myśli i problemy pamiętników kobiet należących do zamkniętej klasy społecznej w XX wieku, z rzadka odnajdującej się w kraju w Stowarzyszeniu Ziemian Polskich. Zawierają one w pełni istotę, „mêméité' magnackiej tożsamości osobowej, którą stanowią Patriotyzm, przywiązanie do tradycji, rodziny, religii, kultury, wykształcenia, a także do komfortu życio- wego; kultywowanie modelu życia otwartego, w podróżach, w gościnach, wśród ludzi. Teksty te, zwłaszcza pióra arystokratek urodzonych w Polsce, pokazują, że niejednokrotnie magnackość była uzupełniana wartościami uni- wersalnymi, jak szlachetność, zaangażowanie w pracę społeczną, dobroczyn- ność, przedsiębiorczość. Arystokratki rdzennie polskie przemilczają w dużym stopniu cechy ujemne, np. utraquszostwo, lenistwo, przegrywanie majątków, zdrady narodowe. Karty tych wspomnień mówią też, że magnackość ma swoje raczej „krótkie trwanie', że jej „ipséité" poddana została bolesnym i upo- karzającym próbom, jakimi była wojna, wywózka, egzekucje, utrata mienia, zamiana bujnych polskich krajobrazów na lodową pustynię. Ale też do istoty magnackości rdzennie polskiej należy unikanie mówienia źle o bliźnich ze swej sfery, co w pamiętnikach innych nacji zdarza się rzadko. 43 Zob. przyp. 12. Teksty autobiograficzne polskich arystokratek w XX wieku 353 Bibliografia Eakin Paul John, 1988, Fiction in Autobiography. 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SAPIEŻYNA Matylda Pawłowa z Windisch-Graetzów, 2004, My i nasze Siedliska, wstęp Matylda z Sapiehów Osterwina, Kraków: Wydawnictwo Literackie. Summary Autobiographical texts of Polish aristocratic women in the 20th century The title of the article shows a general character of the sought informations in the analysed texts. Because it is not about a specific aspect of the researcher's look at autobiographies. Only the presented time is at issue in the selected texts: the 20th century with some backward- and forward-looking details, as well as the Polish- ness of the authoresses or their marriage to a Pole and their residence in Poland. Both of the stipulations limited the quantity of the analysed works to ten. A large theoretical introduction substantiates such an approach to the topic, which is firmly based on the contents and identity message of the texts, whereas the conclusion, which extracts what is common to the presented depictions, generalizes the pro- perties and the most caracteristic issues of the Polish landed gentry in the declining years of that social class. Résumé Textes autobiographiques d'aristocrates polonaises au XXe siècle Le titre de l'article indique le caractère général des informations relevées dans les textes analysés. En effet, il ne s'agit pas d'un aspect concret du regard d'un chercheur d'autobiographies. Ce n'est que le temps présenté dans les textes qui est précisé: le XXe siècle, avec de petits écarts en arrière et au XXIe siècle. Le second critère est l'identité polonaise des femmes-auteurs ou leur mariage avec un Polo- nais et leur résidence en Pologne. Ces deux précisions ont limité la quantité des ouvrages analysés au nombre de dix. Une large introduction théorique justifie une telle approche générale du sujet, fortement ancrée dans le contenu et dans le mes- sage identitaire des textes, tandis que les conclusions, qui extraient tout ce qui est commun aux images présentées, généralisent les propriétés et la problématique la plus caractéristique de la seigneurie polonaise à l'époque décadente de cette couche soiale. Études sur le texte dédiées à Halina Grzmiì-Tyìutki Joanna Górnikiewicz, Barbara Marczuk, Iwona Piechnik (éds), Kraków, Biblioteka Jagiellońska, 2016 Barbara Marczuk Université Jagellonne de Cracovie Vers la parabole : lecture herméneutique de la nouvelle 32 de LHeptaméron de Marguerite de Navarre Le texte ne peut être interprété autrement qu'en fonction de son genre et de l'herméneutique qui lui est propre. (Halina Grzmil-Tylutki)1 Dans ses études sur la catégorie du genre Halina Grzmil-Tylutki souligne que la qualification générique d'un texte, y compris d'un texte littéraire, constitue un élément incontournable du travail de déchiffrage du sens, qu'il soit manifeste ou implicite2. En se référant aux conceptions de l'école française de l'analyse de discours, H. Grzmil-Tylutki considère le genre comme subordonné au discours. Quant à celui-ci la chercheuse le conçoit comme un ensemble de méchanismes qui conditionnent la création d'un énoncé. Le type de discours (narratif, didac- tique, religieux...) définit la relation entre l'énonciateur et le destinataire ainsi que le contenu de l'acte de langage, son conditionnement culturel et son but. Le discours, en tant que supérieur, détermine le choix du genre et celui-ci se matérialise dans un texte constituant un concret linguistique, rhétorique et structural. La chercheuse souligne que par le seul choix du genre, relevant d'un type de discours précis, l'écrivain noue avec le lecteur un contrat de lecture, 1 Dans le texte original polonais : « Tekst nie może być interpretowany inaczej niż w od- niesieniu do gatunku i właściwej mu hermeneutyki », H. Grzmil-Tylutki, Gatunek w świetle francuskiej teorii dyskursu, Kraków : Universitas, 2007, p. 40, trad. B.M. 2 Ibidem, p. 39. 356 Barbara Marczuk indispensable pour que celui-ci puisse cerner de manière pertinente l'intention de l'œuvre3. La conviction que les genres non seulement déterminent les normes de l'orga- nisation du texte mais aussi imposent des clés interprétatives, constitue un des piliers de la « pragmatique pour le discours littéraire », démarche critique qui entend exploiter la dimension foncièrement interactive des œuvres4. Cette per- spective peut s'avérer particulièrement pertinente pour l'étude des textes de la Renaissance, époque qui a consacré la codification des genres littéraires5 et qui, en même temps, a favorisé l'habitude de lecture herméneutique, applicable non seulement à la Bible mais aussi aux belles lettres. La nouvelle 32 de L'Heptaméron, racontant la « punition plus rigoureuse que la mort d'un mary envers sa femme adultère »6, invite le lecteur à la recherche du sens implicite, étant donné que le contrat générique, passé dans l'exorde par la narratrice, n'est ni fiable ni conséquent. L'objectif des analyses subsé- quentes consistera à dépister les transgressions génériques, opérées dans ce texte, et à montrer les potentialités interprétatives qui résultent du glissement d'un genre à un autre. 1. De la nouvelle à l'exemplum Tous les récits, englobés par la cornice de L'Heptaméron7, sont qualifiés, dès le Prologue, du nom générique de « nouvelle ». Dans le langage courant ce mot désigne un incident réel, arrivé récemment, concernant la vie privée d'une personne concrète (cf. la formule : « donnez-moi de vos nouvelles »). Le court récit en prose, qui à partir du XIIIe siècle a adopté ce nom8, maintient l'illusion 3 Cf. ibidem, chapitre 2.2 : « Dyskurs : typ a gatunek » (p. 40-48). 4 Cf. D. Maingueneau, Pragmatique pour le discours littéraire, Paris : Dunod, 1997 (IIe édition), p. 134. Dans cet article je me réfère à la terminologie proposée par ce chercheur et mise à profit dans l'ouvrage cité de Halina Grzmil-Tylutki. 5 Au XVIe siècle paraissent en France plusieurs Arts Poétiques, dont les plus célèbres sont, à côté de la Deffence et illustration de la langue françoise de Du Bellay (1549), celles de Jacques Peletier du Mans (1555) et de Pierre Laudun d'Aigaliers (1595). 6 Marguerite de Navarre, L'Heptaméron, éd. N. Cazauran, Paris : Gallimard, 2000, p. 353. Toutes les citations d'après cette édition, je signale entre parenthèses la page citée. 7 Les chercheurs adoptent ce terme italien, emprunté au Décaméron de Boccace, pour désigner l'histoire-cadre du recueil français. Les narrateurs des nouvelles sont traditionnel- lement appelés « devisants ». 8 Pour la première fois ce nom générique est utilisé au milieu du XIIIe siècle par l'Ano- nyme florentin, auteur des Cento novelle antiche. Selon la définition canonique de Werner Södjerhjelm, la nouvelle à la Renaissance est « un récit court, généralement en prose, qui présente une situation généralement prise dans le vie de tous les jours et resserée dans un cadre étroit. L'événement raconté aboutit à une catastrophe inattendue ou surprenante, ce qui veut dire que l'élément dramatique joue un rôle essentiel dans la constitution de la nouvelle » (cité d'après P. Jourda, Préface dans Conteurs français du XVIe siècle, Paris : Galli- mard, Bibliothèque de la Pléiade, 1965, p. IX). Versa la parabole : lecture herméneutique de la nouvelle 32 de L’Heptaméron 357 de véracité grâce aux protestations explicites du narrateur ainsi que par l'effet de réel, soigneusement construit dans la narration (précisions de temps et de lieu, noms des personnages, cadre familier). Parlamente (porte-parole de Mar- guerite de Navarre) souligne cette exigence de vérité dans le Prologue : « Une chose différente de Boccace, c'est de n'escrire nouvelle qui ne fust veritable histoire » (p. 65). La nouvelle 32 respecte apparemment le contrat générique qui lui incombe. Dame Oisille9, narratrice, confère à l'histoire, dans l'exorde, la caution de vé- rité, garantie par l'autorité du témoin oculaire : « Je vous en racompteray une bonne, pource qu'elle est advenuë de mon temps, et que celuy mesme, qui me l'a comptée, l'a veuë » (p. 352). Contrairement à cette assertion, aussi bien les devisants que les lecteurs de l'époque pouvaient facilement reconnaître trois sources littéraires bien connues dont ce récit propose une contamination habile : Historia Longobardorum de Paul Diacre (VIII s.), le roman de Hue de Rotelande Protheselaus (env. 1190) et le recueil anonyme d'exempla intitulé Gesta Romanorum (1335-1340)10. Même si l'événement ne relève pas de l'histoire, comme la narratrice le pré- tend, mais de la fiction littéraire, il doit au moins être vraisemblable, or pour créer l'effet de réel Oisille plante soigneusement son récit dans le temps et dans l'espace : « Le Roy Charles huictiesme de ce nom, envoya en Allemagne, un gentilhomme nommé Bernage, seigneur de Cuyvré près d'Amboise » (p. 353). Le déroulement de l'intrigue s'éloigne pourtant du réalisme familier de la nouvelle. Bernage se trouve la nuit à la porte d'un château solitaire, il est reçu à grand peine par le seigneur et pendant le dîner est obligé d'assister à un cérémonial, autant mystérieux que macabre: il voit « sortir de derriere de la tapisserie une femme, la plus belle qu'il estoit possible de regarder, mais ayant la teste toute tonduë [...] le visage bien pale et la contenance fort triste ». Elle s'asseoit à table « sans parler à nul ny nul à elle » et le serviteur lui apporte à boire dans un « esmerveillable vaisseau : qui est une teste d'un mort, de laquelle les pertuis sont bouchez d'argent » (p. 354). Le dîner fini, la dame fait révérence au seigneur et s'éloigne. Après ce cérémonial, le propriétaire du châ- teau conduit Bernage dans une chambre où la dame, triste et silencieuse, contemple dans une belle et riche armoire « tous les os d'un homme mort [... ] tenduz comme une chose precieuse en un cabinet » (p. 355). Bernage, pétrifié par le rituel bizarre, a peur du seigneur allemand et, comme Perceval dans le château du Roi Pêcheur (réminiscence qui s'impose au lecteur de l'époque), il n'ose pas rompre le silence mystérieux par une ques- tion incongrue. Il est évident que ce type de scénographie déréalisée11 ne con- 9 Sous ce personnage se cache Louise de Savoie, mère de Marguerite de Navarre. 10 Cf. F. Lecoy, « Un épisode de Protheselaus et le conte du mari trompé », Romania, n. 76, 1955, p. 477- 518. L'auteur étudie seize versions européennes de cette histoire. 11 D. Maingueneau entend par ce terme « une action concrète mise en scène par les pro- tagonistes », cf. H. Grzmil Tylutki, op.cit., p. 82. 358 Barbara Marczuk vient pas à la nouvelle mais plutôt au conte merveilleux à la trame chevale- resque12. Le changement du contrat générique est confirmé par la focalisation interne du récit et par l'inversion temporelle, propres au conte et étrangers à la convention de la nouvelle (de préférence linéaire et racontée par un narrateur omniscient). Aussi bien les devisants que le lecteur de l'histoire découvrent le mystère du château au fur et à mesure qu'il se dévoile devant Bernage, grâce au récit rétrospectif du seigneur : le crâne qui sert de coupe et le squelette dans l'armoire appartiennent à l'amant de la dame que le seigneur a tué, juste après avoir pris les amoureux en flagrant délit d'adultère (il a profité de la ius necandi qui autorisait la vengeance maritale, exécutée sur place, sous la pulsion de l'émotion). La punition qu'il a imaginée pour sa femme dépasse pourtant les limites d'une vengeance passionnelle. Elle est manigancée à froid, célébrée avec soin, et comme le mari le constate lui-même, la peine « est plus desagre- able que la mort » car chaque soir « elle voit à disner les deux choses qui plus luy doivent desplaire, l'ennemy vivant et l'amy mort, et tout par son peché » (p. 355). Ainsi, depuis le crime, le château reste isolé dans l'espace, immobilisé dans le temps, paralysé par le poids d'un sortilège de silence : le mari décide de ne plus parler à sa femme et de lui faire revivre chaque soir, par la célé- bration du rituel terrifiant, le moment du péché et du crime. Selon le protocole du conte merveilleux, c'est à Bernage, un étranger qui fait intrusion dans ce monde ensorcelé, que revient le rôle d'auxiliaire (selon la terminologie de Propp) qui rompt l'envoûtement, brise le pacte de silence et permet à la femme d'exprimer la contrition de sa faute devant le mari. L'intercession de Bernage amène la réconciliation des époux (il a recours à l'argument décisif pour la mentalité féodale : le manque d'héritiers). La formule finale scelle définitive- ment le contrat de lecture imposé par le conte merveilleux : « le Seigneur reprint sa femme avec soi et en eut depuis beaucoup de beaux enfants » (p. 357). Sur le plan littéral, le récit transcende la convention générique de la nou- velle, déterminée par l'illusion réaliste et l'intention récréative. La scénogra- phie du conte merveilleux, mise en place par Oisille, ne réalise pas d'intention mimétique mais satisfait au goût de mystère et au désir de beauté13 propres au cercle de devisants ainsi qu'au public aristocratique du recueil. La lecture purement esthétique, propre au discours de type narratif, n'actua- lise pourtant pas l'ensemble du potentiel sémantique de cette affabulation che- valeresque. Il faut rappeler qu'aucune des nouvelles de L'Heptaméron n'est raconté pour le seul plaisir de conter. Comme le constate Nicole Cazauran, dans le projet de ce recueil, qui est une vaste enquête sur la condition humaine, 12 Cette qualification générique est proposée par F. Charpentier, « La guérison par la parole, à propos de la XXXIIème Nouvelle de L'Heptaméron », Marguerite de Navarre, Actes du Colloque de Pau, Mont-de-Marsan : Éditions Inter-Universitaires, 1995, p. 645-656. 13 Il convient de souligner l'esthétique raffinée de la scène du repas : la tête de mort n'est pas repoussante, comme dans Protheselaus, mais constitue un objet d'art, de surcroît l'adjec- tif « beau » et ses dérivés sont récurrents dans ce fragment. Versa la parabole : lecture herméneutique de la nouvelle 32 de L’Heptaméron 359 « les devisants racontent les nouvelles en guise de preuves venant à l'appui d'une thèse »14 exprimée dans l'exorde. Ainsi chaque narration est-elle donnée pour exemple (à suivre ou à éviter) dans la péroraison par laquelle chaque devisant clôt son récit. Ce souci de conférer un sens moral aux nouvelles apparente le recueil de Marguerite aux exempla médiévaux (genre relevant du dicours didactique), à une seule différence près : l'exemplum raconté par un prédicateur est un récit absolument univoque et efficace : il propose à l'audi- teur une vérité morale incontestable et la présente avec une telle force de per- suasion que celui-ci accepte de la suivre de bon gré15. En revanche dans la polyphonie de L'Heptaméron chaque conclusion, avancée par le narrateur de la nouvelle, est tout de suite déconstruite par la défiance ironique des devi- sants et soumise à un débat impitoyable dans lequel personne n'a raison. La discussion morale qui suit la nouvelle 32 paraît moins véhémente que la matière du conte semblerait le suggérer. Personne, même les féministes les plus acharnées du groupe, ne contestent la légitimité de la peine infligée par le mari à la femme infidèle : Parlamente « trouve ceste punition autant raison- nable qu'il est possible » et Longarine renchérit « Quelque chose que puisse faire une femme après un tel mesfaict ne sçauroit reparer son honneur ». De surcroît, en alléguant l'exemple de Marie-Madeleine elle souligne que malgré l'amour pour le Christ et sa grande pénitence « il lui demeure le nom de pecheresse ». Rien ne peut effacer la mémoire du péché, même si celui-ci a été pardonné. Il faut constater que l'herméneutique proposée par les devisants s'arrête au niveau du sens moral du conte. Ils le considèrent comme un exemplum a con- trario, illustrant la fragilité de la femme dans le domaine précaire de la fidélité conjugale, et tombent d'accord sur le fait que, sans la grâce spéciale de Dieu, toutes les devisantes risqueraient de boire dans les mêmes « esmerveillables vaisseaux » que la dame allemande. 2. Vers la parabole Ni le contrat esthétique de lecture (discours narratif : conte merveilleux) ni moral (discours didactique : exemplum) ne permettent d'actualiser l'ensemble du contenu potentiel du récit. Le moment fort de l'action - l'aveu de la dame devant son époux -, suggère une nouvelle clé interprétative : Monsieur, je confesse ma faulte estre si grande que tous les maux que le sei- gneur de ceans (lequel je ne suis digne de nommer mon mari) me scauroit faire, ne me sont rien au pris du regret que j'ay de l'avoir offensé (p. 356). 14 N. Cazauran, « La nouvelle exemplaire ou le roman tenu en échec », dans eadem, Variétés pour Marguerite de Navarre, Paris : Champion, 2005, p. 281. 15 Cf. ibidem, p. 280. 360 Barbara Marczuk La mise en scène impressionnante de la confession n'a pas d'équivalent dans aucune autre version de cette histoire16. C'est elle qui détermine dès lors le sens implicite du récit. L'aveu de la dame non seulement lève l'envoûtement maléfique, en accord avec la logique du conte merveilleux, mais ouvre aussi la possibilité de lecture relevant d'un nouveau contrat générique. Les paroles de la dame se réfèrent, de manière presque littérale, à l'aveu d'un autre coupable voulant réparer la relation avec son père : « Mon pere, j'ay peché au ciel et devant toy et ne suis maintenant digne d'estre appellé ton filz » (Lc 15, 21)17. L'allusion à la parabole évangélique du fils prodigue n'est pas accidentelle. L'épouse qui a trompé son mari, qui a accepté ensuite la pénitence en toute humilité, pour obtenir, en fin de compte, la réconciliation dans l'amour, s'inscrit dans l'isotopie du pardon chrétien. De la même manière que l'histoire du fils, ce scénario illustre le paradigme de la miséricorde de Dieu qui n'exige qu'une seule et indispensable condition : le cœur humilié et contrit. Dès lors, le récit, annoncé explicitement comme nouvelle, devenu conte merveilleux à porté exemplaire, peut enfin être interprété comme une parabole, narration à double sens, appartenant au discours religieux. Dans le Nouveau Testament le mot parabole peut s'appliquer à tous les types d'expression figurée (comparaison, allégorie, métaphore, aphorisme), mais au sens strict il désigne des récits ima- gés et vraisemblables18 qui ont un double sens, expliqué par le Christ (le bon Samaritain, la brebis égarée, la drachme perdue) ou implicite, déchiffrable par le biais du contexte (le fils prodigue)19. Il faut souligner que la parabole évan- gélique, même celle qui est expliquée, n'est pas univoque (cela la distingue de l'exemplum). En fonction du contexte et à la mesure de leurs compétences interprétatives, l'exégète ou l'auditeur peuvent actualiser plusieurs sens spiri- tuels du récit. Il faut souligner aussi qu'à l'encontre de l'exemplum, la parabole n'est pas efficace : elle ne produit pas d'adhésion immédiate et laisse au lec- teur la liberté de choix quant à son comportement futur20. 16 Dans Protheselaus, la seule version dans laquelle le mari pardonne à la femme, celle-ci ne fait que s'agenouilller devant son époux sans rien dire (cf. le fragment du texte reproduit dans l'article de F. Lecoy, op.cit. p. 478). 17 Selon la version de Lefèvre d'Étaples, La Saincte Bible en Françoys, Anvers 1530. 18 La même exigence du vraisemblable est formulée par Aristote. Selon lui la parabole est un moyen de parsuasion, appartenant à la catégorie des exemples vraisemblables inven- tés par l'orateur, à l'encontre des exemples vrais, fournis par l'histoire, cf. Arystoteles, Reto- ryka. Poetyka, trad. H. Podbielski, Warszawa : PIW, 1988, livre II, 20 (1393a-1393b), p. 198-200. 19 Cf. B. M. Metzger (réd.), Słownik wiedzy biblijnej, Warszawa : Vocatio, 1999, p. 667-669. Le sens de la parabole du fils prodigue devrait être suggéré par le contexte : Le Christ la raconte après deux similitudes : de la brebis et de la drachme perdues dont le sens est expli- cité : « C'est ainsi, je vous le dis, qu'il naît de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent » (Lc 15, 10). La parabole du fils prodigue entend illustrer la même thèse, mais son sens est beaucoup plus riche, ce dont témoignent plusieurs œuvres litté- raires et picturales auxquelles elle a servi d'inspiration. 20 Cf. deux études que H. Grzmil-Tylutki a consacrées à l'analyse discursive des para- boles évangéliques : « Les ouvriers de la onzième heure » dans Maestro e Amico, Miscellanea Versa la parabole : lecture herméneutique de la nouvelle 32 de L’Heptaméron 361 La citation presque exacte des paroles du fils prodigue n'est pas la seule à légitimer le nouveau contrat générique qui permettrait d'interpréter la nouvelle 32 comme une parabole relevant du discours religieux. Dans toute la création de Marguerite (poésie, théâtre, et surtout la correspondance avec Guillaume Briçonnet, son directeur spirituel) le mariage terrestre est doté d'un symbolisme spirituel profond, conformément à la formule de Saint Paul sacramentum hoc magnum est (Eph. 5, 32)21. Il n'est pas uniquement une inst